Colossiens

Chapitre 4

(v. 1) — L’apôtre s’est étendu sur ce qui concerne les esclaves, dans le but surtout de les encourager à être fidèles dans leur position difficile. Il s’adresse maintenant brièvement aux maîtres. Ils doivent envers leurs esclaves être justes et équitables. La position d’autorité où l’on se trouve, et surtout d’une autorité presque sans limites, comme l’était celle des maîtres à l’égard de leurs esclaves, pouvait aisément conduire à exercer cette autorité d’une manière capricieuse et arbitraire. C’est ce que l’on voyait souvent d’une façon odieuse et parfois cruelle chez les païens qui n’avaient aucun frein. Les maîtres chrétiens en avaient un tout-puissant. Ils avaient eux-mêmes un Maître souverain dans les cieux, duquel ils dépendaient, auquel ils avaient à se soumettre, et qui, à l’égard de leurs esclaves, qui chrétiens eux-mêmes étaient ainsi leurs frères (Philémon 16), demandait d’eux l’exercice de la justice et de l’équité. Les esclaves, bien que dans cette condition d’infériorité, étaient des hommes; ils avaient comme tels des besoins de corps, de cœur et de conscience. Les maîtres avaient à leur accorder à ces différents égards, ce qui était juste et équitable. Il y avait des limites à leurs forces et à leurs capacités; les maîtres devaient veiller à ne point les dépasser. Ils avaient besoin de patience, de douceur et d’indulgence, comme aussi d’encouragement; il était juste de ne pas les en laisser manquer. Il ne fallait pas que le service fût comme celui des Israélites en Égypte — «tout... avec dureté» (Ex. 1:14). Et si les exhortations de l’apôtre aux esclaves conviennent aux serviteurs de nos jours, n’en est-il pas de même de son injonction aux maîtres?

(v. 2) — Après tous les préceptes donnés aux saints dans les diverses conditions où ils se trouvaient, l’apôtre leur adresse d’importantes exhortations générales. Et, en premier lieu, il les exhorte à la prière, à la vigilance et aux actions de grâces. La prière suppose la communion de pensées avec Dieu, en même temps qu’elle entretient aussi cette communion. Par elle, on est en rapport intime et heureux avec lui; on s’approche avec joie de lui, pour lui exposer les besoins de son âme. Cela suppose encore un esprit de dépendance; on sait que c’est de lui seul qu’on a à attendre et qu’on peut attendre toutes choses. L’âme vient avec confiance à ce Dieu plein d’amour qui a bien voulu entrer en relation avec nous. On lui parle comme l’enfant à son père; il répond, et de là naissent les actions de grâces. Communion, proximité de Dieu, dépendance et confiance, voilà ce qui caractérise la vraie prière.

Mais l’apôtre veut que l’on persévère dans la prière. Nos besoins sont constants, notre faiblesse toujours la même, le mal nous entoure, l’ennemi est toujours là, quel motif pour persévérer dans la prière, pour ne point nous dessaisir de cette arme, puissante justement parce qu’étant le signe et la confession de notre faiblesse, elle fait appel à Dieu.

«Veillant en elle». Pierre exhorte à veiller pour prier (1 Pierre 4:7). Si la vigilance manque, on ne prie pas, on est indépendant. Ici, non seulement nous sommes exhortés à persévérer dans la prière, mais comme quelqu’un l’a dit: «À nous tenir éveillés en priant». La sentinelle veille pour ne pas se laisser surprendre; le danger est-il là, elle s’écrie pour que le secours vienne. Tel est le chrétien. Si nous veillons en priant, si nous sommes éveillés de cœur et d’esprit en présentant nos requêtes, nous saurons ce que nous avons à dire, et ce que nous disons; nos prières seront de vraies demandes et non des formules plus ou moins exactement récitées, ni non plus des expositions de doctrines ou des répétitions banales. Nous parlerons vraiment à Dieu.

Mais à la prière persévérante, ils joignent les actions de grâces. En effet, on sait que Dieu exauce et n’abandonne pas les siens qui prient; on a éprouvé et l’on éprouve qu’il répond aux prières, et on a le cœur rempli d’actions de grâces pour tout ce qu’il a fait et fait encore pour nous. N’est-ce pas déjà un grand sujet de reconnaissance, que de pouvoir nous approcher de lui pour lui exposer nos requêtes? (voyez Phil. 4). L’action de grâces est ce en quoi le chrétien, qui a conscience de sa relation avec Dieu, se meut avec délices. L’amour de Dieu répand sur lui ses grâces précieuses, et son cœur y répond en bénissant.

