Deutéronome

Chapitre 13

Ce chapitre contient des principes d’une grande importance; il se divise en trois parties distinctes, dont chacune réclame une attention particulière. Il est hors de doute que ces paroles s’adressaient d’abord à Israël, mais elles ont été écrites pour notre instruction aussi, et plus nous les étudierons soigneusement, plus nous reconnaîtrons que les enseignements qu’elles renferment ont une portée générale.

«S’il s’élève au milieu de toi un prophète, ou un songeur de songes, et qu’il te donne un signe ou un miracle, et que le signe arrive, ou le miracle dont il t’avait parlé lorsqu’il disait: Allons après d’autres dieux, des dieux que tu n’as point connus, et servons-les; tu n’écouteras pas les paroles de ce prophète, ni ce songeur de songes, car l’Éternel, votre Dieu, vous éprouve, pour savoir si vous aimez l’Éternel, votre Dieu, de tout votre cœur et de toute votre âme. Vous marcherez après l’Éternel, votre Dieu; et vous le craindrez, et vous garderez ses commandements, et vous écouterez sa voix, et vous le servirez, et vous vous attacherez à Lui. Et ce prophète, ou ce songeur de songes sera mis à mort, car il a parlé de révolte contre l’Éternel, votre Dieu, qui vous a fait sortir du pays d’Égypte et vous a rachetés de la maison de servitude, afin de te pousser hors de la voie dans laquelle l’Éternel, ton Dieu, t’a commandé de marcher; et tu ôteras le mal du milieu de toi» (vers. 1-5).

Nous voyons ici comment Dieu prévoit tous les cas de fausse doctrine et de fausse influence religieuse. Nous savons tous combien le pauvre cœur humain se laisse facilement séduire par toute sorte de signes ou de miracles, surtout lorsque ces choses sont en rapport avec la religion. Cela s’est vu non seulement en Israël, mais partout et dans tous les temps. Tout ce qui est surnaturel ou qui semble s’élever au-dessus des lois ordinaires de la nature agit toujours fortement sur l’esprit humain. Un prophète s’élevant du milieu du peuple, et accompagnant sa doctrine de miracles, de signes et de prodiges, était sûr d’être reçu et écouté, et d’acquérir de l’influence.

C’est de cette manière que Satan a travaillé dans tous les temps, et il continuera avec succès jusqu’à la fin de ce siècle, pour tromper et entraîner à leur destruction éternelle ceux qui ne veulent pas recevoir les précieuses vérités de l’Évangile. «Le mystère d’iniquité», qui a travaillé pendant dix-huit siècles dans l’Église professante, sera consommé en la personne de «cet inique, que le Seigneur Jésus consumera par le souffle de sa bouche et qu’il anéantira par l’apparition de sa venue; duquel la venue est selon l’opération de Satan, en toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge, et en toute séduction d’injustice pour ceux qui périssent, parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. Et à cause de cela, Dieu leur envoie une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge, afin que tous ceux-là soient jugés qui n’ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice» (2 Thess. 2:8-12).

Dans le chapitre 24 de Matthieu, le Seigneur met aussi ses disciples en garde contre cette même influence: «Alors, si quelqu’un vous dit: Voici, le Christ est ici, ou: Il est là, ne le croyez pas. Car il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes et ils montreront de grands signes et des prodiges, de manière à séduire, si possible, même les élus. Voici, je vous l’ai dit à l’avance» (Matthieu 24:23-25).

Nous voyons encore au chapitre 13 de l’Apocalypse, la seconde Bête montant de la terre, le grand faux-prophète, l’Antichrist, faisant de grands miracles, «en sorte que même elle fait descendre le feu du ciel sur la terre, devant les hommes. Et elle séduit ceux qui habitent sur la terre, à cause des miracles qu’il lui fut donné de faire devant la Bête, disant à ceux qui habitent sur la terre de faire une image à la Bête qui a la plaie de l’épée et qui a repris vie» (Apoc. 13:13-14).

Chacun de ces trois passages de la Sainte Écriture se rapporte à des événements qui auront lieu après que l’Église aura été enlevée de ce monde. Nous ne poursuivrons pas ce sujet, notre but, en citant ces versets, étant de faire voir au lecteur jusqu’où la puissance de Satan peut aller quant aux signes et aux miracles pour séduire et détourner de la vérité, et en même temps de montrer la seule sauvegarde divine et, par conséquent, parfaite contre la puissance de déception de l’ennemi.

Le cœur humain n’a absolument aucune force pour résister à l’influence des «grands signes et miracles» faits pour soutenir l’erreur la plus mortelle; la seule chose qui puisse fortifier l’âme et la rendre capable de résister au diable et à toutes ses tromperies, c’est la Parole de Dieu; posséder ce précieux trésor dans le cœur, est le secret divin pour être préservé de toute erreur, fût-elle appuyée par les prodiges les plus étonnants.

Dans le passage de la seconde épître aux Thessaloniciens que nous avons cité, nous voyons que la raison pour laquelle le monde sera séduit par les signes et les prodiges de mensonge de «ce Méchant», est «qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés». C’est l’amour de la vérité qui garde de l’erreur, quelque persuasive et fascinante qu’elle soit, soutenue même par la puissance évidente de signes et de miracles. Habileté, facultés intellectuelles, science, etc., tout cela est parfaitement impuissant en face des machinations et des ruses de Satan. La plus haute intelligence humaine devient facilement la proie des ruses du serpent.

Mais, béni soit Dieu, les artifices, la subtilité, les signes et les prodiges de mensonge, en un mot, tous les moyens que Satan peut employer, sont sans aucune puissance sur un cœur gouverné par l’amour de la vérité. Même un petit enfant qui connaît, croit et aime la vérité, est tout particulièrement protégé contre la puissance séductrice du Méchant.

