Actes des Apôtres

Chapitre 7

Discours d’Étienne

Après avoir entendu les accusations portées contre Étienne, le souverain sacrificateur lui dit: «Ces choses donc sont-elles ainsi?» Étienne répondit en exposant devant tous l’histoire du peuple d’Israël depuis l’appel d’Abraham jusqu’à son introduction par Josué dans le pays de Canaan, avec une allusion à la construction du temple de Salomon, mais pour montrer que Dieu n’habite pas dans des demeures faites de mains d’hommes. Il termine en leur disant que sans avoir gardé la loi, ils ont mis à mort le Juste, après avoir tué les prophètes qui avaient annoncé sa venue. Ce discours avait pour but d’atteindre la conscience du peuple en plaçant devant les Juifs leur culpabilité.

 

De l’appel d’Abraham à Moïse

(v. 1-19). — Étienne s’adresse au sanhédrin en appelant ses auditeurs: «Hommes frères et pères». Il se considère encore comme faisant partie de ce peuple pendant que Dieu prenait patience envers lui; ce temps allait prendre fin. Il prend leur histoire à son début en leur rappelant de quelle manière Dieu avait agi pour se former un peuple à part des autres nations. Celles-ci s’étaient formées depuis l’époque de la tour de Babel; chacune avait sa langue. Mais elles ne tardèrent pas à se plonger dans l’idolâtrie. Elles «ont changé la gloire du Dieu incorruptible en la ressemblance... d’un homme corruptible et d’oiseaux et de quadrupèdes et de reptiles» (Romains 1:23). Alors Dieu apparut à Abraham pour le faire sortir de son pays et de sa parenté. Étienne appelle Dieu, «le Dieu de gloire», car la gloire est l’ensemble de toutes les perfections divines, manifestées dans la personne de Christ ici-bas et qui brilleront éternellement en Lui. Il est dit qu’il était «le resplendissement de la gloire de Dieu et l’empreinte de sa substance» (Hébreux 1:3), alors que les hommes ne voyaient en lui aucune beauté.

Ce Dieu de gloire appela Abraham à sortir de son pays et de sa parenté pour venir au pays qu’il lui montrerait; car sa famille était aussi idolâtre (Josué 24:2, 3). Abraham habitait alors Ur des Chaldéens, en Mésopotamie. Mais au lieu de sortir de son pays et de sa parenté, il habita Charan avec son père jusqu’à la mort de celui-ci (Genèse 11 et 12). Après la mort de Térakh, Dieu fit entrer Abraham en Canaan où il vécut en étranger, mais avec la promesse qu’il aurait ce pays, ainsi que sa postérité, lorsqu’elle aurait séjourné dans une terre étrangère, où elle serait asservie et maltraitée pendant quatre cents ans. Après ce temps, Dieu jugerait la nation qui l’aurait asservie, et, dit Étienne, en citant Genèse 15:13-16, «Ils sortiront et me serviront en ce lieu-ci». Le but de Dieu, en formant pour lui-même un peuple à part des autres nations, était qu’il le servît dans le pays qu’il lui avait donné, en contraste avec les autres nations qui adoraient les idoles. Il en va de même pour les chrétiens depuis la mort de Christ. Paul dit aux Thessaloniciens: «Vous vous êtes tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils» (1 Thess. 1:9). Il y a une différence pourtant: Dieu donne au croyant une vie par laquelle il peut le servir, tandis que, sous l’ancienne alliance, tout Juif devait servir l’Éternel, tout en ayant une nature qui ne pouvait se soumettre à sa volonté. C’était le temps de l’épreuve de l’homme en Adam.

À Abraham, étranger dans le pays de la promesse, naquit Isaac, à Isaac Jacob, à Jacob les douze patriarches.

