Deutéronome

Chapitre 12

Nous commençons ici une nouvelle section du Deutéronome. Les discours renfermés dans les onze premiers chapitres, ayant établi le principe si important de l’obéissance, nous en venons à l’application pratique de ce principe dans la vie du peuple, une fois entré en possession du pays. «Ce sont ici les statuts et les ordonnances que vous garderez pour les pratiquer dans le pays que l’Éternel, le Dieu de tes pères, te donne pour le posséder, tous les jours que vous vivrez sur la terre».

Il est de la plus grande importance que le cœur et la conscience soient amenés à reconnaître l’autorité divine, indépendamment des questions de détails. Ceux-ci trouveront leur place une fois que le cœur aura appris à s’incliner, avec une soumission complète et absolue, devant l’autorité suprême de la parole de Dieu.

Nous avons vu dans notre étude des onze premiers chapitres, que le législateur s’efforce d’amener le cœur d’Israël dans cette condition si essentielle. Il fallait, avant tout, que le grand principe fondamental de toute moralité fût parfaitement établi au plus profond de l’âme. Voici quel est ce principe qui nous regarde aussi, nous chrétiens: c’est que le devoir absolu de l’homme est de se soumettre entièrement à la parole de Dieu, quoi qu’elle lui commande, et qu’il en comprenne la raison ou non. Le seul point important et concluant est: Dieu a-t-il parlé? S’il a parlé, cela suffit. Il n’est pas besoin d’autre chose.

Tant que ce principe n’est pas entièrement établi, ou plutôt tant que le cœur n’est pas gouverné complètement par sa force morale, nous ne sommes pas en état de nous occuper des détails. Si on laisse agir la volonté propre, si l’on permet à l’aveugle raison d’élever la voix, alors le cœur commencera à soulever des questions, et les difficultés surgiront comme autant de pierres d’achoppement sur le sentier de l’obéissance.

«Eh quoi!» s’écrie-t-on peut-être, «ne devons-nous pas faire usage de notre raison? Pourquoi donc nous a-t-elle été donnée?» À cela il y a deux réponses: d’abord, notre raison n’est pas ce qu’elle était quand Dieu l’a donnée à l’homme. Rappelons-nous que le péché est venu; l’homme est un être déchu; sa raison, son jugement, son intelligence, tout son être moral ont fait naufrage, et de plus, c’est l’oubli de la parole de Dieu qui a causé toute cette ruine.

En second lieu, si la raison était dans son état normal, elle le prouverait en se soumettant à la parole de Dieu. Mais elle n’est pas saine; elle est aveugle et complètement pervertie; elle n’est d’aucune autorité dans les choses spirituelles, divines, ou célestes.

Si ce simple fait était bien compris, mille difficultés seraient aplanies et mille questions résolues. C’est la raison qui fait les incrédules. Satan murmure à l’oreille de l’homme: «Vous êtes doué de raison, pourquoi ne pas vous en servir? Elle a été donnée pour qu’on s’en serve en toutes choses. Vous ne devez pas donner votre assentiment à quelque chose que votre raison ne peut comprendre. Comme homme, vous avez le droit de soumettre tout au jugement de votre raison; ce ne sont que les fous ou les idiots, qui acceptent avec une aveugle crédulité tout ce qu’on leur présente».

Quelle sera notre réponse à des suggestions si rusées et si dangereuses? Celle-ci qui est bien simple et bien concluante: La parole de Dieu est au-dessus de la raison, autant que Dieu est au-dessus de la créature, ou que les cieux sont au-dessus de la terre. Par conséquent, lorsque Dieu parle, tous les raisonnements doivent se taire. S’il ne s’agit que de la parole de l’homme, du jugement de l’homme, de l’opinion de l’homme, alors, en effet, la raison peut exercer son influence, ou, pour parler plus correctement, nous devons l’employer pour juger ce qu’on nous dit, d’après le seul modèle parfait, la parole de Dieu. Mais si on permet à la raison de discuter la parole de Dieu, l’âme sera immanquablement plongée dans les ténèbres de l’incrédulité, d’où la descente dans les profondeurs terribles de l’athéisme n’est que trop facile.

