Actes des Apôtres

Chapitre 5

Ananias et Sapphira

(v. 1-11). — Jusqu’ici nous avons vu la formation de l’Église et son développement dans toute sa fraîcheur. L’Esprit Saint, agissant librement, empêchait toute manifestation du cœur naturel. Ce qui vient de Dieu est toujours pur et porte ses caractères divins, contrastant avec ceux de l’homme naturel. Mais ce que Dieu a confié à la responsabilité de l’homme se ternit bientôt, se gâte et se dénature par l’activité du cœur naturel, incorrigible et désespérément mauvais, que le croyant porte toujours en lui.

Au début de l’histoire de l’humanité, Dieu créa Adam parfait, innocent, mais responsable de lui obéir sur un point seulement; il ne le fit pas et tomba. Après le déluge Dieu recommença avec un monde nouveau, et en confia le gouvernement à Noé, qui se déshonora. La même déchéance eut lieu avec la sacrificature par Éli (1 Samuel 2), avec la royauté par Saül et toute la famille de David. La seule exception à cette règle humiliante aurait dû se produire avec l’Église, car, depuis l’œuvre accomplie à la croix, Dieu a agi tout autrement envers les hommes que dans les économies précédentes, en ce qu’il a donné aux croyants la vie divine, manifestée en Christ, et le Saint Esprit, puissance de cette vie pour agir en chacun d’eux; ainsi la mauvaise nature qui habite en eux ne doit plus les caractériser, puisqu’ils ont le pouvoir et le devoir de se tenir pour morts au péché, afin de manifester la vie de Christ. Mais l’état de l’Église en ruine nous dit ce qui en est advenu durant les dix-neuf siècles de son existence, où l’on ne reconnaît que fort peu ce qui la distinguait dans ces quatre premiers chapitres des Actes. À peine un faible résidu en porte-t-il quelques caractères dont le Seigneur seul peut apprécier la réalité.

Le chap. 5 signale le début du mal. «Mais un homme nommé Ananias, avec Sapphira sa femme, vendit une possession, et, de connivence avec sa femme, mit de côté une partie du prix, et, en apportant une partie, la mit aux pieds des apôtres» (v. 1, 3). Entraînés par le mouvement puissant que produisait l’Esprit Saint sur les croyants, Ananias et sa femme ne voulurent pas rester en arrière; mais le sacrifice qu’ils faisaient dépassait leur état spirituel. Il arrive souvent que l’on imite les bonnes actions d’autrui, sans que le mouvement provienne d’un cœur entièrement soumis au Seigneur. La chair non jugée veut avoir sa part de gloire en conservant pour elle ce qu’aux yeux des autres elle paraît avoir sacrifié. «Mais toutes choses sont nues et découvertes aux yeux de celui à qui nous avons affaire» (Héb. 4:13). C’est ce dont Ananias et Sapphira firent l’expérience. Pierre dit: «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, que tu aies menti à l’Esprit Saint et que tu aies mis de côté une partie du prix de la terre? Si elle fût restée non vendue, ne te demeurait-elle pas? Et vendue, n’était-elle pas en ton pouvoir? Comment t’es-tu proposé cette action dans ton cœur? Tu n’as pas menti aux hommes, mais à Dieu» (v. 3, 4). La présence manifeste du Saint Esprit déployant une si grande puissance au milieu des disciples constituait la gravité de ce mensonge. L’amour de l’argent, actif dans le cœur d’Ananias et de Sapphira, n’avait pas été jugé et les avait soustraits à l’influence divine de l’Esprit Saint, en les poussant à préméditer cet acte, chose très grave aussi, qui montre que, froidement, ils décidèrent ensemble de mentir à l’Esprit Saint, ce qui était mentir à Dieu. Tout péché est un acte très grave puisqu’il offense Dieu. Il est bon de s’en souvenir, parce que nous sommes habiles à justifier nos fautes. Il faut avoir soin de juger toute pensée mauvaise dès qu’elle apparaît, sinon, nous nous familiarisons avec elle et perdons la conscience de la gravité du mal: «La convoitise, ayant conçu, enfante le péché; et le péché, étant consommé, produit la mort» (Jacques 1:15). C’est ce qui arriva à Judas; Ananias et Sapphira en sont aussi un exemple frappant.

