2 Chroniques

Chapitre 35

La Pâque et le Culte

Comme nous l’avons déjà remarqué, nous avons ici l’un des grands résultats de la Parole retrouvée: la célébration de la Pâque unie au Culte, la plus haute expression de la vie divine dans le croyant. La Pâque était le fondement du Culte, aussi la description de cette fête est bien plus détaillée ici que lors de la Pâque d’Ézéchias (30:15-27), car elle est accompagnée de tout l’appareil du culte. De fait, au temps d’Ézéchias, comme nous l’avons déjà remarqué, la fête des pains sans levain, symbole d’une vie sainte, entièrement consacrée à l’Éternel, faisant suite au sacrifice de l’agneau pascal est mise beaucoup plus en évidence que le culte lui-même.

Examinons en détail le contenu de cet intéressant chapitre. On y remarque tout d’abord que le culte est basé sur la révélation que la parole de Dieu en a faite au peuple. Aucun détail quelconque n’est laissé à la décision ou au bon plaisir de l’homme. Les livres de Moïse avaient été retrouvés dans le temple; ils règlent l’institution de la Pâque, mais aussi de tous les sacrifices qui étaient offerts à l’occasion de cette solennité. Les lévites, n’ayant plus à porter l’arche sur leurs épaules, devaient la placer de nouveau dans le lieu très saint, d’où probablement Amon l’avait fait sortir. Cela modifiait leur service: Ils avaient maintenant à servir l’Éternel, leur Dieu, et son peuple Israël (v. 3). Prenant désormais leur place dans le lieu saint, ils devaient égorger la Pâque et la préparer pour leurs frères. De plus, ils étaient au service des sacrificateurs. Ils mettaient à part les holocaustes, faisaient rôtir la Pâque au feu et cuire dans les chaudières les sacrifices de prospérité pour le peuple; préparaient leurs portions et celles des fils d’Aaron. Leur service fut réglé selon le commandement du roi (v. 10, 16), mais ce commandement lui-même le fut «conformément à la parole de l’Éternel par Moïse», «selon qu’il est écrit dans le livre de Moïse», «selon l’ordonnance» (v. 6, 12, 13). On voit aussi que la parole de Dieu contenait tous les écrits inspirés donnés jusqu’au temps de Josias. Tout devait être préparé et ordonné «suivant l’écrit de David, roi d’Israël, et suivant l’écrit de Salomon, son fils» (v. 4), et enfin «selon le commandement de David, et d’Asaph, et d’Héman, et de Jeduthun, le voyant du roi». Ainsi aucune partie de la Parole n’était négligée quand il s’agissait du culte et de l’ordre qui convenait à la maison de Dieu.

Combien aussi cela est nécessaire de nos jours! C’est précisément dans ces choses que les chrétiens, souvent les plus pieux, manquent complètement. Ignorant ce qu’est le Culte — l’adoration en commun des enfants de Dieu, réunis autour de la table du Seigneur — ils ignorent aussi en quoi consiste le service des lévites (correspondant aux ministères actuels) et qu’ils confondent avec celui des sacrificateurs; ils ignorent tout aussi complètement que la Parole a seule le droit de régler l’ordre et l’organisation de la maison de Dieu, lorsqu’il s’agit du service de l’Assemblée, aussi bien que jadis quand il s’agissait du service du temple. Pour nous, chrétiens, la première épître aux Corinthiens détermine cet ordre, comme la première à Timothée règle la manière de se conduire dans la maison de Dieu. Lors de la célébration de la Pâque de Josias, nous voyons ordre et conduite rétablis selon la Parole. Ce ne sont pas seulement les sacrificateurs et les lévites qui occupent les places qui leur sont assignées; ce sont aussi les chantres, selon le commandement de David, d’Asaph, d’Héman, de Jeduthun; ce sont les portiers qui n’eurent pas à abandonner leur service, car leurs frères, les lévites, préparaient ce qui était pour eux. Ainsi chaque partie de cet organisme était bien à sa place, chacun s’acquittant fidèlement de ses fonctions. Ce qui reliait le tout dans une activité commune était le service lévitique, descendant de ses hautes fonctions primitives, désormais inutiles (porter l’arche), aux plus humbles fonctions en faveur de leurs frères.

Le fonctionnement de l’Assemblée, de l’Église, corps de Christ, présente ces mêmes caractères, lorsque la parole de Dieu le dirige. Lisez, par exemple, Rom. 12:4-8; 1 Cor. 12 tout entier, ainsi que le chap. 14, vous y trouverez les mêmes principes et les mêmes vérités qui sont présentés dans notre chapitre.