En un mot, nous devons serrer dans nos cœurs cette grande vérité, que la seule base solide pour l’âme est la foi en l’autorité suprême, la majesté divine et la toute-suffisance de la parole de Dieu. C’était sur ce terrain que se tenait Moïse, quand il parlait au cœur et à la conscience d’Israël. Son unique et grand but était d’amener le peuple à une entière soumission à l’autorité divine. Vouloir soumettre chaque précepte, chaque statut, en un mot toute institution de la Parole, au contrôle de la raison humaine, c’est rejeter l’autorité divine, l’Écriture, l’assurance et la paix. Lorsque, au contraire, l’âme est amenée par l’Esprit de Dieu à cette soumission absolue à l’autorité de la parole de Dieu, alors chacun de ses commandements, chaque phrase même de son précieux Livre, est reçu comme venant directement de Lui-même, et revêt toute l’importance que son autorité comporte. Il se peut que nous n’ayons pas une pleine intelligence de chaque statut, mais là n’est pas la question; il nous suffit de savoir qu’il vient de Dieu; il a parlé — cela suffit. Aucun fondement solide de vraie moralité ne peut être posé, tant que ce grand principe n’a pas été saisi et que l’âme ne le possède pas pleinement.

Les pensées que nous venons de développer, pourront servir à donner au lecteur l’intelligence du rapport qu’il y a entre le chapitre que nous avons sous les yeux et la première division de ce livre, et l’aider à comprendre la portée des premiers versets du chapitre 12.

«Vous détruirez entièrement tous les lieux où les nations que vous déposséderez auront servi leurs dieux sur les hautes montagnes et sur les collines et sous tout arbre vert; et vous démolirez leurs autels, et vous briserez leurs statues; et vous brûlerez au feu leurs ashères, et vous abattrez les images taillées de leurs dieux, et vous ferez périr leur nom de ce lieu-là» (vers. 2-3).

Le pays appartenait à l’Éternel; les Israélites n’y étaient que ses tenanciers; c’est pourquoi leur premier devoir, en en prenant possession, était de détruire toute trace de l’ancienne idolâtrie. Ceci était absolument indispensable, quelque intolérante que puisse paraître à la raison humaine cette manière d’agir envers la religion d’autrui. Nous l’accordons sans hésitation, c’était intolérant; mais comment le Dieu vivant et vrai aurait-il pu ne pas l’être envers les faux dieux et l’idolâtrie? Ce serait un vrai blasphème de supposer un instant, qu’il eût pu permettre le culte des idoles dans son pays.

Comprenons bien la chose. Ce n’est pas que Dieu, dans sa miséricorde, ne soit pas patient envers le monde; nous avons tous, présente à l’esprit, l’histoire des six mille années durant lesquelles sa longanimité s’est exercée d’une manière si merveilleuse, depuis les jours de Noé, et ne s’est pas lassée malgré le rejet de son Fils bien-aimé.

Tout cela est en dehors du grand principe exposé dans notre chapitre. Israël avait à apprendre qu’en prenant possession du pays de l’Éternel, son premier devoir était d’en effacer toute trace d’idolâtrie. Le nom du Dieu qui devait être «leur seul Dieu» était invoqué sur les Israélites. Ils étaient son peuple, et il ne pouvait leur permettre d’avoir communion avec les démons. «Tu rendras hommage au Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras Lui seul».

