Cantique des cantiques

Chapitres 1:2-17 et 2:1-7

Assurance de l’amour

L’épouse (v. 2-7)

Qu’il m'embrasse des baisers de sa bouche! (v. 2).

Tout au début du Cantique, la voix de l’épouse se fait entendre. Et ses premières paroles traduisent son désir de recevoir un gage de l’amour de l’époux. Ce n’est certes pas là le langage de quelqu’un d’étranger ou d’indifférent, mais ce sont bien les paroles d’une personne qui, attirée par l’époux, soupire après une preuve de son amour personnel.

À la fin de cette première strophe, elle obtient la réponse attendue, et peut dire avec bonheur: «Sa main gauche est sous ma tête et sa droite m’embrasse». Elle aura d’autres leçons à apprendre, mais elle a désormais l’assurance et la connaissance de l’amour de l’époux.

Tel est le grand thème de ce premier cantique: La façon dont l’époux s’y prend pour confirmer son amour à l’épouse.

Ne pas avoir l’assurance de l’amour de Christ est, sans doute, étranger à la véritable expérience chrétienne. Et pourtant, au commencement de nos relations avec Dieu, nos âmes ne sont pas toujours affermies dans l’amour de Christ, de sorte que le langage de l’épouse ici correspond au besoin de plus d’un véritable enfant de Dieu. Goûter l’amour du Seigneur est le secret de toute vraie piété. Quand nous parcourons le récit de la vie de dévouement de l’apôtre Paul, les persécutions endurées, les périls affrontés et les privations traversées, nous nous demandons quel était le ressort caché d’une si remarquable carrière. Il nous donne lui-même la réponse: «Ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi» (Gal. 2:20). Telle était la source cachée de sa vie, un cœur gardé dans l’assurance de l’amour personnel de Christ. Pour que le cœur soit satisfait, il faut qu’il connaisse cet amour et en ait conscience.

 

Car tes amours sont meilleures que le vin (v. 2).

Tes parfums sont d’agréable odeur; ton nom est un parfum répandu; c’est pourquoi les jeunes filles t’aiment (v. 3).

La bien-aimée a appris la valeur de l’amour du roi et l’excellence de son nom, source d’une joie plus grande que celle du vin «qui réjouit le cœur de l’homme» (Ps. 104:15).

L’amour du Seigneur est meilleur que toutes les joies de la terre dont le vin est le symbole. Et son nom, quand il est révélé, est un parfum répandu. Nous voyons dans le chapitre 12 de l’évangile de Jean les conséquences bénies d’un parfum répandu à Béthanie. Jusqu’alors le parfum était enfermé dans le vase d’albâtre, mais maintenant il est répandu et «la maison fut remplie de l’odeur du parfum» (Jean 12:3).

Les prophètes avaient bien annoncé la venue de Christ et les noms qu’il porterait. Toutefois, de leur temps, le parfum de son nom restait, en quelque sorte, enfermé dans le vase d’albâtre. Mais quand la Parole devint chair et habita au milieu de nous, pleine de grâce et de vérité, alors fut révélé le nom de Jésus, parfaite expression de la douceur, de la débonnaireté, de la patience, de la sainteté et de l’amour.

Seules les «jeunes filles» (les vierges) c’est-à-dire ceux qui sont purs de cœur, connaissent le prix de son nom et apprécient son amour. «C’est pourquoi les jeunes filles t’aiment». Elles l’aiment à cause de son amour. «Nous, nous l’aimons parce que lui nous a aimés le premier» (1 Jean 4:19).

 

Tire-moi: nous courrons après toi. — Le roi m’a amenée dans ses chambres. — Nous nous égayerons et nous nous réjouirons en toi; nous nous souviendrons de tes amours plus que du vin. Elles t’aiment avec droiture (v. 4).

Son amour sans prix, son nom excellent, produisent ce besoin d’avoir l’assurance de son amour, mais aussi d’être dans sa compagnie. Avec les jeunes filles, la bien-aimée demande: «Tire-moi: nous courrons après toi».

L’amour dont elle est l’objet suscite le sien, et attirée, elle est prête à courir. L’époux la conduit dans le lieu secret de sa présence: les chambres du roi. Au temps convenable elle l’adorera, à sa table (v. 12) et plus tard elle jouira du repos de la maison du vin (2:4), mais elle doit d’abord être enseignée dans les chambres du roi. Dans cette retraite cachée, s’oubliant elle-même, elle trouve sa joie dans l’époux. Là, le roi est aimé d’un amour pur. «Elles t’aiment avec droiture». Il en est ainsi lorsque Christ exerce son attrait puissant sur nos âmes. Il nous tire après lui, nous amène dans sa présence, afin que seuls avec lui, nous puissions nous oublier nous-mêmes dans la jouissance exclusive de sa Personne et de son amour.