Nous voyons, dans ce que Pierre dit à Ananias, qu’il était parfaitement libre de vendre sa propriété ou de la garder, et, vendue, d’en conserver la valeur en tout ou en partie. La parole de Dieu, qui dirige la vie divine chez le croyant, n’est pas une loi imposée; la vie du Seigneur — ses paroles — font autorité. Personne n’avait dit à ces croyants de vendre leurs biens et de les distribuer; l’amour actif, dans la fraîcheur et la puissance de la vie divine, les portait à le faire pour secourir leurs frères dans le besoin. Chez Ananias et sa femme, cet amour s’affaiblissait par celui de l’argent; leurs motifs n’étaient pas purs, et leur acte ne pouvait être bon.

Dans ce temps-là, où la présence de Dieu par l’Esprit Saint était si manifeste, un tel péché ne pouvait recevoir le pardon sous le gouvernement de Dieu. Aussi, en entendant Pierre, Ananias tomba mort. «Et une grande crainte s’empara de tous ceux qui entendirent ces choses. Et les jeunes hommes, se levant, le couvrirent, et l’ayant emporté dehors, l’ensevelirent» (v. 5, 6). Si Dieu a manifesté sa grâce et son amour en nous sauvant et en faisant de nous ses enfants bien-aimés, il est toujours le Dieu juste et saint qui a les yeux trop purs pour voir le mal. Nous sommes exhortés à le servir avec révérence et avec crainte, car, est-il dit, «notre Dieu est un feu consumant» (Héb. 12:28, 29). Il faisait trembler et fumer la montagne de Sinaï; il accompagnait son peuple dans le désert, mais aussi il s’est révélé à nous comme Père. Mais il ne peut supporter le péché.

«Et il arriva, environ trois heures après que sa femme, ne sachant pas ce qui était arrivé, entra; et Pierre lui répondit: «Dis-moi, avez-vous donné le champ pour tant? Et elle dit: Oui, pour tant. Et Pierre lui dit: Comment êtes-vous convenus entre vous de tenter l’Esprit du Seigneur? Voici, les pieds de ceux qui ont enseveli ton mari sont à la porte, et ils t’emporteront aussi. Et à l’instant elle tomba à ses pieds et expira. Et les jeunes hommes, entrant, la trouvèrent morte; et ils l’emportèrent dehors, et l’ensevelirent auprès de son mari» (v. 7-10). À Sapphira, Pierre dit: «Comment êtes-vous convenus entre vous de tenter l’Esprit du Seigneur?» et à Ananias: «Pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, que tu aies menti à l’Esprit Saint?» Ce péché avait deux caractères, intimement liés: mentir à l’Esprit Saint, auquel on ne peut rien cacher, et en même temps, le tenter, en essayant de voir s’il ignorerait leur acte. On ne doit pas tenter Dieu, le mettre à l’épreuve pour savoir s’il est fidèle dans ce qu’il dit. On doit le croire sans preuves. C’est ce que Satan voulut faire avec le Seigneur, lorsqu’il l’engageait à se jeter depuis le faîte du temple, puisqu’il est dit au Ps. 91:11, 12: «Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet, et ils te porteront sur leurs mains, de peur que tu ne heurtes ton pied contre une pierre». Jésus lui répondit: «Il est encore écrit: Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu», ce qui signifie: «Tu ne feras aucune chose qui aurait pour but de vérifier si ce que Dieu dit est vrai». On doit croire ce que Dieu dit parce que c’est lui qui le dit. Si Dieu avait dit à Jésus de se jeter du haut du temple, il aurait obéi, et Dieu l’aurait protégé, comme dit le Psaume. En obéissant à Dieu nous sommes gardés. Lorsque nous désobéissons, Dieu doit nous ramener dans le chemin de l’obéissance, en nous faisant juger notre propre volonté, à moins que, comme pour Ananias et Sapphira, le péché commis soit à la mort (1 Jean 5:16, 17). C’est celui que peut accomplir un croyant et si grave qu’il doive mourir sous le gouvernement de Dieu. Ananias et Sapphira en sont le premier exemple dans l’Église. Il s’agit de la mort du corps, comme discipline, et non du salut de l’âme.

