Actes des Apôtres

Chapitre 19

(v. 1-7). — Paul leur dit: «Jean a baptisé du baptême de la repentance, disant au peuple qu’ils crussent en celui qui venait après lui, c’est-à-dire en Jésus» (v. 4). Le baptême de Jean était en rapport avec un Christ vivant qui devait venir pour établir son règne glorieux. Pour y participer il fallait se repentir et abandonner sa mauvaise voie; c’est pourquoi Paul l’appelle le baptême de la repentance.

Mais ce Christ qui venait après Jean a été rejeté; son royaume en gloire n’a pu s’établir. Jésus est mort; il a accompli ainsi l’œuvre de la rédemption. Au lieu du royaume glorieux, l’évangile de la grâce proclame le salut des pécheurs. Ceux qui le reçoivent font partie de l’Église dont les bénédictions sont spirituelles et célestes. Or comme c’est par la mort du Seigneur que le croyant est sauvé et fait partie de la maison de Dieu, le nouveau témoignage qui a remplacé Israël, le signe de l’introduction dans ce nouvel ordre de choses est le baptême chrétien qui rattache à un Christ mort; on est baptisé pour Christ pour sa mort (Romains 6:3), pour réaliser la mort à tout ce qui caractérise le monde et le vieil homme, en suivant le Seigneur dans le chemin qu’il nous a ouvert au travers du monde qui l’a rejeté.

Au temps des apôtres, après le baptême, on recevait le Saint Esprit. «Ayant ouï ces choses, ils furent baptisés pour le nom du Seigneur Jésus; et, Paul leur ayant imposé les mains, l’Esprit Saint vint sur eux, et ils parlèrent en langues et prophétisèrent» (v. 5, 6). Aujourd’hui, les effets de la puissance du Saint Esprit ne se manifestent pas par des dons miraculeux. Mais le Saint Esprit que l’on reçoit après avoir cru aujourd’hui comme alors, accomplit tout ce que le Seigneur a dit de lui dans l’évangile de Jean, en faveur des chrétiens, où il le présente comme le Consolateur qui demeure avec eux pour leur rappeler les choses que Jésus avait dites ici-bas, les conduire dans toute la vérité, leur annoncer ce qui va arriver, prendre ce qui est au Seigneur pour le leur communiquer (voir Jean 14:15-20, 26; 15:26; 16:12-15), en un mot, faire valoir la Parole dans les cœurs, opérer l’œuvre de Dieu dans les croyants et dans l’Assemblée que le Seigneur nourrit et chérit par ce moyen. L’Assemblée, au commencement, n’était pas nourrie et consolée par les dons miraculeux, mais bien par la Parole de Dieu que le Saint Esprit faisait valoir. Chez le croyant, le Saint Esprit est aussi le sceau par lequel Dieu le reconnaît comme son enfant. On ne peut dire à Dieu Père, sans avoir le Saint Esprit (Romains 8:15, 16).

 

Travail de Paul à Éphèse

(v. 8-22). — Paul entra dans la synagogue à Éphèse et, pendant trois mois, il discourut avec les Juifs, «les persuadant des choses du royaume de Dieu» (v. 8). Mais, comme toujours, l’opposition surgit de la part des Juifs. Paul se retira d’avec eux, mit à part ceux qui avaient cru, et présenta la Parole tous les jours pendant deux ans dans l’école de Tyrannus, personnage dont il n’est rien dit de plus; «de sorte que tous ceux qui demeuraient en Asie ouïrent la parole du Seigneur, tant Juifs que Grecs» (v. 5, 9, 13). Le terme Asie désignait seulement la contrée dont Éphèse était la capitale.

Dans cette ville, où l’opposition se manifestait très forte de la part des Juifs, au milieu des ténèbres de l’idolâtrie, Dieu opérait des miracles extraordinaires par les mains de Paul. Il montrait ainsi que la puissance était à lui et non dans la magie qui se pratiquait largement à Éphèse. «De sorte que même on portait de dessus son corps des mouchoirs et des tabliers sur les infirmes; et les maladies les quittaient, et les esprits malins sortaient» (v. 11, 12). Ainsi la puissance miraculeuse ouvrait le chemin à l’évangile, mais c’était la Parole de Dieu qui, en pénétrant dans les cœurs et les consciences, accomplissait l’œuvre divine.