(v. 3, 4) — Mais la prière ne doit pas se borner à ce qui concerne nos besoins particuliers. Le cœur s’élargit en pensant aux besoins des autres et en les présentant à Dieu. Et ce qui doit attirer spécialement nos cœurs, ce sont les ouvriers du Seigneur dans l’accomplissement de leur tâche difficile, soit au milieu d’un monde ennemi, soit dans les assemblées. L’apôtre Paul sentait vivement combien lui était nécessaire cette collaboration et ce combat des saints pour lui par leurs prières. Maintes fois, il les demande et compte sur elles. Et n’en est-il pas de même maintenant des serviteurs de Dieu? Oui, nous avons à nous souvenir d’eux et de l’œuvre qu’ils accomplissent, soit en notre particulier, soit dans les réunions de prières.

Il y avait un sujet spécial pour lequel l’apôtre demandait aux Colossiens le secours de leurs prières pour lui et ses compagnons d’œuvre. C’était le grand sujet qui lui tenait toujours tellement au cœur, et auquel sa vie entière était dévouée, en captivité, aussi bien qu’en liberté. «Afin», dit-il, «que Dieu nous ouvre une porte pour la parole, pour annoncer le mystère du Christ, pour lequel aussi je suis lié, afin que je le manifeste comme je dois parler». Remarquons que Paul, en prison, ne demande pas qu’une porte lui soit ouverte pour en sortir, mais que des occasions soient données pour prêcher l’Évangile qu’une porte soit ouverte dans les cœurs pour que la parole de Dieu y pénètre, et qu’il puisse annoncer ce merveilleux mystère de Christ dont il était le révélateur, et qui consistait en ce que les gentils étaient «coparticipants (avec les Juifs) de la promesse de Dieu dans le Christ Jésus, par l’évangile» (Éph. 3:6); «Christ en eux l’espérance de la gloire» (Col. 1:27). C’était pour cela qu’il était lié, mais dans sa captivité même il pouvait en parler, le manifester, comme nous le voyons en Actes 28:30, 31, car la parole de Dieu n’était pas liée (2 Tim. 2:9). Paul éprouvait le besoin de ce secours divin et tout-puissant qui ouvre les portes et les cœurs, et qui donne aux serviteurs de Dieu d’annoncer l’Évangile de la manière qu’il faut, l’adaptant aux divers besoins et circonstances des auditeurs, aux Juifs comme à des Juifs, aux gentils comme à des gentils, etc. (voyez Rom. 1:14). C’est ce qu’il faisait, comme nous en voyons le témoignage dans les Actes, mais pour cela, il demande les prières des saints. Combien il est à désirer que les serviteurs de Christ aient ces sentiments d’humilité et de dépendance qui étaient dans le grand apôtre des gentils! Quelque excellemment qu’un ouvrier du Seigneur soit doué, il ne sera béni qu’en raison de son entière dépendance de Dieu. «Notre capacité vient de Dieu» (2 Cor. 3:5); nous n’avons à nous glorifier de rien, et si Paul désirait ardemment les prières des saints, combien plus encore ceux qui maintenant, dans une grande faiblesse, sont appelés à travailler dans l’œuvre du Seigneur!

(v. 5) — Voici maintenant une exhortation d’une haute importance. Il s’agit de notre conduite vis-à-vis de ceux de dehors. Ce qui précède concerne la vie individuelle et celle de l’Église. Le dedans et le dehors sont comme deux camps nettement distingués dans la parole de Dieu (voyez 1 Cor. 5:12; 1 Thess. 4:12). Le dedans est le cercle de ceux qui appartiennent à Dieu, qui composent sa famille, son Église; le dehors, c’est le monde, ce sont ceux qui n’ont point la vie de Dieu. Le monde est hostile ouvertement ou non à la vérité et à ceux qui la professent; le dehors est opposé au dedans. Le monde a les yeux sur ceux de dedans, afin de les trouver en faute, si possible. Il s’agit donc pour les chrétiens de se conduire avec sagesse envers ceux de dehors, pour ne donner aucune prise à leur blâme et leur ôter toute occasion de mal parler d’eux, même dans des choses qui sembleraient indifférentes (voyez 1 Pierre 4:14-16). La sagesse est prudente et vigilante, elle discerne ce qui convient ou non, elle ne se précipite point; le chrétien doit la posséder, cette vraie sagesse, puisqu’il a la vie de Dieu et qu’il est conduit par l’Esprit Saint. Ici, il s’agit de l’appliquer à sa marche au milieu du monde. Elle ne consiste pas à bien faire ses affaires, à réussir ici-bas, comme on dit: cela, c’est la sagesse du monde. Elle consiste à marcher constamment selon Dieu et avec Dieu, l’esprit éclairé de la lumière d’en haut.