Quand dix mille faux prophètes s’élèveraient et accompliraient les miracles les plus extraordinaires, pour prouver que la Bible n’est pas la parole inspirée de Dieu, ou que notre Seigneur Jésus Christ n’est pas Dieu au-dessus de toutes choses, béni éternellement, ou pour combattre la vérité glorieuse que le sang de Jésus Christ, le Fils de Dieu, purifie de tout péché, ou pour détruire quelque autre vérité révélée dans la Sainte Écriture, cela n’aurait aucun effet quelconque sur le plus simple enfant en Christ, dont le cœur est gouverné par la parole de Dieu. Si un ange même venait à descendre du ciel, pour prêcher quelque doctrine contraire à ce que la parole de Dieu nous enseigne, Dieu même nous autoriserait à prononcer anathème sur lui, sans discussion ou arguments quelconques. Quelle grâce ineffable que cette sécurité morale et ce repos qui appartiennent au plus simple et au plus illettré des enfants de Dieu! Nous ne sommes pas appelés à analyser les fausses doctrines, ni à considérer les preuves avancées en leur faveur; nous rejetons fermement les unes et les autres, simplement parce que nous avons la certitude de la vérité dans le cœur, et que nous l’aimons. «Tu n’écouteras pas les paroles de ce prophète, ni ce songeur de songes, car l’Éternel, votre Dieu, vous éprouve, pour savoir si vous aimez l’Éternel, votre Dieu, de tout votre cœur et de toute votre âme».

C’était là, cher lecteur, le point important pour les Israélites; et il en est de même pour nous. Pour eux comme pour nous et pour tous, et toujours, la vraie sécurité morale est d’avoir le cœur fortifié par l’amour de la vérité, qui n’est qu’une expression différente de l’amour de Dieu. L’Israélite fidèle, qui aimait l’Éternel de tout son cœur et de toute son âme, avait pour tous les faux prophètes qui pouvaient surgir, cette réponse toute prête: «Tu n’écouteras pas». Lorsqu’on ne prête pas l’oreille à l’ennemi, il n’atteindra pas le cœur. Les brebis suivent le Berger; «car elles connaissent sa voix. Elles ne suivront point un étranger», — en dépit des signes et des miracles, — «mais elles s’enfuiront loin de lui». Pourquoi? Est-ce parce qu’elles sont capables de discuter et d’analyser? Non, grâces et louange en soient à Dieu mais «parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers». Le simple fait de ne pas connaître sa voix, est une raison suffisante pour ne pas suivre le faux prophète.

Tout ceci est bien propre à consoler et à encourager les brebis du troupeau de Christ. Elles entendent la voix de leur fidèle et bon Berger, peuvent se rassembler autour de Lui et trouver en sa présence un vrai repos et une sécurité parfaite. Il les fait reposer dans de gras pâturages, et les conduit le long des eaux tranquilles de son amour. L’état de faiblesse dans lequel elles peuvent se trouver, n’est pas un obstacle au repos et à la bénédiction, tout au contraire, cette faiblesse même les pousse à chercher un refuge dans les bras du Tout-Puissant. Une fois reconnue, elle est moins à redouter qu’une force illusoire, puisée dans une vaine confiance en notre propre sagesse, notre intelligence et nos connaissances scripturaires. Ayons soin, seulement, de nous tenir bien près du Seigneur, dans le sentiment de notre propre faiblesse, de notre néant; serrons sa précieuse Parole dans nos cœurs, qu’elle soit la nourriture journalière de nos âmes, le pain vivant de l’homme intérieur.

Venons-en maintenant au second paragraphe de notre chapitre, où le peuple de l’Éternel est mis en garde contre un autre piège du diable. Combien ils sont nombreux et variés! Quels terribles dangers ils offrent au peuple de Dieu! Mais, béni soit son saint nom, dans sa Parole il a amplement pourvu à tout.

«Si ton frère, fils de ta mère, ou ton fils, ou ta fille, ou la femme de ton cœur, ou ton ami, qui t’est comme ton âme, t’incite, en secret, disant: Allons, et servons d’autres dieux, des dieux que tu n’as point connus, toi, ni tes pères, d’entre les dieux des peuples qui sont autour de vous, près de toi, ou loin de toi, d’un bout de la terre à l’autre bout de la terre, tu ne t’accorderas pas avec lui et tu ne l’écouteras pas; et ton œil ne l’épargnera pas, et tu n’auras pas pitié de lui, et tu ne le cacheras pas; mais tu le tueras certainement: ta main sera la première contre lui pour le mettre à mort, et la main de tout le peuple ensuite et tu l’assommeras de pierres, et il mourra, car il a cherché à t’entraîner loin de l’Éternel, ton Dieu, qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude; et tout Israël l’entendra et craindra, et ne fera plus une pareille méchante action au milieu de toi» (vers. 6-11).

Nous avons ici quelque chose tout à fait différent encore du faux prophète ou du songeur de songes. Des milliers d’âmes, peut-être, qui auraient résisté à l’influence de ceux-ci, céderaient à la puissance attrayante et séductrice des affections naturelles, tant il est difficile d’y résister.

Un œil simple, un propos arrêté du cœur, et un dévouement complet, sont choses indispensables pour agir fidèlement vis-à-vis de ceux qui sont liés à nos cœurs par de tendres affections. Résister à un prophète avec lequel on n’a aucune relation personnelle, n’est pas une épreuve à comparer à celle d’avoir à agir avec une ferme décision, envers une épouse bien-aimée, un cher frère, ou un intime ami.

Mais quand les droits de Dieu, de Christ, de la vérité, sont en jeu, il ne doit pas y avoir d’hésitation. Si quelqu’un cherchait à se servir des liens d’affection pour nous détourner de l’obéissance à Christ, nous devrions lui résister avec une entière fermeté. «Si quelqu’un vient à moi, et ne hait pas son père et sa mère, et sa femme, et ses enfants, et ses frères, et ses sœurs, et même aussi sa propre vie, il ne peut être mon disciple» (Luc 14:26).

Il est très important pour nous de bien comprendre ce côté de la vérité, et de lui donner la place qui lui appartient, car la pauvre raison aveugle ne peut que le pervertir pour ceux qui lui prêtent l’oreille. Hélas! elle est un agent dont Satan se sert constamment pour exercer son pouvoir dans les choses de Dieu. En matières humaines et terrestres, la raison peut avoir sa valeur; mais dans tout ce qui appartient au domaine divin et céleste, elle est non seulement sans valeur, mais positivement pernicieuse.

Quel est donc, demandera-t-on, le vrai sens moral de Luc 14:26, et de Deut. 13:8-10? Ces passages ne signifient assurément pas que nous devons être «sans affection naturelle», caractère particulier de l’apostasie des derniers jours. Dieu, lui-même, a établi nos relations naturelles, et à chacune d’elles répondent des affections, dont l’exercice et le déploiement sont en harmonie avec la pensée de Dieu. Le christianisme n’est pas incompatible avec nos relations naturelles, mais il introduit une puissance par laquelle les responsabilités qui se rattachent à ces relations, sont comprises et accomplies à la gloire de Dieu. De plus, le Saint Esprit nous a donné dans les épîtres les instructions les plus détaillées, relatives aux maris, aux femmes, aux parents, aux enfants, aux maîtres et aux serviteurs, mettant ainsi la sanction divine sur ces relations et les affections qui en découlent.