Ici commence le récit que l’Esprit de Dieu voulait placer devant les Juifs par la bouche d’Étienne, savoir l’opposition de ce peuple à Dieu, dès le commencement de son histoire. Joseph est un des types de Christ les plus beaux et les plus complets. Le songe qu’il fit (Genèse 37) et qui le désignait comme type du Seigneur qui régnerait un jour, s’accomplit lorsqu’il fut élevé à un poste glorieux en Égypte. Joseph était aimé de son père tout particulièrement, comme le fils aîné de Rachel, qui mourut à la naissance de Benjamin. À cause de cela ses frères le détestaient et leur haine se manifesta encore davantage lorsqu’ils entendirent le songe rapporté en Genèse 37:6-8. Étienne le rappelle en disant: «Les patriarches, étant pleins d’envie contre Joseph, le vendirent pour être mené en Égypte» (v. 9). L’histoire de Joseph est trop connue pour que nous entrions dans ses détails. Il est facile de retrouver chez les frères de Joseph la haine pour Christ qui caractérisait le peuple auquel Étienne s’adressait, et en Joseph un type du Seigneur Jésus, vendu par ses frères pour trente pièces d’argent. Pilate savait que les Juifs l’avaient «livré par envie» (Matthieu 27:18). Mais, quoique rejeté par ses frères, Dieu était avec lui, dit Étienne, «et il lui fit trouver grâce et sagesse auprès du Pharaon, roi d’Égypte; et il l’établit gouverneur sur l’Égypte et sur toute sa maison» (v. 10). C’est ce que Dieu a fait de son Fils, rejeté par les hommes. Nous avons vu que Pierre dit aux Juifs (chap. 2:36): «Dieu a fait et Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié». Au Psaume 8:6, 7 nous lisons: «Tu l’as fait de peu inférieur aux anges, et tu l’as couronné de gloire et d’honneur; tu l’as fait dominer sur les œuvres de tes mains; tu as mis toutes choses sous ses pieds». Il est vrai que «nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties; mais nous voyons Jésus... couronné de gloire et d’honneur» (Hébreux 2:9), attendant que ses ennemis soient mis pour marchepied de ses pieds (Psaume 110:1). C’est ce qui s’accomplira après l’enlèvement de l’Église. Alors ceux qui l’ont percé le reconnaîtront, lorsqu’ils auront traversé un temps d’épreuves terribles, figuré par l’épreuve à laquelle Joseph soumit ses frères avant de se faire connaître à eux. C’est la famine qu’ils endurèrent au pays de Canaan qui les conduisit aux pieds de leur frère élevé à la gloire suprême. Étienne le rappelle: «Il survint une famine dans tout le pays d’Égypte et en Canaan, et une grande détresse, et nos pères ne trouvèrent pas de nourriture. Et Jacob, ayant ouï dire qu’il y avait du blé en Égypte, y envoya une première fois nos pères; et, la seconde fois, Joseph fut reconnu de ses frères, et la famille de Joseph fut connue du Pharaon. Et Joseph envoya chercher son père Jacob, et toute sa parenté, en tout soixante-quinze âmes» (v. 11-14). Ainsi le peuple se trouva en Égypte où il fut asservi et se multiplia, jusqu’à sa délivrance par Moïse. Jacob et ses fils y moururent, mais leurs os furent transportés au pays de Canaan. Ils avaient, comme Abraham, la foi que le pays leur appartiendrait un jour et qu’ils en jouiraient lors même qu’ils mourraient auparavant; c’est pourquoi ils voulaient y être ensevelis, afin de ressusciter là et d’avoir leur part aux bénédictions que Dieu leur avait promises. Ils y auront part, en effet; ils ressusciteront et seront glorifiés, pour jouir, depuis la gloire céleste, de l’accomplissement de tout ce que Dieu avait dit aux pères. Le Seigneur dit aux Juifs: «Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu’il verrait mon jour; et il l’a vu, et s’est réjoui» (Jean 8:56). Toutes les promesses que Dieu a faites à Abraham s’accompliront sous le règne de Christ; c’est pourquoi le Seigneur dit qu’il a vu son jour et s’en est réjoui. Il l’a vu par la foi. Les Juifs ne l’ont pas compris. Ils crurent que le Seigneur disait qu’il avait vu Abraham, ce qui, du reste était vrai, puisque c’est lui, l’Éternel, qui lui avait parlé.

«Mais comme le temps de la promesse que Dieu avait promise à Abraham, approchait, le peuple s’accrut et se multiplia en Égypte, jusqu’à ce qu’il se leva un autre roi sur l’Égypte, qui ne connaissait pas JosÉph. Celui-ci, usant de ruse contre notre race, maltraita les pères jusqu’à leur faire exposer leurs enfants pour qu’ils ne demeurassent pas en vie» (v. 17-19). Le temps de la promesse est celui que Dieu désigna à Abraham en disant que sa semence serait opprimée pendant quatre cents ans, mais qu’après cela, ils sortiraient avec de grands biens (Genèse 15:13, 14). Ce temps approchait, mais la délivrance devait être précédée d’un temps de détresse, car si le peuple d’Israël avait joui de la faveur des Égyptiens et de l’aisance, il aurait eu peine à sortir du pays. Il devait éprouver le dur esclavage du Pharaon, pour crier, afin que l’Éternel le délivrât. Il en va de même pour une âme qui trouve son bonheur dans le monde; elle ne pense pas à son salut; elle tient à rester où elle trouve son bonheur. Mais si les circonstances changent et deviennent douloureuses; si Dieu lui fait sentir, par ce moyen, la domination cruelle de Satan, la vanité de tout ce qui est visible, et, au-dessus de tout, son état de péché, le jugement à venir: cette âme criera après la délivrance et recevra la réponse du Dieu Sauveur. Dieu permet souvent que des difficultés de tous genres s’abattent sur ceux qu’Il veut sauver. C’est ce qu’illustre l’histoire de l’enfant prodigue.