Mais elle n’exclut pas l’amour envers ceux de dehors. Au contraire, en évitant de donner occasion de blâmer sa conduite, le chrétien est d’autant plus propre à manifester cet amour envers ceux qui ne connaissent pas Dieu. Une marche sans sagesse dans ses transactions avec le monde, une marche dans laquelle il y aurait à reprendre, lui fermerait la porte auprès de ceux à qui il voudrait faire connaître la grâce de Dieu, et il n’aurait pas la liberté de le faire. Mais s’il marche dans la sagesse, le cœur rempli de cet amour de Christ qui a pour objet le salut des âmes ainsi que la gloire de Dieu, il saisira l’occasion là où elle se présente, et toutes les fois qu’elle se présente, pour inviter les autres à venir au Seigneur afin de jouir de sa grâce. Qu’elle est belle et agréable au Seigneur, cette marche d’un chrétien sage, qui poursuit toujours «ce qui est bon», soit au milieu des fidèles, soit «à l’égard de tous les hommes»! (1 Thess. 5:15).

(v. 6) — À cette exhortation de «saisir l’occasion», se rattache celle que renferme ce verset: «Que votre parole soit toujours dans un esprit de grâce, assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment vous devez répondre à chacun». Combien elle est importante! Notre vie extérieure, celle que le monde voit, se compose d’actes et de paroles, qui devraient toujours être l’expression de notre vie intérieure et rendre témoignage qu’elle se passe dans la communion de Dieu. Ici, il s’agit de notre parole, de ce qui sort de notre bouche. Elle doit être «dans un esprit de grâce». La grâce dont le chrétien a été l’objet et qui remplit son cœur, ou du moins qui devrait toujours le remplir, se montrera dans ses paroles, empreintes de douceur et de bonté, communiquant la grâce divine, et propres à attirer les cœurs vers Celui qui en est la source. La grâce est patiente, la grâce console, la grâce relève le cœur abattu et l’encourage; tels seront les effets bénis de la parole du chrétien, s’adressant aux autres «dans un esprit de grâce». Et cela, dit l’apôtre, «toujours». Elle exclura donc toute amertume, toute plainte, toute médisance, toute légèreté. Les paroles vaines et oiseuses seront bannies de la conversation de celui qui a pris l’exhortation de l’apôtre au sérieux (Éph. 4:29; 5:4). Nous serons ainsi les imitateurs de Celui duquel il est dit: «La grâce est répandue sur tes lèvres» (Ps. 45:3), de Celui aux paroles de grâce de qui ses auditeurs rendaient témoignage (Luc 4:22).

Mais la douceur de la grâce n’exclut pas la saveur de la sainteté et de la vérité divine; elle doit être accompagnée de cette énergie qui juge le mal et s’en sépare absolument. La parole doit être «assaisonnée de sel». Si notre âme est en la présence de Dieu, elle goûte sa grâce et elle la communique dans ses paroles; mais cette même présence nous éloigne du mal qu’elle nous fait discerner, et notre parole sérieuse peut être parfois sévère et indignée, ne transigeant pas avec le mal, ne l’atténuant pas, et faisant sentir aussi aux autres l’effet de la présence de Dieu et de la sainteté qui lui convient.