 

Je suis noire, mais je suis agréable, filles de Jérusalem! Comme les tentes de Kédar, comme les tentures de Salomon» (v. 5).

Le séjour dans les chambres du roi donne à l’épouse une juste estimation d’elle-même. Elle reconnaît devant les autres son véritable état. Nous pouvons employer le même langage et dire: «Je suis noire,... comme les tentes de Kédar». Mais nous apprenons aussi ce que Sa grâce a fait de nous. Aussi, tout en reconnaissant notre méchanceté naturelle, nous pouvons ajouter, «mais je suis agréable...» comme les magnifiques tentures de Salomon. Ce sont des leçons que tout le peuple de Dieu doit apprendre. Amené dans la présence de Dieu, Job déclare: «Voici, je suis une créature de rien» (Job 39:37). Dans le sanctuaire, le Psalmiste reconnaît: «J’étais avec toi comme une brute» (Ps. 73:22). En présence de la gloire, Ésaïe s’écrie: «Je suis un homme aux lèvres impures» (És. 6:5). Après avoir été admise dans les chambres du roi, l’épouse doit confesser: «Je suis noire». L’âme ne connaîtra pas de repos, elle ne jouira pas de l’amour de Christ, aussi longtemps qu’elle n’aura pas appris dans les chambres secrètes du roi les trois grandes vérités suivantes:

- Son indignité naturelle.

- La beauté dont Sa grâce la revêt.

- La valeur infinie de Christ et de Son amour.

 

Ne me regardez pas, parce que je suis noire, parce que le soleil m’a regardée: les fils de ma mère se sont irrités contre moi, ils m’ont mise à garder les vignes; ma vigne qui est à moi, je ne l’ai point gardée (v. 6).

Ayant vu le roi dans sa beauté et consciente de sa propre laideur, elle n’a aucun désir d’attirer l’attention. «Ne me regardez pas», dit-elle, «je suis noire». Les épreuves traversées dans le monde, la persécution de la part de ses proches, le dur service dans les vignes des autres, sa négligence à l’égard de son travail, ont laissé des traces profondes.

Si nous découvrons aussi notre laideur, à la lumière des perfections de Christ, nous serons convaincus que nous ne pouvons être un modèle pour d’autres. Le souvenir de nos nombreux manquements à l’heure de la tentation, de notre lâcheté en présence de l’opposition des hommes, du temps perdu comme esclaves dans les vignes de ce monde, de notre négligence à assumer nos propres responsabilités, nous contraindra à dire avec l’épouse: «Ne me regardez pas». Que de fois pourtant nos paroles, notre comportement trahissent au contraire la vanité de nos cœurs qui, pratiquement, suggèrent: regardez-moi! Tout cet effort pour attirer l’attention des autres montre combien peu de temps nous avons passé dans les chambres du roi.

 

Dis-moi, toi qu’aime mon âme, où tu pais ton troupeau, où tu le fais reposer à midi; car pourquoi serais-je comme une femme voilée (ou: qui se détourne) auprès des troupeaux de tes compagnons? (v. 7).

L’épouse qui parlait aux filles de Jérusalem, se tourne maintenant vers celui qu’elle aime. Une question s’élève dans son cœur: comment le roi peut-il aimer quelqu’un d’aussi indigne qu’elle? En revanche, elle n’a aucun doute sur les sentiments qui remplissent son propre cœur. Elle ne dit pas: Toi que mon âme devrait aimer, ni même: désire aimer, mais bien: «Toi qu’aime mon âme». L’aimant, elle a le désir de se nourrir là où il se repose. Attirée par lui, elle n’a nulle intention de s’éloigner. Seul l’amour pour Christ remplissant notre cœur peut nous garder aussi de nous écarter (en hébreu «atah»: couvrir, voiler. À rapprocher de: «natah»: se détourner).

