2 Pierre

Chapitre 3

Je vous écris déjà, bien-aimés, cette seconde lettre; et, dans l’une et dans l’autre, je réveille votre pure intelligence, en rappelant ces choses à votre mémoire, afin que vous vous souveniez des paroles qui ont été dites à l’avance par les saints prophètes, et du commandement du Seigneur et Sauveur par vos apôtres. (v. 1, 2)

L’apôtre a pour but de réveiller la pure intelligence des saints, une intelligence qui vient de Dieu, en leur rappelant ces choses par ses deux épîtres. Ce n’est pas une révélation nouvelle qu’il leur donne, mais il leur rappelle les choses que les saints prophètes de l’Ancien Testament leur avaient dites d’avance au sujet des temps de la fin ainsi que le saint commandement que le Seigneur et Sauveur leur avait donné par ses apôtres, en vue des derniers temps, afin qu’ils fussent sur leurs gardes en présence des temps périlleux de la fin. Ainsi prophètes et apôtres étaient parfaitement d’accord sur le caractère des derniers jours que nous traversons, tandis que c’est précisément le contraire qui est annoncé dans la chrétienté d’aujourd’hui. Pauvre monde trompé par l’ennemi, et prêtant l’oreille à toutes les voix qui lui annoncent une amélioration graduelle de l’état actuel des choses, et de l’état des hommes au milieu de ces circonstances.

 

Sachant tout d’abord ceci, qu’aux derniers jours des moqueurs viendront, marchant dans la moquerie selon leurs propres convoitises et disant: Où est la promesse de sa venue? Car, depuis que les pères se sont endormis, toutes choses demeurent au même état dès le commencement de la création. (v. 3, 4)

Ce qui caractérisait avant tout le monde des derniers jours, c’était la moquerie. Ces gens marchaient, selon leurs propres convoitises, dans la moquerie, disant: Où est la promesse de Sa venue? La moquerie n’est pas l’attaque, sous forme de plaisanterie, des vérités divines; mais, du moment que la Parole était laissée de côté, ce que suppose ce terme de «moquerie», où était la preuve de la promesse de sa venue? Il n’y en avait aucune. La moquerie est tout simplement l’abandon de la Parole. Elle avait pour origine le fait que les hommes ne voulaient pas abandonner leurs convoitises. Comment pourraient-ils les maintenir, si le monde courait à sa perte?

Si la venue du Seigneur était réelle, la fin devait, en effet, être proche. Mais cette venue était-elle réelle? En faisant abstraction de la Bible, les choses avaient-elles changé dès le commencement de la création? Que disait la science? Ne prouvait-elle pas, affirmaient ces moqueurs, qu’aucun cataclysme général n’avait eu lieu depuis le commencement de la création?

 

Car ils ignorent volontairement ceci, que, par la parole de Dieu, des cieux subsistaient jadis, et une terre tirée des eaux et subsistant au milieu des eaux, par lesquelles le monde d’alors fut détruit, étant submergé par de l’eau. Mais les cieux et la terre de maintenant sont réservés par sa Parole pour le feu, gardés pour le jour du jugement et de la destruction des hommes impies. (v. 5-7)

Leur ignorance volontaire était que, selon la parole de Dieu, le monde subsistait autrefois tiré des eaux et que le déluge arriva, submergeant toutes choses, dès que l’équilibre des éléments fut rompu. Mais un nouveau cataclysme est suspendu sur le monde. Les cieux et la terre actuels sont réservés pour le feu selon la Parole à laquelle ces gens ne croient pas. Tel sera le jugement sous lequel ces hommes impies, qui se sont moqués de Dieu, devront périr.

 

Mais n’ignorez pas cette chose, bien-aimés, c’est qu’un jour est devant le Seigneur comme mille ans, et mille ans comme un jour. Le Seigneur ne tarde pas pour ce qui concerne la promesse, comme quelques-uns estiment qu’il y a du retardement; mais il est patient envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance. (v. 8, 9)

Quant au temps où ces choses auront lieu, il ne faut pas oublier que, devant le Seigneur, le temps ne compte pas. Quant aux promesses faites aux siens, Dieu ne tarde pas, mais il est plein de patience envers le monde et nous, ses rachetés, nous pouvons partager sa patience, car il ne veut pas qu’aucun périsse, mais que tous arrivent à la repentance. Voilà pourquoi il attend.