Tout cela est clair; mais comment le faire accorder avec ce qui nous est dit en Luc 14 et Deutéronome 13? En y faisant attention, nous verrons qu’il y a entre ces passages et ce qui nous occupe, une harmonie divine; ils s’appliquent uniquement à des cas où nos relations et nos affections naturelles se placent entre nous et les droits de Dieu et de Christ; alors il faut y renoncer, car si elles s’emparent d’un domaine entièrement divin, la sentence de mort doit être prononcée sur elles.

En contemplant la vie du seul homme parfait qui ait jamais marché sur notre terre, nous pouvons voir de quelle manière divine il répondait à ce que réclamait son double titre d’homme et de serviteur. Il pouvait dire à sa mère: «Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi?» et plus tard, au moment convenable, recommander cette mère avec une tendresse exquise, aux soins du disciple qu’il aimait. Comme aussi il pouvait dire à ses parents: «Ne saviez-vous pas qu’il me faut être aux affaires de mon Père?» et, en même temps, retourner avec eux à Nazareth, et leur être soumis. C’est ainsi que les préceptes des Saintes Écritures, et les voies parfaites de Christ, nous enseignent comment répondre justement aux droits de la nature et à ceux de Dieu.

Il se peut cependant encore, que le lecteur éprouve une grande difficulté à concilier le commandement de Deut. 13:9-10, avec un Dieu d’amour et avec la grâce, la débonnaireté et la tendresse déployées dans le Nouveau Testament. Prenons garde encore ici, d’écouter la raison qui prétend toujours pouvoir s’immiscer dans ce que prescrit, d’une manière absolue, le gouvernement divin. En réalité, elle ne fait que démontrer ainsi son aveuglement et sa folie.

Pour venir en aide à toute âme sincère qui ne serait pas au clair sur cette question, rappelons-nous ce que, dans notre examen des premiers chapitres de ce livre, nous avons dit au sujet des dispensations gouvernementales de Dieu envers Israël et envers les nations. Il est aussi très important de faire la différence entre les deux économies de la loi et de la grâce. Si cette différence n’est pas clairement saisie, des passages comme celui de Deut. 13:9-10, offriront de grandes difficultés. Le grand principe caractéristique de l’économie juive était la justice, et celui du christianisme, la grâce, pure, sans mélange. Cette vérité une fois bien comprise, toute difficulté tombe. Il était parfaitement juste, conséquent, et en harmonie parfaite avec les pensées de Dieu, qu’Israël tuât ses ennemis; l’Éternel le lui avait commandé, comme aussi d’exécuter le jugement, même jusqu’à la mort, envers tout membre de l’assemblée qui aurait cherché à les attirer après de faux dieux, comme nous le lisons ici. Agir ainsi était tout à fait en accord avec les grands principes de gouvernement et de loi, sous lesquels les Israélites étaient placés, selon la sagesse de Dieu. Nous voyons le même principe dans tout l’Ancien Testament. Le gouvernement de Dieu en Israël, et son gouvernement dans le monde en rapport avec Israël, étaient sur le principe de la justice; et dans l’avenir, il en sera de même. «Je susciterai à David un Germe juste; et il régnera en roi, et prospérera, et exercera le jugement et la justice dans le pays» (Jérémie 23:5).

Dans le christianisme, nous voyons tout autre chose. Le Nouveau Testament, les enseignements et les actes du Fils de Dieu, nous placent sur un terrain entièrement nouveau, dans une atmosphère toute nouvelle; en un mot, c’est la grâce dans toute sa pureté.

Prenons comme exemple de cette doctrine de la grâce, un ou deux passages de ce qui est appelé le Sermon sur la montagne: «Vous avez ouï qu’il a été dit: Œil pour œil, et dent pour dent. Mais moi, je vous dis: Ne résistez pas au mal; mais si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre; et à celui qui veut plaider contre toi et t’ôter ta tunique, laisse-lui encore le manteau; et si quelqu’un veut te contraindre de faire un mille, vas-en deux avec lui. Donne à qui te demande, et ne te détourne pas de qui veut emprunter de toi. Vous avez entendu qu’il a été dit: Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous font du tort et vous persécutent, en sorte que vous soyez les fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et envoie sa pluie sur les justes et sur les injustes… Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait» (Matthieu 5:38-48).

Notre intention n’est pas de nous arrêter sur ces beaux passages; nous les avons simplement cités au lecteur, pour lui faire voir la différence immense qui existe entre l’économie juive et l’économie chrétienne; ce qui était parfaitement juste et conséquent de la part d’un Juif, pouvait être exactement le contraire pour un chrétien.

Cela est tellement simple qu’un enfant le comprendrait, et cependant plusieurs des bien-aimés de Dieu paraissent n’être pas au clair sur ce sujet. Il leur semble tout à fait légitime, pour des chrétiens, d’aller en justice ou à la guerre, et de se mêler au monde. Nous demanderons à de telles personnes: «Où cela est-il enseigné dans le Nouveau Testament? Y trouvons-nous une seule parole sortie des lèvres de notre Seigneur Jésus Christ, ou de la plume du Saint Esprit, pour le sanctionner?» Comme nous l’avons dit à propos d’autres questions qui se sont présentées dans notre étude de ce livré, il est inutile de dire «Nous pensons de telle ou telle manière». Nos pensées n’ont aucun poids. Dans tout ce qui a rapport à la foi et à la conduite chrétiennes, la question est: «Que dit le Nouveau Testament?» Qu’est-ce que nous enseigne notre Seigneur et Maître, et comment a-t-il agi? Il nous enseigne que son peuple d’aujourd’hui ne doit pas agir comme son peuple d’Israël. Justice était le principe de l’ancienne économie; grâce est celui de la nouvelle.

