Actes des Apôtres

Chapitre 4

Intervention des chefs religieux

(v. 1-4). — La guérison de l’infirme et le discours de Pierre au peuple ne devaient pas tarder à attirer l’attention des autorités religieuses. C’est la première fois que nous les voyons en contact avec les apôtres, ou plutôt avec la puissance de l’Esprit Saint. «Mais comme ils parlaient au peuple, les sacrificateurs et le commandant du temple et les sadducéens survinrent, étant en peine de ce qu’ils enseignaient le peuple et annonçaient par Jésus la résurrection d’entre les morts» (v. 1, 2). Deux choses mettaient en émoi ces hommes opposés à Dieu: le fait que les apôtres enseignaient le peuple, et qu’ils annonçaient par Jésus la résurrection d’entre les morts. Les chefs religieux, le clergé d’alors, revendiquaient pour eux l’enseignement. Il est probable que le miracle les aurait moins émus s’il n’avait été l’occasion de placer devant le peuple la vérité concernant la personne de Jésus, dont la puissance avait opéré cette guérison. Plus loin ils ne défendent pas aux apôtres de faire des miracles, mais bien de «ne plus parler ni enseigner, en aucune manière, au nom de Jésus» (v. 18). Puis, nous voyons apparaître les sadducéens qui niaient la résurrection (voir Matthieu 22:23 et les passages correspondants en Marc et Luc) et dont faisait partie un certain nombre de chefs religieux (chap. 5:17). Non seulement la résurrection de Jésus était contraire à leur doctrine, mais elle manifestait la victoire que le Seigneur a remportée sur le monde et son prince, qui est Satan, elle est aussi le fondement du christianisme, ce nouvel ordre de choses qui annulait l’ancien auquel les Juifs demeuraient attachés en même temps qu’elle établissait leur terrible culpabilité. On comprend facilement l’irritation de tout ce monde religieux en entendant Pierre et Jean annoncer ces vérités: la résurrection de Jésus et la résurrection d’entre les morts par Jésus. C’est sa propre résurrection qui a inauguré celle d’entre les morts et l’a rendue possible; à sa voix elle aura lieu pour tous les croyants. Sa résurrection a été la manifestation spéciale de la faveur de Dieu qui reposait sur lui, parce qu’il l’avait pleinement glorifié; à cause de l’excellence de son œuvre tous les croyants, délogés jusqu’au retour de Christ, sortiront de leurs tombeaux, comme objets de la même faveur, et laisseront dans leurs sépulcres ceux qui n’auront pas cru, jusqu’au moment où les morts, petits et grands, paraîtront devant le grand trône blanc pour le jugement dernier (Apoc. 20).

Comme il était déjà tard, les chefs religieux arrêtèrent les apôtres et les firent garder jusqu’au lendemain. «Mais plusieurs de ceux qui avaient ouï la parole crurent; et le nombre des hommes se monta à environ cinq mille» (v. 4). Nul ne saurait empêcher l’action de la parole de Dieu; on peut emprisonner ceux qui la portent, mais non la parole, ni circonscrire ses effets. Trois mille hommes furent convertis à la première prédication de Pierre; peu après le nombre s’accrut de deux mille environ. Et à travers les dix-neuf siècles qui se sont écoulés depuis ces premières prédications, un nombre incalculable s’est ajouté à ces cinq mille, malgré l’opposition constante de Satan. Il faut entendre premièrement et croire pour être sauvé. Le Seigneur a dit: «Celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement; mais il est passé de la mort à la vie» (Jean 5:24). «Ayant entendu la parole de la vérité, l’évangile de votre salut; auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit...» (Éph. 1:13). «La foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la parole de Dieu» (Romains 10:17). Tous ceux qui ont entendu la Parole de Dieu, ne serait-ce qu’une fois, sont responsables d’avoir la foi.

Tous nos lecteurs qui entendent la Parole de Dieu depuis longtemps, ont-ils la foi? Quelle chose terrible ce serait, dans le malheur éternel, de se souvenir qu’on l’a entendue sans avoir cru au message de grâce qu’elle apportait! Celui qui se trouvera dans ce cas pourra dire éternellement: «Je suis là par ma propre faute, je n’ai pas voulu croire». Dieu veuille que ce ne soit le partage d’aucun de ceux qui lisent ces lignes!