Il y avait à Éphèse des Juifs exorcistes, personnages qui prétendaient chasser les démons. Voyant, sans doute, que Paul réussissait mieux qu’eux, ils voulurent se servir du nom de Jésus pour obtenir plus de succès et disaient: «Je vous adjure par Jésus que Paul prêche» (v. 13). Mais le nom de Jésus ne se prête pas à l’homme trompeur pour lui donner de l’importance; aussi ceux qui voulurent s’en servir à cette fin, en firent l’humiliante expérience. Un des principaux sacrificateurs juifs, nommé Scéva, avait sept fils qui prétendaient se servir du nom de Jésus pour chasser un démon. «Mais l’esprit malin, répondant, leur dit: Je connais Jésus et je sais qui est Paul; mais vous, qui êtes-vous?» Et l’homme en qui était l’esprit malin s’élança sur eux et ils s’enfuirent nus et blessés (v. 14-16). Les démons connaissaient Jésus mieux que les hommes. En Matthieu 8:29, ils lui disent: «Es-tu venu ici avant le temps pour nous tourmenter?» Ils savent qu’il est leur juge. En Marc 5:7, l’un d’eux lui dit aussi: «Je t’adjure par Dieu, ne me tourmente pas». De même, en Luc 8:28; Jacques dit au chap. 2 de son épître: «Tu crois que Dieu est un; tu fais bien: les démons aussi croient et ils frissonnent». Ils ont péché; il n’y a pas de pardon pour eux, et ils savent que le jour de leur jugement par le Seigneur arrivera certainement.

On voit aussi, dans cette confession des démons, la preuve de la divinité de Jésus. Ils le reconnaissent comme celui envers qui ils ont péché et, malgré l’humanité qu’il a revêtue, ils voient en lui le Dieu qui les jugera, ce dont ils frissonnent, tandis que l’homme, une créature qui leur est inférieure et aussi coupable, auquel Dieu offre son pardon, refuse de croire en Jésus et à sa divinité, lui qui se présente à tous comme Sauveur, en attendant d’être le juge de ceux qui n’auront pas voulu croire.

Ce récit montre également la supériorité des démons, comme créatures, sur l’homme. L’un d’eux mit en fuite les sept fils de Scéva, nus et blessés: leur véritable état naturel fut manifesté et ils portaient des blessures, conséquences de leurs prétentions. Ces anges de Satan sont appelés en Éphésiens 6:12, des principautés, des autorités, des dominateurs de ces ténèbres, une «puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes». Ce sont donc des êtres redoutables, mais qui ne peuvent rien faire au chrétien revêtu de l’armure complète de Christ, c’est-à-dire, s’il présente dans sa marche les caractères de Christ en obéissant comme il a obéi. C’est ainsi que le Seigneur vainquit Satan lors de la tentation au désert. Les hommes qui comparaîtront devant le grand trône blanc avec tous leurs péchés, en sortiront nus: leur état de péché sera pleinement dévoilé à la lumière éclatante du trône, malgré la bonne opinion qu’ils auront pu avoir de leur religion, de leur honnêteté. Ils n’en sortiront pas blessés, mais destinés à porter éternellement les conséquences de leurs péchés, pour n’avoir pas cru au Seigneur Jésus comme leur Sauveur. Pour n’être pas trouvé nu au jour du jugement, il faut être revêtu de Christ.

Cette action du démon sur les fils de Scéva, «vint à la connaissance de tous ceux qui demeuraient à Éphèse, Juifs et Grecs; et ils furent tous saisis de crainte, et le nom du Seigneur Jésus était magnifié» (v. 17), ce nom qui n’avait aucune apparence au milieu des hommes, puisque Paul présentait Jésus comme mort sur la croix, expression de la faiblesse humaine, mais sorti de la mort en vainqueur de Satan et de ses anges. Mais en ce nom Dieu offrait le salut. Aussi, les effets de sa puissance en grâce se manifestèrent. «Plusieurs de ceux qui avaient cru, venaient, confessant et déclarant ce qu’ils avaient fait».

Lorsqu’on s’est vu dans la présence de Dieu, où ce que nous sommes et ce que nous avons fait a été manifesté dans sa pleine lumière, on ne craint pas de le dire en public. C’est là la vraie droiture dont parle David après avoir confessé ses fautes devant Dieu: «Jetez des cris de joie, vous tous qui êtes droits de cœur» (Ps. 32:11). Et: «Bienheureux l’homme... dans l’esprit duquel il n’y a point de fraude!» (v. 1, 2). L’esprit sans fraude ne cache rien à Dieu, ne se justifie pas lui-même; c’est à quoi il faut arriver pour obtenir le pardon. Dieu ne peut pardonner des péchés que l’on cache, ni des pécheurs qui croient ne pas avoir fait beaucoup de mal. Si un bienfaiteur veut payer les dettes d’un homme ruiné, il faut premièrement qu’il sache de la bouche de cet homme quel est le montant de ses dettes. Une fois ses dettes payées, celui-ci ne craindra pas de dire à d’autres combien elles étaient grandes, afin de faire ressortir la grâce et la bonté de l’ami qui les lui a acquittées. Il en ira de même pour tout croyant, comme pour les Éphésiens et pour la Samaritaine qui alla dire à ses concitoyens: «Venez, voyez un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait», parce qu’elle s’était vue dans la présence de Dieu auquel rien n’est caché.