Muni ainsi de la grâce et du sel qui assaisonne la parole dictée par la grâce, on peut répondre à chacun selon les besoins qui lui sont propres. Combien n’en rencontrons-nous pas sur notre route! Besoins du cœur et de la conscience, afflictions et détresse, égarement dans de mauvaises voies, abattement et découragement, incrédulité et doutes, les états d’âme sont extrêmement différents. La même parole ne peut pas convenir à chacun, bien qu’elle doive toujours sortir du même fond d’amour. La sagesse divine doit nous éclairer pour parler à propos, et cette sagesse ne manque pas à qui vit avec Dieu. Quel parfait modèle nous avons sous ce rapport dans notre précieux Sauveur! Quelqu’un a dit à ce sujet: «Le chapitre 15 de Matthieu m’a frappé par la manière dont il fait ressortir cette perfection sous des aspects divers de beauté et d’excellence. Le Seigneur y est appelé à répondre tour à tour aux pharisiens, aux foules, à la pauvre Syrophénicienne affligée et à ses propres disciples, selon qu’ils manifestent leur ignorance ou leur égoïsme; et nous pouvons remarquer la différence qu’il y a dans le caractère de sa réprimande ou de son raisonnement, dans la manière dont il enseigne avec patience, ou dont il cherche à nourrir une âme fidèlement avec sagesse et avec grâce. Nous ne pouvons que reconnaître combien tout chez lui vient à propos, et est adapté au lieu ou à l’occasion qui fait appel à son activité».

 

L’enseignement doctrinal et les exhortations pratiques qui en découlent se terminent ici. Ce qui suit renferme quelques détails sur des compagnons d’œuvre de Paul, et les salutations soit de quelques-uns d’entre eux, soit de Paul lui-même. Mais ces détails et ces salutations sont pleins d’intérêt, en ce qu’ils montrent le cœur brûlant d’amour de l’apôtre, comme aussi le zèle de plusieurs de ceux qui l’entouraient et la vie de Christ, qui circulait dans ces serviteurs du Seigneur et les unissait les uns aux autres. Entrons dans l’examen de ces derniers et précieux versets.

(v. 7-9) — Tychique, qui était de la province d’Asie, où étaient situées Éphèse, Laodicée et Colosses, est mentionné pour la première fois en Actes 20:4, comme l’un des compagnons de Paul dans son voyage à Jérusalem. Les titres qui lui sont donnés par l’apôtre, soit ici, soit dans l’épître aux Éphésiens, sont un beau témoignage rendu à son caractère comme engagé dans l’œuvre du Seigneur, et montrent l’affection de Paul pour lui. Il était pour l’apôtre un frère bien-aimé, voilà pour le cœur; son dévouement se manifestait en ce qu’il servait fidèlement Paul comme servant le Seigneur (voyez Éph. 6:21; en Actes 13:5, nous voyons aussi que Marc était serviteur de Paul et Barnabas1), et il était aussi compagnon de service de Paul dans l’œuvre de l’Évangile. C’est ainsi que nous le voyons envoyé à Éphèse par Paul prisonnier pour la seconde fois à Rome (2 Tim. 4:12), et devant être envoyé à Tite, sans doute avec un message de l’apôtre (Tite 3:12). Dans nos versets, nous voyons ce bien-aimé serviteur, envoyé aux Colossiens pour leur porter la lettre de l’apôtre captif, en même temps qu’il devait aussi porter celle aux Éphésiens (Éph. 6:21, 22). En même temps, il devait faire connaître aux Colossiens ce qui concernait Paul. Celui-ci ne doutait pas de l’affection et de l’intérêt que les chrétiens de Colosses lui portaient, surtout vu qu’il était alors prisonnier pour avoir annoncé l’Évangile aux nations. Il devait leur être précieux de savoir ce qui se passait autour de l’apôtre, ce qu’il lui était donné d’accomplir, bien que captif, pour le Seigneur; quelles étaient les perspectives, les dangers qu’il pouvait courir et les privations qu’il endurait, comme aussi les consolations que le Seigneur lui donnait. Nous pouvons comprendre cela. Ne sommes-nous pas intéressés à ce qui concerne les serviteurs de Christ, surtout dans les contrées lointaines? Tout au moins devrions-nous l’être.

1 L’expression de «serviteur» désigne ici celui qui remplit un service spécial. On comprend comment des jeunes chrétiens pouvaient rendre aux apôtres des services de diverses sortes.