 

Comparution de Pierre et de Jean

(v. 5-12). — Le lendemain, une imposante assemblée des dignitaires du peuple juif, où figuraient les chefs, les anciens et leurs scribes, s’assembla à Jérusalem. On y voyait Anne, le souverain sacrificateur, son gendre Caïphe, qui occupait ces fonctions à la mort de Jésus, Jean et Alexandre, probablement fils d’Anne, et tous ceux de la race souveraine sacerdotale. Ayant fait comparaître Pierre et Jean, ils leur demandèrent: «Par quelle puissance ou par quel nom avez-vous fait ceci?» À cette occasion, Pierre répondit en exposant la vérité concernant Jésus, de manière à agir sur la conscience de tous, en leur présentant aussi l’unique moyen d’être sauvés, s’ils l’acceptaient. «Alors Pierre, étant rempli de l’Esprit Saint, leur dit: Chefs du peuple et anciens d’Israël, si aujourd’hui nous sommes interrogés au sujet de la bonne œuvre qui a été faite à un homme impotent, et qu’on veuille apprendre comment il a été guéri, sachez, vous tous, et tout le peuple d’Israël, que ç’a été par le nom de Jésus Christ le Nazaréen, que vous, vous avez crucifié, et que Dieu a ressuscité d’entre les morts; c’est, dis-je, par ce nom que cet homme est ici devant vous plein de santé» (v. 8-10). Le Saint Esprit donna à Pierre une force et une assurance propres à confondre son auditoire. Il fait l’expérience de ce que le Seigneur avait dit à ses disciples lorsqu’il leur prédisait qu’ils seraient traduits devant les gouverneurs et les rois, à cause de son nom; «Moi, je vous donnerai une bouche et une sagesse, à laquelle tous vos adversaires ne pourront répondre ou résister» (Luc 21:12-15). Les apôtres étaient du côté de Dieu; toute cette assemblée était contre lui. Pierre et Jean avaient la force du Saint Esprit; celle des Juifs résidait dans leur haine pour le Seigneur et Dieu les avait mis de côté. Aussi Pierre peut leur dire en face comment ils manifestaient leur opposition à Dieu, en mettant à mort Jésus Christ le Nazaréen, tandis que Dieu avait montré toute la valeur de son Fils bien-aimé pour lui, en le ressuscitant d’entre les morts. Ce nom de Jésus avait une telle puissance que, malgré le mépris des hommes, il suffisait pour accomplir ce si grand miracle, comme Pierre l’avait dit aux foules au chapitre précédent.

L’apôtre va plus loin en faisant ressortir la culpabilité des chefs du peuple: il dit: «Celui-ci est la pierre méprisée par vous qui bâtissez, qui est devenue la pierre angulaire; et il n’y a de salut en aucun autre; car aussi il n’y a point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés» (v. 11, 12). Pierre fait allusion au Psaume 118:22: «La pierre que ceux qui bâtissaient avaient rejetée, est devenue la tête de l’angle». Cela veut dire que tout l’édifice de la bénédiction pour Israël reposait sur la personne du Seigneur Jésus. Les bâtisseurs, ceux qui avaient une responsabilité au milieu du peuple, et qui savaient que leur bénédiction devait provenir du Christ, au lieu de conduire le peuple à le recevoir, le poussèrent à le mettre à mort. Ils méprisèrent cette pierre angulaire qui devait soutenir tout l’édifice. Mais, malgré leur mépris, elle demeure la maîtresse pierre de l’angle, sur laquelle repose l’accomplissement des promesses de Dieu pour le peuple terrestre dans l’avenir et, par la foi, le salut de tout homme jusque-là. Nous lisons en Ésaïe 28:16: «Voici, je pose comme fondement, en Sion, une pierre, une pierre éprouvée, une précieuse pierre de coin, un sûr fondement: celui qui se fie à elle ne se hâtera pas» (en note: «avec frayeur»). Le résidu juif futur pourra compter sur elle, malgré toutes les apparences contraires, lorsqu’il traversera la grande tribulation, une détresse sans pareille. En attendant les temps à venir, il dira: «Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur», le nom de Jésus est le seul qui soit donné aux hommes par lequel il leur faille être sauvés. Pierre dit: «nous»; il se met au nombre de ceux qui pouvaient profiter de ce salut en croyant en Jésus, dans ce temps-là, où il y avait encore espoir pour la nation, si Jésus était reçu, comme il leur dit au chapitre précédent. Dans le chapitre 2 de sa première épître, le même apôtre dit, après avoir cité le passage d’Ésaïe 28: «C’est pour vous qui croyez qu’elle a ce prix; mais pour les désobéissants, la pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, celle-là est devenue la maîtresse pierre du coin, et une pierre d’achoppement et un rocher de chute, lesquels heurtent contre la Parole, étant désobéissants» (v. 7, 8). En Matthieu 21:44, le Seigneur cite aussi le passage du Psaume 118 pour montrer aux Juifs combien ils sont coupables de ne pas le recevoir; puis il en annonce les conséquences: «Celui qui tombera sur cette pierre sera brisé». C’est ce qui est arrivé au peuple. Dieu l’a rejeté pour un temps, et le Seigneur ajoute: «Mais celui sur qui elle tombera, elle le broiera». Le Seigneur rejeté est monté au ciel, où il demeure jusqu’à son retour en gloire, mais lorsqu’il viendra, ce sera en jugement, comme une pierre qui tombera sur Israël incrédule et le broiera, tandis que le résidu sera sauvé parce qu’il aura cru en lui.

