2 Corinthiens

Chapitre 3

Le temps assez long qui s’est écoulé depuis notre dernier entretien me donne l’occasion de revenir un peu sur les pensées contenues dans les deux premiers chapitres de notre épître. Cette dernière présente un sujet particulier, le Ministère, son fonctionnement, la tâche qui lui incombe, et les qualités indispensables pour être un ministre de Christ, principes dont nous serons toujours plus pénétrés, à mesure que nous approfondirons ce sujet. Il est nécessaire de faire remarquer que le ministère a, dans cette épître, un caractère très étendu. Ce n’est pas seulement le ministère apostolique ou ministère de la Parole; car le mot traduit ici par «ministère» se traduit ailleurs par «service». En effet, nous avons tous un ministère. Si nous n’avons pas tous le ministère de la Parole, à chacun de nous le Seigneur a confié un service, et souvent le plus infime service aux yeux des hommes a une importance très grande aux yeux de Dieu. Plus tard, aux chap. 8 et 9, l’apôtre s’étend sur le service pécuniaire à l’égard des saints, montre comment il faut s’y prendre pour l’exercer, et s’estime heureux d’y participer lui-même. Pénétrons-nous donc bien de cette vérité: si nous n’avons pas un don de l’Esprit en faveur de l’Assemblée ou pour le monde, nous avons tous un service particulier auquel nous devons vaquer aussi soigneusement qu’à un service public. Si ce dernier a plus d’apparence aux yeux des hommes, il offre aussi plus de dangers pour celui qui l’exerce.

En considérant le premier chapitre, nous pouvons conclure que notre service pour le Seigneur, quand il s’allie à la confiance en nous-mêmes, sera toujours frappé, non pas de nullité — car il n’y a pas un de nous qui n’ait à passer, au cours de son service, par le jugement graduel et détaillé de lui-même — mais du moins frappé de faiblesse en proportion de l’importance que nous sommes disposés à nous attribuer. Comme nous l’avons vu, le plus grand des apôtres disait: «Afin que nous n’eussions aucune confiance en nous-mêmes»; «Moi qui suis moins que le moindre de tous les saints»; et encore: «Moi qui ne suis rien». C’est dans la mesure où cette vérité est réalisée que le ministère chrétien est béni. Ce jugement absolu de soi-même, l’apôtre l’exerçait pour être en exemple à ses frères et les encourager dans ce chemin.

À la fin du chap. 1, nous avons vu que l’objet du ministère est Christ; aussi l’apôtre s’occupe à faire ressortir ses gloires. Il montre ensuite que, pour présenter Christ il faut de la puissance, qu’il faut être oint et scellé du Saint Esprit. Rien n’est plus misérable que de présenter aux âmes la vérité de Dieu comme affaire d’intelligence, ou comme résultat de nos études, car de cette manière l’action de la Parole sur les consciences est annulée, l’Esprit de Dieu seul pouvant lui donner efficace.

Au chap. 2, le ministère n’a pas seulement pour but de présenter Christ, mais il a aussi une action dans l’Assemblée en vue de la discipline; seulement c’est en amour que la discipline doit s’exercer. Sans amour, elle n’est qu’un jugement légal qui n’a rien à faire avec l’Esprit de Dieu. À la fin du chapitre, le ministère est la présentation de la victoire de Christ aux hommes et la présentation du parfum de Christ à Dieu; immense responsabilité pour nous, mais aussi pour ceux qui rejettent notre témoignage!

Nous arrivons ainsi au commencement du chap. 3, où nous trouvons une fonction nouvelle du ministère. Ce dernier a pour but, non seulement de présenter le parfum de Christ dans le monde, mais d’y adresser une lettre de Christ connue et lue de tous les hommes, Les Corinthiens étaient sans doute la lettre de recommandation de l’apôtre, mais, pour Paul, cette lettre était absolument identique avec la lettre de recommandation de Christ. Paul n’avait point écrit son propre nom sur le cœur des Corinthiens, mais uniquement celui de Jésus. Combien de ministres de Christ, au lieu de suivre l’exemple de l’apôtre, ont, hélas pour triste fonction, d’écrire un nom d’homme, ou le nom de la secte à laquelle ils appartiennent, ou toute autre chose encore, sur le cœur des croyants!

Le Seigneur avait fourni à Paul les instruments nécessaires pour écrire la lettre de Christ, et il s’était acquitté fidèlement de sa tâche. Ses tablettes étaient les tables de chair du cœur, non les tables de pierre de la loi; sa plume et son encre, l’Esprit de Dieu; sa lettre, l’Église; son sujet, Christ — Christ, un seul nom, et rien d’autre, mais un nom qui contient en une syllabe les conseils éternels de Dieu, toutes ses pensées et toutes ses gloires!