Mais Paul avait dans l’envoi de Tychique un autre but: «Je l’ai envoyé vers vous tout exprès», dit-il. Il y avait là une raison sérieuse pour le cœur de Paul. Il portait un vif intérêt au bien-être spirituel des saints à Colosses, qui étaient en danger de la part des faux docteurs, et il leur envoyait tout exprès, dans ce but, un fidèle serviteur, un homme en qui il avait confiance dans le Seigneur, pour connaître «l’état de vos affaires», dit-il. On comprend que ces affaires qui préoccupaient Paul pour les Colossiens, n’étaient en rien celles de ce monde, de leur commerce ou de leur industrie, mais, comme nous le disions plus haut, ce qui concernait les saints quant à leur témoignage, l’état de leurs âmes et le service du Seigneur. Mais en même temps, Tychique devait consoler leurs cœurs par les bonnes nouvelles qu’il leur apporterait, et les encourager aussi (car c’est aussi ce que comporte le mot consoler; voyez 2 Cor. 1:3, 4) à tenir ferme contre l’erreur. C’est ainsi qu’il y avait un courant d’amour entre Paul et les saints, se manifestant par l’intérêt mutuel qu’ils se portaient.

Tychique n’était pas seul. Onésime, dont nous connaissons la touchante histoire, est envoyé avec lui. Onésime, cet esclave qui s’était enfui de chez son maître Philémon, s’était rendu à Rome, le rendez-vous des gens de cette espèce. Là, il avait entendu l’évangile de la bouche de Paul, le prisonnier du Seigneur, et avait été converti (Philém. 10). L’apôtre avait conçu pour lui une tendre affection (v. 12); le pauvre esclave, autrefois inutile, était devenu un «frère fidèle et bien-aimé», utile à l’apôtre dans le service de l’Évangile (v. 11, 13), et Paul le renvoyait à son maître pour qu’il fût aussi utile à celui-ci, non plus seulement comme un esclave, mais «au-dessus d’un esclave, comme un frère bien-aimé» (v. 16). Telle est la puissance de la grâce du Seigneur, telles sont ses voies merveilleuses envers un pauvre pécheur, et tel est aussi son amour pour son serviteur Paul dans les liens: il lui donne de voir ce fruit de son travail. «Onésime, qui est des vôtres», dit Paul, non seulement de leur ville, mais maintenant des «leurs» comme chrétien (Actes 4:23). Lui donc, porteur de la lettre à Philémon, et Tychique, porteur de celles aux Éphésiens et aux Colossiens, devaient informer ces derniers «de toutes les choses d’ici», c’est-à-dire de Rome; non pas assurément des choses politiques et du monde, mais de celles qui regardaient Paul, les serviteurs du Seigneur et l’assemblée.

(v. 10 et 11) — Trois compagnons de Paul, mentionnés ici, envoient leurs salutations aux Colossiens. Le premier est Aristarque, de Thessalonique en Macédoine, qui partageait la captivité de Paul. Nous ne savons pas à quel moment il s’était joint à l’apôtre, mais nous le trouvons avec lui, à Éphèse, lors du tumulte qui eut lieu dans cette ville (Actes 19:29). Puis, lorsque Paul quitte la Grèce et la Macédoine pour se rendre à Jérusalem, Aristarque et d’autres vont en avant et attendent l’apôtre en Troade (Actes 20:4, 5). Et enfin, on le voit, toujours fidèle compagnon de Paul, le suivre quand celui-ci, prisonnier, s’embarque pour Rome (Actes 27:2). Combien cet attachement pour le grand serviteur de Christ est touchant!