En attendant que le peuple reçoive les bénédictions que le Seigneur lui apportera à son retour glorieux, il est le fondement sur lequel repose l’Église; par son nom quiconque croit est sauvé.

 

Embarras du Sanhédrin

(v. 13-22). — «Et, voyant la hardiesse de Pierre et de Jean, et s’étant aperçus qu’ils étaient des hommes illettrés et du commun, ils s’en étonnaient, et ils les reconnaissaient pour avoir été avec Jésus» (v. 13). Ces chefs religieux, frappés par ce qu’ils appellent la hardiesse de Pierre et de Jean, et qui n’était autre que la puissance de leurs paroles sous l’action de l’Esprit Saint, constatent le fait sans en savoir la cause. S’ils avaient été des hommes instruits, on aurait attribué ce fait à leur érudition; mais c’étaient des illettrés, c’est-à-dire qu’ils n’avaient pas l’instruction des rabbins. L’auraient-ils eue que leur parole n’aurait pas possédé plus de puissance. On fit la même remarque à propos du Seigneur. «Comment celui-ci connaît-il les lettres, vu qu’il ne les a point apprises?» (Jean 7:15). «Les foules s’étonnaient de sa doctrine; car il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme leurs scribes» (Matthieu 7:28, 29). La divine puissance de la parole du Seigneur et des apôtres demeurait en dehors de toute question d’instruction et de sagesse humaine. Le Saint Esprit se sert d’hommes érudits lorsqu’il en a besoin, aussi bien que d’hommes simples; mais les uns et les autres ne doivent être que des canaux, alimentés à une source divine, communiquant ce qui porte le caractère divin. Chez le Seigneur c’était parfait; chez lui jamais rien n’entravait l’action de l’Esprit, ni chez les apôtres dans leur merveilleux début, car ils étaient «remplis de l’Esprit Saint», lit-on à mainte reprise. Aujourd’hui encore, au milieu de la ruine de cette Assemblée qui avait commencé sous la puissante action de l’Esprit de Dieu, la Parole de Dieu peut être présentée sous l’action du Saint Esprit de manière à opérer son œuvre chez les auditeurs, lorsque ceux qui la présentent demeurent sous l’action de l’Esprit dans la conscience de leur grande faiblesse. Car l’Esprit Saint demeurera dans l’Église et dans le croyant, sur la terre, jusqu’à la venue du Seigneur.

