Actes des Apôtres

Chapitre 14

Paul et Barnabas à Iconium

(v. 1-7). — D’Antioche, Paul et Barnabas allèrent à Iconium. Dans la synagogue, «ils parlèrent de telle sorte», est-il dit, «qu’une grande multitude de Juifs et de Grecs crurent». Par les résultats de leur prédication, nous voyons qu’ils parlèrent sous la puissante action de l’Esprit Saint qui plaçait devant tous la Parole de Dieu. Car «la foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la parole de Dieu» (Romains 10:17). Il est dit simplement qu’ils «crurent». La parole de Dieu s’adresse au pécheur pour qu’il la croie; en la croyant, il croit Dieu. L’homme raisonneur prétend que pour croire il faut comprendre; mais la parole de Dieu ne peut être comprise que par ceux qui croient parce qu’ils possèdent la vie divine et le Saint Esprit. Dieu a usé d’une grande bonté envers les hommes en plaçant devant eux sa Parole à laquelle il suffit de croire pour être sauvé. Il savait que personne ne pouvait être sauvé par une œuvre quelconque, ni même en cherchant à comprendre ce qu’il dit, possédât-on l’intelligence humaine la plus élevée, c’est pourquoi il met sa Parole à la portée de tous, afin que chacun se place devant elle dans l’attitude d’un petit enfant qui croit ce qu’il entend parce qu’il a confiance en celui qui parle. Se voyant rejeté par les sages et les intelligents de ce monde, le Seigneur dit: «Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, parce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées aux petits enfants» (Matt. 11:25). Tous les petits enfants ne peuvent pas devenir des sages et des intelligents selon le monde; mais les sages et les intelligents peuvent devenir comme de petits enfants pour croire, et ainsi tous peuvent être sauvés.

Voyant les résultats de la prédication de Paul, les Juifs incrédules excitèrent ceux des nations contre les frères. L’œuvre de Dieu ne peut s’accomplir dans le domaine de Satan sans y rencontrer son opposition. Cependant «ils séjournèrent là assez longtemps, parlant hardiment, appuyés sur le Seigneur, qui rendait témoignage à la parole de sa grâce, accordant que des miracles et des prodiges se fassent par leurs mains» (v. 3). Le Seigneur était la force de Paul et de Barnabas; c’est lui qui les avait envoyés; ils parlaient de sa part et, par les miracles qu’il leur donnait de faire, il rendait témoignage à la parole de sa grâce qu’ils annonçaient. Les miracles n’avaient pas pour but de convertir ces païens, mais d’accréditer auprès d’eux la parole par laquelle ils pouvaient obtenir le salut. Il fallait cette double opération de la puissance du Seigneur: par la parole dans les cœurs et par les miracles dont ils étaient témoins, pour accomplir l’œuvre de Dieu chez les Juifs qui avaient crucifié le Seigneur et chez les populations plongées depuis plus de deux mille ans dans les ténèbres de l’idolâtrie. Aujourd’hui le Seigneur n’opère plus de miracles puisque, dans nos pays, tous possèdent la Bible et se prétendent chrétiens; mais il faut la puissance de sa Parole pour sauver ces chrétiens de nom, car tous ne le sont pas en réalité.

À Iconium, tous ne crurent pas; la population de la ville se scinda entre partisans des Juifs et partisans des apôtres. Les Juifs, avec leurs chefs et les gentils, se soulevèrent pour les outrager et les lapider; mais au lieu d’entraver l’œuvre de Dieu, ils contribuèrent à la propager ailleurs. Les apôtres «s’enfuirent aux villes de Lycaonie, à Lystre et à Derbe et dans les environs; et ils y évangélisaient» (v. 4-7).