Il ne l’est pas moins de voir mentionné ici Marc, neveu ou cousin de Barnabas, comme compagnon d’œuvre de l’apôtre. Nous savons que Marc était fils de cette Marie chez qui les disciples étaient assemblés, afin de prier pour l’apôtre Pierre alors en prison et devant être mis à mort. Le vrai nom de Marc était Jean; Marc était un surnom qui prévalut plus tard pour le désigner (Actes 12:12). Lors du départ de Barnabas et Paul pour l’œuvre à laquelle l’Esprit Saint les appelait, Marc les avait accompagnés pour les servir. Mais les difficultés et les labeurs de l’œuvre l’avaient bientôt découragé; il avait abandonné les apôtres pour s’en retourner à Jérusalem (Actes 13:5, 13; comp. 15:38). Lorsque, pour un second voyage, Barnabas, son parent, veut le reprendre avec eux, Paul s’y oppose; les deux apôtres se séparent, et Barnabas, accompagné de Marc, s’en va en Chypre, son pays natal (Actes 15:37, 39; 4:36). Nous voyons sans doute ici l’influence des liens naturels chez Barnabas, et ce n’est pas toujours une chose profitable dans le service du Seigneur. Sa patrie l’attire, et il veut prendre avec lui son proche parent, sans avoir peut-être pesé suffisamment si celui-ci était propre pour la tâche. Un mot dans les Actes semble nous dire que, dans cette occasion, l’assemblée donna raison à Paul, bien que peut-être il se fût aussi laissé aller à l’irritation. Quoi qu’il en soit, on est heureux de voir ici et en d’autres passages, comme la grâce du Seigneur avait agi à l’égard de Marc. Le voici à Rome, près de Paul, et celui-ci le recommande comme un compagnon de service, aux Colossiens, dans le cas où il se rendrait auprès d’eux: «Recevez-le», dit-il. On ignore d’ailleurs quels ordres les Colossiens avaient reçu touchant Marc, mais ils devaient le recevoir. Plus tard, l’apôtre, écrivant à Timothée, rend à Marc un témoignage encore meilleur: «Amène-le avec toi», dit-il, «car il m’est utile pour le service» (2 Tim. 4:11). On le voit, la grâce de Dieu n’abandonne pas un faible serviteur. Elle l’instruit et le forme peu à peu pour le service. C’est Marc probablement que nous retrouvons encore à Babylone auprès de l’apôtre Pierre (1 Pierre 5:13), et enfin, c’est lui qui écrivit l’évangile qui porte son nom. Nous pouvons voir aussi combien tout ressentiment était étranger au cœur de Paul. Si autrefois il avait refusé de s’associer Marc, c’était pour ne pas compromettre le service et la gloire du Seigneur par une nouvelle défaillance de sa part; mais Marc, ayant été éprouvé, il l’accepte sans arrière-pensée. Bel exemple encore que l’apôtre donne à ceux que le Seigneur occupe dans son œuvre. Ce qui en toutes choses régissait le cœur de Paul, c’était la gloire de son Maître, et non ses sentiments personnels.

Le troisième compagnon de Paul, Jésus, appelé Juste, qui, dans ces versets, salue les Colossiens, ne nous est connu que par cette mention. Il était Juif, ainsi que Marc, et reçoit avec celui-ci le beau témoignage d’avoir été seuls d’entre les Juifs, les compagnons d’œuvre de Paul pour le royaume de Dieu qui lui fussent en consolation et encouragement. Nous voyons, en effet, d’après Phil. 1:15-17, qu’il y en avait à Rome qui s’éloignaient de lui.

(v. 12, 13) — Épaphras, fidèle serviteur de Christ, cher au cœur de Paul, qui était de Colosses, «des vôtres», est-il dit, et par qui les Colossiens avaient entendu l’Évangile, la grâce de Dieu en vérité (Col. 1:7), était, comme nous l’avons vu, à Rome, près de l’apôtre. Il saluait aussi les Colossiens. Bien qu’éloigné d’eux, il ne les oubliait pas. Leur état spirituel préoccupait son cœur. Il les savait exposés aux plus grands dangers de la part des faux docteurs qui, par leurs raisonnements et leurs subtilités, cherchaient à les entraîner dans l’erreur, et à les séparer de Christ. Il combattait donc toujours pour eux par des prières instantes, ainsi que pour les saints des localités avoisinantes, Laodicée et Hiérapolis, où il avait probablement aussi travaillé. L’arme puissante du chrétien contre Satan et ses ruses, c’est la prière, soit qu’il l’emploie pour lui-même ou pour les autres. L’ennemi ne peut tenir contre cette arme, car la prière fait appel à la puissance même de Dieu. Mais c’est la prière de la foi, la prière instante, la prière persévérante, la prière qui nous engage tout entiers avec Dieu. Épaphras «combattait», voilà l’énergie, «toujours», voilà la persévérance (voyez Jacq. 1:6, 7; 5:17, 18). La prière a un objet déterminé. Si nous prions pour les autres, c’est en vue de leur état, de leurs besoins. Épaphras demandait pour les Colossiens qu’ils demeurassent «parfaits et accomplis dans toute la volonté de Dieu». L’apôtre avait demandé pour les Colossiens qu’ils fussent «remplis de la connaissance de la volonté de Dieu» (1:9); il les avait enseignés en toute sagesse, pour les présenter «parfaits en Christ» (1:28), arrivés à cet état d’hommes faits, état spirituel où Christ est connu selon toute la révélation donnée de lui et de la perfection de son œuvre et de la position du croyant en lui; où l’on est ainsi transformé à son image, et où l’on reflète cette image moralement dans sa vie; Paul avait encore dit aux Colossiens qu’ils étaient accomplis devant Dieu en Christ (2:10). C’était là la volonté de Dieu. Et maintenant Épaphras, dans sa vive sollicitude pour eux, demande qu’ils demeurent, qu’ils restent fermes dans ces choses, pour échapper aux faux docteurs. Là, rien ne leur manquait, et ils pouvaient fermer l’oreille à ces enseignements qui prétendaient les «mener en avant», en dehors du Christ qui était pleinement suffisant. Oh! que les serviteurs du Seigneur portent ainsi les âmes devant Dieu! Enseigner et exhorter est bien, mais prier, combattre, être dans ce grand travail de cœur pour les saints (bel éloge donné à Épaphras), est la chose qui devrait venir toujours en première ligne.