Ceux qui entendaient Pierre et Jean les reconnurent pour avoir été avec Jésus. Il y avait dans leur langage et leur attitude quelque chose qui rappelait le Seigneur, lorsqu’il était ici-bas; ils le reproduisaient en quelque sorte; Jésus était en eux. Non seulement ceux que le Seigneur emploie pour annoncer sa Parole, mais tous les croyants, petits et grands, devraient toujours et partout porter ce caractère. Pour cela, ils doivent s’occuper de lui, de sa Parole, vivre avec lui, par la foi; immanquablement leur attitude, leur langage et toute leur manière de se comporter les ferait reconnaître pour avoir vécu avec Jésus, et ils se manifesteraient ainsi pratiquement comme la «lettre de Christ», lisible pour tous (voir 2 Corinthiens 3:2, 3).

La présence de l’infirme guéri fournissait une autre preuve irrécusable de la puissance du nom de Jésus. «Et, voyant là présent avec eux l’homme qui avait été guéri, ils n’avaient rien à opposer» (v. 14). Cependant, que ne devaient-ils pas penser en ayant entendu Pierre les accuser si fortement d’avoir fait mourir le Seigneur? Leur conscience devait être quelque peu atteinte, car ils ne trouvèrent rien à opposer à ce qu’ils entendaient et voyaient. Aussi ordonnent-ils aux apôtres de sortir du sanhédrin pour discuter entre eux sur les mesures à prendre en vue d’annuler l’effet produit sur le peuple par la guérison de l’infirme. «Que ferons-nous à ces hommes?» disent-ils, «car il est apparent pour tous les habitants de Jérusalem, qu’un miracle notoire a été fait par eux, et nous ne pouvons le nier; mais afin que cela ne soit pas répandu davantage parmi le peuple, défendons-leur avec menaces, de parler davantage en ce nom à qui que ce soit».

(v. 14-17). Avec leurs prétentions et leur autorité illusoire, ils se doutaient peu du ridicule de leur décision. Si coupables, n’ayant plus Dieu avec eux puisqu’ils l’ont rejeté dans la personne de son Fils, aveuglés par leur haine contre lui, pourront-ils arrêter en quelque manière que ce soit l’exercice de la puissance du Saint Esprit, troisième personne de la Trinité, envoyée du ciel par Jésus glorifié, pour accomplir les desseins de Dieu dans ce monde? Ils appelèrent donc Pierre et Jean et «leur enjoignirent de ne plus parler ni enseigner, en aucune manière, au nom de Jésus» (v. 18). Voilà l’ordre donné des hommes. Au chapitre 1:8, le Seigneur dit aux disciples: «Vous recevrez de la puissance, le Saint Esprit venant sur vous; et vous serez mes témoins à Jérusalem et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout de la terre». Voilà l’ordre divin. Les apôtres en ont pleinement conscience et répondent: «Jugez s’il est juste devant Dieu de vous écouter plutôt que Dieu. Car, pour nous, nous ne pouvons pas ne pas parler des choses que nous avons vues et entendues» (v. 19, 20).

Cette réponse fait constater la déchéance du système juif que ces hommes représentaient et que Dieu mettait de côté. Jusqu’à Christ, les sacrificateurs, lien entre Dieu et le peuple, devaient être écoutés; ils usèrent de leur autorité sur le peuple pour que Jésus fût crucifié. Les bâtisseurs n’ont plus rien en mains de la part de Dieu. Ils s’opposeront à la prédication de la grâce dans la mesure où Dieu les laissera faire, mais en vain. La puissance appartiendra aux disciples de Jésus de Nazareth. Comme tous les hommes, les sacrificateurs doivent reconnaître que Dieu parle au moyen des apôtres. C’est pourquoi Pierre et Jean leur disent: «Jugez s’il est juste devant Dieu de vous écouter plutôt que Dieu», ce qui signifiait clairement: «nous ne vous écouterons pas; Dieu ne parle plus par votre moyen». C’était fort autant que vrai; il y avait de quoi les irriter, mais ils continrent leur colère et se bornèrent à menacer les apôtres en les relâchant, non parce qu’ils étaient convaincus, mais afin de ne pas indisposer le peuple contre eux, voulant garder sur lui le prestige et l’autorité qu’ils avaient perdus sur les apôtres. «Après les avoir menacés, ils les relâchèrent, ne trouvant pas comment ils pourraient les punir, à cause du peuple; parce que tous glorifiaient Dieu de ce qui avait été fait. Car l’homme en qui avait été faite cette miraculeuse guérison, avait plus de quarante ans» (v. 21, 22).

