2 Thessaloniciens

Chapitre 3

Le chap. 3 nous présente une vérité sur laquelle je désire insister. Peut-être vous souvenez-vous que, lors de nos entretiens sur la première Épître, nous avons parlé de la marche chrétienne et montré que cette marche doit être dirigée en premier lieu par les bénédictions que nous possédons: Nous avons l’Esprit; marchons par l’Esprit. L’amour de Dieu est versé dans nos cœurs; marchons dans l’amour. Nous sommes lumière dans le Seigneur; marchons selon la lumière. Nous possédons la vérité; marchons selon la vérité. — Cette marche doit être dirigée en second lieu par nos relations. Nous sommes exhortés à marcher d’une manière digne de Dieu, digne de Christ, digne de l’Évangile.

Le chapitre 3 de notre Épître nous présente un troisième point quant à la marche. Ici elle n’est pas dirigée par la connaissance de nos privilèges ou de nos relations, mais par ce que nous apprenons à connaître dans le cœur de Dieu et dans celui de Christ. «Que le Seigneur», dit l’apôtre, «incline vos cœurs à l’amour de Dieu et à la patience du Christ!» (v. 5). Telles sont les deux choses que nous sommes appelés à montrer dans notre vie de chaque jour. Pourquoi l’amour de Dieu? C’est que l’amour n’est réellement connu et réalisé que lorsqu’on jouit de celui qui est dans le cœur de Dieu. Pourquoi la patience du Christ? C’est que, si l’apôtre avait déjà loué les Thessaloniciens de leur patience (1:4), il veut qu’ils apprécient avant tout la patience dont le Seigneur lui-même fait preuve, sa patience à Lui que nous apprenons à connaître dans un commerce habituel avec Lui. Le désir de Son cœur est d’avoir auprès de Lui ceux pour lesquels il a donné sa vie. Voici dix-neuf cents ans qu’il attend ce moment. Le but de ses souffrances sur la croix n’est pas encore pleinement atteint; car il n’a pas encore associé à sa gloire l’Église, son Épouse bien-aimée, mais il attend ce moment avec une patience parfaite. Rien ne la trouble, parce qu’il lui faut une parole du Père pour se lever de son trône et venir à la rencontre des siens. Cette patience est nécessaire, car sans elle combien de Ses élus, et ne fût-ce même qu’un seul d’entre eux, manqueraient encore!

Connaissez-vous, chers amis, l’amour de Dieu et la patience du Christ? Votre marche journalière est-elle basée sur cette connaissance? Si nous avions à attendre pendant dix ans la réalisation d’un de nos désirs, je crois pouvoir dire qu’il ne nous faudrait pas trois années pour être livrés au découragement le plus complet, et je crois que nous en faisons aujourd’hui l’expérience dans les événements qui agitent le monde. Jésus seul réalise ce que c’est qu’une patience parfaite, mais il en mesure les difficultés pour nous et peut seul y incliner nos cœurs. Quelle joie pour Lui de voir les siens la réaliser! Aussi exprime-t-il sa satisfaction à Philadelphie qui, jouissant de sa communion, «gardait la parole de sa patience». Il n’est pas seulement patient pour attendre le moment de nous avoir avec Lui, mais il use journellement de patience envers nous, afin de nous préparer pour sa demeure glorieuse. C’est pourquoi il est dit: «Il est patient envers vous» (2 Pierre 3:9). Il sanctifie et purifie l’Assemblée, afin de se la présenter glorieuse et sans défaut, et une telle œuvre exige la patience de «Celui qui s’assied pour affiner et purifier l’argent» (Mal. 3:3).

Que le Seigneur incline nos cœurs à la patience du Christ! Il est notre modèle en toutes choses. Nous inspirons-nous de cette patience dans nos rapports avec les hommes, dans nos relations avec nos frères et nos sœurs, et surtout en supportant ceux qui entravent notre marche, nous font opposition ou nous créent des difficultés? N’oublions pas que cette patience est «salut» dans toutes les acceptions de ce terme (2 Pierre 3:15).

L’apôtre vient de présenter l’amour de Dieu comme modèle de notre amour, la patience de Christ comme modèle de notre patience; il y ajoute maintenant son propre exemple, car il leur avait montré ces vertus dans sa conduite. «Vous savez vous-mêmes», dit-il, «comment il faut que vous nous imitiez», et plus loin: Nous nous sommes donnés à vous comme «modèle pour que vous nous imitiez» (versets 7, 9). Combien nous avons à y prendre garde! Nous avons eu sous les yeux l’exemple de serviteurs de Dieu (ici, celui du grand apôtre des Gentils) qui ont eu le droit de nous adresser ces mêmes paroles. Ils ont vécu comme lui chaque jour dans l’amour, dans la patience, la peine et le labeur, travaillant nuit et jour, afin de n’être à charge à aucun, ne pensant jamais à eux-mêmes et constamment aux autres. De pareils modèles ne sont pas vantés par le monde (s’il parle d’eux, c’est pour les contredire, les mépriser ou les haïr); ils ne sont pas ceux dont la Chrétienté professante proclame les noms par les trompettes de sa renommée, et auxquels elle décerne le titre de héros chrétiens, mais ceux dont les fidèles seuls peuvent apprécier l’issue de la conduite, afin d’imiter leur foi. Ceux-là sont «inconnus» du monde et s’accommodent de l’oubli, même des enfants de Dieu, mais ils sont «bien connus» de Dieu (2 Cor. 6:9) et plusieurs ont l’heureux privilège de pouvoir les distinguer quand le monde les ignore. Ayant eux-mêmes Dieu et le Seigneur Jésus pour modèles, ils deviennent, comme dit l’apôtre, des modèles pour nous (Phil. 3:17).

