Amos

Chapitre 9

V. 1-6

Nous avons ici la dernière vision. Amos voit «le Seigneur se tenant debout sur l’autel»1. Cette attitude est très remarquable. L’autel de Béthel a été ébranlé, est tombé à terre (3:14), de même que jadis, lorsqu’il fut érigé, l’Éternel avait prononcé le jugement contre lui, sous Jéroboam, fils de Nebath (1 Rois 13:3). L’autel de l’Éternel reste debout, seul fondement de sécurité, lieu du sacrifice, mais aussi, lorsque le Seigneur a été méprisé et rejeté, lieu d’où partira le jugement. Dieu avait déjà dit: Ils «ne se relèveront jamais» (8:14). Maintenant ce n’est plus l’annonce, mais l’exécution de la sentence. On ne voit pas ici, comme en Ésaïe 6, le Seigneur assis sur son trône, entre les chérubins, dans le temple, ni la manifestation de sa gloire qui ne peut supporter le mal ou la souillure, ni le fondement des seuils du temple ébranlé à la voix des séraphins. Cette scène-ci est tout autre. Là nous voyons la personne du Seigneur de gloire, ayant, dans le feu de l’autel, le moyen de purifier son prophète; ici, la personne du juge. Il n’est pas dans le temple; l’autel seul est en vue. Le Seigneur se tient sur ce qui aurait été pour Israël la base de sa réconciliation, mais est devenu celle de son jugement, car il avait méprisé l’autel de Jérusalem et lui avait préféré ceux de Béthel, de Guilgal, de Dan et de Beër-Sheba.

1 Non pas «près de l’autel» comme plusieurs traduisent.

La scène qui se déroule ici n’est pas, avons-nous dit, celle du temple, mais celle de la nuit d’Égypte: «Frappe le linteau, afin que les seuils soient ébranlés, et brise-leur la tête à tous» (v. 1). Elle correspond aux paroles solennelles des chap. 5:17; 7:9; 8:2. Au jour de la Pâque, le sang de l’agneau avait été porté sur le linteau et sur les deux poteaux de la porte; Israël coupable avait négligé de l’y porter, et n’avait plus le sang pascal pour détourner le courroux de Dieu. L’ange exterminateur passe, le linteau est frappé, les seuils ébranlés, la maison s’écroule et brise leurs têtes. Cette image d’Amos parle donc à la fois de la destruction des premiers-nés et du tremblement de terre d’Ozias: «Le Seigneur, l’Éternel des armées, c’est lui qui touche le pays, et il fond; et tous ceux qui y habitent mèneront deuil; et il montera tout entier comme le Nil, et il s’abaissera comme le fleuve d’Égypte. C’est lui qui bâtit dans les cieux ses degrés, et qui a fondé sa voûte sur la terre; qui appelle les eaux de la mer, et les verse sur la face de la terre; l’Éternel. est son nom» (v. 5, 6; voyez 5:8; 9:5). S’il reste encore quelque âme après cette subversion, la calamité l’atteindra: «Quand ils pénétreraient jusque dans le shéol, de là ma main les prendra; et quand ils monteraient dans les cieux, je les en ferai descendre; et quand ils se cacheraient au sommet du Carmel, je les y chercherai, et de là je les prendrai; et quand ils seraient cachés de devant mes yeux, au fond de la mer, là je commanderai au serpent, et il les mordra; et quand ils iraient en captivité devant leurs ennemis, là, je commanderai à l’épée, et elle les tuera; et je mettrai mes yeux sur eux pour le mal et non pour le bien» (v. 2-4). Comme cela rappelle le Psaume 139! Mais là, l’homme trouve le salut en faisant l’expérience qu’il ne peut échapper à Dieu; ici, voulant lui échapper, il rencontre le jugement. Là, Dieu sonde l’homme pour le bien et non pour le mal et le pécheur trouve que le Seigneur l’a aimé «dès le ventre de sa mère», ici il le rencontre «pour le mal et non pour le bien». Il s’agit, en tout ceci, des voies gouvernementales de Dieu à l’égard d’Israël, et non de son jugement final. Quand ils seront cachés «au fond de la mer», au milieu de la confusion des peuples, ils deviendront la proie de Satan.

 

V. 7-15 — La providence de Dieu et la restauration finale d’Israël

«N’êtes-vous pas pour moi comme les fils des Éthiopiens, ô fils d’Israël? dit l’Éternel. N’ai-je pas fait monter Israël du pays d’Égypte, et les Philistins de Caphtor, et les Syriens de Kir?» (v. 7). C’est comme si la pensée rejoignait ici celle qui est exprimée dans les deux premiers chapitres du prophète. La providence de Dieu avait fait monter ces nations de Caphtor et de Kir (cf. 1:5), afin qu’elles pussent prospérer en des lieux plus favorables. Dieu en avait agi de même envers Israël en le faisant monter d’Égypte pour l’introduire dans un pays découlant de lait et de miel. Au lieu de reconnaître les soins de l’Éternel en le servant avec crainte, ces peuples, Israël en tête, étaient devenus des royaumes pécheurs. Aussi les yeux de Dieu étaient sur chacun d’entre eux pour le détruire, à bien plus forte raison quand il s’agissait de son ancien peuple.