«Et une grande crainte s’empara de toute l’assemblée et de tous ceux qui entendaient parler de ces choses» (v. 11). Le Saint Esprit agissait non seulement pour former l’assemblée, mais aussi pour la purifier du mal qui pouvait s’y introduire. La manifestation de sa puissance produisait de la crainte chez tous. La crainte de Dieu devrait suffire pour préserver du mal, sans qu’il y ait besoin de la produire par l’exécution du jugement. On voit dans les Psaumes et les Proverbes tout ce qui se rattache à la crainte de l’Éternel, surtout en fait de bénédiction1. Craindre Dieu, ce n’est pas avoir peur de lui; c’est craindre de lui déplaire en lui désobéissant; c’est une crainte qui découle de l’amour dont nous sommes aimés de Dieu que nous aimons en retour. Plus nous aimons quelqu’un, plus nous éviterons de lui déplaire.

1 Chercher dans ces livres et dans celui de Job les passages qui parlent de la crainte de Dieu ou de l’Éternel et les méditer. Ils sont trop nombreux pour les énumérer ici.

 

Puissance miraculeuse des apôtres

(v. 12-16). — «Et beaucoup de miracles et de prodiges se faisaient parmi le peuple, par les mains des apôtres» (v. 12). La parole que les apôtres prêchaient était confirmée par des signes de puissance. C’est dans ce but que les miracles se produisaient. Ces manifestations de puissance prédisposaient les cœurs à recevoir l’Évangile; mais la Parole seule opérait en eux, alors comme aujourd’hui. Les impressions les plus fortes ne servent à rien si la Parole de Dieu n’exerce pas la conscience. «Ils étaient tous d’un commun accord au portique de Salomon; mais, d’entre les autres, nul n’osait se joindre à eux, mais le peuple les louait hautement; et des croyants d’autant plus nombreux se joignaient au Seigneur, une multitude tant d’hommes que de femmes» (vers. 12-14). La puissance du Saint Esprit faisait éprouver la présence de Dieu au milieu de ces nouveaux convertis, mais tenait à l’écart ceux qui n’étaient que spectateurs d’une telle scène, tout en produisant chez le peuple l’admiration et la louange. Il est possible que ceux qualifiés «d’entre les autres» fussent les chefs religieux, distingués du peuple qui les louait hautement. Mais les croyants, en qui la Parole avait opéré, constituaient une autre classe. Ils se joignaient nombreux non aux apôtres, mais au Seigneur, sujet de la prédication; on reconnaissait son autorité autant que sa grâce; il est le centre d’attraction de ceux qui croient. Là où l’œuvre est considérée comme faite par lui, il est dit: «Le Seigneur ajoutait tous les jours à l’assemblée ceux qui devaient être sauvés» (chap. 2:47). Ici, et comme au chap. 11, 23, 24, où l’on voit le travail des apôtres, les croyants se tournent vers le Seigneur, et non vers ses serviteurs. Désormais le Seigneur est tout pour eux; ils vivent de lui, pour lui; ils jouissent de sa communion, dans le rassemblement des siens; c’est lui qui les y attire, et dans le ciel ils seront avec lui.