N’avons-nous pas chacun à confesser que trop souvent nous nous détournons, cherchant notre nourriture et notre repos dans les choses de la terre? Nous sommes alors étonnés de faire si peu de progrès! Pourtant il serait surprenant que nous fassions le moindre progrès, avec pour nourriture les «gousses» de ce pauvre monde. La philosophie, la science et la littérature ne devraient pas attirer et encore moins nourrir les âmes de ceux qui aiment Christ. Si nous disons en vérité, «Toi qu’aime mon âme», nous désirerons sûrement la nourriture céleste et le repos divin. L’appétit pour la nourriture spirituelle est le meilleur antidote contre l’attrait des choses de la terre.

 

L’époux (v. 8 à 11)

Si tu ne le sais pas, ô la plus belle parmi les femmes! sors sur les traces du troupeau, et pais tes chevreaux près des habitations des bergers (v. 8).

Nous entendons ici, pour la première fois, la voix de l’époux. Il s’adresse à la bien-aimée comme à «la plus belle parmi les femmes». Quelque noire qu’elle puisse être à ses propres yeux, toute haïe et persécutée qu’elle soit par les autres, elle est à ses yeux «la plus belle entre les femmes». Rien ne peut altérer l’estimation que Christ a des siens. Ni leurs manquements, ni la calomnie du monde ne changent le prix qu’ils ont pour lui. Il les voit toujours en vertu de l’efficace de son œuvre et des conseils de sa grâce.

Si nous voulons savoir où trouver de la nourriture et du repos pour nos âmes, nous devons sortir sur les traces du troupeau. Christ a son troupeau et ses bergers dans ce monde. Le grand pasteur des brebis conduit son troupeau dans les verts pâturages.

Mais il y a une autre instruction pour l’épouse. Elle doit paître les chevreaux près des habitations des bergers et elle sera nourrie elle aussi. Nous avons ici comme une anticipation de la dernière scène de l’évangile de Jean et des paroles si touchantes du Seigneur à son disciple restauré, après sa terrible chute, «Suis-moi» et «Pais mes agneaux» (Jean 21:19,15). Pour nourrir les agneaux, nous devons suivre Christ et si nous le suivons, nous prendrons plaisir à les nourrir. Le secret pour trouver du repos et de la nourriture pour nos âmes, c’est de suivre Christ et de nourrir ses agneaux.

 

Je te compare, mon amie, à une jument aux chars du Pharaon (v. 9).

Tes joues sont agréables avec des rangées de joyaux; ton cou, avec des colliers (v. 10).

Nous te ferons des chaînes d’or avec des paillettes d’argent (v. 11).

Comme une jument des chars du Pharaon, ornée de tous les atours de la royauté, ainsi l’épouse est revêtue de la beauté qu’Il a lui-même mise sur elle. Le Seigneur peut dire par la bouche d’Ézéchiel: «Je te parai d’ornements, et je mis des bracelets à tes mains et un collier à ton cou» (Éz. 16:11). Christ trouve son plaisir à révéler son amour aux siens. Il nous fait connaître ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment: «ce que l’œil n’a pas vu, et que l’oreille n’a pas entendu, et qui n’est pas monté au cœur de l’homme» (1 Cor. 2:9). Il lui révèle aussi toute la gloire dont Il veut la revêtir. «Comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde» (1 Jean 4:17). Mais il reste une gloire future, dont les saints seront revêtus quand les noces de l’Agneau seront venues.

 

L’épouse (v.12 à 14)

Pendant que le roi est à table, mon nard exhale son odeur (v.12).

Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe; il passera la nuit entre mes seins (v. 13).

Mon bien-aimé est pour moi une grappe de henné dans les vignes d’En-Guédi (v. 14).

Les vives affections de l’époux suscitent une réponse immédiate de la part de l’épouse. Pendant que le roi est à table — belle figure de Christ au milieu des siens — l’adoration s’exprime en odeur agréable.

Cette scène nous présente Christ dans le repos, trouvant sa joie au milieu des siens. Ce n’est pas Béthanie avec sa tristesse mais Béthanie avec son festin. Moment béni où des cœurs qui l’aimaient lui firent «donc là un souper» (Jean 12:2).

Peu nombreuses furent les occasions où quelqu’un lui fit un souper dans ce triste monde. Dans la maison de Lévi, ce fut l’occasion pour Christ de bénir de pauvres pécheurs. À Béthanie il put goûter la communion avec les siens. Là, enfin, fut convié à un festin Celui qui avait dressé une table pour le monde entier.

C’était une bénédiction pour Marie de s’asseoir à ses pieds pour écouter sa Parole, de s’y jeter au jour de la tristesse et d’être consolée par ses larmes. Mais aucun nard n’a été alors répandu.