 

Les apôtres à Lystre

(v. 8-19). — Parmi les auditeurs de Paul à Lystre se trouvait un homme qui n’avait jamais marché. Pendant qu’il écoutait, Paul fixa les yeux sur lui et «voyant qu’il avait la foi pour être guéri, lui dit à haute voix: Lève-toi droit sur tes pieds. Et il sautait et marchait» (v. 8-10). En présence de ce grand miracle, les foules s’écrièrent en lycaonien: «Les dieux, s’étant faits semblables aux hommes, sont descendus vers nous. Et ils appelaient Barnabas Jupiter, et Paul Mercure, parce que c’était lui qui portait la parole» (v. 11, 12). On attribuait l’éloquence à Mercure. Les sacrificateurs de Jupiter amenaient déjà aux portes des taureaux et des couronnes pour sacrifier à Paul et à Barnabas. On comprend que ces gens, ignorant le vrai Dieu et voyant des manifestations de puissance qui ne pouvaient provenir de l’homme, attribuassent cette puissance à leurs divinités. Les apôtres, apprenant ce que la foule se proposait de faire, déchirèrent leurs vêtements, s’élancèrent au milieu d’eux et leur dirent: «Hommes, pourquoi faites-vous ces choses? Nous sommes, nous aussi, des hommes ayant les mêmes passions que vous; et nous vous annonçons que de ces choses vaines vous vous tourniez vers le Dieu vivant, qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et toutes les choses qui y sont; lequel dans les générations passées a laissé toutes les nations marcher dans leurs propres voies; quoique cependant il ne se soit pas laissé sans témoignage, et faisant du bien, en vous donnant du ciel des pluies et des saisons fertiles, remplissant vos cœurs de nourriture et de joie» (v. 15-17). Dans ce bref et merveilleux discours, l’apôtre leur déclare premièrement qu’ils sont des hommes comme eux, quant à leur nature, et non des dieux. S’il dit qu’ils avaient les mêmes passions, cela ne signifie pas qu’ils se laissaient gouverner par elles comme les païens, mais simplement qu’ils étaient des hommes. Il ajoute que le vrai Dieu a créé toutes choses, qu’ils doivent se tourner vers lui et délaisser les vanités de l’idolâtrie. Ce Dieu avait laissé marcher les nations dans leurs propres voies (Romains 1:19-32), alors que les hommes l’avaient abandonné pour adorer les faux dieux, derrière lesquels se plaçaient les démons (voir 1 Corinthiens 10:19, 20). Dieu avait appelé Abraham à sortir de son pays et de sa parenté, pour se former, par sa postérité, un peuple qui gardât la connaissance de lui-même, le vrai et seul Dieu, et au milieu duquel il voulait habiter.

Tant que Dieu avait mis de côté les nations, il ne les avait pas laissées sans témoignage de lui-même; il leur avait donné des pluies, des saisons fertiles; il avait veillé à ce qu’elles eussent la nourriture et de quoi réjouir leur cœur. Il est appelé «le conservateur de tous les hommes» (1 Timothée 4:10; voir aussi le Psaume 104). Par la bonté de Dieu envers tous et par la création, les hommes auraient dû garder la connaissance de lui-même, comme seul vrai Dieu. Maintenant, passant sur ce temps d’ignorance des hommes, comme Paul le dira aussi aux Athéniens (chap. 17:30), Dieu les invite à se détourner de leur idolâtrie vers lui. C’est ce que firent les Thessaloniciens; ils s’étaient «tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils» (1 Thess. 1:9).

Impressionnée par la guérison de cet impotent, malgré les paroles de Paul, la foule eut peine à ne pas sacrifier. Mais cette exaltation ne dura pas longtemps. Des Juifs venus d’Antioche et d’Iconium les excitèrent contre Paul à tel point qu’ils le lapidèrent et le traînèrent hors de la ville, le croyant mort. La versatilité du cœur de l’homme! Tout à l’heure les apôtres passaient pour des dieux et maintenant on les traite comme de vils malfaiteurs, indignes de vivre. Si le cœur n’a pas été touché par la Parole de Dieu, les impressions les plus vives sont passagères; elles ne créent aucune conviction. On peut admirer, aujourd’hui, une belle prédication de la Parole, sans qu’aucun effet salutaire se produise. On a vu les foules dans l’admiration en entendant le Seigneur et en contemplant les miracles qu’il faisait, et lorsque les chefs du peuple veulent le faire mourir, cette même foule joint sa voix aux leurs pour demander qu’il soit crucifié.