Il y avait aussi parmi les convertis d’Éphèse plusieurs qui «s’étaient adonnés à des pratiques curieuses», soit les sciences occultes et la magie. Les livres qui les initiaient aux secrets de ces manifestations, admirées des gens superstitieux et qui n’avaient de vrai que d’être diaboliques, ils les brûlèrent devant tous, afin que personne ne pût les utiliser, démontrant ainsi l’erreur et la folie de leurs pratiques. Ils ne s’arrêtèrent pas à la valeur matérielle de ces ouvrages, qui s’élevait à cinquante mille pièces d’argent, dont ils faisaient la perte avec joie pour le Seigneur. «C’est avec une telle puissance que la parole du Seigneur croissait et montrait sa force» (v. 20), cette parole par laquelle Dieu créa les cieux et la terre (Ps. 33:6; 2 Pierre 3:5). Employée pour la conversion des pécheurs, elle produit, dans la conscience et le cœur, les effets merveilleux qui prouvent la réalité de son œuvre en ceux qui croient, une œuvre cachée, dont la réalité se montre par des actes, appelés des œuvres de foi, comme on le voyait chez les Thessaloniciens; la réalité de la vie divine se manifestait en eux par leur «œuvre de foi» et leur «travail d’amour» (1 Thess. 1:3).

Nous connaissons la bonne marche de l’assemblée d’Éphèse par l’épître que Paul lui adressa quelque quinze ans plus tard, lorsqu’il était prisonnier à Rome. Il n’a point d’observations à leur faire, comme à la plupart des autres assemblées auxquelles il s’adressait. C’est pourquoi il pouvait leur exposer ce qui nous est si profitable maintenant, la position céleste de l’Église et des croyants, selon les conseils de Dieu.

Après ces manifestations de la puissance de la Parole à Éphèse, Paul se proposa de passer par la Macédoine et l’Achaïe, pour aller de là à Jérusalem, et ensuite à Rome. Il n’y arriva que prisonnier. Il aurait dû s’y rendre sans passer par Jérusalem, car c’est dans cette ville que les Juifs le prirent et le remirent entre les mains des Romains, comme nous le verrons dans les chapitres 21 à 24; mais le Seigneur le permit ainsi.

Paul resta encore quelque temps à Éphèse, après avoir envoyé Timothée et Éraste à Corinthe, car il était très préoccupé de l’état de cette assemblée, comme nous le voyons dans les deux lettres qu’il leur adressa. C’est à ce moment qu’il leur écrivit sa première épître, que Tite leur porta. Pendant le reste de son séjour à Éphèse, il traversa la terrible émeute suscitée par Démétrius.

 

Grand tumulte à Éphèse

(v. 23-41). — Il ne semble pas qu’il y ait eu de grandes persécutions durant le séjour de Paul à Éphèse. Mais l’ennemi, que la puissance de Dieu avait bridé jusque-là, suscita des troubles avant son départ. Il existait à Éphèse un temple dédié à la déesse Diane. Plus anciennement ce temple, merveilleux en beauté et en richesse, passait pour une des sept merveilles du monde; mais il fut détruit par un incendie. Celui qui fut rebâti, quoique de moindre importance, était cependant célèbre à cause de la grande Diane, que le secrétaire de la ville appelle «l’image tombée du ciel» (v. 35). En souvenir du temple détruit et pour maintenir au milieu du peuple le prestige de la déesse, un certain Démétrius fabriquait de petits temples en argent, dont la vente lui procurait un grand gain, ainsi qu’à tous les artisans qu’il occupait à cela. Mais comme les chrétiens n’en achetaient plus, Démétrius assembla ceux qui travaillaient à cette industrie, leur exposa que leur bien-être venait de ce travail, et qu’il y avait du danger pour eux que cette industrie ne tombât en discrédit. Pour produire plus d’effet encore sur ses auditeurs, il ajouta que si Paul continuait à parler contre l’idolâtrie, on risquait de voir le discrédit tomber sur le temple, si bien que l’idole, universellement révérée, serait anéantie.