Au point de vue des nations incirconcises, cela pouvait paraître très intolérant, bigot même. Elles pouvaient se vanter de leur liberté, et se glorifier de leur manière si large de rendre un culte qui admettait «plusieurs dieux et plusieurs seigneurs». Il y aurait eu, selon eux, plus de largeur d’esprit à laisser à chacun ses propres idées en matière de religion, et le choix libre de l’objet et du mode de son culte. Ou bien encore, comme à Rome plus tard, ériger un Panthéon dans lequel tous les dieux du paganisme trouvent place, eût été, selon eux, la preuve évidente d’une civilisation bien plus avancée, plus brillante et plus raffinée. «Qu’importe, eussent-ils dit, la forme de religion d’un homme, ou l’objet de son culte, pourvu que lui-même soit sincère! Tout se trouverait être bien à la fin. Le grand but pour chacun est de travailler au progrès matériel, de contribuer à la prospérité nationale, moyen des plus sûrs de sauvegarder les intérêts individuels. Il faut bien que chaque individu ait une religion, mais quant à la forme de cette religion, elle est immatérielle. La question importante n’est pas: Qu’est votre religion? mais: Qu’êtes-vous, vous-même?»

Ces idées pouvaient convenir admirablement à l’esprit charnel des nations incirconcises, mais quant à Israël, il avait à se souvenir de cette vérité imposante: «L’Éternel, ton Dieu, est un seul Éternel», et encore: «Tu n’auras point d’autres dieux devant ma face». Telle était leur religion: adorer le seul Dieu vivant et vrai, leur Créateur et leur Rédempteur. Auprès de Lui, tout vrai adorateur, chaque membre de cette assemblée circoncise, dont le grand et saint privilège était d’appartenir à l’Israël de Dieu, trouvait largement place. Peu devait leur importer l’opinion ou les observations des nations qui les entouraient. Que savaient-ils des droits du Dieu d’Israël sur son peuple circoncis? Étaient-elles compétentes pour rien décider au sujet d’Israël? Sûrement pas: leurs pensées, leurs raisonnements et leurs arguments n’avaient donc aucune valeur. Israël ne devait pas même y prendre garde; son devoir tout simple était de s’incliner devant l’autorité suprême et absolue de la parole de Dieu, qui demandait que toute trace d’idolâtrie fût entièrement abolie dans ce bon pays qu’ils avaient le privilège d’habiter. Il ne s’agissait pas seulement d’en finir avec l’idolâtrie en mettant en pièces les images taillées, pour élever à leur place des autels au vrai Dieu, mais comme l’Éternel l’avait dit: «Vous ne ferez pas ainsi à l’Éternel, votre Dieu; mais vous chercherez le lieu que l’Éternel, votre Dieu, choisira d’entre toutes vos tribus pour y mettre son nom, le lieu où il habitera, et vous y viendrez; et vous apporterez là vos holocaustes, et vos sacrifices, et vos dîmes, et l’offrande élevée de vos mains, et vos vœux, et vos offrandes volontaires, et les premiers-nés de votre gros et de votre menu bétail. Et là, vous mangerez devant l’Éternel, votre Dieu, et vous vous réjouirez, vous et vos maisons, dans toutes les choses auxquelles vous aurez mis la main, dans lesquelles l’Éternel, ton Dieu, t’aura béni» (vers. 4-7).

Quelle grande et importante vérité ces mots révélaient à l’assemblée d’Israël! Le seul lieu où ils devaient rendre leur culte était choisi par Dieu et non par l’homme. Son habitation, le lieu où se trouvait Sa présence, devait être le grand centre d’Israël; c’est là qu’ils devaient apporter leurs sacrifices et leurs offrandes, offrir leur culte, et trouver leur joie en commun.

Cela peut paraître exclusif, et l’est en effet. Il n’en pouvait être autrement. Puisqu’il avait plu à Dieu de choisir un lieu pour y établir sa demeure au milieu de son peuple racheté, il était de toute nécessité que la célébration de leur culte se fît exclusivement là. C’était une exclusion divine, dans laquelle toute âme pieuse et aimant l’Éternel trouvait ses délices. Elle pouvait dire de tout son cœur: «Éternel! j’ai aimé l’habitation de ta maison, et le lieu de la demeure de ta gloire». Et encore: «Combien sont aimables tes demeures, ô Éternel des armées! Mon âme désire, et même elle languit après les parvis de l’Éternel; mon cœur et ma chair crient après le Dieu vivant… Bienheureux ceux qui habitent dans ta maison; ils te loueront sans cesse!… Car un jour dans tes parvis vaut mieux que mille. J’aimerais mieux me tenir sur le seuil dans la maison de mon Dieu, que de demeurer dans les tentes de la méchanceté» (Psaumes 26 et 84).