Ce roi qui ne connaissait pas Joseph appartenait à une autre dynastie que celui qui établit Joseph comme gouverneur et installa sa famille dans le pays de Goshen. Les chap. 1 et 2 de l’Exode nous donnent l’historique de ce que dit Étienne dans les versets 17-19.

 

De Moïse à Christ

(v. 20-53). — Étienne raconte brièvement ce qui concerne Moïse jusqu’à ce qu’il se mît en rapport avec ses frères, croyant qu’ils comprendraient que Dieu les délivrerait par son moyen. Il dit seulement que Moïse naquit à l’époque où Israël subissait l’oppression et où le Pharaon cherchait à éteindre la race en tuant tous les enfants mâles. Il était divinement beau, est-il dit, et cet enfant, élu de Dieu pour délivrer son peuple, portait une empreinte divine que discernait la foi de ses parents (voir Hébreux 11:23). C’est pourquoi ils ne craignirent pas l’ordonnance du roi. Mais le moment arriva où, ne pouvant plus cacher l’enfant dans leur maison, ils l’exposèrent sur le Nil, où la fille du Pharaon le trouva et le prit pour l’élever pour elle dans la maison même de celui qui avait prescrit sa mort. Dieu est tout-puissant et l’homme est nul pour s’opposer à ses conseils; il peut même être, malgré lui, un instrument pour les accomplir.

«Moïse fut instruit dans toute la sagesse des Égyptiens; et il était puissant dans ses paroles et dans ses actions. Mais quand il fut parvenu à l’âge de quarante ans, il lui vint au cœur de visiter ses frères, les fils d’Israël; et voyant l’un d’eux à qui l’on faisait tort, il le défendit, et vengea l’opprimé, en frappant l’Égyptien. Or il croyait que ses frères comprendraient que Dieu leur donnerait la délivrance par sa main, mais ils ne le comprirent point» (vers. 22-25). Moïse pouvait penser que Dieu, l’ayant placé à la cour du roi, se servirait de sa position élevée pour délivrer ses frères ou adoucir leur sort. Or Dieu ne voulait pas seulement les soulager de leur dur service, mais les délivrer entièrement du pouvoir du Pharaon, figure de Satan, prince de ce monde, qui tient captifs tous les hommes depuis la chute. Dieu montra à Moïse que, pour délivrer son peuple, il ne pouvait se servir du Pharaon lui-même. Il devait au contraire être vaincu, comme il le fut à la mer Rouge. Pour arracher les hommes au pouvoir de Satan, le Seigneur a dû remporter une victoire complète sur lui à la croix.

Moïse savait qu’Israël serait délivré. Ses hautes fonctions ne lui firent pas perdre de vue son peuple. Sa foi était active. En Hébreux 11, tout ce qui est dit de lui est attribué à sa foi. Mais il ne suffit pas d’avoir le désir de servir le Seigneur; il faut être formé par lui, à son école, où l’activité de la chair est brisée pour faire place à la dépendance de Dieu, qui ne se sert que d’instruments sans volonté propre et dépendants de lui. C’est pourquoi Moïse dut aller quarante ans en Madian, pour que Dieu fît de lui le serviteur qu’il pût employer, une fois qu’il aurait perdu toute confiance en lui-même. Pendant ce temps, la souffrance du peuple augmenta de manière à lui faire accueillir la délivrance avec bonheur.

Ce qu’Étienne place tout particulièrement devant les Juifs, c’est que leurs pères repoussèrent Moïse, au lieu de comprendre qu’il voulait les délivrer, tout comme les Juifs vis-à-vis du Seigneur. Après avoir frappé l’Égyptien, Moïse chercha à intervenir entre deux Israélites qui se battaient; «mais celui qui faisait tort à son prochain, le repoussa, disant: Qui t’a établi chef et juge sur nous? Veux-tu me tuer, toi, comme tu tuas hier l’Égyptien?» (v. 26-28). On admet l’intervention de Moïse dans un différend entre Israélite et Égyptien, mais, entre frères, on ne la supporte pas. C’est ce qui arriva avec le Seigneur. S’il avait promis de les délivrer du joug de l’étranger, les Juifs l’auraient reçu; mais du moment qu’il leur montrait leurs propres fautes, ils le rejetèrent. Voyant le meurtre de l’Égyptien connu, Moïse s’enfuit au pays de Madian, où il demeura jusqu’à l’appel de Dieu.

