2 Samuel

Chapitre 7

Communion

Les deux chapitres précédents nous ont montré les changements importants produits dans les voies de Dieu envers Israël par l’établissement, en Sion, de la royauté de David. Le roi y amène l’arche, associant ainsi le trône de Dieu à son gouvernement. Ce n’est pas encore, nous l’avons vu, un état de choses fondé à perpétuité, comme sous le règne de Salomon.

C’est pourquoi nous ne trouvons pas ici l’ordre régulier du culte. David amène l’arche à Jérusalem, mais non pas les autres objets du tabernacle. Il dresse pour l’arche une tente, mais ce n’est pas la tente du désert. Ils placèrent l’arche de l’Éternel «en son lieu, dans la tente que David avait tendue pour elle» (6:17). Le tabernacle lui-même, avec l’autel, se trouvait autre part.

Dans le premier livre de Samuel, le tabernacle et l’arche sont à Silo. L’arche est emmenée en captivité par les Philistins, mais quand elle remonte en grâce, elle ne retrouve pas sa place en Silo, dans l’endroit où l’on pouvait s’approcher de Dieu par le sacrifice.

Dans le deuxième livre de Samuel, Silo disparaît, mais le tabernacle n’est pas transporté à Jérusalem. On le retrouve à Gabaon, sans qu’il nous soit dit comment il y est arrivé. Une chose est certaine, c’est que le tabernacle et l’autel de l’holocauste sont à Gabaon lorsque David amène l’arche sur la montagne de Sion: «Et David laissa là, devant l’arche de l’alliance de l’Éternel, Asaph et ses frères, pour faire le service devant l’arche continuellement, selon l’œuvre de chaque jour... et Tsadok, le sacrificateur, et ses frères les sacrificateurs, devant le tabernacle de l’Éternel, au haut lieu qui était à Gabaon, pour offrir des holocaustes à l’Éternel sur l’autel de l’holocauste continuellement» (1 Chron. 16:37-41). Plus tard, lors de la peste de Jérusalem, quand David, sur l’ordre de l’Éternel, bâtit un autel sur la colline de Morija et y sacrifie, il est dit: «Le tabernacle de l’Éternel, que Moïse avait fait dans le désert, et l’autel de l’holocauste, étaient en ce temps-là sur le haut lieu de Gabaon; et David ne put point aller devant cet autel pour rechercher Dieu, car il était épouvanté à cause de l’épée de l’ange de l’Éternel» (1 Chron. 21:29, 30). C’est encore à Gabaon que Salomon sacrifiait au début de son règne: «Et le roi s’en alla à Gabaon pour y sacrifier, car c’était le principal haut lieu; Salomon offrit mille holocaustes sur cet autel» (1 Rois 3:4).

Tout cela nous montre, pendant le règne de David, un état de désordre ou plutôt de grande faiblesse quant au culte de l’Éternel. Silo était virtuellement abandonné depuis la ruine de la sacrificature (Ps. 78:60, 61); la maison de l’Éternel n’était pas encore bâtie à Jérusalem et le culte était pour ainsi dire scindé entre l’arche de Sion et l’autel de Gabaon. Les autres ustensiles étaient restés dans le tabernacle. Ils sont mentionnés en 1 Rois 8:4. Gabaon étant une ville des fils d’Aaron (Jos. 21:17), on peut supposer que, comme pour Nob (1 Sam. 21:6), les objets du sanctuaire s’y trouvaient sous la garde des sacrificateurs.

Quoi qu’il en soit, le culte de l’Éternel, sous le règne de David, était bien loin de ce qu’il aurait dû être. Mais une chose suffisait à David, objet de tous ses désirs pendant ses afflictions (Ps. 132:1-8): il avait trouvé un lieu de repos pour le trône de l’Éternel des armées, pour l’arche de sa force. Là où David était établi, il avait maintenant avec lui le Dieu d’Israël, car «le nom» (6:2) représente la personne. Sa ressource, précieuse entre toutes, au milieu de la dispersion des objets saints, en un temps de transition auquel allait succéder la gloire de son successeur, sa ressource, dis-je, était la présence de Dieu lui-même avec lui et avec son peuple Israël.

C’est aussi, dans le jour actuel, ce qui constitue la bénédiction des fidèles. L’Église est dans un état de ruine et de véritable désordre, mais une chose nous suffit: c’est d’avoir la présence personnelle du Seigneur au milieu de nous. Ayant un tel privilège, comment nous laisserions-nous décourager par l’état de choses qui nous entoure? Avec Lui, bien mieux que David, n’avons-nous pas le culte? Cette présence suffisait à remplir de joie et d’actions de grâces le cœur du roi.

