2 Samuel

Chapitres 19:42-44 et 20

Conflit entre frères

Pareil à David, le résidu d’Israël retrouvera en réalité, comme le peuple l’eut autrefois en figure, un chemin pour rentrer en Canaan. Le Jourdain, le fleuve de la mort, est ce chemin. Il faut être mort avec Christ pour entrer dans l’héritage et dans les bénédictions des promesses. Puis vient Guilgal (19:40), le lieu de la circoncision, où l’opprobre d’Égypte fut roulé de dessus le peuple. Pour la première fois, ces fidèles de la fin sauront en réalité ce qu’est la vraie circoncision du Christ, «le dépouillement du corps de la chair». Ils entreront dans le royaume de Dieu comme des êtres nés de nouveau.

Ce passage qui s’applique au résidu, s’applique aussi, quoique d’une autre manière, à nous-mêmes. Sans doute, nous sommes maintenant morts avec Christ; nous avons été circoncis, une fois pour toutes, dune circoncision qui n’a pas été faite de main, qui est la circoncision du Christ (Col. 2:11); nous ne pouvons pas être chassés des lieux célestes qui sont notre héritage; mais notre infidélité a nécessairement pour conséquence la discipline du Seigneur. C’est ainsi que nous pouvons et devons perdre la jouissance des choses célestes par une chute, et si nous ne sommes pas chassés de Canaan comme David ou le résidu, du moins lui sommes-nous devenus étrangers, étant rejetés dans le monde dont la grâce de Dieu nous avait retirés.

Il suffit pour cela d’oublier un instant, en retournant aux choses dont la croix nous a séparés, que la mort de Christ, comme le Jourdain et Guilgal, nous sépare du monde et de la chair. Alors, pour retrouver la puissance de ce que notre folie avait méprisé, nous sommes obligés de refaire en pratique le chemin jadis parcouru, de renouveler connaissance avec notre Jourdain et notre Guilgal et, par la repentance, de retrouver le but de la croix et la puissance de cette mort avec Christ, par laquelle nous avions été crucifiés au péché et au monde. Que Dieu nous donne de faire ces expériences avec sa Parole et non par des chutes positives. L’histoire de David nous apprend l’immense perte qu’une chute occasionna à son âme, malgré la perfection de la grâce qui se glorifia en le restaurant.

Du chap. 19:41, au chap. 20:2, nous assistons au dissentiment entre Israël et Juda. De fait, ni l’un ni l’autre parti n’avait pleinement raison. Israël avait trahi en masse, mais était revenu le premier après la mort d’Absalom (19:10); Juda s’était montré lent et paresseux d’abord, mais avait racheté ce peu d’empressement en répondant à l’appel de la grâce, alors qu’Israël délibérait encore (19:11-15).

Jalouses de cette décision de Juda, les dix tribus s’en plaignent au roi. Juda répond en faisant valoir ses liens étroits avec le fils d’Isaï et insinue qu’en ramenant le roi il n’a pas, comme d’autres, des motifs intéressés (19:42). Israël réplique: «J’ai dix parts au roi, et aussi en David j’ai plus que toi; et pourquoi m’as-tu méprisé? Et ma parole n’a-t-elle pas été la première pour ramener mon roi?» (v. 43). Tous ces discours sont de la chair. L’ambition de jouer un rôle dans les choses de Dieu, la jalousie en présence de l’activité de nos frères, l’amour propre blessé, la préoccupation de nous-mêmes, ne sont certes pas le fruit de l’Esprit et des affections divines. Juda, malgré sa position meilleure, ne vaut pas mieux que les dix tribus. «La parole des hommes de Juda fut plus dure que la parole des hommes d’Israël» (v. 43). Ceux qui ont raison agissent sans amour, et il ne peut en résulter qu’une division. Elle s’accomplit au chap. 20:1, 2. À l’instigation de Satan qui emploie Shéba, fils de Bicri, pour cette œuvre, Israël qui venait de dire: «J’ai dix parts au roi», s’écrie maintenant: «Nous n’avons point de part en David, ni d’héritage dans le fils d’Isaï» (v. 1). Tout Israël, pour une question personnelle, se sépare ainsi de lui; c’est ce que l’ennemi désire. Il est souvent difficile au début de deviner ses intentions, mais le moment arrive toujours où il se démasque et entraîne après lui les pauvres saints aveuglés. Quelle folie de préférer à David un «homme de Bélial», un Shéba, fils de Bicri, Benjaminite! Il en est toujours ainsi dans les luttes intestines du peuple de Dieu. Le but de Satan est de détourner les âmes de Christ. Peu lui importe ensuite que Juda reste attaché à l’oint de l’Éternel. Ce petit nombre n’est-il pas déconsidéré par le fait d’avoir été plus dur de parole que ceux d’Israël? Il est humiliant pour Juda d’avoir manqué dans le conflit, mais une chose lui reste: la grâce de David l’avait prévenu. «Vous êtes mon os et ma chair». C’était lui qui avait incliné leurs cœurs comme un seul homme en réveillant chez eux le sentiment de leur union intime avec lui, (19:14). Tout le mérite en revenait à David. Par sa grâce, «les hommes de Juda s’attachèrent à leur roi, depuis le Jourdain jusqu’à Jérusalem» (v. 2). La bénédiction est donc pour Juda, malgré sa faute, car il est gardé là où David se trouve.