De tout temps le clergé a prétendu bien servir Dieu, mais il veut retenir pour lui la gloire qui revient à Dieu, et, s’il n’a pas l’approbation divine, il veut au moins avoir la faveur du peuple.

 

Prière des disciples

(v. 23-31). — «Et ayant été relâchés, ils vinrent vers les leurs et leur rapportèrent tout ce que les principaux sacrificateurs et les anciens leur avaient dit» (v. 23). C’est une grande faveur que Dieu nous accorde encore aujourd’hui, d’avoir «les nôtres», ceux avec lesquels nous avons les mêmes pensées, parce que nous possédons la même vie, le même objet, la même espérance, et que la même Parole nous enseigne. Nous nous trouvons en dehors du monde et de tout ce qui le caractérise. Les croyants ont à marcher ensemble, à se rechercher pour se fortifier dans la foi et s’encourager à sentir leur isolement au milieu du monde qui ne connaît pas leur Sauveur et Seigneur. Ensemble ils peuvent faire monter à Dieu leurs prières, placer devant lui leurs sujets d’inquiétude, lui parler, comme les disciples, de l’opposition de l’adversaire, afin de recevoir la force et la sagesse pour rendre témoignage au milieu du monde où le Seigneur les laisse comme témoins, étrangers et forains.

Ayant entendu le récit de Pierre et de Jean, «ils élevèrent d’un commun accord leur voix à Dieu, et dirent: Ô Souverain! toi, tu es le Dieu qui as fait le ciel et la terre, et la mer, et toutes les choses qui y sont». Ils reconnaissent sa souveraineté et sa puissance, sachant qu’ils peuvent se confier en lui. Mais ils lui rappellent non seulement ce qu’il a fait, mais aussi ce qu’il a dit par la bouche de David son serviteur: «Pourquoi se sont déchaînées les nations, et les peuples ont-ils projeté des choses vaines? Les rois de la terre se sont trouvés là, et les chefs se sont réunis ensemble, contre le Seigneur et contre son Christ» (v. 25, 26), citation du Psaume 2:1, 2, dont l’accomplissement littéral aura lieu lorsque les nations se rassembleront autour de Jérusalem, contre le Seigneur, venu pour établir son royaume en gloire. Mais ces paroles se réalisèrent partiellement le jour où Satan réunit les représentants du monde entier, pour faire mourir Jésus. C’est l’application que les disciples font de ces paroles dans leur prière. «Car en effet, dans cette ville, contre ton saint serviteur Jésus que tu as oint, se sont assemblés et Hérode et Ponce Pilate, avec les nations et les peuples d’Israël, pour faire toutes les choses que ta main et ton conseil avaient à l’avance déterminé devoir être faites» (v. 27, 28).

Lorsque le Seigneur viendra en gloire, il anéantira les nations et les rois qui se seront élevés contre lui. Mais il n’a pas agi de la sorte vis-à-vis de ceux qui le crucifièrent, et qui, à leur insu, comme nous l’avons vu au chapitre précédent, accomplirent ce que Dieu avait décidé dans ses conseils, savoir l’œuvre de la rédemption. Les nations subsistent, le monde s’oppose toujours au Seigneur et à ses témoins. Jusqu’à sa venue, son opprobre est la part de l’Église, haie du monde que Dieu laisse subsister pour l’heure de son jugement. Pour accomplir fidèlement leur service pendant ce temps, les croyants peuvent compter sur la puissance du Souverain, créateur du ciel et de la terre, et sur le secours de l’Esprit Saint envoyé pour eux. Les apôtres l’avaient compris; aussi, ayant saisi la pensée de Dieu, ils ne lui demandent pas qu’il détruise leurs ennemis, mais: «Et maintenant, Seigneur, regarde à leurs menaces et donne à tes esclaves d’annoncer ta parole avec toute hardiesse, en étendant ta main pour guérir, et pour qu’il se fasse des miracles et des prodiges par le nom de ton saint serviteur Jésus» (v. 29, 30). Les disciples connaissent la vanité de ce que les hommes projettent contre Dieu. Comment l’empêcheraient-ils d’accomplir ses desseins? Semblables au vent qui soulève les vagues de la mer, ils peuvent effrayer les faibles serviteurs du Seigneur, s’opposer à eux, mais jamais vaincre la puissance qui les soutient. Le Créateur, et plus encore, Celui qui les a aimés, qui les a sauvés d’un péril bien plus grand, celui de la mort éternelle, et qui les a envoyés dans le monde porter le message du salut, les accompagnera et les protégera par la puissance de son Saint Esprit. Toutes nos difficultés, petites ou grandes, créent une occasion pour faire intervenir Dieu dans le sentiment de notre faiblesse, mais dans une pleine confiance en sa force et en son amour. Les disciples ne demandent que de pouvoir annoncer la parole en toute hardiesse et Dieu leur répond par une manifestation immédiate de sa puissance: «Et comme ils faisaient leur supplication, le lieu où ils étaient assemblés fut ébranlé, et ils furent tous remplis du Saint Esprit, et annonçaient la parole de Dieu avec hardiesse» (v. 31).