 

Il faut saisir le moment où le roi s’assied à sa table, dans l’intimité et dans une sainte communion avec les siens: il faut alors apporter le vase d’albâtre et en verser le précieux contenu sur le roi. La maison sera remplie de l’odeur du parfum.

Sa présence fait naître l’adoration des siens. Seule une âme libérée de ses tristesses, de ses soucis ou d’un service affairé, peut adorer en Sa présence.

Il est bon d’apprendre à ses pieds, mais apprendre n’est pas adorer. Il est doux d’être réconforté par ses larmes de sympathie, mais la consolation n’est pas l’adoration. À son école, je suis conscient de mon ignorance; lorsqu’il me console, je pense à ma peine... Mais si nous dressons une table pour Christ, nous laissons de côté nos tristesses, notre ignorance, nos soucis journaliers. Lui seul captive nos esprits et retient nos affections; remplis de Christ, nous adorons; notre nard exhale son odeur.

Empruntant le langage de l’épouse, nous pouvons dire: Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe. La myrrhe parle de Christ, tout particulièrement en relation avec ses souffrances. Elle n’attire pas comme la fleur par sa beauté. C’est une résine précieuse en raison de sa suave odeur. Elle est invisible, renfermée dans un bouquet, mais l’on peut respirer son parfum. Tel était le bien-aimé pour l’épouse et tel est Christ pour le croyant. L’épouse ajoute: «Il passera la nuit entre mes seins». Le croyant possède Christ comme un trésor précieux. Il le garde dans ses affections tout au long de la nuit, jusqu’à l’aube du jour éternel.

Plus loin l’épouse compare aussi l’époux à une grappe de henné dans les vignes d’En-Guédi, aussi belle que parfumée.

Nous avons besoin de Christ et c’est en contemplant à face découverte la gloire du Seigneur que nous serons transformés en la même image, de gloire en gloire (2 Cor. 3:18)

 

L’époux (v.15)

Voici, tu es belle, mon amie; voici tu es belle! Tes yeux sont des colombes (v. 15).

C’est lui maintenant qui exprime les délices qu’il goûte dans l’épouse. Elle disait: «Je suis noire», il déclare: «Voici, tu es belle!» Il ajoute: «Tes yeux sont des colombes». La colombe se lamente et languit quand elle est séparée de son compagnon. Ézéchias, dans sa maladie pouvait dire: «Je gémissais comme une colombe» (És. 38:14). À ceux qui ont Christ pour seul objet il peut être dit: «Tes yeux sont des colombes».

 

L’épouse (1:16 à 2:1)

Voici, tu es beau, mon bien-aimé; oui tu es agréable! oui, notre lit est verdoyant (v. 16).

Les solives de nos maisons sont des cèdres, nos lambris des cyprès (v. 17).

L’époux a déclaré, «Voici, tu es belle, mon amie». Et l’épouse se complaît à répondre aussitôt, «Voici tu es beau, mon bien-aimé». La beauté de l’épouse est le reflet de la sienne. Christ n’est-il pas plein de beauté? Alors tel est aussi son peuple. La beauté du Seigneur, notre Dieu, est sur nous (Ps. 90:17, cf. note).

L’épouse ajoute, «Oui, tu es agréable!» Certaines personnes sont belles sans être agréables, et d’autres agréables sans être belles. Christ est l’un et l’autre. Combien le roi est agréable au psalmiste quand il s’écrie, «Mon cœur bouillonne d’une bonne parole»; et quelle beauté il a à ses yeux, quand il ajoute: «Tu es plus beau que les fils des hommes» (Ps. 45:2, 3).

Nous chantons à juste titre: «Seigneur, quand je pense à toi, à ta parfaite grâce, mon cœur brûle au dedans de moi..» (H. et C. n° 96, strophe 1). Mais il y a plus encore. Le roi est beau et agréable, mais sa présence assure repos, sécurité et protection. «Notre lit est verdoyant». Il s’agit sans doute du lit de table sur lequel l’époux et l’épouse s’accoudent quand ils prennent leur repas.

Quand Christ prend sa place au milieu des siens, c’est comme une oasis au milieu de ce monde aride. Sa présence procure le repos.

Mais c’est «notre lit», le repos est partagé: «Je souperai avec lui, et lui avec moi» (Apoc. 3:20). «Les solives de nos maisons sont des cèdres, nos lambris des cyprès». Les solives maintiennent la construction, la rendent sûre; les lambris servent à l’orner.