Si grande était la puissance de l’Esprit en Pierre qu’on apportait les infirmes dans les rues sur des petits lits, «afin que, quand Pierre viendrait, au moins son ombre passât sur quelqu’un d’eux. Et la multitude aussi des villes d’alentour s’assemblait à Jérusalem, apportant les infirmes et ceux qui étaient tourmentés par des esprits immondes; et ils étaient tous guéris» (v. 15, 16). C’est ce qui est appelé en Hébreux 6:5 «les miracles du siècle à venir». Lorsque le Seigneur établira son royaume en gloire, le Saint Esprit agira avec une grande puissance pour délivrer les hommes des conséquences du péché et du pouvoir de l’Ennemi; on en voyait alors un exemple. Cette activité de l’Esprit Saint opérant sur la terre pour le règne de Christ, est appelée «la pluie de la dernière saison» (Os. 6:3; Zach. 10:1, etc.). Celle de la première saison a eu lieu à la Pentecôte, lorsque le Saint Esprit vint sur les croyants seulement, tandis que, lors de l’établissement du règne de Christ, il viendra pour tous et sera répandu sur toute chair pour la bénédiction millénaire (Joël 2:28, 29). En attendant, la puissante action de l’Esprit par les apôtres était un témoignage rendu au Christ que les Juifs avaient rejeté et à la Parole que les apôtres prêchaient. Cette action miraculeuse du Saint Esprit est tout autre que celle qu’il opère dans l’Église jusqu’à la venue du Seigneur. Elle a pour but de l’édifier en occupant les croyants de la personne du Seigneur au moyen de sa Parole et en faisant annoncer l’Évangile au monde. L’action miraculeuse du Saint Esprit a cessé de s’exercer dans l’Église dès le moment où elle fut établie. Si elle s’exerçait encore, ce serait au milieu des païens.

 

Délivrance miraculeuse des apôtres

(v. 17-32). — Voyant que le peuple louait hautement les apôtres et que leur influence s’étendait aux villes d’alentour d’où l’on apportait les infirmes à Jérusalem, le souverain sacrificateur et les sadducéens qui l’entouraient, éprouvèrent une violente jalousie et mirent les apôtres en prison. Ils voyaient diminuer leur prestige chez le peuple et voulaient à tout prix le conserver. Mais, comme nous l’avons déjà remarqué, leur rage se heurte à la puissance de Dieu qui est tout entière du côté des apôtres. «Un ange du Seigneur ouvrit de nuit les portes de la prison, et les conduisit dehors, et dit: Allez, et, vous tenant dans le temple, annoncez au peuple toutes les paroles de cette vie. Ce qu’ayant entendu, ils entrèrent, vers le point du jour, dans le temple, et ils enseignaient» (v. 17-21). Quel défi jeté publiquement à la prétendue autorité des chefs religieux! Leurs yeux auraient dû s’ouvrir, afin de comprendre qu’il leur était inutile de lutter avec Dieu. Mais le Prince de ce siècle les avait aveuglés et les engageait toujours plus loin dans leur vaine résistance à celui qui l’a vaincu à la croix et qui agissait avec puissance pour délivrer ceux que le diable tenait sous son pouvoir, en les conduisant infailliblement vers la mort éternelle. Les apôtres devaient annoncer «au peuple toutes les paroles de cette vie», leur dit l’ange en les mettant en liberté. Merveilleux message que celui qui fait connaître les paroles d’une vie qui a triomphé de la mort, de Satan et du monde en Christ ressuscité, d’une vie éternelle que nous a donnée le Christ Jésus, vie que l’Évangile fait luire avec l’incorruptibilité (2 Tim. 1:1 et 10) au milieu d’une scène de mort, vie que l’on obtient par la foi.

Le souverain sacrificateur et son entourage, ignorant ce qui s’était passé pendant la nuit, assemblèrent le sanhédrin et envoyèrent chercher les apôtres. Les huissiers ne les trouvant pas dans la prison, en firent rapport: «Nous avons trouvé la prison fermée avec toute sûreté, et les gardes se tenant aux portes; mais, ayant ouvert, nous n’avons trouvé personne dedans» (v. 22, 23). À l’ouïe de ces paroles tous ces dignitaires religieux furent en perplexité, «ne sachant ce que cela deviendrait» (v. 24). Jamais ils ne s’étaient trouvés aux prises avec de semblables difficultés. S’ils avaient eu un peu de sagesse, ils auraient abandonné la lutte; mais leur orgueil ne le leur permit pas. Sur ces entrefaites quelqu’un arriva et leur dit: «Voilà, les hommes que vous avez mis en prison sont au temple et enseignent le peuple. Alors le commandant, avec les huissiers, s’en alla et les amena sans violence; car ils craignaient d’être lapidés par le peuple» (v. 26, 27). Ils craignent le peuple, mais pas Dieu auquel ils sont opposés; si leur vie n’avait pas été en danger, ils n’auraient pas craint, ils auraient agi envers les apôtres selon la méchanceté de leur cœur. Mais il n’y avait «point de crainte de Dieu devant leurs yeux», comme dit la Parole en Rom. 3:18. Les apôtres comparaissent devant le sanhédrin. Le souverain sacrificateur leur dit: «Nous vous avons expressément enjoint de ne pas enseigner en ce nom-là, et voici, vous avez rempli Jérusalem de votre doctrine, et vous voulez faire venir sur nous le sang de cet homme» (v. 28). Il est vrai qu’ils avaient défendu aux apôtres de parler du Seigneur (chap. 4); mais les apôtres ne s’étaient pas engagés à obéir; au contraire, ils leur dirent: «Jugez s’il est juste devant Dieu de vous écouter plutôt que Dieu. Car, pour nous, nous ne pouvons pas ne pas parler des choses que nous avons vues et entendues» (v. 19, 20).