Lorsque nos prières ont pour but la gloire de Dieu, nous avons l’assurance de leur exaucement, pas immédiat peut-être, car Dieu doit souvent opérer en nous une œuvre avant de pouvoir nous accorder ce que nous lui demandons. Dans le cas des disciples, rien n’empêchait Dieu de leur répondre; ils étaient de son côté en dehors du monde qui s’opposait à lui. Aussi, il leur donna une preuve visible que sa puissance serait avec eux pour accomplir leurs désirs: «Ils furent tous remplis du Saint Esprit». Nous aurons l’occasion de voir de quelle manière merveilleuse cette puissance, qui avait ébranlé le lieu où les apôtres étaient assemblés, les accompagna dans la suite.

 

Effets de la Parole

(v. 32-37). — «La multitude de ceux qui avaient cru était un cœur et une âme; et nul ne disait d’aucune des choses qu’il possédait, qu’elle fût à lui; mais toutes choses étaient communes entre eux» (v. 32). Ces chrétiens réalisaient ce que le Seigneur demandait à son Père dans sa merveilleuse prière du chapitre 17 de Jean, en parlant de ceux qui croiraient par la parole de ses envoyés: «Afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi; afin qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que toi tu m’as envoyé» (v. 21). Du moment que les croyants possèdent tous la même vie divine, ils sont un cœur et une âme, et cette vie manifestant chez tous les mêmes effets, il en résulte ce que l’on a appelé l’unité de communion. Le Saint Esprit agissait non seulement chez ceux qui prêchaient la parole, mais aussi en ceux qui l’avaient reçue par la foi; car il est la puissance de la vie divine. À ce moment il n’était attristé en rien et pouvait manifester les caractères de cette vie dans leur pureté. Un cœur et une âme, provenant d’une même vie, caractérisaient cette foule qui avait cru.

Cette manifestation de la vie de Christ n’a plus lieu dans la même mesure aujourd’hui; mais la vie étant toujours la même, si elle est libre de se manifester, elle le fait avec les mêmes caractères. Pour cela, il ne faut pas attrister le Saint Esprit par des fruits de la vieille nature, le péché, afin qu’il puisse agir en chaque croyant, ainsi cette unité de pensée, de sentiment, dans une pleine communion et dans l’amour, caractérise leur vie tout entière en témoignage devant le monde, qui devrait pouvoir reconnaître en cela que le Père avait envoyé son Fils. Chez ces premiers chrétiens, l’amour bannissait tellement l’égoïsme de la nature humaine, que ce qui était à soi appartenait à tous. Ce n’était pas le communisme qui dit: «Ce qui est à toi est à moi», mais l’amour qui dit: «Ce qui est à moi est à toi». Les biens matériels n’avaient de valeur que mis au service de l’amour. C’est aussi ce que l’on voit aujourd’hui, dans une mesure, là où la vie divine est active sous l’action de l’Esprit de Dieu, en obéissance à la Parole.