 

L’œuvre à Derbe

(v. 20-28). — Entouré des disciples, Paul eut la force de se lever et d’entrer dans la ville qu’il quitta le lendemain pour aller à Derbe avec Barnabas. Il fallait que le Seigneur le soutînt puissamment pour qu’il pût continuer son service après avoir été laissé pour mort sous les pierres qu’il avait reçues. Il fait, sans doute, allusion à cette circonstance lorsqu’il dit en 2 Cor. 11:25: «Une fois j’ai été lapidé». Il rappelle aussi à Timothée les persécutions et les souffrances qu’il avait endurées à Antioche, à Iconium et à Lystre (2 Timothée 3:11) en ajoutant: «Et le Seigneur m’a délivré de toutes».

On peut trouver étrange que le Seigneur permette qu’un serviteur aussi fidèle que Paul passe par de si grandes épreuves, qui, à vues humaines, devaient nuire à l’accomplissement de son service. Mais l’apôtre avait compris pourquoi le Seigneur agissait ainsi. Lorsqu’il lui fut envoyé une écharde dans la chair, il supplia le Seigneur trois fois pour qu’elle se retirât de lui; mais le Seigneur lui répondit: «Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité». Alors il put dire: «Je me glorifierai donc très volontiers plutôt dans mes infirmités, afin que la puissance du Christ demeure sur moi. C’est pourquoi je prends plaisir dans les infirmités, dans les outrages, dans les nécessités, dans les persécutions, dans les détresses pour Christ: car quand je suis faible, alors je suis fort» (2 Cor. 12:8-10).

L’œuvre du Seigneur ne peut aboutir que par la force qui vient de lui. Il place ses serviteurs dans des circonstances où leur faiblesse se réalise, tandis que sa puissance se manifeste en eux pour accomplir son œuvre. Lorsqu’un maître engage un domestique, il en choisit un qui jouit d’une bonne santé, parce qu’il ne peut lui communiquer aucune force en vue de son travail. Mais, quand le Seigneur appelle quelqu’un à son service, il lui fournit toute la force nécessaire et le place dans des circonstances qui l’obligent à dépendre de lui. C’est pourquoi l’apôtre dit: «Quand je suis faible, alors je suis fort».

Voici le court récit de l’œuvre à Derbe: «Ayant évangélisé cette ville-là et fait beaucoup de disciples, ils s’en retournèrent à Lystre, et à Iconium, et à Antioche» (v. 21). Les apôtres n’y subirent probablement pas de persécutions comme à Lystre. Si l’épreuve n’est pas nécessaire, le Seigneur ne l’envoie pas. Les souffrances endurées à Lystre ne découragèrent pas ces fidèles serviteurs du Seigneur. Ils retournèrent dans les localités où ils avaient été persécutés, pour voir les croyants qu’ils y avaient laissés.

Paul ne travaillait pas seulement à évangéliser; dans chaque localité les convertis formaient une assemblée de Dieu, objet de ses soins et de son grand amour. Il imitait en cela aussi le Seigneur qui «a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle, afin qu’il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d’eau par parole» (Éphésiens 5:25, 26). En 2 Cor. 11:28, où l’apôtre énumère ce qui lui était arrivé durant son service, il termine en disant: «Outre ces choses exceptionnelles, il y a ce qui me tient assiégé tous les jours, la sollicitude pour toutes les assemblées». Attaché au Seigneur dans ce qu’il avait de plus cher ici-bas, il aimait tous les chrétiens parce qu’ils étaient les membres du corps de Christ. L’édification de l’assemblée constitue une partie importante de l’œuvre du Seigneur; c’est pourquoi Paul et Barnabas retournèrent dans les villes qu’ils avaient évangélisées, «fortifiant les âmes des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi, et les avertissant que c’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu» (v. 22).

Ces nouveaux chrétiens étaient sans doute exposés aux persécutions, et leur foi pouvait en être ébranlée. Ils ne résisteraient à l’ennemi que par la foi qui compte sur Dieu et en se nourrissant de sa Parole. Paul comprenait la nécessité de les fortifier et de les exhorter, car si Dieu sauve des pécheurs, ce n’est pas seulement pour qu’ils aillent au ciel; c’est pour avoir sur la terre des témoins de ce que la grâce accomplit en faisant marcher sur les traces de Christ des hommes incapables de lui obéir, tant qu’ils resteront étrangers à la vie divine. Puis, outre le témoignage individuel que le chrétien doit rendre, Dieu voulait aussi une assemblée, comparée à une lampe qui projette la lumière de Christ dans ce monde (Apoc. 1:20). Le chrétien est une lumière (Matthieu 5:14-16; Éphésiens 5:8; 1 Thessaloniciens 5:5).