Ces hommes ne se rendent pas compte qu’ils usent d’une autorité qu’ils ne possèdent pas. Autrefois, ils auraient pu interdire d’enseigner contrairement à la loi de Moïse; mais maintenant la loi est mise de côté comme moyen d’obtenir la vie; elle est remplacée par la grâce qui donne la vie au croyant et pardonne le pécheur, grâce manifestée par le Christ que les chefs religieux ont rejeté. Ils se plaignent de ce que les apôtres, par leur enseignement, veulent faire venir sur eux le sang de Christ, qu’ils appellent «cet homme «; ils ne veulent pas se souvenir que pour contraindre Pilate à le crucifier, ils s’écrièrent: «Que son sang soit sur nous et sur nos enfants» (Matt. 27:25). Le méchant est toujours prêt à accuser les autres des malheurs qu’il s’est attirés lui-même.

Voyant les actes de puissance accomplis au nom de Jésus et les résultats de ce qu’ils appellent «votre doctrine», leur conscience était probablement mal à l’aise. Pour la décharger, ils n’auraient eu qu’à confesser leur péché, se repentir; la grâce s’offrait à eux comme à tous; mais ces malheureux n’en étaient pas là. Sous le poids du sang de cet homme qui était leur Messie, le Fils de Dieu, ils persistent dans leur opposition à Dieu. Comme réponse, les apôtres précisent, en l’accentuant, ce qu’ils leur ont déjà dit au chapitre 4, de manière à faire comprendre à ces chefs religieux leur culpabilité d’avoir mis à mort le Seigneur. «Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes», disent-ils. «Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus que vous avez fait mourir, le pendant au bois. C’est lui que Dieu a exalté par sa droite prince et sauveur, afin de donner la repentance à Israël et la rémission des péchés: et nous, nous lui sommes témoins de ces choses, ainsi que l’Esprit Saint que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent» (v. 30-32). Témoignage clair et puissant de la grâce de Dieu envers son peuple. Au lieu de demeurer sous la culpabilité du sang versé par leur haine contre Christ, la repentance et la rémission des péchés leur sont offertes, s’ils croient en Celui qu’ils ont crucifié, mais que la puissance de Dieu a élevé au titre de prince et sauveur. Ils avaient devant eux un témoignage complet de ce fait merveilleux, savoir les apôtres et le Saint Esprit, venu du ciel à la suite de la glorification de Jésus. Le Seigneur l’avait dit à ses disciples en parlant du Saint Esprit: «Celui-là rendra témoignage de moi. Et vous aussi, vous rendrez témoignage, parce que dès le commencement vous êtes avec moi» (Jean 15:26, 27). Aveuglés par le besoin de maintenir leur propre importance et de se justifier d’avoir mis à mort le Seigneur, le double et divin témoignage ne les touche pas.