C’est par la religion de la chair que Satan a le plus de prise sur le cœur humain pour s’opposer à Dieu. Démétrius leur dit: «Vous voyez et apprenez que non seulement à Éphèse, mais presque par toute l’Asie, ce Paul, usant de persuasion, a détourné une grande foule, disant que ceux-là ne sont pas des dieux, qui sont faits de main» (v. 26, 27). Tout en résistant à la vérité que Paul prêchait, Démétrius avait éprouvé, dans ce qu’il appelle la persuasion dont Paul usait, la puissance de sa prédication. Ce n’était rien moins que la «puissance de Dieu en salut à quiconque croit» (Romains 1:16) qui détournait ces hommes des tromperies du diable. «Quand ils eurent entendu ces choses, ils furent remplis de colère, et s’écriaient, disant: Grande est la Diane des Éphésiens! Et toute la ville fut remplie de confusion; et, d’un commun accord, ils se précipitèrent dans le théâtre» (v. 28, 29), sans doute pour agir plus fortement sur les foules. Ils entraînèrent avec eux deux compagnons de Paul, Gaïus et Aristarque. L’apôtre voulait aussi y entrer, mais les disciples s’y opposèrent, ainsi que quelques Asiarques, magistrats qui présidaient aux cérémonies religieuses et aux jeux publics et qui étaient des amis de Paul. On ne sait s’ils furent convertis; mais d’après ces paroles ils étaient favorables à l’apôtre, sans être au nombre des disciples. Le Seigneur se sert de qui il veut pour protéger les siens; il savait que Paul n’aurait aucune influence sur cette foule et qu’il courrait un danger inutile. Un Juif, nommé Alexandre, voulut présenter une apologie au peuple; mais lorsqu’on le reconnut comme Juif, les émeutiers crièrent pendant deux heures: «Grande est la Diane des Éphésiens!» Malgré le prestige qu’exerçait sur les hommes cette idole renommée, elle était impuissante à se protéger, puisqu’il fallait crier si longtemps qu’elle était grande. Il ne paraît pas que cet Alexandre fût un disciple; il voulait faire connaître, sans doute, que les Juifs étaient d’accord avec Démétrius contre Paul; mais il échoua, car les Juifs n’étaient pas aimés des Grecs.

Le secrétaire de la ville intervint pour apaiser la foule. «Hommes éphésiens», dit-il, «qui est donc l’homme qui ne sache pas que la ville des Éphésiens est consacrée à la garde du temple de la grande Diane, et à l’image tombée du ciel?» (v. 35). Selon lui, un tumulte pareil risquait de faire accuser la ville de sédition, car il n’y avait aucun motif pour justifier les troubles. «Vous avez amené ces hommes», leur dit-il, «qui ne sont ni des voleurs sacrilèges, ni des blasphémateurs de votre déesse. Si donc Démétrius et les artisans qui sont avec lui ont quelque affaire contre quelqu’un, les tribunaux sont ouverts, et il y a des proconsuls; qu’ils s’accusent les uns les autres. Et si vous avez une réclamation à faire sur d’autres sujets, on en décidera dans l’assemblée légale» (v. 37-39). Après avoir prononcé ces paroles de bon sens, il congédia l’assemblée. Grâce à ce discours, nous voyons avec quelle sagesse Paul et ses compagnons avaient prêché l’Évangile au milieu des païens d’Éphèse. Ils n’étaient pas des voleurs sacrilèges, c’est-à-dire des gens qui se fussent emparés de choses que la population tenait pour sacrées, ni des blasphémateurs de leur déesse. Ils avaient présenté la Parole de Dieu qui suffisait pour démontrer le néant de l’idolâtrie, sans avoir besoin de dénigrer l’idole, sacrée à leurs yeux. Il y a là un enseignement important à retenir quand on doit présenter l’Évangile au monde, surtout vis-à-vis d’une religion sincèrement respectée. Ce n’est pas en en disant du mal qu’on fera accepter la vérité; il faut simplement présenter la Parole de Dieu. Elle fera son chemin dans les cœurs en y apportant la lumière nécessaire; elle manifestera l’erreur mieux que si l’on montre du mépris pour ce qui passe pour sacré. Paul écrivait à Timothée: «Prêche la parole». C’est la seule véritable arme offensive dont il faut se servir, pour que le Seigneur accomplisse son œuvre. Par elle Dieu a créé l’univers; par elle le croyant est délivré du pouvoir des ténèbres et transporté dans le royaume du Fils de son amour (2 Pierre 3:5; Hébreux 1:3; Colossiens 1:13).