Joseph et Moïse, rejetés par leurs frères, sont des types du Seigneur Jésus à deux points de vue. Joseph vendu par ses frères, emmené hors du pays, se voit porté au faîte de la gloire. Pendant ce temps il épouse une étrangère. De même Christ rejeté a été glorifié et, lorsqu’il sera reconnu de ses frères, il aura une épouse, l’Église, prise d’entre les gentils.

Moïse, également rejeté, s’en va aussi dans un pays étranger, mais il conserve son caractère d’étranger. Lui aussi a une épouse qui partage son rejet au lieu de partager sa gloire, comme celle de JosÉph. On voit, par les noms que Moïse donna à ses fils, que son séjour en Madian lui fut pénible. Il appela l’un d’eux Guershom, ce qui signifie «séjournant là», et l’autre Eliezer, «Dieu une aide». Il réalisait douloureusement son séjour loin de son peuple souffrant auquel il s’identifiait, car il est dit de lui: «Choisissant plutôt d’être dans l’affliction avec le peuple de Dieu, que de jouir pour un temps des délices du péché» (Héb. 11:25). Il lui fallait une aide pour traverser ce temps-là, il la trouva en Dieu, comme Eliezer l’indique. Mais les noms que Joseph donne à ses fils en Égypte, n’indiquent pas la souffrance. L’un se nommait Manassé, qui veut dire «oubli», et l’autre Éphraïm, «double fertilité».

L’épreuve écoulée (le chiffre quarante représente toujours un temps d’épreuve complet), un ange apparut à Moïse au désert de Sinaï dans la flamme d’un buisson. En Exode 3, il est dit que le buisson ne se consumait pas lors même qu’il brûlait. C’était une figure du peuple d’Israël dans la souffrance; mais l’ange de l’Éternel demeurait avec lui et il ne pouvait être consumé. Il était le peuple élu de Dieu. «Moïse, voyant cela, fut étonné de la vision; et comme il approchait pour regarder, une voix du Seigneur se fit entendre: Moi, je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d’Abraham, et d’Isaac, et de Jacob. Et Moïse, devenu tout tremblant, n’osait regarder» (v. 31, 32). Dieu rappelle qu’il a fait les promesses aux pères. «Je suis»: c’est l’Éternel, toujours le même, pour accomplir ce qu’il a dit. Le peuple passait par le feu de l’épreuve, il est vrai; c’était nécessaire pour sa purification, car le Dieu auquel il appartenait et qui voulait le racheter d’Égypte est un Dieu saint. C’est pourquoi le Seigneur dit à Moïse lorsqu’il veut s’approcher: «Délie les sandales de tes pieds; car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte» (v. 33). La grâce de Dieu qui nous apporte le salut et nous délivre de la puissance du prince de ce monde ne peut être séparée de la sainteté. Pour être en relation avec Dieu, il faut se purifier de toute la souillure qui s’attache aux pieds; c’est pourquoi Moïse devait se déchausser. De même le croyant, rendu saint par l’œuvre de Christ, ne peut réaliser la communion avec Dieu qu’en jugeant pratiquement la souillure qui s’attache à sa marche. Après avoir compris ce qui convenait à la sainteté de Dieu, Moïse entend des paroles de grâce: «J’ai vu, j’ai vu l’oppression de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu leur gémissement, et je suis descendu pour les délivrer; et maintenant, viens, et je t’enverrai en Égypte» (v. 34). Dieu délivrera son peuple; mais il lui faut un instrument pour cela; il le trouve en Moïse qu’il a préparé lui-même à ce service. Il peut lui dire: «Viens, je t’enverrai en Égypte». Étienne ne rappelle pas tout l’entretien de Moïse avec l’Éternel, en Exode 4, où nous voyons toutes les objections que formule Moïse. Il fait ressortir ici que ce Moïse qu’ils avaient rejeté en disant: «qui t’a établi chef et juge sur nous?» est précisément celui que Dieu a envoyé pour «chef et pour libérateur, par la main de l’ange qui lui était apparu au buisson» (v. 35). De même, prochainement, après l’enlèvement de l’Église, celui que les Juifs rejetèrent délivrera le résidu de la main d’oppresseurs encore plus grands que le Pharaon: l’Antichrist et le Chef de l’empire romain renouvelé, sous lesquels il souffrira la grande tribulation.