Quel était l’atmosphère de la scène de Béthanie (Jean 12)? Immédiatement avant, nous voyons les grands de ce monde consulter ensemble pour mettre à mort le Roi. Aussitôt après, Judas convient de le livrer pour trente pièces d’argent. Au dehors l’orage se prépare, à l’intérieur on trouve sécurité et abri devant la tempête qui s’élève. Quelqu’un, il est vrai, trouvera Marie fautive. Mais aussitôt la protection attentive du Seigneur se manifeste: «Laissez-la... ce qui était en son pouvoir, elle l’a fait» (Marc 14:6-8). Toute la puissance de l’ennemi ne saurait toucher celle au sujet de laquelle le Roi déclare, «Laissez-la».

L’orage gronde sur ma tête
Je vois au ciel briller l’éclair
Je ne crains pas dans la tempête
Son aile me tient à couvert.
Dans ce paisible et sûr asile
De l’ennemi bravant l’effort,
Je savoure un bonheur tranquille
À l’ombre même du Dieu fort.

 

Je suis le narcisse de Saron, le lis des vallées (2:1).

Le roi a déclaré, «Tu es belle» et comme un écho la Sulamithe répond: «voilà ce que je suis». La foi exprime ce qu’elle est, par grâce, aux yeux de l’époux, parfumée comme un narcisse et aussi belle qu’un lis des vallées.

Ce n’est pas une fleur transplantée dans quelque cité populeuse, sujet d’admiration des passants, mais un lis qui croît dans une vallée retirée pour charmer l’époux.

Il n’y a pas de présomption à accepter la place que Christ, par grâce, nous a donnée devant lui. Il y en aurait plutôt à dire, «Je suis indigne» alors que Christ déclare, «Tu es belle». Le fils prodigue pouvait ainsi parler dans le pays éloigné. Mais tout est changé quand le père l’entoure de ses bras et le couvre de baisers! En présence du roi, à sa table, emparons-nous des paroles de l’époux, non pour nous glorifier, mais pour magnifier la grâce de celui qui nous a revêtus de sa propre magnificence.

 

L’époux (v. 2)

Comme le lis entre les épines, telle est mon amie entre les filles (v. 2).

Dans sa réponse, le roi confirme ce que l’épouse vient de dire. Elle est bien ce lis des vallées, mais à l’arrière-plan poussent des épines qui en font ressortir la beauté. Dans la sombre vallée de ce monde, la plupart des hommes ne reflètent aucun des traits de la beauté de Christ. Ce sont des épines destinées au feu, qui ne sont pour lui qu’un sujet de souffrance. Mais les siens, ceux en qui il trouve ses délices, sont les excellents de la terre, tels des lis au milieu des épines. Christ les a sanctifiés, a mis sa beauté sur eux. Leur triste entourage fait ressortir leur beauté.

Pour acquérir ce lis, il a fallu que Christ descende dans cette vallée envahie d’épines. Plus encore, pour obtenir son Épouse, il a dû porter la couronne d’épines.

 

L’épouse (v. 3 à 7)

Comme le pommier entre les arbres de la forêt, tel est mon bien-aimé entre les fils; j’ai pris plaisir à son ombre et je m’y suis assise; et son fruit est doux à mon palais (v. 3).

La réponse de l’épouse est immédiate. Si elle est aux yeux du roi d’une beauté incomparable, Il est pour elle le bien-aimé, le seul parmi les fils des hommes en qui elle trouve du repos, de l’ombre et du fruit. Aussi le compare-t-elle au pommier, cet arbre à l’ombre dense et au fruit délicieux. Les arbres de la forêt peuvent paraître plus imposants. C’est ainsi que les hommes ont généralement plus d’estime pour leurs semblables que pour Jésus, l’homme humble et rejeté. La plupart des arbres de la forêt peuvent offrir un abri, mais ils sont sans fruit aucun. Les buissons au contraire produisent bien du fruit sauvage mais ils ne fournissent pas d’ombre.

Cet arbre seul répond à tous les besoins. Christ est l’arbre de vie. Tandis qu’il traversait la terre, il n’avait pas plus d’apparence qu’une racine sortant d’une terre aride, sans forme ni éclat (És. 53:2). Mais cet homme solitaire est le seul qui puisse offrir abri, rafraîchissement et repos dans ce monde aride et éprouvant.