Ayant repris sa place au milieu du résidu de son peuple, David purifie sa maison de la corruption qui s’y était introduite. Il n’en chasse pas ses femmes souillées, pour la réédifier sur un nouveau pied, car il était lui-même coupable de toute cette ruine. Le mal, les vases à déshonneur, la souillure, sont là. David en porte la peine et l’humiliation, tout en se purifiant personnellement de ces choses, afin d’être un vase à honneur pour l’Éternel. Il ne s’allie nullement au mal que, pourtant, il avait provoqué. Au contraire, sa séparation est publique.

Il comprend qu’il doit être désormais un «vase à honneur, sanctifié, utile au Maître, préparé pour toute bonne œuvre».

Ces choses, cher lecteur, s’appliquent à nous aussi. Nous traversons le temps de ruine, proclamé dans la seconde épître à Timothée. Nous ne pouvons rétablir la maison de Dieu, ni briser les vases à déshonneur, mais nous pouvons nous retirer de l’iniquité, portant ainsi le sceau du «solide fondement de Dieu» (2 Tim. 2:19-21).

David, décidé à renvoyer Joab, cherche à tenir la promesse faite à son neveu Amasa, en le faisant chef de l’armée (conf. 19:13); il le charge de rassembler les hommes de Juda pour poursuivre le fils de Bicri. Amasa tarde à s’acquitter de sa mission. Peut-être David manque-t-il de patience, car Amasa n’était pas un traître et il était déjà arrivé à Gabaon, non loin de Jérusalem, quand le corps d’Abishaï et l’élite sortaient de la capitale (v. 8). Le fait est que, par crainte du mal que Shéba pourrait faire, David retombe par Abishaï entre les mains de Joab. N’aurait-il pas dû consulter l’Éternel à ce renouvellement de son règne? Dieu qui avait incliné une fois le cœur d’Israël, ne pouvait-il le faire une seconde fois?

Joab, ambitieux sans scrupules, pour qui tout acte servant ses intérêts est légitime, redevient meurtrier pour la troisième fois, afin de reconquérir sa place.

Devant la ville d’Abel, la sagesse d’une femme arrête l’effusion du sang. La guerre fratricide prend fin par la mort de Shéba, le vrai coupable. Joab a lui-même une parole de sagesse; il accuse Shéba d’avoir «levé sa main contre le roi, contre David» (v. 21). C’était, en effet, entrer au vif de la question, car l’attaque de Shéba était dirigée contre le roi. La femme d’Abel se rend compte que juger le coupable est la seule chose à faire pour ramener la paix: «Voici, sa tête te sera jetée par la muraille» (v. 21). Il ne s’agit pas, comme on le dit si souvent, que chacun reconnaisse ses torts et s’en humilie; cela n’ôte pas le mal; mais celui qui avait levé sa main contre David devait être retranché.

N’est-ce pas ce qui devrait toujours avoir lieu dans les conflits entre frères au sujet de la doctrine? Les uns jugent, les autres acceptent l’hérétique, et la paix ne peut être rétablie que par le retranchement du méchant.

Ce chapitre se termine, comme le chap. 8:15-18, par l’énumération de l’ordre restauré dans l’administration du royaume. Ce qui suit est comme l’épilogue du livre.