Étienne insiste encore disant: «C’est lui qui les conduisit dehors, en faisant des prodiges et des miracles dans le pays d’Égypte, et dans la mer Rouge, et au désert pendant quarante ans» (vers. 36). Tous les Juifs honoraient hautement Moïse; ils se prévalaient de ce que l’Éternel lui avait parlé. Ils disent à l’aveugle guéri: «Nous savons que Dieu a parlé à Moïse; mais pour celui-ci (Jésus), nous ne savons d’où il est» (Jean 9:29). Étienne cite une parole de Moïse pour mettre les Juifs à l’épreuve et les convaincre de leur affreuse culpabilité: «C’est ce Moïse qui a dit aux fils d’Israël: Dieu vous suscitera d’entre vos frères un prophète comme moi; écoutez-le» (v. 37). Ce prophète, c’est Christ, tel que le présente l’évangile selon Marc. L’ont-ils écouté? Il ajoute encore: «C’est lui — Moïse — qui fut dans l’assemblée au désert, avec l’ange qui lui parlait sur la montagne de Sinaï, et avec nos pères; qui reçut des oracles vivants pour nous les donner; auquel nos pères ne voulurent pas être soumis; mais ils le repoussèrent et retournèrent de leur cœur en Égypte, disant à Aaron: Fais-nous des dieux qui aillent devant nous, car, quant à ce Moïse qui nous a conduits hors du pays d’Égypte, nous ne savons ce qui lui est arrivé» (v. 38-40). Leurs pères n’avaient aucune confiance en Dieu, pas plus qu’en Moïse, malgré toutes les manifestations de puissance dont ils avaient été témoins lors de leur délivrance d’Égypte. Ceux auxquels Étienne s’adresse valaient-ils mieux? Ils n’écoutaient pas plus Moïse que ne l’avaient fait leurs pères. Le Seigneur le leur prouve, disant: «Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi», car c’est lui qui a écrit de moi (Jean 5:46). Et encore: «Moïse ne vous a-t-il pas donné la loi? Et nul d’entre vous n’observe la loi» (Jean 7:19). Bien que délivrés de la fournaise de l’Égypte, ils gardaient l’idolâtrie dans leur cœur. C’est pourquoi ils demandent à Aaron de leur faire un dieu qu’ils voient et qui marche devant eux. Sans être né de nouveau, personne ne peut marcher par la foi. «Ils firent en ces jours-là un veau, et offrirent un sacrifice à l’idole, et se réjouirent dans les œuvres de leurs mains».

Dans quelle aberration l’homme est tombé pour qu’il remplace, par l’œuvre de ses propres mains, le Dieu tout-puissant, créateur de l’univers. Aussi Dieu l’a livré au maître qu’il a élu, ce qui est toujours le pire des jugements, parce que cela prouve qu’on ne veut plus écouter Dieu et il faut faire la terrible expérience de ce que valent les choses de son choix. Cela arrivera à ceux qui se montrent aujourd’hui si disposés à croire l’erreur plutôt que la Parole de Dieu. Il est dit: «Parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés, à cause de cela, Dieu leur envoie une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge, afin que tous ceux-là soient jugés qui n’ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice» (2 Thess. 2:10-12). Des Israélites qui avaient préféré une idole au Dieu qui les avait délivrés, il est dit: «Et Dieu se retourna, et les livra au service de l’armée du ciel, ainsi qu’il est écrit au livre des prophètes: M’avez-vous offert des bêtes égorgées et des sacrifices pendant quarante ans dans le désert, maison d’Israël? Et vous avez porté le tabernacle de Moloch et l’étoile de votre dieu Remphan, les figures que vous avez faites pour leur rendre hommage; et je vous transporterai au delà de Babylone» (citation d’Amos 5:25-27). Le peuple d’Israël s’adonna à l’idolâtrie tout le long de son histoire. Il servit les faux dieux en Égypte (Josué 24:14) et dans le désert, d’après ce passage d’Amos. C’est pourquoi Dieu le livre au service de l’armée du ciel comme jugement, c’est-à-dire à l’idolâtrie1. Et conséquence terrible de ce grave péché, le peuple fut transporté au delà de Babylone par Nebucadnetsar, puis plus loin encore lors de sa dispersion par les Romains. La première transportation eut pour cause le rejet de Dieu pour les idoles, la dernière, le rejet de Dieu dans la personne de son Fils, leur Roi, auquel ils préférèrent César, disant: «Nous n’avons point d’autre roi que César». Mais Dieu relie aussi à l’idolâtrie constante du peuple le jugement qui tomba sur eux par la main des Romains.

