Apocalypse

Chapitre 16

Le chap. 16 présente les effets des sept coupes versées sur la terre. Ce n’est plus la «troisième» partie qui est frappée, comme sous les trompettes, avec lesquelles cependant il y a une analogie intime; l’action des jugements n’est plus restreinte à l’empire romain d’Occident. Toute la sphère du monde apostat en subit les effets, avec plus d’intensité que sous les trompettes. La terre, la mer, les rivières et les fontaines des eaux, puis le soleil, sont successivement les objets des jugements divins quand les quatre premières coupes sont versées. Les différentes parties ou domaines de la nature sont visités par la colère de Dieu, quels que soient d’ailleurs les objets qu’ils symbolisent, et la signification ne m’en semble ni indéterminée ni obscure.

Les trois dernières coupes, de même que les trois trompettes de malheur, ont une portée plus intime relativement à l’homme.

«Et le cinquième versa sa coupe sur le trône de la bête». Nous avons donc évidemment devant nous une sphère gentile, ce qui s’accorde tout à fait avec la scène qui ouvre le chap. 15 et qui est comme une introduction à ce que nous voyons ici. «Le cinquième versa sa coupe sur le trône de la bête; et son royaume devint ténébreux; et de douleur, ils se mordaient la langue: et ils blasphémèrent le Dieu du ciel, à cause de leurs douleurs et de leurs ulcères, et ne se repentirent pas de leurs œuvres. Et le sixième versa sa coupe sur le grand fleuve Euphrate; et son eau tarit, afin que la voie des rois qui viennent de l’Orient fût préparée». L’Euphrate était la frontière orientale de l’empire. Elle le séparait des hordes nombreuses des nations non civilisées du nord-est, destinées à entrer en conflit, aux derniers jours, avec les puissances de l’Occident. La voie leur est ouverte pour avancer et prendre part à la lutte finale. Telle semble être la signification du dessèchement du grand fleuve.

«Et je vis sortir de la bouche du dragon, et de la bouche de la bête, et de la bouche du faux prophète, trois esprits immondes, comme des grenouilles; car ce sont des esprit de démons faisant des miracles, qui s’en vont vers les rois de la terre habitée tout entière, pour les assembler pour le combat de ce grand jour de Dieu le Tout-puissant». Ceci confirme ce à quoi je viens de faire allusion. Un soulèvement universel a lieu et une lutte à mort est sur le point de s’engager entre l’Orient et l’Occident. Mais le Seigneur a des desseins ignorés de l’une et de l’autre partie et dont elles ne tiennent nul compte; il ne reste pas spectateur indifférent. «Voici, je viens comme un voleur. Bienheureux celui qui veille et qui garde ses vêtements, afin qu’il ne marche pas nu et qu’on ne voie pas sa honte. Et ils les assemblèrent au lieu appelé en hébreu: Armagédon».

Enfin vient le septième ange, qui, en versant sa coupe dans l’air, exerce sur le monde une action encore plus prononcée et plus universelle.

«Et le septième ange versa sa coupe dans l’air; et il sortit du temple du ciel une grande voix procédant du trône, disant: C’est fait! Et il y eut des éclairs, et des voix, et des tonnerres; et il y eut un grand tremblement de terre,» — non seulement grand, mais sans exemple, — «un tremblement de terre tel, si grand, qu’il n’y en a jamais eu de semblable depuis sur les hommes sont sur la terre». Ainsi il est clair que le jugement du ciel devient encore plus inexorable dans les coups dont il frappe l’homme ici-bas.

«Et la grande ville fut divisée en trois parties; et les villes des nations tombèrent; et la grande Babylone vint en mémoire devant Dieu». Ceci explique l’avertissement relatif à la chute de Babylone, mentionné dans la série complète des voies de Dieu au chap. 14, et quant au temps, c’est jusque-là que nous conduit le chap. 16.