Dans la nouvelle Jérusalem, déjà contemplée par la foi, l’arbre de vie s’élève au milieu de sa rue, au bord du fleuve d’eau vive. Là nous trouverons vraiment le repos, et comme l’épouse, nous dirons: «J’ai pris plaisir à son ombre et je m’y suis assise; et son fruit est doux à mon palais».

 

Il m’a fait entrer dans la maison du vin; et sa bannière sur moi, c’est l’amour (v.4).

L’expérience de l’épouse s’enrichit. Ses besoins ont été satisfaits, elle est maintenant amenée à la pleine jouissance des grâces dispensées par le roi. Elle est introduite dans la maison du vin pour goûter la plénitude de sa joie et le charme indicible de son amour. Ce n’est plus «son ombre» ni «son fruit» mais lui-même.

Nous faisons la même expérience dans nos âmes. Nous nous asseyons à «l’ombre» de Christ et dans sa présence nous trouvons le repos de nos travaux, la délivrance du faix et de la chaleur du jour, le rafraîchissement et la nourriture pour nos âmes. Ces expériences ont leurs limites. Il en est de plus riches, de plus profondes, où n’entre aucune pensée de soulagement mais la seule jouissance de sa plénitude.

Christ veut nous délivrer des choses de la terre et nous faire entrer dans ses bénédictions célestes. Il veut que nous goûtions au rassasiement de joie et aux plaisirs qui sont à la droite de Dieu pour toujours, pour nous faire découvrir que sa bannière sur nous, c’est l’amour.

La bannière parle de vainqueur et de victoire remportée. L’amour de Christ a triomphé. Et qu’elle est grande, la victoire que Christ a remportée! Ce n’est pas une victoire qui puisse être comparée à celle des tessons d’argile (És. 45:9) de ce monde, pauvres rois qui accèdent à leur trône en versant le sang des autres.

Ce puissant triomphateur a remporté la victoire au prix de son propre sang, en devenant lui-même la victime. La victoire acquise, il déploie sa bannière et sa bannière, c’est l’amour. C’est l’amour qui a fait de lui la victime volontaire, l’amour qui l’a soutenu dans son chemin ici-bas, l’amour qui l’a fait rester sur la croix. Aucun clou forgé par des hommes n’aurait pu retenir le Christ de Dieu sur la croix. Il fallait cet amour que beaucoup d’eaux n’ont pu éteindre et que des fleuves n’ont pu submerger.

L’amour divin, éternel, tout-puissant a remporté cette grande victoire. Il est gravé sur la bannière qui en rend témoignage.

 

Soutenez-moi avec des gâteaux de raisins, ranimez-moi avec des pommes; car je suis malade d’amour (v. 5).

L’extase de la maison du vin est plus que l’épouse n’en peut supporter. Il y a des expériences spirituelles qui sont trop intenses pour les pauvres vases d’argile que nous sommes. N’en fut-il pas ainsi pour l’apôtre quand il fut ravi au troisième ciel? Il entendit des paroles ineffables qu’il n’est pas permis à l’homme d’exprimer. Certes, de telles expériences sont exceptionnelles dans la vie chrétienne, mais parfois le Seigneur peut accorder aux siens une perception si forte de son amour qu’ils sont contraints de s’écrier, comme ce chrétien sur son lit de mort: «Seigneur, c’est assez, retiens ta main, ton serviteur est un vase d’argile et ne peut en supporter davantage».

 

Sa main gauche est sous ma tête, et sa droite m’embrasse (v. 6).

L’épouse demandait le soutien d’une puissance spéciale: telle est la réponse qu’elle reçoit. La bannière de l’amour est au-dessus d’elle et les bras de l’amour l’entourent. La soif exprimée au début du Cantique, est comblée. L’assurance et la pleine appréciation de l’amour de l’époux sont sa part. Quel bonheur pour le croyant que de trouver tous les désirs du nouvel homme satisfaits par l’amour de Christ.

 

Je vous adjure, filles de Jérusalem, par les gazelles ou par les biches des champs, n’éveillez pas, ne réveillez pas mon amour, jusqu’à ce qu’elle1 le veuille (v. 7).

1 note de traduction dans la version Darby: ou: qu’il; littéralement: ne réveillez pas l’amour jusqu’à ce qu’il le veuille.

La strophe s’achève par un appel aux filles de Jérusalem pour qu’elles ne troublent pas le repos de l’amour. Le plus léger mouvement peut effaroucher les timides et sensibles gazelles ou les biches des champs. Ainsi le croyant, goûtant l’amour de Christ, peut redouter tout ce qui pourrait troubler son intimité avec son Sauveur.