Comme les Corinthiens, nous sommes le fruit du ministère de l’apôtre, ce ministère étant contenu dans la Parole de vérité; et, comme eux, nous sommes appelés à être la lettre de recommandation de Christ, connue et lue de tous les hommes; mais, remarquez-le bien, le ministère de l’apôtre est appelé ici, non pas à former des individus, mais un ensemble. L’apôtre ne dit pas: Vous êtes des lettres, mais vous êtes la lettre de Christ, quoiqu’il soit parfaitement vrai que tout chrétien, individuellement, doive recommander Christ devant le monde. Telle était l’importance de l’Église, de l’Assemblée de Christ, aux yeux de Paul.

À la fin de ce chapitre, il confie aux Corinthiens le secret qui leur permettra d’être cette épître de Christ, secret simple et élémentaire, s’il en fut. Il faut que nous tous, car il s’agit toujours ici de l’ensemble des chrétiens (v. 18), nous ayons pour objet la contemplation du Seigneur. Cette contemplation nous transforme graduellement à son image glorieuse, de telle manière que le monde puisse ne voir que Lui dans son Assemblée.

Ce même chap. 3 nous présente une autre fonction tout aussi importante du ministère chrétien. Il a un enseignement en vue. C’est pourquoi l’apôtre résume l’ensemble de la doctrine chrétienne dans la parenthèse qui s’étend du v. 7 au v. 16. Cette doctrine est en contraste absolu avec ce que la loi avait enseigné jusque-là. Or, parmi les chrétiens de nos jours qui prétendent connaître la grâce, combien peu la comprennent réellement et la séparent entièrement de la loi!

Nous trouvons donc ici la différence entre le ministère de la lettre, c’est-à-dire de la loi, et le ministère de l’Esprit. L’apôtre commence par montrer que le ministère de la loi est un ministère de mort. La loi promet, sans doute, la vie à celui qui lui obéira, mais un homme est-il capable d’obtenir la vie, même promise? Ce qui lui rend la chose impossible, c’est le péché. Or le péché n’est pas autre chose que la propre volonté et la désobéissance de l’homme. Ainsi la loi, tout en promettant la vie, est un ministère de mort. Elle condamne celui qui ne l’a pas suivie et le convainc de péché. Tout homme sous la loi se trouve donc sous un ministère qui le tue en prononçant sur lui la sentence de mort. C’est le sujet du chapitre 7 aux Romains. La loi anéantissait, une fois pour toutes, chaque prétention de l’homme à se mettre en règle avec Dieu et à obtenir la vie de cette manière.

En contraste avec le ministère de la mort, l’apôtre parle, non pas du ministère de la vie, mais de celui de l’Esprit, parce que le Saint Esprit, quand il agit, apporte la vie dans l’âme.

D’autre part, le ministère de la loi est un ministère de condamnation, tandis que le ministère de l’Esprit est un ministère de justice; mais il ne s’agit pas d’une justice humaine et légale, car l’Esprit est venu nous annoncer la justice de Dieu. Tel est le contenu même de l’Évangile, et c’est pourquoi l’apôtre y met une si grande importance. Il montre comment Dieu a pu concilier sa haine pour le péché (une justice qui doit condamner le péché) avec son amour pour le pécheur. La justice de Dieu est ainsi une justice justifiante et non pas une justice en condamnation. Cette conciliation de deux choses inconciliables ne s’est trouvée qu’à la croix de Christ où la justice et la paix se sont entre baisées. Il n’existait aucune chose pareille avant le ministère chrétien dont l’apôtre était le représentant. Ce ministère est le résumé de toutes les pensées de Dieu à l’égard des hommes. C’est par lui que nous apprenons à connaître Dieu dans toute sa gloire, dans toute la perfection de sa nature et de son caractère.

L’apôtre continue et dit: «Ce qui demeure subsistera... en gloire» (v. 11). Ce qui demeure, c’est le caractère même de Dieu. Il n’y a plus rien à ajouter à ce que Dieu nous a révélé de lui-même. Ce que Dieu est, sa gloire tout entière, s’est montrée dans l’œuvre qu’il a accomplie à la croix pour nous. Cette œuvre subsiste à jamais en gloire.

À la fin de ce passage, il est dit (v. 17): «Là où est l’Esprit du Seigneur, il y a la liberté». La loi était un ministère d’esclavage qui rendait l’homme incapable de s’approcher de Dieu; la grâce nous introduit en Sa présence, et nous pouvons y contempler sans voile la personne du Seigneur Jésus qui est devenu justice de Dieu pour nous. Comme nous l’avons vu déjà, avoir une pleine liberté pour entrer devant Lui, c’est posséder le secret par lequel on peut être réellement devant le monde une lettre de Christ. Considérer la gloire du Seigneur, nous transforme graduellement — de gloire en gloire — à Sa ressemblance. Cette transformation est partielle, car nous n’avons pas atteint la perfection et ne l’atteindrons jamais ici-bas.