Au chap. 7, David habite dans sa maison: la puissance de Dieu lui a donné du repos de tous ses ennemis; sa royauté est proclamée, l’arche est avec lui. Alors, dans son affection pour l’Éternel, il désire lui bâtir un lieu permanent de repos. L’arche pourrait-elle encore habiter «sous des tapis», dans une demeure de passage, quand David habite une maison de cèdres, solide et fondée dans sa beauté? Il fait part de son désir à Nathan, le prophète; désir d’un cœur pieux, car il voulait voir la gloire établie en Israël. Nathan l’approuve: «Va, fais tout ce qui est dans ton cœur, car l’Éternel est avec toi» (v. 3).

Si David s’occupait pieusement du repos de Dieu en Israël, ni lui, ni le prophète, ne connaissaient le moment que Dieu avait décrété pour cela. David ne devait pas faire ce qui était dans son cœur; il lui fallait dépendre de Dieu et s’attendre à Lui. Nathan ne pouvait pas se fier à son don de prophète pour diriger David. Le roi, malgré sa piété, se trompe; le prophète, avec toutes ses lumières, fait erreur.

David est un homme qui dépend réellement de l’Éternel, mais en combien d’occasions cette dépendance lui fait défaut! Il ne pouvait pas même se confier à son affection pour le Seigneur et venait de l’apprendre lors de la «brèche d’Uzza»; il devait interroger Dieu, et pas plus que le roi, Nathan n’était exempt de cette obligation. Il faut que chacun de nous, individuellement, ne dépende que de Dieu; les hommes les plus pieux ne peuvent Le remplacer. Lot marche un temps avec Abraham; hélas, quelle fut sa fin! Abraham marchait avec Dieu; considérons l’issue de sa conduite et imitons sa foi. Certes, nous pouvons écouter des conseils, en demander à ceux qui sont plus avancés que nous en connaissance, en sagesse, en vraie piété; c’est ce que font les cœurs humbles qui n’ont pas confiance en eux-mêmes, — mais nous ne devons dépendre que de Dieu pour nos décisions et pour notre marche.

L’Éternel a compassion de son serviteur; il voit dans son cœur le désir de l’honorer et lui révèle sa pensée secrète. «Il arriva, cette nuit-là, que la parole de l’Éternel vint à Nathan, disant: Va, et dis à mon serviteur, à David: Ainsi dit l’Éternel: Me bâtirais-tu une maison pour que j’y habite? Car je n’ai pas habité dans une maison, depuis le jour où j’ai fait monter les fils d’Israël hors d’Égypte, jusqu’à ce jour; mais j’ai marché çà et là dans une tente et dans un tabernacle» (v. 4-6). Jamais, dit-il, je n’ai pris de repos jusqu’ici; j’ai toujours été errant avec mon peuple. Tant que l’ordre définitif n’est pas établi, je n’ai pas dit un mot au sujet d’un lieu de repos à me bâtir.

Pourquoi cela? C’est que Dieu estimait qu’il n’avait pas encore trouvé son repos définitif à Lui; il continuait d’agir; il sacrifiait son propre repos à celui de son peuple, à celui de son roi, et son activité se déployait encore en leur faveur, afin de les établir sur la montagne de son héritage, de les y planter, comme il était dit au cantique de Moïse: «Tu les introduiras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage» (Ex. 15:17), et Dieu n’avait pas encore terminé ce travail. Il veut l’achever et prend le rôle de travailleur en faveur de ce misérable peuple; il laisse, pour ainsi dire, entièrement de côté ses intérêts à Lui, afin d’établir définitivement son peuple dans un repos que rien ne viendra troubler, pour toujours. Le mot «pour toujours» caractérise toutes les bénédictions de ce chapitre (v. 13, 16, 24, 26, 29). Telle est la pensée de Dieu pour les siens.