1 L’armée du ciel ou des cieux désigne les astres que les hommes adorèrent dés l’antiquité (voir entre autres 2 Rois 21:3, 5; 23:4, 5, 11; en Jérémie 7:18: «Reine des cieux»; voir aussi Deutéronome 4:19; 17:3). Les Chaldéens pratiquaient le culte des astres: le soleil, la lune et les planètes, représentés sous diverses figures dans chaque pays.

Au temps de Salomon, Israël adorait Ashtoreth ou Astarté («étoile»), divinité des Sidoniens (1 Rois 11:33; 2 Rois 23:13) qui correspondait à la planète Vénus, divinité féminine, comme Baal désignait une divinité masculine, mais ce nom générique s’appliquait à diverses divinités. En Ésaïe 65:11, Méni semble être aussi Vénus. Kemosh des Moabites (Nombres 21:29; Juges 11:24; 1 Rois 11:33; 2 Rois 23:13) correspondrait à Mercure; Moloc ou Milcom des Ammonites, à Saturne, divinité malfaisante qu’on se rendait favorable en faisant passer par le feu des petits enfants (1 Rois 11:7, 33; 2 Rois 23:13). Remphan, qui n’est nommé qu’en Actes 7:43, le Kiun d’Amos 5:26, équivaut aussi à Saturne; Bel, divinité chaldéenne, à Jupiter, nommé Gad en Ésaïe 65:11. Le veau ou bœuf, divinité des Égyptiens, symbolisait le soleil, la puissance créatrice dans la nature.

Étienne rappelle (vers. 44-48) que les pères avaient eu, dans le désert, le tabernacle de Dieu, introduit par Josué dans le pays de Canaan. Si Dieu est esprit, objet de foi auquel les Israélites préférèrent des dieux visibles, il avait pourtant son tabernacle au milieu d’eux, chose visible, soit dans le désert, soit en Canaan, jusqu’au jour où Salomon lui bâtit une maison. «Mais», dit Étienne, «le Très-haut n’habite point dans des demeures faites de main; selon que dit le prophète: «Le ciel est mon trône, et la terre est le marchepied de mes pieds. Quelle maison me bâtirez-vous, dit le Seigneur, et quel sera le lieu de mon repos? Ma main n’a-t-elle pas fait toutes ces choses?» (Ésaïe 66:1, 2). Depuis longtemps le temple de Jérusalem ne servait plus de demeure à Jéhovah; sa gloire s’en était retirée au moment de la transportation de Babylone (Ézéchiel 10:18, 19) à cause de l’idolâtrie du peuple, malgré les avertissements des prophètes. Depuis le retour de la captivité, Dieu permit que le culte fût rétabli et les Juifs considéraient le temple comme la maison de l’Éternel, malgré leur inconséquence avec ce qui la concernait, puisque le Seigneur leur reproche d’en avoir «fait une caverne de voleurs» (Matthieu 21:13). Cependant ils se vantaient de posséder le temple de l’Éternel. Mais lorsque le Seigneur y vint comme roi, acclamé par la foule, accomplissant la prophétie de Zacharie 9:9, les principaux sacrificateurs et les scribes le rejetèrent. Seuls les petits enfants l’acclamèrent (Matt. 21:15-17). À quoi servait leur prétention d’être le peuple de Dieu et d’avoir son temple, puisque Dieu n’avait pu habiter au milieu d’eux? Et lorsqu’il vint dans la personne de son Fils, ils le rejetèrent encore, couronnant, par cet acte inique, toute l’histoire de leur opposition à Dieu, que consomma le meurtre d’Étienne: ils confirmèrent alors qu’ils ne voulaient pas que le Christ régnât sur eux.

Nous comprenons le cri d’Étienne par lequel il conclut son discours en disant: «Gens de col roide et incirconcis de cœur et d’oreilles, vous résistez toujours à l’Esprit Saint; comme vos pères, vous aussi. Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils pas persécuté? Et ils ont tué ceux qui ont prédit la venue du Juste, lequel maintenant vous, vous avez livré et mis à mort, vous qui avez reçu la loi par la disposition des anges, et qui ne l’avez point gardée» (v. 51-53). Ils n’avaient jamais plié leur cou à la volonté de Dieu, ils ne s’y étaient jamais soumis. Leur cœur et leurs oreilles étaient demeurés étrangers à ce qui convenait à Dieu, pour suivre leur propre chemin. Point de cœur pour Dieu, point d’oreilles pour l’écouter. Ils avaient reçu la loi donnée par les anges en Sinaï1, ils l’avaient acceptée en disant: «Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons» (Exode 19:8). Mais avant de la recevoir des mains de Moïse, ils avaient déjà fait le veau d’or.