(v. 14) — Luc, le médecin bien-aimé, l’auteur du troisième évangile et du livre des Actes, était aussi avec l’apôtre et salue les Colossiens. Il était probablement païen de naissance, puisqu’il n’est pas nommé avec «ceux de la circoncision compagnons d’œuvre de Paul»; mais nous ne savons pas quand et comment il fut converti. Dans les Actes, nous voyons qu’il se joint à Paul dans la Troade, et devient son fidèle compagnon (Actes 16:10; le mot «nous» l’indique). Il resta sans doute à Philippes, après que Paul en fut parti, car on ne le retrouve qu’au chap. 20:6, où il part de Philippes avec l’apôtre et l’accompagne à Jérusalem (Actes 21, jusqu’au v. 18). Puis, quand il eut été décidé que Paul irait à Rome, Luc va avec lui dans ce voyage difficile et plein de dangers, exemple touchant de dévouement (Actes 27:1). Nous le retrouvons donc là auprès de l’apôtre. Et quand les derniers jours du bienheureux apôtre sont arrivés, qu’il n’attend plus que la couronne du martyr ici-bas, et celle de justice là-haut, «Luc seul est avec lui» (2 Tim. 4:11), quand tous l’ont abandonné. Quelle touchante histoire de fidélité nous est donnée dans ces quelques traits épars de la vie du médecin bien-aimé! Dieu l’a honoré ainsi, ce compagnon d’œuvre de Paul (Philém. 24).

Bien différente est l’histoire de Démas. La lettre à Philémon le mentionne au nombre des compagnons d’œuvre de Paul (v. 24), mais ici son nom seul est mentionné. Il salue les Colossiens. Il y a dans cette expression «et Démas», quelque chose de froid qui fait pressentir ce que l’apôtre dut écrire plus tard à son sujet: «Démas m’a abandonné, ayant aimé le présent siècle». Hélas! combien n’y a-t-il pas de ces serviteurs du Seigneur qui, après une course plus ou moins longtemps fidèle, ont fait comme Démas, ont aimé le présent siècle et ont cherché ce qu’il donne. Qu’est devenu leur service? C’est un avertissement bien sérieux que celui qui est donné par l’exemple de ce pauvre Démas.

(v. 15, 16) — À ces salutations, Paul joint les siennes pour les frères qui étaient à Laodicée, ville située à environ trente-cinq kilomètres de Colosses, et sans doute en rapports fréquents avec cette dernière. Paul salue en particulier un certain Nymphas, chez lequel se réunissait une assemblée, de même qu’à Colosses, il y en avait une chez Philémon (Philém. 1:2), et à Rome, chez Priscilla et Aquilas (Rom. 16:3-5), qui avaient déjà l’assemblée chez eux à Corinthe (1 Cor. 16:19). On ne connaissait pas, dans ce temps-là, les temples splendides et les vastes cathédrales avec leurs riches ornements. Quelque membre de l’assemblée était heureux d’avoir un local où l’assemblée pût se réunir.