Cependant il reste un espoir pour Israël. Si l’Éternel est un juge, il est aussi le Dieu des promesses et ne reniera jamais son caractère: «Seulement je ne détruirai pas entièrement la maison de Jacob, dit l’Éternel. Car voici, je commande, et je secouerai la maison d’Israël parmi toutes les nations, comme on secoue dans un crible, mais pas un grain ne tombera à terre» (v. 8, 9). La dispersion du peuple parmi les nations est prédite ici, et nous l’avons aujourd’hui sous les yeux. Mais c’est Lui qui tient le van dans sa main; la paille peut s’envoler, pas un grain de blé ne tombe en terre. Au moment voulu Dieu montrera qu’il a gardé tous ses élus et n’en a perdu aucun. Lorsque Satan demanda à avoir les disciples pour les cribler comme le blé, il ne réussit qu’à délivrer Pierre de sa confiance en lui-même. Il en sera ainsi de la tribulation future du peuple de Dieu. Pas un seul d’entre les siens ne périra dans ces jours d’épreuve où il semblera que nulle chair ne peut être sauvée. Tout autre sera le sort des pécheurs de ce peuple: «Par l’épée... mourront tous les pécheurs de mon peuple, qui disent: Le mal ne nous atteindra pas, et ne viendra pas jusqu’à nous» (v. 10).

La transition des événements prochains à ceux de la fin (v. 7-10) nous amène à la bénédiction millénaire, couronnement de la prophétie d’Amos: «En ce jour-là, je relèverai le tabernacle de David, qui est tombé, et je fermerai ses brèches, et je relèverai ses ruines, et je le bâtirai comme aux jours d’autrefois» (v. 11). La maison (le tabernacle) de David, la royauté de Celui auquel Dieu avait assuré ses grâces, sera rétablie, comme aux jours d’autrefois sous le règne de Salomon, après avoir sombré, en apparence pour toujours, dans la secousse qui avait ébranlé la terre. Plus de division en Israël! Il possédera «le reste d’Édom», car Édom ne verra pas, comme d’autres nations, le rétablissement de ses captifs (Jér. 48 - 49); mais Israël possédera aussi toutes les nations sur lesquelles le nom de l’Éternel est réclamé (v. 12). Tel sera le dernier, le seul véritable royaume universel, sous le sceptre du Messie, vrai chef de la maison de David. Jacques, devant le concile de Jérusalem, cite ce passage altéré par la version des Septante, mais uniquement pour prouver que les nations avaient droit aux bénédictions que les Juifs leur contestaient, puisque le nom du Seigneur qui faisait toutes ces choses était réclamé sur elles (Actes 15:16).

«Voici, les jours viennent, dit l’Éternel, où celui qui laboure atteindra celui qui moissonne, et celui qui foule les raisins, celui qui répand la semence; et les montagnes ruisselleront de moût, et toutes les collines se fondront. Et je rétablirai les captifs de mon peuple Israël, et ils bâtiront les villes dévastées et y habiteront, et ils planteront des vignes et en boiront le vin, et ils feront des jardins et en mangeront le fruit. Et je les planterai sur leur terre, et ils ne seront plus arrachés de dessus leur terre que je leur ai donnée, dit l’Éternel, ton Dieu» (v. 13-15).

Ici nous entrons, à pleines voiles, dans le port désiré. Le prophète Joël fait le même tableau de la prospérité matérielle sous le règne millénaire: «Les aires seront pleines de blé, et les cuves regorgeront de moût et d’huile». «Les montagnes ruisselleront de moût, et les collines découleront de lait, et tous les torrents de Juda découleront d’eau» (Joël 2:24; 3:18). La description est, si possible, encore plus brillante ici, et plus générale, celle de Joël ne s’appliquant qu’à Juda. Ce qui était promis conditionnellement en Lév. 26:5: «Le temps du foulage atteindra pour vous la vendange, et la vendange atteindra les semailles» n’avait jamais été réalisé, à cause de l’infidélité du peuple. Maintenant tout a changé: la bénédiction ne dépend plus de l’obéissance de l’homme, mais de la fidélité de Dieu à ses promesses, appelée en 2 Pierre 1:1 «la justice de notre Dieu et Sauveur Jésus Christ». Cela ne peut jamais manquer. Cette magnifique abondance de la création réjouit nos cœurs à l’avance, quand nous pensons que maintenant elle soupire et est en travail tout entière, dans l’espérance d’avoir part, elle aussi, à la liberté de la gloire des enfants de Dieu.

Mais ce ne sera pas seulement la création (v. 14, 15); le peuple lui-même, bien plus cher au cœur de Dieu, sera restauré. La captivité sera rétablie, c’est-à-dire qu’il y sera mis fin pour amener la restauration finale. Alors le peuple rebâtira, habitera, plantera, jouira des fruits. Lui-même sera planté sur sa terre et ne pourra plus jamais en être arraché, «dit l’Éternel, ton Dieu».

Quel contraste entre les premiers chapitres et celui-ci, entre «Ainsi dit l’Éternel» pour le jugement et «Ainsi dit l’Éternel» pour la bénédiction. C’est sur cette dernière que Dieu met pour toujours le cran d’arrêt. Jamais les jugements ne sont pour Lui le dernier mot. Seule la gloire éternelle est pleinement digne de Lui. Son bonheur, ô peuple de croyants, est de te la donner, de t’en faire jouir, et de s’appeler «ton Dieu!» (v. 15).