Les apôtres avertissaient aussi les frères que c’est par beaucoup d’afflictions qu’il faut entrer dans le royaume de Dieu, état de choses où les droits de Dieu sont reconnus, comme ceux d’un roi auquel on rend toute obéissance. Mais, si l’on croit en Dieu, si on lui obéit, on rencontre l’opposition de Satan et des hommes, car ce royaume est au milieu d’eux; il ne change rien à l’état de choses qui caractérise le monde dont Satan est le chef. C’est pourquoi il y a de la souffrance, tandis que, lorsque le Seigneur établira son royaume en gloire après la destruction de ses ennemis, il n’y en aura plus. Aujourd’hui les chrétiens portent l’opprobre de Christ et souffrent pour lui, pendant que le monde cherche des jouissances; plus tard, les chrétiens jouiront dans la gloire, alors que ceux qui n’ont pas voulu entrer dans le royaume de Dieu auront leur part dans la souffrance.

Dans chaque assemblée, Paul et Barnabas choisirent des anciens «et ils prièrent avec jeûne, et les recommandèrent au Seigneur en qui ils avaient cru» (v. 23). On demande souvent pourquoi on n’établit plus des anciens dans chaque assemblée. Seuls les apôtres le faisaient, grâce à une autorité que nous n’avons pas et à leur capacité de discerner chez ces nouveaux convertis lesquels pouvaient accomplir ce service. Ils avaient à veiller au maintien de l’ordre et à présenter la Parole. Les qualités requises des surveillants ou anciens sont énumérées en 1 Timothée 3:1-7 et Tite 1:5-9. Sur l’ordre de Paul, Timothée et Tite devaient en choisir.

Aujourd’hui il n’existe plus d’apôtres pour donner des ordres pareils. Ils n’ont jamais prescrit aux assemblées de se donner des anciens. Si elles trouvent des frères qui portent les caractères d’anciens et qui en accomplissent le service, elles peuvent les reconnaître, mais elles n’ont aucune autorité de la part du Seigneur pour en établir. Les assemblées étaient recommandées à Dieu et au Seigneur en qui les frères avaient cru, comme nous le verrons au chap. 20:32, et non à une succession d’apôtres ou d’anciens. À mesure que l’Église s’est affaiblie spirituellement, on a donné une grande importance à ceux qu’elle désignait comme anciens. Plus tard on leur donna le nom d’évêques (surveillants); leur importance dépendit de celle de l’église ou de la localité. Ensuite on institua des archevêques, établis sur plusieurs églises. Rome étant devenue un centre religieux important, son évêque prit plus tard le nom de pape. Il domine sur toutes les églises qui reconnaissent son pouvoir, savoir l’église romaine, en opposition à l’église grecque qui ne le reconnaît pas. C’est ainsi que tout dégénère, si l’on ne demeure pas attaché à la Parole de Dieu.

Paul et Barnabas revinrent sur leurs pas, et, traversant de nouveau la Pisidie et la Pamphylie, ils arrivèrent à Perge, près de la mer, où ils annoncèrent la parole, et de là à Attalie. Il n’est pas dit qu’ils évangélisèrent dans cette ville. De là ils se rendirent par mer à Antioche d’où ils étaient partis, recommandés à la grâce de Dieu qui ne leur fit pas défaut tout le long de ce laborieux voyage. À Antioche, ils réunirent l’assemblée et racontèrent toutes les choses que Dieu avait faites avec eux, et comment il avait ouvert aux nations la porte de la foi».

Ces chapitres 13 et 14 nous font connaître le premier voyage d’évangélisation de Paul, commencement du grand ministère que le Seigneur lui avait confié. Il n’avait pas seulement à annoncer le salut aux nations, mais à annoncer aux convertis qu’ils constituaient l’Église ou Assemblée de Dieu, dont chaque croyant est un membre du corps de Christ, la tête dans le ciel. L’assemblée de chaque localité représente l’Assemblée universelle dont Christ est le seul chef. Il n’y a dans le monde entier qu’une Assemblée, dont fait partie chaque croyant. Les fondateurs des Églises diverses, indépendantes les unes des autres, ne l’ont pas compris.