 

Or le jour du Seigneur viendra comme un voleur; et, dans ce jour-là, les cieux passeront avec un bruit sifflant, et les éléments embrasés seront dissous, et la terre et les œuvres qui sont en elle seront brûlées entièrement. (v. 10)

Les gens dont l’apôtre parle se moquaient de la promesse de sa venue autant, sans doute, pour ce qui concernait les saints, car ils parlaient des pères qui s’étaient endormis (v. 4), que pour ce qui concernait le monde. Ils niaient la venue du Seigneur pour ses bien-aimés, et niaient aussi sa venue en jugement sur le monde. Or c’est ce second acte qui constitue le sujet spécial de la seconde épître de Pierre. Mais, dit l’apôtre, le jour du Seigneur, ce second acte de sa venue, quand il viendra, non plus pour enlever les saints à sa rencontre, mais quand il viendra avec eux pour exercer le jugement sur le monde, ce jour, dit-il, viendra comme un voleur. Cela est déclaré quant au protestantisme dégénéré en Apoc. 3:3. C’est le jugement des vivants décrit en Apoc. 19:11-18. Seulement, quand l’apôtre aborde le sujet du jugement, il étend cet événement jusqu’au moment où, après le millénium, dont il ne dit pas même un mot ici, les cieux passeront avec un bruit sifflant et les éléments embrasés seront dissous, et la terre et les œuvres qui sont en elle seront brûlées entièrement. Rien ne restera de toutes les œuvres que les hommes ont accumulées sur la terre, espérant sans doute qu’il en survivrait quelque témoignage durable. Rien! car le jugement atteindra le tout. Comme explication de cette omission complète du millénium dans ce passage, il est bon de rappeler que ce sujet a été traité en détail comme une révélation spéciale faite à l’apôtre, dans le premier chapitre de cette épître où l’apôtre montre aux chrétiens, auxquels il s’adresse, avec quel soin il leur avait fait connaître, comme témoin oculaire, la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ. Il était ainsi d’autant plus autorisé à rejoindre dans notre passage la venue du Seigneur avec le jour du Seigneur.

 

Toutes ces choses devant donc se dissoudre, quelles gens devriez-vous être en sainte conduite et en piété, attendant et hâtant la venue du jour de Dieu, à cause duquel les cieux en feu seront dissous et les éléments embrasés se fondront. (v. 11-12)

Après avoir fait mention de ces moqueurs incrédules, l’apôtre se tourne maintenant vers les saints auxquels cette épître est adressée. Quel effet, leur dit-il, doit produire sur vous le fait que toutes choses doivent se dissoudre? Cette vérité n’aura-t-elle pas d’influence sur vous (comme aussi sur nous tous) en produisant chez vous une conduite sainte et la piété, deux choses sur lesquelles les deux épîtres de Pierre insistent en représentant le chrétien comme n’ayant rien dans ce monde, et marchant vers l’avenir éternel qu’il n’atteindra que lorsque Jésus sera manifesté. C’est ainsi, dit l’apôtre, que vous êtes appelés à attendre et à hâter la venue du jour de Dieu. Entre la venue du Seigneur et le jour de Dieu, il n’y a pour vous aucun intervalle. À Sa venue vous serez entrés enfin dans la pleine réalisation des choses invisibles. Ce qui pour vous jusqu’ici n’était qu’un salut d’âmes, sera devenu la jouissance et l’entrée en possession d’un présent éternel!

C’est pour amener ce jour de Dieu, ce temps éternellement présent, que les éléments embrasés se fondront; le règne de mille ans n’étant qu’un intermède merveilleux destiné à établir le royaume de Christ et l’exécution absolue de toutes les promesses. C’est à ces temps éternels que vous êtes, que nous sommes tous destinés; c’est pour les hâter que nous tous avons à marcher comme appartenant au jour de Dieu.