De nombreux passages des Écritures nous montrent que tel était l’enseignement de Christ. Et comment agissait-il Lui-même? Maintenait-il ses droits? Exerçait-il une puissance mondaine? Recourait-il à la loi? Se vengeait-il ou rendait-il la pareille? Quand ses pauvres disciples, avec une complète ignorance des principes célestes, et un oubli total de sa manière d’agir, lui demandent dans me occasion où un certain village de Samaritains refusa de le recevoir: «Seigneur, veux-tu que nous disions que le feu descende du ciel et les consume, comme aussi fit Élie?» Quelle fut sa réponse? «Se tournant, il les censura fortement, et dit: Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés! Et ils s’en allèrent à un autre village» (Luc 9:54-56). C’était parfaitement en accord avec l’esprit, le principe et la dispensation dont Élie était le représentant, de faire descendre le feu du ciel afin de consumer les hommes envoyés par un roi impie, pour arrêter le prophète. Mais notre Seigneur Jésus Christ était le parfait et divin représentant d’une tout autre dispensation. Du commencement à la fin, sa vie a été une vie de renoncement et de soumission. Jamais il n’a fait valoir ses droits. Il vint sur cette terre, pour représenter Dieu, pour être, de toute manière, la parfaite expression du Père. Le caractère du Père se montrait avec éclat dans son regard, ses paroles, ses actes, ses mouvements même.

Tel était Christ, le Seigneur, lorsqu’il était ici-bas parmi les hommes, et tel était son enseignement. Il faisait ce qu’il enseignait, et enseignait ce qu’il faisait. Ses paroles exprimaient ce qu’il était, et ses voies démontraient ses paroles. Il vint pour servir et pour donner, et toute sa vie a été marquée par ces deux caractères, de la crèche à la croix.

Jésus n’est-il pas notre grand exemple en toutes choses? Notre caractère et notre carrière comme chrétiens, ne doivent-ils pas être formés d’après ses enseignements et ses voies? Comment apprendrions-nous la manière dont nous devons marcher ici-bas, si ce n’est en écoutant ses paroles et en regardant à ses voies parfaites? Si nous, chrétiens, devons être guidés et gouvernés par les principes et les préceptes de la loi mosaïque, alors assurément nous devrions recourir à la loi, maintenir nos droits, nous engager à combattre pour détruire nos ennemis. Qu’en serait-il alors de l’exemple de notre adorable Seigneur et Sauveur, et des enseignements du Saint Esprit dans le Nouveau Testament? Le lecteur ne convient-il pas que se conduire ainsi, serait pour le chrétien agir en flagrante opposition avec les enseignements et l’exemple de son Seigneur et Sauveur?

Ici, de nouveau, on nous posera l’ancienne question si souvent répétée: «Que deviendraient le monde, ses institutions, la société, si de tels principes dominaient universellement?» L’historien incrédule, en parlant des premiers chrétiens et de leur refus de se joindre à l’armée romaine, demande ironiquement: «Que serait devenu l’empire entouré de tous côtés, comme il l’était, par les barbares, si chacun s’était permis des idées aussi pusillanimes?» Nous répondrons que, si ces principes spirituels et célestes dominaient universellement, il n’y aurait ni guerres, ni combats, et ainsi nul besoin ni de soldats, ni d’armées, ni d’agents de police; il ne se commettrait pas de forfaits, il n’y aurait pas des différends au sujet de propriétés, et par conséquent aucun besoin de cours de justice, de juges ou de magistrats; en un mot, le monde tel qu’il est maintenant finirait; les royaumes de la terre deviendraient les royaumes de notre Seigneur et de son Christ.

Mais le simple fait est que ces principes en question ne sont pas du tout pour le monde, d’autant moins que le monde ne pourrait les adopter ou s’y conformer un seul instant; cela amènerait une rupture complète de tout le système de choses actuel, la dissolution de toute la constitution sociale telle qu’elle existe maintenant.

C’est pourquoi les objections des incrédules tombent comme en poussière à nos pieds, ainsi que les questions et les difficultés basées là-dessus; elles sont sans aucune force morale. Les principes célestes ne sont pas pour ce «présent siècle mauvais», ils sont pour l’Église qui n’est pas du monde, comme Jésus n’est pas du monde. «Si, dit notre Seigneur à Pilate, mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu, afin que je ne fusse pas livré aux Juifs mais maintenant mon royaume n’est pas d’ici» (Jean 18:36).

Remarquez le mot «maintenant». Bientôt les royaumes de ce monde deviendront ceux de notre Seigneur; mais maintenant il est rejeté, et tous ceux qui Lui appartiennent sont appelés à être rejetés comme Lui, à le suivre hors du camp, et à marcher comme des pèlerins et des étrangers ici-bas, attendant le moment où il viendra pour les prendre à Lui, afin que là où Il est, ils y soient aussi.

Ce qui produit la terrible confusion actuelle, c’est l’effort continuel de Satan pour mêler le monde et l’Église; c’est là une de ses ruses spéciales, et qui a contribué plus qu’on ne s’en doute, à détruire le témoignage de l’Église de Dieu, et à en empêcher les progrès. C’est ce qui bouleverse tout, et confond des choses qui diffèrent essentiellement et sont en opposition flagrante avec le vrai caractère de l’Église, sa position, sa marche et son espérance. Nous entendons parfois cette expression: «le monde chrétien». Qu’est-ce que cela veut dire? C’est simplement l’effort d’unir deux choses qui, dans leur source, leur nature et leur caractère, sont aussi différentes que la nuit et le jour. C’est vouloir coudre une pièce de drap neuf à un vieux vêtement, ce qui, comme nous le dit notre Seigneur, ne fait que rendre la déchirure plus grande.

Le but de Dieu n’est pas de christianiser le monde, mais d’appeler son peuple hors du monde, pour être un peuple céleste, gouverné par des principes célestes, formé pour un but céleste, et réjoui par une espérance céleste. Tant que nous n’avons pas compris cela, et que la vérité quant à l’appel et à la marche de l’Église n’est pas réalisée en puissance vivante dans l’âme, il y aura de graves erreurs dans notre œuvre, notre marche et notre service. Nous ferons un faux usage des Écritures de l’Ancien Testament, non seulement quant aux sujets prophétiques, mais dans ce qui se rapporte à toute notre marche pratique; il est impossible de calculer la perte qui peut résulter de n’avoir pas compris la vocation, la position et l’espérance de l’Église de Dieu, son association, son identification, son union vivante avec un Christ rejeté, ressuscité et glorifié.