Ensuite l’apôtre donne l’ordre que la lettre qu’il écrivait aux Colossiens fût, après qu’ils l’auraient lue, communiquée à l’assemblée des Laodicéens. De leur côté, les Colossiens devaient lire celle qui leur viendrait de Laodicée. Il ne semble pas que celle-ci fût une lettre spécialement adressée à l’assemblée des Laodicéens. En effet, si Paul leur avait écrit directement, pourquoi les faire saluer dans l’épître aux Colossiens? L’expression aussi «qui viendra de Laodicée» n’implique pas que ce fût une lettre spécialement pour cette assemblée. Peut-être était-ce celle aux Éphésiens qui, comme nous l’avons remarqué autre part, a un caractère général. Quoi qu’il en soit, on voit que les lettres de l’apôtre, ces enseignements que l’Esprit de Dieu donnait par son moyen aux saints, circulaient dans les assemblées, même là où il n’était pas connu de visage (2:1). Nous pouvons encore remarquer en passant, que l’assemblée des Laodicéens ne sut pas profiter des exhortations de l’apôtre à trouver en Christ seul leur trésor, à s’attacher à lui comme morts avec lui, ressuscités avec lui, ayant en lui seul leur vie, et, par conséquent, à ne pas chercher les choses de la terre. Nous savons qu’elle en vint à se trouver riche par elle-même de ce qu’elle avait acquis, et à n’éprouver pour Christ que de la tiédeur qui la fit vomir de la bouche du Seigneur (Apoc. 3:14, etc.). L’abondance de connaissance religieuse ne suffit pas, elle est même un grand danger, si l’intelligence seule est en jeu. Christ veut le cœur et le veut tout entier.

(v. 17) — Paul n’oublie pas les personnes à qui un avertissement peut être salutaire, vu la place qu’elles occupent. Archippe est nommé, dans la lettre à Philémon, comme étant compagnon d’armes de l’apôtre. Il était donc aussi employé dans l’œuvre du Seigneur. Comme tel, il avait reçu du Seigneur un service spécial (nous ignorons lequel) qui demandait ses soins. Il devait y prendre garde pour l’accomplir fidèlement. Les services sont variés.

Le Maître dispose comme il lui plaît de ses serviteurs. Quoiqu’il leur donne à faire, ils ont à «l’accomplir» avec sérieux et dévouement. Pourquoi cet avertissement solennel donné à Archippe? Solennel, car c’est dans une lettre adressée à l’assemblée tout entière qu’il se trouve. Serait-ce qu’il laissait à désirer dans son service, ou qu’étant au début de ce ministère, il avait besoin de sentir toute sa responsabilité devant l’assemblée? Dans l’un et l’autre cas, nous voyons ici une parole de Paul assaisonnée de sel, et bonne à méditer pour tous ceux qui, de même qu’Archippe, ont reçu un service dans le Seigneur. «Ce qui est requis dans des administrateurs, c’est qu’un homme soit trouvé fidèle» (1 Cor. 4:1, 2).

(v. 18) — Enfin, l’apôtre met la salutation finale de sa propre main. C’était le signe de l’authenticité de ses épîtres (2 Thess. 3:17), et cela était devenu nécessaire, parce que des hommes mal intentionnés faisaient usage de lettres venant soi-disant de lui (2 Thess. 2:2). Nous voyons par l’épître aux Romains que Paul n’écrivait point toujours lui-même ses lettres, mais les dictait à quelque frère (Rom. 16:22). Il insiste auprès des Galates sur ce qu’il leur a tout écrit de sa propre main (Gal. 6:11), afin de leur mieux montrer toute sa sollicitude pour eux, et cela vient corroborer la pensée qu’en général il n’écrivait pas lui-même. En tout cas, il prenait des précautions, pour que l’on n’abusât point de l’autorité de son nom, triste nécessité qui montre combien de bonne heure la fausseté et la fraude furent employées, hélas! dans des choses religieuses.

Ce n’est qu’en terminant que l’apôtre, dont on voit en cela l’absence complète d’égoïsme, réclame le souvenir des Colossiens dans la position douloureuse où il se trouvait. Il n’y a pas une plainte: il souffrait pour le Seigneur; mais il éprouvait dans son cœur si aimant le besoin de la sympathie des saints. Quel appel touchant! Il devait bien aller jusqu’au cœur des Colossiens. Oh! pensons aux serviteurs de Dieu dans leurs difficultés et leurs peines. Pour lui, il leur souhaite que la grâce soit avec eux, cette grâce pour les accompagner, les soutenir, les garder et les encourager jusqu’au terme de la route, grâce dont nous avons tous et toujours un si grand besoin!