Nous trouvons, au verset 13, un autre caractère de la marche chrétienne: «Mais vous, frères, ne vous lassez pas en faisant le bien». Faire le bien, sans lassitude, doit caractériser notre vie de chaque jour. Faire le bien semble être à première vue un mot assez banal; mais, de fait, ce mot est d’une portée immense: il caractérisait toute la vie pratique extérieure du Seigneur Jésus ici-bas, comme le mot: «Je me suis confié en Lui» caractérisait toute sa vie pratique intérieure. En Actes 10:38, nous voyons que toute son activité portait ce cachet: «Il a passé de lieu en lieu, faisant du bien»; et en Actes 14:17, faire le bien est le caractère de Dieu lui-même dans ses voies envers ses créatures; «Il ne s’est pas laissé sans témoignage, en faisant du bien». Il en est de même pour nous, qui sommes appelés à être imitateurs de Dieu et de Christ. «Ne nous lassons pas en faisant le bien», dit l’apôtre aux Galates, et encore: «Faisons du bien à tous, mais surtout à ceux de la maison de la foi» (Gal. 6:9, 10). L’on pourrait citer beaucoup d’autres passages; bornons-nous à remarquer que, dans la première Épître de Pierre «faire le bien» est l’un des grands sujets recommandés par l’apôtre (1 Pierre 2:15, 20; 3:11, 17; 4:19).

Il s’agit, dans tout notre chapitre, non pas des grands traits de la marche chrétienne, mais de l’humble conduite de chaque jour. «Faire le bien» correspond à ce mot de l’Épître aux Éphésiens: «Les bonnes œuvres que Dieu a préparées, afin que nous marchions en elles». Combien, s’il en était ainsi, le caractère de notre marche différerait de ce qu’il n’est que trop souvent! Un parfum spécial s’exhale de la conduite des frères et des sœurs que l’on voit, jour après jour, n’ayant pas d’autre pensée que de faire du bien à tous en s’oubliant eux-mêmes.

On trouve, dans ce même chapitre, le contraste entre la conduite journalière des frères fidèles et celle des frères qui, ne voulant pas travailler, marchent dans le désordre. Paul travaillait pour ne pas dépendre des autres ou leur être à charge. Nous pouvons, nous aussi, dans notre travail journalier (je ne parle pas ici des frères employés à l’œuvre du Seigneur) servir et glorifier le Seigneur. Ceux qui, parmi les Thessaloniciens, vivaient dans la paresse avaient sans doute, comme cela arrive souvent, toute sorte de bonnes raisons à donner, telles que la venue imminente du Seigneur, pour se croiser les bras. Mais la triste conséquence de leur manque d’occupation était qu’ils se «mêlaient de tout» (v. 11). Souvent, dans les Assemblées, le désordre est introduit par les personnes inoccupées qui, n’ayant pas autre chose à faire, se nourrissent de scandales, entrent indûment dans les circonstances des familles, critiquent leurs frères en secret, au lieu de les aborder ouvertement ou de prier pour eux, divulguent telle parole confidentielle, prêtent des intentions aux actes de leurs frères sans en connaître les motifs, marchent en un mot «dans le désordre» pour employer les termes de l’apôtre. Les Thessaloniciens étaient exhortés à se retirer de telles gens. Notez-les et n’ayez pas commerce avec eux, afin qu’ils en aient de la honte. Cependant ils ne devaient pas les exclure de l’Assemblée, mais les avertir comme des frères au lieu de les tenir pour des ennemis.

Tel était le moyen de mettre l’Assemblée à l’abri de ces désordres. Cette discipline plaçait, sans le retrancher, celui qui «se mêlait de tout» dans l’isolement et sous le jugement de l’Assemblée. On voit ici toute la sagesse que l’Esprit de Dieu déploie dans la conduite de l’Église, et dans les questions de discipline. Il importe à Dieu que tous, dans l’Assemblée, donnent l’exemple de l’ordre et du travail journalier pour leurs besoins.

Si nous ne trouvons pas ici le caractère le plus élevé de la marche, n’oublions pas que c’est ce caractère qui frappe le plus les yeux du monde qui entoure et surveille les enfants de Dieu pour les prendre en faute.

L’apôtre ajoute ces mots: «Or le Seigneur de paix lui-même vous donne toujours la paix en toute manière... La grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous tous». La paix est aussi l’un des caractères de notre vie et de notre témoignage journaliers. Si nous sommes attachés au Seigneur, sa paix (comme sa patience) se montrera dans toutes nos voies et même dans nos combats (Éph. 6:15).

«Grâce et paix», dit-il au commencement de cette Épître (comme il l’a fait dans toutes les autres). «Paix et grâce», dit-il en la terminant. Que la paix règne dans nos cœurs et détermine nos voies, mais appuyons-nous en fin de compte sur la grâce parfaite qui nous a sauvés, amenés à Dieu et dont nous pouvons attendre avec certitude qu’elle nous suivra, nous accompagnera et nous conduira jusqu’au moment béni où elle nous introduira dans la gloire!