Cette demeure de l’Éternel devait être chère au cœur de tout vrai Israélite. La volonté propre aurait pu désirer aller ici et là; le cœur vagabond soupirer après un changement; mais tout adorateur vrai et dévoué ne pouvait trouver satisfaction, bénédiction, joie et repos, que dans le lieu où se trouvait la présence de son Dieu et où il avait mis son nom; sur le terrain où l’autorité de sa précieuse Parole était reconnue. Rechercher un autre lieu de culte eût été non seulement abandonner la parole de l’Éternel, mais sa sainte demeure.

Nous voyons le développement de ce principe dans tout notre chapitre. Moïse rappelle au peuple que, dès le moment où il entrerait dans le pays de l’Éternel, il fallait renoncer à tout l’esprit d’indépendance et de volonté propre qui les avait caractérisés dans les plaines de Moab ou dans le désert. «Vous ne ferez pas selon tout ce que nous faisons ici aujourd’hui, chacun ce qui est bon à ses yeux; car, jusqu’à présent, vous n’êtes pas entrés dans le repos et dans l’héritage que l’Éternel, ton Dieu, te donne. Mais lorsque vous aurez passé le Jourdain, et que vous habiterez dans le pays que l’Éternel, votre Dieu, vous fait hériter, et qu’il vous aura donné du repos à l’égard de tous vos ennemis, à l’entour, et que vous habiterez en sécurité, alors il y aura un lieu que l’Éternel, votre Dieu, choisira pour y faire habiter son nom; vous apporterez tout ce que je vous commande… Prends garde à toi, de peur que tu n’offres tes holocaustes dans tous les lieux que tu verras; mais dans le lieu que l’Éternel choisira dans l’une de tes tribus, là tu offriras tes holocaustes, et là tu feras tout ce que je te commande» (versets 8-14).

Nous voyons ainsi que, non seulement quant à l’objet, mais aussi quant au lieu et à la forme du culte, Israël avait à s’en tenir absolument au commandement de l’Éternel. Dès le moment où, ayant traversé le fleuve de la mort, ils avaient, comme peuple racheté, posé le pied sur le pays que Dieu leur donnait en héritage, il ne pouvait plus être question de volonté propre quant au culte à Lui rendre. Une fois en jouissance du pays de l’Éternel et du repos dans ce pays, leur service raisonnable et intelligent devait être une obéissance absolue à sa Parole. Les choses qui s’étaient passées dans le désert ne pouvaient être tolérées en Canaan. Plus leurs privilèges étaient grands, plus grande aussi devenait leur responsabilité.

Il se peut maintenant que des libéraux, comme ils se nomment, — ceux qui prétendent à la liberté d’action et de volonté, au droit de jugement privé en matière de religion, — déclarent que tout ce qui vient d’attirer notre attention est extrêmement étroit et tout à fait incompatible avec les lumières de notre siècle. Nous leur répondrons simplement ceci: Dieu n’avait-il pas le droit de prescrire à son peuple la manière de Lui rendre culte, et de lui préciser le lieu où il voulait rencontrer Israël? Il faut, ou bien nier son existence, ou admettre son droit absolu et incontestable à fixer le temps et le lieu où son peuple devait s’approcher de Lui. Serait-ce une preuve d’intelligence, de haute culture d’esprit, ou de largeur d’idées, de refuser à Dieu ses droits?