 

Un sage conseil

(v. 33-42). — Non contents d’être responsables du sang innocent, ces chefs veulent encore ajouter à leur culpabilité la mort des apôtres: «Ayant entendu ces choses, ils frémissaient de rage, et tenaient conseil pour les faire mourir» (v. 33). S’ils avaient frémi à la pensée de leurs péchés, ils auraient trouvé le pardon en celui qu’ils avaient fait mourir; mais, endurcis par leur orgueil, ils chargent leur conscience d’autres crimes. Cependant il se trouvait au milieu d’eux un homme sur lequel les paroles des apôtres semblent avoir confirmé que la main de Dieu pouvait agir dans l’œuvre dont ils étaient témoins. C’est Gamaliel, pharisien, docteur de la loi, honoré du peuple et aux pieds duquel Saul de Tarse avait été instruit (Actes 22:3). Il ordonna de faire sortir les apôtres pour un instant et tint devant le sanhédrin un discours (v. 35-37) dans lequel il conseilla de prendre garde de ne pas s’exposer à faire la guerre à Dieu. Il cita l’exemple de deux hommes mis à mort pour avoir entraîné à la révolte leurs partisans qui furent dispersés, parce qu’ils accomplissaient une œuvre mauvaise. «Ne vous mêlez plus de ces hommes», ajouta-t-il, «et laissez-les; car si ce dessein ou cette œuvre est des hommes, elle sera détruite; mais si elle est de Dieu, vous ne pourrez les détruire; — de peur que vous ne soyez même trouvés faire la guerre à Dieu» (v. 38, 39). Il y avait chez Gamaliel «la crainte de l’Éternel qui est le commencement de la sagesse. Tous ceux qui pratiquent ses préceptes auront une bonne intelligence» (Psaume 111:10). Cette crainte l’empêchait de partager la haine qui caractérisait les autres membres du sanhédrin. Dieu se servit de lui pour délivrer ses serviteurs des mains de leurs adversaires. Tous se rangèrent à son avis. «Et ayant appelé les apôtres, ils leur enjoignirent, après les avoir battus, de ne pas parler au nom de Jésus, et les relâchèrent» (v. 40).

Leur désir de ne pas faire la guerre à Dieu était peu profond, puisqu’ils firent battre les apôtres et leur renouvelèrent la défense de prêcher au nom de Jésus. Ils aggravaient leur culpabilité et, dans leur aveuglement, marchaient au-devant des terribles jugements de Dieu.

Les coups, les menaces, la défense de parler au nom de Jésus, n’avaient aucune influence sur les apôtres, sinon qu’ils se réjouirent «d’avoir été estimés dignes de souffrir des opprobres pour le nom; et ils ne cessaient tous les jours d’enseigner et d’annoncer Jésus comme le Christ, dans le temple et de maison en maison» (v. 41, 42). Ils se montraient ainsi les disciples d’un Christ victorieux, quoique rejeté; la puissance de l’Esprit Saint les soutenait, pour les affranchir de la crainte des hommes. Il en sera toujours ainsi pour ceux qui marcheront dans le chemin de la simple obéissance au Seigneur en ne craignant que de lui déplaire.

Nous sommes privilégiés de pouvoir rendre témoignage sans subir les persécutions qu’ont endurées les apôtres et tant de croyants après eux; mais notre fidélité est-elle en rapport avec les avantages dont nous jouissons? Le monde n’aime pas plus le Seigneur aujourd’hui qu’alors; mais il reste plus indifférent à ce qui caractérise la fidélité chrétienne. L’ennemi se sert de cette indifférence qui laisse chacun libre de penser, comme il l’entend, a l’égard des choses de Dieu, pour attirer les rachetés dans le courant du monde, tandis que la persécution les en repoussait. Pour éviter la mondanité, nous avons besoin de l’énergie spirituelle qui caractérisait les chrétiens, lorsqu’ils enduraient les persécutions. La crainte de la désapprobation ou d’un sourire moqueur, si nous confessons le nom du Seigneur, nous effrayent et nous empêchent de lui être fidèles tout autant et plus que les coups, la prison ou le martyre de jadis. Cependant ce que le Seigneur a dit est vrai pour tous et pour tous les temps: «Quiconque me confessera devant les hommes, moi aussi je le confesserai devant mon Père qui est dans les cieux; mais quiconque me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est dans les cieux» (Matt. 10:32, 33).