Nous ne pouvons nous étendre davantage sur ce sujet si précieux et si intéressant; toutefois, nous indiquerons encore au lecteur quelques exemples de la manière dont l’Esprit cite et applique l’écriture de l’Ancien Testament. Lisez, entre autres, le passage suivant du beau Psaume 34: «La face de l’Éternel est contre ceux qui font le mal, pour retrancher de la terre leur mémoire». Puis, remarquez la manière dont le Saint Esprit cite ce passage dans la première épître de Pierre: «La face du Seigneur est contre ceux qui font le mal» (Chap. 3:12). Il n’y a pas un mot d’exterminer. Pourquoi cela? Parce que le Seigneur n’agit pas maintenant sur le principe de retrancher le méchant de la terre; il agissait ainsi sous la loi, et il le fera dans son royaume plus tard; mais maintenant il agit en grâce et en longue patience. Sa face est aussi décidément contre tous ceux qui font le mal, qu’elle l’a été ou le sera, mais non pas maintenant pour retrancher de la terre leur mémoire. L’exemple le plus frappant de cette merveilleuse grâce, de cette clémence, et de la différence entre les deux principes sur lesquels nous nous sommes arrêtés, est démontré dans ce fait que les hommes même qui, de leurs mains méchantes, ont crucifié son Fils unique et bien-aimé, au lieu d’être retranchés de la terre, ont été les premiers à entendre le message de pardon plein et gratuit par le sang de la croix.

Il peut paraître à quelqu’un, que nous donnons trop d’importance à une simple phrase de l’Ancien Testament; ne le croyez pas. N’eussions-nous que ce seul exemple, ce serait une grave erreur de le traiter avec indifférence. Le fait est qu’il y a quantité de passages du même caractère que celui que nous avons cité plus haut, et qui montrent tous le contraste entre les économies juive et chrétienne, et aussi entre le christianisme et le royaume à venir.

Dieu agit maintenant en grâce envers le monde, et nous devrions faire de même, si nous désirons être semblables à Lui, ce à quoi nous sommes appelés. «Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait» (Matt. 5:48). Et encore: «Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants, et marchez dans l’amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s’est livré Lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur» (Éph. 5:1-2).

Voilà notre modèle. Nous sommes appelés à suivre l’exemple de notre Père, à l’imiter. Il ne place pas le monde sous la loi, il ne maintient pas ses droits avec la main forte du pouvoir. Bientôt il le fera; mais, maintenant est le jour de grâce, il répand ses bénédictions en riche profusion, sur ceux dont la vie entière est inimitié et rébellion contre Lui.

Tout cela est merveilleux, et nous chrétiens, nous sommes appelés à agir d’après ce glorieux principe moral. On dira peut-être: «Comment pourrions-nous vivre dans ce monde, et diriger nos affaires d’après de tels principes? Nous serions volés, ruinés; des gens mal intentionnés prendraient avantage sur nous, s’ils savaient que nous n’en appelons pas à la justice; ils prendraient nos biens, emprunteraient notre argent, ou occuperaient nos maisons, et refuseraient de nous payer. En un mot, nous ne pourrions cheminer dans un monde comme celui-ci, si nous ne maintenions pas nos droits. Pourquoi y a-t-il des lois, sinon pour apprendre aux gens à se bien conduire? Les puissances ordonnées de Dieu, ne le sont-elles pas dans le but de maintenir la paix et le bon ordre au milieu de nous? Que deviendrait la société, si nous n’avions pas des soldats, des magistrats et des juges? Et si Dieu a établi de telles choses, pourquoi, nous, son peuple, n’en profiterions-nous pas? Et non seulement cela, mais qui est plus capable d’occuper des places d’autorité et de puissance, ou de manier l’épée de la justice, que le peuple de Dieu?»

Il y a sans doute beaucoup de force apparente dans toute cette suite d’arguments. Les puissances qui existent sont établies de Dieu. Le roi, le gouvernement, le juge, le magistrat sont, chacun à sa place, l’expression de la puissance de Dieu. C’est Dieu qui revêt chacun du pouvoir qu’il a; c’est Lui qui a mis l’épée en la main du prince, pour punir ceux qui font le mal et louer ceux qui font bien. Tout cela est très facile à saisir. Le monde, tel qu’il est maintenant, ne pourrait subsister ni seul jour, si l’ordre n’était maintenu par la main forte des autorités. Nous ne pourrions pas vivre, ou du moins, la vie serait intolérable, si les malfaiteurs n’étaient tenus en respect par l’épée de la justice.

Mais, on admettant tout cela pleinement comme tout chrétien intelligent et enseigné par l’Écriture doit le faire, cela ne touche en rien à la question de la marche du chrétien dans ce monde. Le christianisme reconnaît pleinement toutes les institutions gouvernementales du pays, mais le chrétien n’a pas à s’en mêler, ce n’est pas son affaire. Où qu’il se trouve, et quels que soient le caractère ou les principes de gouvernement du pays qu’il habite, c’est son devoir de reconnaître son autorité, de payer les impôts, de prier pour les autorités, d’honorer les magistrats dans leur charge, de respecter les lois, de prier pour la paix du pays, et de vivre en paix avec tous, autant que cela lui est possible. Notre Maître, béni soit son saint Nom, nous en a Lui-même donné un parfait exemple.

Dans sa remarquable réponse aux Hérodiens, il reconnaît le principe de la soumission aux autorités qui existaient: «Rendez donc les choses de César à César, et les choses de Dieu à Dieu» (Matt. 22:21). Et non seulement cela, mais nous le trouvons aussi payant le tribut, quoiqu’il en fût libéré personnellement. Ils n’avaient pas le droit de l’exiger de Lui, comme il le montre à Pierre. L’on pourrait dire: «Pourquoi ne réclamait-il pas?» Aurait-il voulu réclamer ou accuser? Non; écoutez la réponse admirable qu’il fait à l’apôtre: «Mais afin que nous ne les scandalisions pas, va-t’en à la mer, jette un hameçon, et prends le premier poisson qui montera; et quand tu lui auras ouvert la bouche, tu y trouveras un statère; prends-le, et donne-le-leur pour moi et pour toi» (Matt. 17:27).

Ici nous revenons à notre thèse, savoir: Quel est le sentier du chrétien dans ce monde? Il doit suivre son Maître, l’imiter en toutes choses. Faisait-il valoir ses droits? Recourait-il à la loi? Essayait-il de gouverner le monde? Se mêlait-il des affaires politiques ou judiciaires? Se servait-il de l’épée? Consentait-il à être juge ou arbitre, même lorsqu’on l’y appelait? Toute sa vie n’a-t-elle pas été, du commencement à la fin, une vie de renoncement et d’abnégation?