Si donc Dieu a le droit de commander, est-ce de l’étroitesse ou de la bigoterie de la part de son peuple d’obéir? Telle est la question à résoudre elle est aussi simple que possible. La seule vraie largeur d’idées et de cœur est d’obéir aux commandements de Dieu, et il n’y avait aucune étroitesse de la part d’Israël à aller offrir les sacrifices au lieu qui lui était prescrit, et à refuser d’aller ailleurs. Les gentils incirconcis pouvaient aller où bon leur semblait, mais non pas le peuple de Dieu.

Quel privilège inestimable pour tous ceux qui aimaient Dieu et s’aimaient l’un l’autre, que de s'assembler au lieu où son nom était magnifié! Et quel touchant effet de sa grâce, que son désir de son peuple autour de Lui-même, de temps en temps! Ce fait nuisait-il aux droits personnels et aux privilèges domestiques des Israélites? Non, au contraire, ils en étaient considérablement accrus. Dieu, dans sa bonté infinie, prenait soin de tout, trouvait ses délices à répandre la joie et la bénédiction sur son peuple, individuellement et collectivement, comme nous le lisons «Quand l’Éternel, ton Dieu, aura étendu tes limites, comme il te l’a promis, et que tu diras: Je mangerai de la chair, parce que ton âme désirera de manger de la chair, tu mangeras de la chair, selon tout le désir de ton âme. Si le lieu que l’Éternel, ton Dieu, aura choisi pour y mettre son nom est loin de toi, alors tu sacrifieras de ton gros et de ton menu bétail, que l’Éternel t’aura donné, comme je te l’ai commandé, et tu en mangeras, dans tes portes, selon tout le désir de ton âme; comme on mange de la gazelle et du cerf, ainsi tu en mangeras celui qui est impur et celui qui est pur en mangeront également» (versets 20-22).

Ne voyons-nous pas ici la bonté et les tendres compassions avec lesquelles Dieu agissait en vue du bien et des jouissances de chacun? La seule restriction était celle-ci: «Seulement, tiens ferme à ne pas manger le sang, car le sang est la vie; et tu ne mangeras pas l’âme avec la chair. Tu n’en mangeras pas, tu le verseras sur la terre, comme de l’eau. Tu n’en mangeras pas, afin que tu prospères, toi et tes fils après toi, parce que tu auras fait ce qui est droit aux yeux de l’Éternel» (vers. 23-25). (Le grand principe de l’abstention du sang a été traité dans nos «Notes sur le Lévitique», que le lecteur pourrait revoir.) La question n’est pas à quel point les Israélites comprenaient ces choses; ils n’avaient qu’à obéir, afin de prospérer eux et leurs enfants après eux; il s’agissait de reconnaître les droits souverains de Dieu.

Après avoir fait cette exception, le législateur reprend le sujet si important du culte public. «Toutefois les choses que tu auras sanctifiées, qui seront à toi, et celles que tu auras vouées, tu les prendras, et tu viendras au lieu que l’Éternel aura choisi; et tu offriras tes holocaustes, la chair et le sang, sur l’autel de l’Éternel, ton Dieu, et le sang de tes sacrifices sera versé sur l’autel de l’Éternel, ton Dieu, et tu en mangeras la chair» (vers. 26-27).

Si la raison ou la volonté propre pouvaient parler, elles diraient peut-être: «Pourquoi devaient-ils tous aller au même lieu? Ne pouvait-on pas avoir un autel à la maison, ou, sinon, un dans chaque ville principale, ou au centre de chaque tribu? Nous répondrions: Dieu avait commandé autrement; c’en était assez pour tout vrai Israélite. Lors même que nous serions incapables, vu notre ignorance, de voir le pourquoi des choses, la simple obéissance est une obligation et un devoir, et si nous marchons humblement, joyeusement et simplement, dans ce sentier d’obéissance, nos âmes seront assurément éclairées, et nous trouverons une abondance de bénédictions ineffables dans cette proximité de Dieu où nous serons, et qui n’est connue que de ceux qui aiment à garder ses commandements.

