2 Timothée

Henri Rossier

Introduction

La seconde Épître à Timothée, dernier récit de l’apôtre Paul, alors qu’emprisonné pour la seconde fois à Rome, il savait que le temps de son départ était arrivé, est, par cela même, d’une importance toute spéciale pour les jours où nous vivons. Dans quel état laissait-il l’Église, la maison de Dieu, dont il avait posé le fondement comme un sage architecte? Ressemblait-elle, cette Église responsable, à sa première condition? Était-elle même pareille à la description qu’il en faisait à son enfant dans la foi, dans sa première épître, lui montrant comment il devait s’y conduire? Non; le beau début d’autrefois avait été remplacé par une indifférence presque générale envers l’apôtre inspiré. Les fausses doctrines, l’opposition à la vérité, s’y faisaient jour de plus en plus. L’avenir était sombre, n’offrant aucun espoir d’amélioration; bien au contraire, l’apôtre annonçait que le mal irait en s’aggravant, à mesure que l’histoire de l’Église responsable dégénérerait en celle d’un christianisme professant sans vie. Le déclin, déjà constaté au premier début de son histoire, était maintenant en voie d’aboutir à la ruine. La chrétienté ne devait pas se relever, mais, lors de l’approche des temps prophétiques à venir, son état aboutirait à la décadence morale la plus complète. Au commencement de son ministère, l’apôtre avait déjà déclaré que la dernière forme du mal serait l’apostasie, le reniement même du christianisme, quand, après l’enlèvement de l’Église, l’Antichrist serait révélé. (2 Thess. 2:3-12). Plus tard, avant sa première captivité, il avait annoncé aux anciens d’Éphèse qu’après son départ il entrerait parmi eux des loups redoutables qui n’épargneraient pas le troupeau (Actes 20:29). La condition morale, décrite dans l’épître que nous allons aborder, n’était donc que l’avant-goût et comme le prélude d’un état moral bien pire, à mesure qu’approcheraient les temps de la fin.

En présence de cet état de choses, quelle devait être l’attitude du chrétien appelé à le traverser? Grave et sérieuse question que l’apôtre adresse à Timothée ainsi qu’à tout chrétien désireux de glorifier son Maître dans le temps actuel. Cette attitude devient nécessairement de plus en plus individuelle, quoique les fidèles soient appelés à se grouper pour servir le Seigneur au milieu d’un état de choses qui ne peut plus être réformé.

Cependant, circonstance infiniment consolante, s’il ne peut plus l’être, il y a des ressources pour le chrétien qui traverse des temps où il serait en danger de perdre courage, n’y trouvant pas d’issue. Ces ressources, comme nous le verrons, sont parfaites et souveraines, rendant le fidèle capable de remporter individuellement la victoire dans la lutte et de glorifier Dieu comme aux plus beaux jours de l’histoire de l’Assemblée. C’est pourquoi nous rencontrerons continuellement, dans cette épître, le remède indiqué chaque fois que le mal est mis en relief. Seulement ce dernier est si étendu, si plein de dangers, entraîne après lui tant de souffrances, que le témoin de Christ, conscient de sa faiblesse, a besoin d’être encouragé, consolé, exhorté, pour ne pas manquer à sa tâche, et, de cette manière, il arrivera au bout de la course recevant la couronne promise à sa fidélité, après qu’il aura remporté la victoire. C’est ce qui nous est présenté dans les exhortations continuelles adressées, dans cette épître, à Timothée lui-même. Quant à l’apôtre, il s’offre en exemple à son cher fils, prenant lui-même exemple sur les souffrances de son Maître et Seigneur. Il se distingue, par sa forte foi personnelle, en présence de la ruine de l’Assemblée qui n’est plus qu’une «grande maison», au lieu d’être «la maison de Dieu, l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité» (2 Tim. 2:20; 1 Tim. 3:15). Cette foi, la ruine ne l’ébranle nullement, tout en lui attirant une infinité de souffrances.

Tel est, en quelques mots, le contenu de cette précieuse épître, dernier héritage laissé par l’apôtre à ceux qui allaient lui succéder dans la carrière, et par conséquent à nous-mêmes.

Comme toujours, les ressources qui nous sont présentées se résument finalement en un seul nom, Jésus Christ, tel que sa Parole nous le révèle. Avec un tel guide et une telle provision de force, le chrétien est plus que vainqueur. Au milieu des souffrances et des obstacles, il possède une espérance, une puissance, que la ruine de la maison de Dieu ne peut atteindre, parce que ces bénédictions sont basées sur la personne divine et immuable de Celui qui est ressuscité d’entre les morts; sur ses promesses et sur la Parole qui nous le révèle.