Nous aussi, nous avons le Seigneur qui travaille à notre bénédiction. N’a-t-il pas dit: «Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille»? (Jean 5:17). Il n’a pas encore cessé de travailler par son Esprit et sera à l’œuvre jusqu’au moment où «Il verra du fruit du travail de son âme, et sera satisfait» (És. 53:11). Alors Dieu pourra avoir du repos, en donner à son peuple, à son Roi qu’il établira Chef sur toutes choses; alors il se reposera Lui-même. «Le roi d’Israël, l’Éternel, est au milieu de toi: tu ne verras plus le mal. En ce jour-là, il sera dit à Jérusalem: Ne crains pas! Sion, que tes mains ne soient pas lâches! L’Éternel ton Dieu, au milieu de toi, est puissant; il sauvera; il se réjouira avec joie à ton sujet: Il se reposera dans son amour, il s’égayera en toi avec chant de triomphe!» (Soph. 3:15-17). Voilà le repos de Dieu. Quand il aura introduit dans le repos tous les objets de son amour, qu’il les aura autour de Lui, dans la gloire, sans changement désormais, sans qu’aucun nuage puisse passer sur eux;

Quand le Seigneur verra ce que son cœur réclame,
De son œuvre à la croix le fruit mûr et parfait,

alors ce sera le repos de Dieu. Oui, il se reposera dans son amour. Le repos de la création a duré un jour et a été troublé; le repos de la rédemption ne le sera jamais et durera «pour toujours».

Le premier livre des Rois nous présente ce repos en type, dans le règne glorieux de Salomon, faible image de celui de Christ. Alors la justice et la paix régneront sur la terre après s’être «entrebaisées» sur la croix (Ps. 85:11). Et ce ne sera pas la fin. De nouveaux cieux et une nouvelle terre succéderont aux premiers et la justice y habitera quand son règne aura pris fin (2 Pierre 3:13).

Avant que ces choses aient lieu, nous trouvons dans notre livre une période de transition, où Dieu travaille pour amener le plein accomplissement de ses conseils.

Dieu dit à David ce qu’il a fait pour lui: «Je t’ai pris des parcs, d’auprès du menu bétail, pour que tu fusses prince sur mon peuple, sur Israël» (v. 8). Telle était son origine. «J’ai été avec toi partout où tu as marché; et j’ai retranché tous tes ennemis de devant toi, et je t’ai fait un grand nom, comme le nom des grands qui sont sur la terre» (v. 9). Dieu l’avait soutenu en grâce de son premier à son dernier pas; partout il avait été avec lui et avait voulu le rendre puissant et honoré.

«Et j’ai établi un lieu à mon peuple, à Israël, et je le planterai, et il habitera chez lui, et ne sera plus agité; et les fils d’iniquité ne l’affligeront plus comme au commencement, et depuis le jour où j’ai établi des juges sur mon peuple Israël» (v. 10, 11). Quelle grâce, quelle tendre pitié pour ce peuple! Il l’appelle son peuple avec délices. Et quant à David: «Je t’ai donné du repos de tous tes ennemis», mais je veux faire plus encore pour toi. Tu voudrais me bâtir une maison? C’est moi qui me mets à ton service pour t’en établir une, non pas une maison de cèdres, mais: «L’Éternel t’annonce qu’il te fera une maison. Quand tes jours seront accomplis et que tu dormiras avec tes pères, je susciterai après toi ta semence, qui sortira de tes entrailles, et j’affermirai son royaume. Lui, bâtira une maison à mon nom; et j’affermirai le trône de son royaume pour toujours» (v. 13, 14). Est-ce seulement dans la personne de Salomon? Non, Dieu dirige les regards de David vers Christ, la postérité de David. Quelles pensées devaient remplir le cœur du roi, en présence d’un tel honneur fait à sa race! Les promesses de la grâce vont jusqu’au royaume éternel: «Moi, je lui serai pour père, et lui me sera pour fils». Le fils de David sera le Fils de Dieu! (Héb. 1:5). Quelle perspective pour le cœur de David! Un fleuve de grâce coule vers lui et découlera de lui!

Après cela, Dieu parle à David de Salomon, non plus comme type de Christ, mais comme homme faillible auquel une responsabilité sera confiée comme tel; il peut tomber sous la discipline et sous le châtiment de Dieu. «S’il commet l’iniquité, je le châtierai avec une verge d’hommes et avec des plaies des fils des hommes» (v. 14), mais sa descendance sera établie à toujours: «Ma bonté ne se retirera point de lui, comme je l’ai retirée d’avec Saül que j’ai ôté de devant toi. Et ta maison et ton royaume seront rendus stables à toujours devant toi, ton trône sera affermi pour toujours» (v. 15, 16).