Nous laissons le lecteur chrétien chercher lui-même dans son cœur, la réponse à ces questions, et cela pour que l’effet pratique on soit produit dans sa marche. Nous espérons aussi que les vérités présentées ci-dessus, lui donneront l’intelligence de passages semblables à celui de Deut. 13:9-10. L’opposition à l’idolâtrie, et la séparation d’avec le mal, aussi nécessaires assurément pour nous que pour Israël autrefois, ne se déploient pas de la même manière. L’Église est appelée impérativement à rejeter le mal et ceux le commettent, mais pas de la même manière qu’Israël: il n’est pas de son devoir de lapider les idolâtres et les blasphémateurs, ou de brûler les sorciers. L’église de Rome a agi sur ce principe, et des protestants même — ceci à la honte du protestantisme — ont suivi son exemple1.

1 La mort de Servet, brûlé on 1553, à cause de ses opinions théologiques, est une terrible tache dans l’histoire de la Réformation, et de l’homme qui a sanctionné un procédé aussi antichrétien. Les idées de Servet étaient, il est vrai, entièrement fausses, il soutenait l’hérésie d’Arius qui est un blasphème contre le Fils de Dieu. Mais, faire mourir lui ou quelque autre à cause d’une fausse doctrine, était un péché flagrant contre l’esprit et les principes de l’Évangile, un fruit déplorable de l’ignorance quant à la différence essentielle qui existe entre le Judaïsme et le Christianisme.

L’Église n’est pas appelée à se servir de l’épée temporelle. Cela lui est positivement défendu; ce serait un démenti net donné à sa vocation, à son caractère et à sa mission. Lorsque Pierre, dans son zèle ignorant et charnel, tira l’épée pour défendre son Maître, celui-ci le reprit par ses paroles fidèles, et l’enseigna par son acte de miséricorde: «Remets ton épée en son lieu; car tous ceux qui auront pris l’épée, périront par l’épée» (Matt. 26:52). Ayant ainsi réprimandé son disciple bien intentionné mais peu intelligent, il répara sa faute on guérissant le mal. «Les armes de notre guerre ne sont pas charnelles, mais puissantes par Dieu pour la destruction des forteresses, détruisant les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et amenant toute pensée captive à l’obéissance du Christ» (2 Cor. 10:4-5).

L’église professante s’est complètement fourvoyée quant à cette grande et importante question. Elle s’est unie au monde, et a cherché à soutenir la cause de Christ au moyen d’une action mondaine et charnelle; dans son ignorance, elle a essayé de maintenir la foi chrétienne on la reniant d’une manière honteuse, dans la pratique. Des hérétiques placés par ses ordres sur le bûcher, voilà une terrible tache sur les pages de l’histoire de l’Église, et on ne peut se faire une juste idée des terribles conséquences résultant de la fausse notion, que l’Église est appelée à prendre la place d’Israël et à agir d’après ses principes1. C’est ce qui a faussé complètement son témoignage et lui a ôté son caractère essentiellement spirituel et céleste; c’est ce qui l’a conduite dans une voie qui aboutit à ce que nous lisons dans Apoc. 17 et 18. Que celui qui lit comprenne.

1 Ce sont deux choses toutes différentes pour l’Église, de tirer instruction de l’histoire d’Israël ou de prendre la place de ce peuple, d’agir selon ses principes et de s’approprier ses promesses. La première est un devoir et un privilège de l’Église, l’autre est une fatale erreur dans laquelle elle est tombée.

Nous espérons que ce qui a été dit plus haut engagera nos lecteurs à bien considérer à la lumière du Nouveau Testament le sujet qui vient de nous occuper et que Dieu, dans sa bonté infinie, se servira de ce moyen pour les amener à voir clairement le sentier d’entière séparation dans lequel, comme chrétiens, nous sommes appelés à marcher dans le monde, mais non pas comme étant du monde; notre Seigneur Jésus Christ n’en était pas. Cette vérité une fois comprise résoudra quantité de difficultés, et fournira un grand principe général qui pourra s’appliquer à beaucoup de détails de la vie pratique.

Terminons maintenant notre étude sur le chapitre 13 du Deutéronome, on examinant le contenu des derniers versets.

«Si dans l’une de tes villes que l’Éternel, ton Dieu, te donne pour y habiter, tu entends dire: Des hommes, fils de Bélial, sont sortis du milieu de toi, et ont incité les habitants de leur ville, disant: Allons, et servons d’autres dieux, des dieux que vous n’avez pas connus; alors tu rechercheras, et tu t’informeras, et tu t’enquerras bien; et si c’est la vérité, si la chose est établie, si cette abomination a été commise au milieu de toi, tu frapperas certainement par le tranchant de l’épée les habitants de cette ville; tu la détruiras entièrement, et tout ce qui y sera, et toutes ses bêtes, par le tranchant de l’épée. Et tout son butin, tu le rassembleras au milieu de sa place, et tu brûleras tout entiers au feu la ville et tout son butin, à l’Éternel, ton Dieu; et elle sera un monceau perpétuel, elle ne sera plus rebâtie. Et il ne s’attachera rien de cet anathème à ta main, afin que l’Éternel revienne de l’ardeur de sa colère, et qu’il te fasse miséricorde, et ait compassion de toi, et qu’il te multiplie, comme il a juré à tes pères, quand tu écouteras la voix de l’Éternel, ton Dieu, pour garder tous ses commandements que je te commande aujourd’hui, afin de pratiquer ce qui est droit aux yeux de l’Éternel, ton Dieu» (vers. 12-18).

Nous avons ici une instruction des plus solennelles et de la plus haute importance, et ce que le lecteur doit bien remarquer, c’est qu’elle est basée sur une vérité d’une indicible valeur, celle de l’unité nationale d’Israël. Voilà ce qui donne une force réelle à ces paroles. Un cas d’erreur grave se présente dans une des cités d’Israël, et la question qui se présente est: «Toutes les villes étaient-elles atteintes par le mal d’une seule?»1

1 Il est important de remarquer que le mal dont il est question était de nature très grave, une tentative de détourner le peuple du seul Dieu vivant et vrai, ce qui atteignait le fondement même de l’existence nationale d’Israël. La question n’était pas simplement locale ou municipale, mais nationale.