 

Mais, selon sa promesse, nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans lesquels la justice habite. (v. 13)

Dieu nous a fait une promesse qui ne peut nous tromper. À ces temps éternels appartiennent de nouveaux cieux et une nouvelle terre (non pas une terre millénaire nettoyée) que nous attendons et dans lesquels la justice habite. Cette justice régnera pendant le règne de mille ans; pour nous elle habitera dans l’éternité; pour Dieu dont l’existence est au-dessus de toutes ces choses, elle habite dans le temps éternel. En ce temps tout correspondra parfaitement à toutes les exigences de la sainteté de Dieu, à l’absence absolue de péché, au caractère du Dieu éternel!

 

C’est pourquoi, bien-aimés, en attendant ces choses, étudiez-vous à être trouvés sans tache et irréprochables devant lui, en paix. (v. 14)

La conséquence pour nous, c’est que, attendant que toutes choses doivent se dissoudre et aspirant aux choses définitives, nous devons être trouvés en accord avec elles: sans tache: pureté parfaite; irréprochables: communion parfaite; en paix: sans qu’une question puisse être soulevée entre nous et Dieu. Combien nous sommes éloignés d’une telle perfection pratique, et cependant Dieu l’attend de nous, et nous y encourage. Aussi j’aime cette expression: «Étudiez-vous à être trouvés». Arrivés au but, supporterons-nous que Dieu admette en Sa présence ce qui ne serait pas parfait et ne correspondrait pas de tout point à son caractère?

 

Et estimez que la patience de notre Seigneur est salut, comme notre bien-aimé frère Paul aussi vous a écrit selon la sagesse qui lui a été donnée, ainsi qu’il le fait aussi dans toutes ses lettres, où il parle de ces choses, parmi lesquelles il y en a de difficiles à comprendre, que les ignorants et les mal affermis tordent, comme aussi les autres écritures, à leur propre destruction. (v. 15-16)

Telle est donc notre condition pratique devant une apparence de retardement. La parole de Dieu tout entière prononce à nos oreilles et dans nos cœurs ce mot: salut, et cela est d’autant plus remarquable que cette épître nous parle avec une sainte indignation du caractère des méchants de la fin. Nous nous réjouissons donc d’être en pleine communion avec la pensée du Seigneur. Ici l’apôtre exprime la même communion de pensées sur ce sujet avec le «bien-aimé frère Paul». Ce dernier avait écrit aux Hébreux, à ces mêmes croyants, selon la sagesse qui lui était donnée et ses écrits en général contenaient des choses difficiles à comprendre, tordues par les ignorants et les mal affermis, à leur propre destruction, comme ils le faisaient avec les autres Écritures. Ainsi les écrits de Paul faisaient partie des Écritures, mais il y en avait aussi d’autres, telles que les Évangiles, les Actes, Jacques, Jude, Jean et l’Apocalypse. Ce passage a d’autant plus d’importance qu’il réduit à néant toutes les idées rationalistes sur le prétendu antagonisme entre les deux apôtres Pierre et Paul.

 

Vous donc, bien-aimés, sachant ces choses à l’avance, prenez garde, de peur qu’étant entraînés par l’erreur des pervers, vous ne veniez à déchoir de votre propre fermeté; mais croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. À Lui la gloire, et maintenant et jusqu’au jour d’éternité! Amen. (v. 17, 18)

Les croyants, sachant ces choses, sont exhortés, à leur tour, à n’être pas entraînés par l’erreur des pervers et à ne pas perdre la fermeté qui les avait caractérisés jusqu’alors. Le moyen de résister et de ne pas rester stationnaires, car la station est déjà un recul, c’était de croître dans deux directions: l° dans la grâce, 2° dans la connaissance de cette chose merveilleuse: la personne de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. C’était ce que David lui-même avait désiré: «J’ai demandé une chose à l’Éternel, je la rechercherai: c’est que j’habite dans la maison de l’Éternel, tous les jours de ma vie, pour voir la beauté de l’Éternel, et pour m’enquérir diligemment de lui dans son temple» (Ps. 27:4). L’apôtre termine par cette précieuse doxologie: «À Lui la gloire, et maintenant et jusqu’au jour d’éternité. Amen!» introduisant ainsi ses frères bien-aimés dans la jouissance des choses éternelles!