Oui, cher lecteur, telle est la manière de répondre à tous les raisonnements et à toutes les questions de l’esprit charnel, qui ne se soumet pas à la loi de Dieu, et aussi ne le peut. Sommes-nous appelés à rendre compte aux incrédules et aux raisonneurs du motif qui nous fait agir? Non, ce n’est pas notre affaire; ce serait une perte de temps et de peine, d’autant plus que ces personnes sont entièrement incapables de nous comprendre. Comment un incrédule, par exemple, ou un esprit charnel, comprendrait-il pourquoi il était commandé aux douze tribus d’Israël, d’adorer devant un seul autel, de s’assembler dans un seul lieu, réunis autour d’un seul centre? Impossible; la grande raison morale d’une institution aussi belle, est au-dessus de sa compréhension.

L’homme spirituel, au contraire, en voit aisément toute la beauté: l’Éternel rassemblait son peuple bien-aimé autour de Lui-même, afin qu’ils se réjouissent ensemble devant Lui, et que Lui-même pût trouver une joie particulière en eux. Cela n’était-il pas des plus précieux pour le cœur de tous ceux qui aimaient réellement le Seigneur?

Si le cœur était froid et indifférent envers Dieu, peu lui importait le lieu de culte; mais tout cœur aimant et sincère, depuis Dan jusqu’à Beër-Shéba, se rendait avec joie au lieu que l’Éternel avait désigné pour invoquer son nom, et où il devait rencontrer son peuple. «Je me suis réjoui quand ils m’ont dit Allons à la maison de l’Éternel! Nos pieds se tiendront dans tes portes, ô Jérusalem?» (Ps. 122:1-2) — centre de Dieu pour Israël.

Nous avons ici les doux épanchements d’un cœur qui aimait l’habitation du Dieu d’Israël — son centre béni, le lieu de rassemblement des douze tribus d’Israël — ce lieu auquel était associé, dans l’esprit de chaque vrai Israélite, tout ce qu’il y avait de beau et de réjouissant en rapport avec le culte de l’Éternel, et la communion de son peuple.

En étudiant le seizième chapitre de notre livre, nous aurons l’occasion de revenir sur ce beau sujet; terminons cette division-ci en citant les derniers versets du chapitre que nous avons sous les yeux.

«Quand l’Éternel, ton Dieu, aura retranché devant toi les nations vers lesquelles tu entres pour les posséder, et que tu les posséderas, et que tu habiteras dans leur pays, prends garde à toi, de peur que tu ne sois pris au piège pour faire comme elles, après qu’elles auront été détruites devant toi, et de peur que tu ne recherches leurs dieux, en disant: Comment ces nations servaient-elles leurs dieux? et je ferai de même, moi aussi. Tu ne feras pas ainsi à l’Éternel, ton Dieu; car tout ce qui est en abomination à l’Éternel, ce qu’il hait, ils l’ont fait à leurs dieux; car même ils ont brûlé au feu leurs fils et leurs filles à leurs dieux. Toutes les choses que je vous commande, vous prendrez garde à les pratiquer. Tu n’y ajouteras rien, et tu n’en retrancheras rien».

La précieuse parole de Dieu devait former comme un enclos sacré autour de son peuple, au-dedans duquel ils pussent jouir de sa présence, et trouver leurs délices dans l’abondance de sa miséricorde et de sa grâce; lieu où ils devaient être entièrement à part de tout ce qui était contraire à la sainteté de Celui dont la présence était à la fois, leur gloire, leur joie et leur sauvegarde morale, contre tout piège et toute abomination.

Mais, hélas! ils ne persistèrent pas; bien vite ils abattirent les murs de cette enceinte et se détournèrent des saints commandements de Dieu. Ils firent les choses mêmes qu’il leur était dit de ne pas faire, et eurent bientôt à en récolter les terribles conséquences. Nous reviendrons plus tard sur ce sujet.