Assurément, puisque la nation était une. Les villes et les tribus n’étaient pas indépendantes les unes des autres, mais unies ensemble par ni lien sacré d’unité nationale, unité qui avait son centre dans le lieu où se trouvait la présence de Dieu. Les douze pains sur la table d’or dans le sanctuaire, formaient le beau type de cette unité, et tout vrai Israélite la reconnaissait et s’en réjouissait. Les douze pierres dans le Jourdain; les douze pierres au bord de ce fleuve; les douze pierres d’Élie au mont Carmel, toutes représentaient la même grande vérité — l’unité indissoluble des douze tribus d’Israël. Le bon roi Ézéchias reconnut cette vérité, lorsqu’il ordonna l’holocauste et le sacrifice pour le péché, pour tout Israël. (2 Chr. 29:24). Le fidèle Josias agit aussi d’après cette vérité, lorsqu’il ordonna une réforme dans tous les pays qui appartenaient aux enfants d’Israël (2 Chr. 34:33). Paul, dans son remarquable discours devant le roi Agrippa, rend témoignage à la même vérité, quand il dit: «Espérance… à laquelle nos douze tribus, en servant Dieu sans relâche nuit et jour, espèrent parvenir»1 (Actes 26:7).

1 Il peut être intéressant pour le lecteur de savoir que dans le passage ci-dessus, le mot rendu par «douze tribus» est dans le grec au singulier. Cela donne certainement une expression bien vivante à la grande idée d’unité indissoluble, si précieuse à Dieu, et par conséquent précieuse pour la foi.

En anticipant le glorieux avenir, nous voyons cette même vérité briller d’un éclat céleste, dans le chapitre 7 de l’Apocalypse, où les douze tribus sont scellées et réservées pour le repos, la bénédiction et la gloire, en compagnie d’une foule innombrable d’entre les nations. Et finalement, dans le chapitre 20 de l’Apocalypse, nous voyons les noms des douze tribus, écrits sur les portes de la sainte cité, siège et centre de la gloire de Dieu et de l’Agneau.

Ainsi, depuis la table d’or du sanctuaire jusqu’à la cité d’or, descendant du ciel d’auprès de Dieu, nous avons une chaîne merveilleuse de preuves évidentes de cette grande vérité, l’unité indissoluble des douze tribus d’Israël.

Et si l’on demande où cotte unité peut se voir et comment Élie, Ézéchias, Josias, ou l’apôtre Paul ont pu la voir, nous répondrons que c’était par la foi. En regardant au-dedans du sanctuaire, ils pouvaient voir les douze pains signifiant à la fois que chaque tribu était distincte, et qu’elles formaient cependant une unité parfaite. Rien de plus beau; la vérité de Dieu doit subsister à toujours. L’unité d’Israël se voyait dans le passé et sera vue à l’avenir; et quoique, semblable à l’unité plus élevée de l’Église, elle soit invisible maintenant, la foi croit et maintient cette vérité et la confesse en face de toutes les influences contraires.

Voyons un instant l’application pratique de cette glorieuse vérité, telle qu’elle nous est présentée dans les derniers versets de Deut. 13. — Le bruit se répand dans une ville située tout au nord du pays d’Israël, qu’une erreur grave est enseignée dans une ville du sud, — erreur pernicieuse tendant à détourner ses habitants du vrai Dieu.

Qu’y a-t-il à faire? La loi est aussi positive que possible; le sentier du devoir est si clairement tracé qu’il suffit d’un œil simple pour le voir et d’un cœur dévoué pour y marcher. «Alors tu rechercheras, et tu t’informeras, et tu t’enquerras bien» (vers. 14). Ceci est bien clair.

Quelques-uns des habitants de la ville auraient pu dire: «Que nous importe cette erreur enseignée si loin de nous? Grâces à Dieu, ce mal n’est pas au milieu de nous, c’est une affaire entièrement locale, chaque ville a sa propre responsabilité. Peut-on exiger que nous examinions chaque erreur enseignée dans le pays? nous y perdrions inutilement le temps consacré à nos travaux; il y a assez à faire pour nous à garder nos frontières. Quant à l’erreur, nous la condamnons certainement, et si quelqu’un venait ici pour l’enseigner, nous lui fermerions nos portes; notre responsabilité ne va pas au delà».

Et maintenant, quelle serait la réponse d’un Israélite fidèle, à tous ces arguments, quelque plausibles qu’ils paraissent au jugement naturel? Il dirait que raisonner ainsi est simplement renier l’unité d’Israël; que, si chaque tribu avait voulu se placer sur un terrain indépendant, le souverain sacrificateur n’avait plus qu’à ôter les douze pains de dessus la table d’or de devant l’Éternel et à les disperser ici et là, puisque le peuple s’étant divisé en fragments indépendants n’ayant aucun terrain national, c’en était fait de l’unité que figuraient les pains sur une seule table.

L’Israélite fidèle pourrait continuer à répondre, qu’en outre le commandement est des plus distincts et explicites: «Tu rechercheras, et tu t’informeras, et tu t’enquerras bien». Israël étant restreint à ces deux grands principes, l’unité de la nation et le commandement de Dieu, il était impossible à quelques individus du peuple de dire: «Il n’y a pas d’erreur enseignée au milieu de nous», à moins de se séparer du reste de la nation; car le peuple tout entier était compris dans ces paroles: «Si cette abomination a été commise au milieu de toi». Une erreur enseignée à Dan, affectait également les habitants de Beër-Shéba. Pourquoi cela? Parce qu’Israël était un. Tout Israélite devait se sentir affecté par l’erreur, et ne pouvait ni se croiser les bras, ni conserver une froide indifférence ou une coupable neutralité. Il était enveloppé dans ce mal et ses affreuses conséquences, jusqu’à ce qu’il s’en fût purifié en le jugeant avec une inflexible décision et me sévérité impitoyable.

Et si tout cela était vrai pour Israël, à combien plus forte raison pour l’Église de Dieu! Là où il s’agit de Christ, soyons sûrs que tout ce qui ressemble à de l’indifférence est haïssable aux yeux de Dieu. Les desseins éternels et le conseil de Dieu sont de glorifier son Fils, de sorte que tout genou se ploie devant Lu, et que toute langue confesse qu’il est Seigneur à la gloire de Dieu le Père: «Afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père» (Jean 5:23).