«Les apôtres rendaient avec une grande puissance le témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus; et une grande grâce était sur eux tous» (v. 33). Sur cette grande vérité de la résurrection du Seigneur, base de toute la prédication de l’Évangile et de tout le christianisme, il importe d’insister aujourd’hui encore, car beaucoup la nient. Paul dit: «Si Christ n’a pas été ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés» (1 Corinthiens 15:17). Si le Seigneur Jésus n’avait pas été ressuscité, la mort dominerait sur lui, comme sur tous les hommes, et, comment saurait-on qu’il a porté nos péchés sur la croix et qu’ils sont expiés? C’est le Saint Esprit, venu dans ce monde à la suite de la glorification de Christ, qui nous l’apprend. Il fallait, en effet, une grande puissance pour annoncer la résurrection de Jésus au milieu des Juifs, car aucun homme ne le vit ressuscité, sinon les disciples. Le mensonge des principaux sacrificateurs, disant que ceux-ci, venus de nuit, avaient dérobé son corps, trouva facilement créance (voir Matthieu 28:11-15). Il fallait la foi en un Christ mort et ressuscité pour être sauvé, alors comme aujourd’hui. La foi saisit les choses invisibles: c’est pourquoi le Seigneur n’est apparu ressuscité qu’à ceux qui avaient cru en lui avant sa mort.

L’Esprit de Dieu aime à rappeler dans les v. 34 à 35 ce qu’il a déjà dit dans les versets 44 à 46 du chap. 2, à savoir que tous ceux qui possédaient des biens les vendaient. Ces biens faisaient partie des choses terrestres. Les croyants réalisaient dans une si grande mesure qu’ils étaient du ciel et que là étaient leurs vrais biens, qu’ils n’attribuaient d’autre valeur à ce qu’ils possédaient que celle de leur utilité pour manifester l’amour entre eux. Aussi il n’y avait parmi eux aucune personne nécessiteuse, tout le produit de la vente de leurs propriétés, ils le déposaient aux pieds des apôtres qui administraient sagement cette abondance selon les besoins. Un Cypriote, nommé Joseph, mais que les apôtres nommèrent Barnabas (fils de consolation), avait remis, lui aussi, le produit de la vente d’une terre. L’Esprit de Dieu nomme ce disciple parce qu’il sera un instrument béni dans l’œuvre, où nous le verrons agir selon la signification de son nom. Il est même nommé apôtre au chap. 14:14.

Il est bon de se souvenir que, dans la manière dont les disciples agissaient avec leurs biens au commencement, nous voyons la manifestation de la vie divine et les principes d’après lesquels elle agissait. Nous pouvons en faire autant, sans vendre et distribuer ce que nous possédons. Si nous avons des biens terrestres, nous n’avons qu’à les considérer comme la possession du Seigneur, et nous comme les administrateurs de choses qui ne nous appartiennent pas. Le Seigneur l’enseigne en Luc 16: comme l’économe, nous pouvons utiliser les biens de notre Maître pour d’autres en vue de l’avenir. Paul ne dit pas à ceux qui sont riches dans le présent siècle de vendre leurs biens; mais d’être «prompts à donner, libéraux, s’amassant comme trésor un bon fondement pour l’avenir, afin qu’ils saisissent ce qui est vraiment la vie» (1 Timothée 6:17-19). Le même apôtre enseigne aussi que ce ne sont pas seulement les riches qui doivent donner: «Que celui qui dérobait ne dérobe plus, mais plutôt qu’il travaille en faisant de ses propres mains ce qui est bon, afin qu’il ait de quoi donner à celui qui est dans le besoin» (Éphésiens 4:28). C’est une grande faveur, de la part de Dieu, de posséder une vie telle que celle dont nous voyons la manifestation si merveilleuse chez les premiers chrétiens; elle nous aide à agir selon les mêmes principes d’amour, de dévouement, d’abnégation; ils contrastent avec l’égoïsme du cœur naturel qui s’étale au grand jour au milieu du monde devant lequel nous sommes appelés à luire comme des luminaires. Pour que cette vie se développe et se manifeste, nous devons non seulement considérer ces premiers chrétiens, mais contempler le Seigneur ici-bas, la manifestation parfaite de la vie que nous possédons, notre modèle sans tache et sans faiblesse. Que Dieu nous donne à tous, grands et petits, de le faire sans nous laisser distraire par les intérêts de ce monde!