1 En Galates 3:19, le don de la loi est aussi attribué aux anges, représentants ou envoyés de Dieu pour exécuter sa volonté et employés tout spécialement dans l’histoire du peuple d’Israël. En Sinaï, toute cette manifestation terrifiante de la présence de l’Éternel (Exode 19:16-19 et Hébreux 12:18-21) était l’action des anges dont Dieu se servait pour donner la loi. Il est dit que Dieu «fait ses anges des esprits — c’est-à-dire des êtres sans corps matériels — et ses serviteurs des flammes de feu» (Psaume 104:4). Pour les chrétiens encore sur la terre, ils sont «des esprits administrateurs, envoyés pour servir en faveur de ceux qui vont hériter du salut» (Hébreux 1:14).

Le discours d’Étienne fait ressortir la souveraineté de la grâce du Dieu de gloire. Il appela Abraham à sortir de l’idolâtrie établie dans le monde, afin d’avoir un peuple pour lui, privilégié et favorisé entre tous. Il montre la fidélité de Dieu à accomplir sa parole en sa faveur, tandis que le peuple persiste à ne pas l’écouter. Si l’idolâtrie ne caractérisait pas ceux au milieu desquels Christ vint et auxquels Étienne s’adressait, ils résistaient toujours à l’Esprit Saint, comme leurs pères, plus gravement encore que dans l’idolâtrie, puisqu’ils mirent à mort Jésus.

Tableau frappant du cœur naturel de tout homme, manifesté par l’épreuve que Dieu en fit avec le peuple d’Israël. Elle se termine à la croix, où Dieu exécuta le jugement de l’homme, en le faisant tomber sur son Fils bien-aimé. Dès lors, celui qui croit au Seigneur Jésus non seulement est sauvé, mais il reçoit une nouvelle nature, la vie divine qui, sous l’action du Saint Esprit, le rend capable de faire la volonté de Dieu à laquelle l’homme en Adam ne se soumet pas.

 

Mort d’Étienne

(v. 54-60). — En voyant passer devant leurs yeux le tableau effrayant, mais fidèle, de leur propre histoire, les Juifs «frémissaient de rage dans leurs cœurs, et ils grinçaient les dents contre lui» (v. 54). Rien n’exaspère autant l’homme que d’entendre la vérité de ce qu’il est, sans qu’il soit touché par la grâce de Dieu. Quel contraste entre ces hommes et la Samaritaine qui, après avoir écouté le Seigneur, alla crier dans la ville: «Venez, voyez un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait; celui-ci n’est-il point le Christ?» (Jean 4:29). Elle reconnaît comme le Christ cet homme qui dévoila à son âme la triste réalité de sa conduite, tandis que les Juifs, en présence de la même lumière, persistent dans le refus de le reconnaître. La Parole découvre devant le pécheur toute sa culpabilité et, en même temps, la grâce qui pardonne tous ses péchés, moyennant la foi au Sauveur.

Les auditeurs d’Étienne, qui grinçaient les dents, anticipaient ce que sera leur part éternellement, s’ils ne se sont pas repentis, «là où seront les pleurs et les grincements de dents» (Matt. 22:13). Quel contraste avec l’attitude d’Étienne! «Mais lui, étant plein de l’Esprit Saint, et ayant les yeux attachés sur le ciel, vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu; et il dit: Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu» (v. 55, 56). On voit, dans Étienne, la différence qui existe entre un homme qui a reçu Christ et ceux qui le rejettent; elle sera établie définitivement pour l’éternité entre le ciel et l’enfer. Christ est venu dans ce monde pour manifester la gloire de Dieu et accomplir l’œuvre en vertu de laquelle le croyant peut entrer dans sa présence; ainsi dès ici-bas, celui-ci, rempli de l’Esprit Saint, voit par la foi cette gloire en attendant d’y entrer. Ceux qui refusent de croire au Seigneur demeurent dans l’état de péché et de perdition que la Parole de Dieu leur révèle; déjà dans ce monde ils grincent les dents de rage contre la vérité et ses témoins, en attendant de les grincer contre eux-mêmes, lorsqu’ils reconnaîtront que, seuls, ils auront causé leur malheur éternel. Combien cela doit engager chacun qui n’est pas encore sauvé de recevoir le Seigneur Jésus pour son Sauveur!