Par conséquent, si Christ est déshonoré, si des doctrines sont enseignées qui portent atteinte à la gloire de sa personne, à l’efficacité de son œuvre, ou aux vertus de sa charge, nous devons rejeter fermement de pareilles doctrines. L’indifférence ou la neutralité dans tout ce qui touche à la personne de Christ, est jugée comme crime de haute trahison au tribunal du ciel. S’il s’agissait de notre propre réputation, de notre caractère personnel, ou de notre famille, nous ne resterions pas indifférents; nous serions très sensibles à la moindre accusation concernant nous-mêmes ou ceux qui nous sont chers. Combien plus profondément encore ne devrions-nous pas sentir la moindre atteinte à ce qui concerne la gloire, l’honneur, le nom et la cause de Celui à qui nous devons tout dans le présent et tout dans l’avenir éternel, Celui qui a mis de côté sa gloire, pour venir dans ce pauvre monde, mourir sur la croix d’une mort ignominieuse, pour nous sauver des flammes éternelles de l’enfer! Pourrions-nous être indifférents à son égard, rester neutres en ce qui le concerne? À Dieu ne plaise!

Non, lecteur, cela ne doit pas être. L’honneur et la gloire de Christ doivent nous tenir plus à cœur que tout le reste: réputation, propriété, famille, amis, tout doit être mis de côté, si les droits de Dieu sont compromis. Tout lecteur chrétien ne convient-il pas de cela, de toute l’énergie de son âme? Assurément, déjà maintenant; et que sera-ce quand nous le verrons face à face, dans la pleine lumière de sa gloire morale? Avec quels sentiments envisagerons-nous l’idée d’indifférence ou de neutralité par rapport à Lui?

Avons-nous tort en déclarant que la vérité qui touche de plus près à la gloire de la Tête est celle de l’unité de son corps, l’Église? Certes pas. Si la nation d’Israël était une, le corps de Christ est un! Et si l’indépendance ne convenait pas en Israël, combien moins dans l’Église de Dieu! Le fait est que l’idée d’indépendance ne peut être maintenue un instant, à la lumière du Nouveau Testament. Nous pourrions aussi bien attester que la main est indépendante du pied, ou l’œil de l’oreille, que d’affirmer que les membres du corps de Christ sont indépendants l’un de l’autre. «Car de même que le corps est un et qu’il a plusieurs membres, mais que tous les membres du corps, quoiqu’ils soient plusieurs, sont un seul corps, ainsi aussi est le Christ. Car nous nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit hommes libres; et nous avons tous été abreuvés pour l’unité d’un seul Esprit… Or vous êtes le corps de Christ et ses membres chacun en particulier» (1 Cor. 12:12-27).

Nous n’essayerons pas de commenter ces merveilleuses paroles, nous désirons seulement appeler l’attention du lecteur chrétien sur la vérité spéciale qui y est mise en évidence et qui concerne intimement tout vrai croyant sur la surface de cette terre, savoir qu’il est membre du corps de Christ.

Cette grande vérité pratique comprend à la fois les plus hauts privilèges et les plus grandes responsabilités. Ce n’est pas simplement une doctrine vraie, un principe sain ou une opinion orthodoxe; c’est un fait vivant destiné à être une puissance divine dans l’âme. Le chrétien ne peut plus se considérer comme personne indépendante, n’ayant ni association, ni lien vital avec d’autres. Il est lié d’une manière vivante ainsi que tous les enfants de Dieu, à tous les vrais croyants, à tous les membres de Christ sur toute la surface de la terre.

«Nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps». L’Église de Dieu n’est pas une simple société, une association ou une confrérie; elle est un corps, uni par le Saint Esprit à la Tête dans le ciel, et tous ses membres sur la terre sont indissolublement liés ensemble. Il s’ensuit naturellement que tous les membres du corps sont affectés par l’état et la marche de chacun. «Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui», c’est-à-dire tous les membres du corps. Si le pied est malade, la main le sent. Comment? Par la tête. Ainsi en est-il dans l’Église de Dieu; si quelque chose va mal chez un individu, tous les membres le sentent par la Tête avec laquelle tous sont en relation vivante, par le Saint Esprit.

Quelques-uns de nos lecteurs trouvent peut-être cette vérité très difficile à saisir, et cependant elle est clairement révélée dans la page inspirée, non pour être critiquée, ou soumise en aucune manière au jugement humain, mais simplement pour être crue. C’est une révélation divine, aucun esprit humain n’aurait jamais conçu une telle pensée; mais Dieu l’a révélée, la foi l’accepte et marche dans la puissance bénie de cette vérité.

Le lecteur pourrait encore demander: «Comment est-il possible que l’état d’un seul croyant affecte ceux qui ne le connaissent point? La réponse est: «Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui». Tous les membres de quoi? D’une assemblée locale ou d’une société qui, par hasard, connaît la personne en question, ou est en relation avec elle? Non, mais il s’agit des membres du corps où qu’ils soient. En Israël même, où l’unité n’était que nationale, nous avons vu que s’il existait quelque mal dans une de leurs villes, tout le peuple en était atteint et affecté. Lorsque Acan pécha, par exemple, quoiqu’il y eût des milliers de gens totalement ignorants du fait, l’Éternel dit: «Israël a péché», et toute l’assemblée, à cause de cela, subit une humiliante défaite.

La raison peut-elle saisir cette vérité? Non, mais la foi le peut. Si nous écoutons la raison, nous ne croirons rien; mais si, par la grâce de Dieu, nous n’écoutons pas la raison, nous croirons ce que Dieu dit, parce qu’il le dit.

Oh! bien-aimé lecteur chrétien, quelle immense vérité que cette unité du corps! Quelles conséquences pratiques en découlent? Comme elles sont évidemment calculées pour produire la sainteté dans la vie et la marche! Combien cela doit nous rendre vigilants sur nous-mêmes, nos habitudes, nos voies, tout notre état moral! Combien aussi cela doit nous rendre soigneux de ne pas déshonorer la Tête à laquelle nous sommes unis, contrister l’Esprit par lequel nous sommes liés les uns aux autres, ou blesser les membres avec lesquels nous sommes formés en un seul corps!

Malgré notre désir de prolonger notre méditation sur une des plus belles, des plus profondes et des plus puissantes vérités qui méritent toute notre attention, il nous faut terminer ce chapitre. Veuille le Seigneur, par son Saint Esprit, faire que cette vérité devienne une puissance vivante dans l’âme de tout vrai croyant sur la surface de la terre!