Dieu a-t-il menti? La descendance de David semble avoir pris fin, les faibles vestiges de son trône paraissent tomber en poussière avec Zorobabel, qui ne mérite pas le titre de roi, et voici déjà que la voix de Zacharie crie à Zorobabel (Zach. 4:6-10). «Réjouis-toi avec transports, fille de Sion; pousse des cris de joie, fille de Jérusalem! Voici, ton roi vient à toi; il est juste et ayant le salut, humble et monté sur un âne, et sur un poulain, le petit d’une ânesse» (9:9). Il n’y a donc pas d’interrègne... Mais le Messie, le vrai roi, est rejeté par son peuple! Sans doute, le trône est maintenant perdu et la promesse de Dieu à David ne s’est pas réalisée? Où est le roi? Où est la succession de la semence de David? Mais non, le trône existe! Avant que Dieu l’établisse de nouveau sur la terre, il est établi dans les cieux. Le fils de David est allé «recevoir un royaume et revenir» (Luc 19:12). Il est reconnu chef de la partie céleste de son royaume, avant que la partie terrestre lui soit soumise à son tour. «Le roi est mort, vive le roi!» disent les hommes en acclamant le successeur du souverain décédé, mais le Christ est mort une fois; le Christ, son propre successeur, vit éternellement!

Depuis la croix de Christ et sa réjection par les Juifs, nous avons une parenthèse qui va de la formation de l’Église, jusqu’au moment où le Seigneur l’enlèvera pour l’introduire dans la gloire avec Lui. C’est seulement ensuite qu’il revendiquera ses droits sur la partie terrestre de son royaume. Toutes «les grâces assurées de David» se réaliseront en Celui dont le royaume sera affermi à toujours.

J’aime à donner pour titre à ce chapitre: «La Communion». Dieu y confie à David toutes ses pensées, non seulement au sujet de lui et de son peuple, mais au sujet de Christ. David «entre, s’assied devant l’Éternel», et en toute liberté, en toute confiance, s’adressant au Dieu des armées qui siège entre les chérubins, lui communique ses propres pensées, les pensées de la reconnaissance la plus profonde pour tout ce que Dieu a fait pour lui. Il se réjouit avec Dieu de ce que Dieu a le dessein d’accomplir pour lui, son peuple et sa maison.

La première chose digne de remarque, c’est l’humilité du roi. Il n’a aucune pensée d’orgueil. La communion avec le Seigneur, au lieu d’élever l’homme, l’abaisse à ses propres yeux. «Qui suis-je, Seigneur Éternel! et quelle est ma maison, que tu m’aies amené jusqu’ici!» (v. 18). Comme il connaît bien son origine et s’en glorifie, parce qu’elle exalte le Dieu qui l’a «pris d’auprès des parcs du menu bétail!»

Ne pouvons-nous pas dire les mêmes paroles, nous, tirés de si bas, pour avoir part à l’ère glorieuse qui va s’ouvrir? «Qui suis-je et quelle est ma maison que tu m’aies amené jusqu’ici! Et encore cela a été peu de chose à tes yeux, Seigneur Éternel! et tu as même parlé de la maison de ton serviteur pour un long avenir» (v. 19). Tu as montré ta grandeur en me donnant un grand nom, à moi, un être misérable et sans valeur. Ah! ce n’est pas moi, c’est Toi, dont la grandeur est magnifique! «Est-ce là la manière de l’homme, Seigneur Éternel?» (v. 19). «Et David, que pourrait-il dire de plus?» Il se tient devant Dieu, donnant libre cours aux sentiments qui le remplissent, mais sachant que ses paroles seront toujours trop faibles pour les exprimer. Ensuite (v. 23, 24) il bénit l’Éternel de ce qu’il a fait pour son peuple.

Au v. 25 arrive la prière qui termine ce chapitre. On y trouve le caractère d’une vraie prière de communion: Fais ce que tu as voulu faire et ce que tu as dit. «Que la maison de ton serviteur David soit affermie devant toi..., car tu as révélé à ton serviteur, disant: Je te bâtirai une maison». «Qu’il te plaise de bénir la maison de ton serviteur,... car toi, Seigneur Éternel, tu as parlé» (v. 26-29).

Nous pouvons nous former sur cette attitude. Ayant reçu dans nos cœurs les communications divines, éprouvons ce que sont les prières de cœurs qui demandent à Dieu les choses que Lui-même nous a promises, car il aime à donner les choses que nous Lui demandons, à nous accorder selon nos pensées et nos désirs, parce qu’étant le fruit de la communion avec Lui, elles sont ses pensées et ses désirs.