Au lieu d’être frappés par l’attitude d’Étienne et les paroles merveilleuses qui sortaient de sa bouche, les Juifs crièrent à «haute voix», ils bouchèrent leurs oreilles, «et d’un commun accord se précipitèrent sur lui; et l’ayant poussé hors de la ville, ils le lapidaient; et les témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme appelé Saul. Et ils lapidaient Étienne, qui priait et disait: Seigneur Jésus, reçois mon esprit. Et s’étant mis à genoux, il cria à haute voix: Seigneur, ne leur impute point ce péché. Et quand il eut dit cela, il s’endormit» (v. 57-60).

La ressemblance du témoin de Christ avec son modèle était trop grande pour que ses ennemis pussent le supporter. Étienne, le premier des martyrs (mot qui signifie «témoin»), fut en effet un fidèle témoin du Seigneur dans sa vie et dans sa mort. Après avoir rendu témoignage à Jésus glorifié, il le voit debout à la droite de Dieu — de même que comme Fils de l’homme, attitude de celui qui attend de savoir s’il doit venir ou non; en effet, Pierre avait dit aux Juifs que, s’ils se repentaient et se convertissaient, Jésus reviendrait pour établir son règne selon les prophéties (chapitre 3). Maintenant, définitivement rejeté, Il est assis, jusqu’à ce que s’accomplisse ce qu’Il a dit Lui-même (Luc 19:27): «Mes ennemis, qui n’ont pas voulu que je régnasse sur eux, amenez-les ici et tuez-les devant moi». Pendant le temps de son absence, le Seigneur exerce la sacrificature en faveur de ceux qui croient en Lui et attendent son retour, non pour exercer ses jugements, mais pour être toujours avec Lui dans la gloire éternelle.

La contemplation du Seigneur remplit le cœur d’Étienne, l’élève au-dessus des circonstances et reproduit en lui les caractères de cet objet glorieux. Sous les pierres qui fondent sur lui, il prie; il demande au Seigneur de recevoir son esprit, de même que Jésus disait à son Père: «Entre tes mains je remets mon esprit» (Luc 23:46). Soutenu par la contemplation du Seigneur glorifié, il se met à genoux, et crie à haute voix: «Seigneur, ne leur impute point ce péché». Le Seigneur avait dit: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font» (Luc 23:34). Mais Étienne ne prononce pas ces derniers mots; depuis que Jésus monta dans le ciel, le Saint Esprit est descendu pour faire connaître aux Juifs les gloires de celui qu’ils ont crucifié et la gravité de leur péché. Le chrétien, qui connaît l’amour de Dieu et la valeur infinie de l’œuvre de Christ à la croix, peut demander à Dieu la conversion du plus grand des coupables. C’est là l’esprit de Christ, qui caractérise le jour, encore actuel, de la grâce. Au jour du jugement, il serait inutile d’intercéder pour un pécheur.

Ayant fait appel à la miséricorde du Seigneur en faveur de ses bourreaux, Étienne s’endormit: Absent du corps, présent avec le Seigneur (2 Cor. 5:8). «S’endormir» est l’expression employée pour désigner la mort d’un croyant. Il s’endort, attendant de se réveiller, parce qu’il possède la vie éternelle; mais le sommeil concerne le corps seulement, et non l’âme du racheté.

Avec la mort d’Étienne, l’histoire du peuple juif s’interrompt jusqu’au jour où Dieu reprendra ses relations avec lui, alors qu’ils reconnaîtront Celui qu’ils ont percé. Comme a dit le Seigneur: «Vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!» (Matt. 23:39), cri que jettera au-devant de lui le résidu, repentant.

Dès lors, les croyants d’entre les Juifs n’attendirent plus que la nation se repentît, afin de permettre le retour du Seigneur du ciel pour régner; ils firent partie de l’Église qui attend la venue du Seigneur, alors qu’il enlèvera les saints vivants et ressuscitera ceux qui se sont endormis, pour être, comme Étienne, auprès du Seigneur, après leur délogement. Plus tard, le Seigneur se lèvera et reviendra avec tous ses saints pour établir son règne glorieux, «exerçant la vengeance contre ceux qui ne connaissent pas Dieu, et contre ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus Christ» (2 Thess. 1:8).

Jusqu’à ce moment, l’Église, composée de tous les croyants, Juifs ou Gentils, remplace Israël comme témoignage de Dieu sur la terre; Paul dont le nom apparaît au moment du meurtre d’Étienne, sera suscité pour faire connaître la position céleste de l’Église, qui existait dès la Pentecôte, et l’union de tous les croyants à Christ, glorifié dans le ciel, position qui ne pouvait être révélée tant que le Seigneur attendait de voir si les Juifs se repentiraient.