La Pâque de Josias fut célébrée le quatorzième jour du premier mois, non pas au deuxième mois, comme celle d’Ézéchias, parce que sacrificateurs et lévites s’étaient sanctifiés et consacrés à l’Éternel. Cette date correspond à l’année de la restauration du temple, c’est-à-dire à la dix-huitième année du règne de Josias. Tant que l’habitation de Dieu au milieu de son peuple n’était pas un fait reconnu et établi de nouveau, il était impossible que cette fête fût célébrée. Il ne peut y avoir de culte lorsque la promesse du Seigneur d’être au milieu des siens n’est pas réalisée. On peut trouver partout un mémorial de Sa mort, mais combien le mémorial de la Pâque aurait été incomplet sous Josias, sans l’ensemble des bénédictions attachées à la sacrificature et au culte de l’Éternel. Point n’était besoin, pour célébrer la Pâque, comme simple mémorial, de tout l’ensemble du culte dont Josias l’entourait. Chaque famille des Israélites aurait pu la prendre dans sa maison. Mais si ce mémorial était à la base du culte, il n’était pas le culte lui-même. Quand la Pâque fut célébrée la nuit de la sortie d’Égypte, ou bien quand le mémorial de la mort du Sauveur fut confié par lui à ses disciples, la nuit où il fut livré, ce n’était pas le culte proprement dit. Il ne fut compris et réalisé qu’après la délivrance, et il gardera éternellement ce caractère quand il sera célébré autour de l’Agneau immolé, son œuvre expiatoire en étant la base et le centre.

Nous trouvons donc dans ce chapitre trois choses inséparables. Elles constituent la grandeur de cette cérémonie, dont il est dit: «On n’avait point célébré en Israël de Pâque semblable depuis les jours de Samuel, le prophète; et aucun des rois d’Israël n’avait célébré une Pâque comme celle que firent Josias, et les sacrificateurs, et les lévites, et tout Juda et Israël, qui s’y trouvèrent, et les habitants de Jérusalem» (v. 18). L’année de la restauration du temple et du placement de l’arche en son lieu — l’année de la découverte du livre de la loi — cette année, la Pâque fut célébrée et le Culte retrouvé. Il en est de même de nos jours. Lorsque l’Assemblée du Dieu vivant, l’habitation de Dieu par l’Esprit, est connue, lorsque la parole de Dieu, toute la Parole et rien qu’elle, est découverte et mise en lumière, comme seule et unique règle du chrétien, le Culte peut avoir lieu d’une manière intelligente autour du mémorial de la mort, et à la gloire de notre Seigneur Jésus Christ.

La réalisation de ces choses est nécessairement accompagnée d’une grande liberté et d’une grande joie. Jamais encore, sous l’économie des prophètes, on n’avait vu Pâque pareille. Comparez les dons volontaires du roi, des princes, des sacrificateurs et des lévites (v. 7-9) avec ceux qui furent offerts sous le règne d’Ézéchias (30:24), et vous constaterez aisément la différence entre ces deux Pâques.

Cette scène de joie est suivie, hélas! d’un désastre. Josias montre qu’il n’est pas le roi des conseils de Dieu. Comme cela arrive si souvent, il manque précisément du côté où, étant le plus fort, il avait en apparence le moins besoin de se mettre en garde. Il ne reconnaît pas la parole de Dieu quand elle lui est adressée, lui, dont les oreilles avaient été jusque-là si promptes à l’écouter. «Il n’écouta pas les paroles de Neco, qui venaient de la bouche de Dieu» (v. 22). Qu’avait-il donc à entrer dans le conflit des nations, quand le peuple de Dieu n’était pas en cause? Ne devait-il pas considérer ces événements comme dirigés par l’Éternel et ne pas intervenir? S’engager dans les luttes des hommes, chercher à prévoir leurs desseins pour les contrecarrer, prendre part à leur politique, c’est courir au-devant d’une défaite certaine. N’oublions jamais que Dieu a la haute main sur tout ce qui arrive dans le monde. L’homme s’attribue la direction de ces événements, mais il n’est, comme le Pharaon Neco, qu’un instrument dont Dieu se sert pour arriver au but que Lui — non pas l’homme — s’est proposé.

C’est ainsi que, blessé à mort dans le combat, Josias termine sa carrière. Le deuil est général; le prophète Jérémie écrit ses Lamentations au sujet de sa mort. Il comprend, comme prophète, que le dernier espoir d’un règne selon Dieu disparaît avec ce roi pieux; c’est pourquoi ces Lamentations sont établies «comme ordonnance pour Israël». Mais, devant ce deuil, les yeux de Jérémie se portent sur un autre que Josias, sur Celui qui put dire: «Je suis l’homme qui ai vu l’affliction par la verge de sa fureur» (Lam. 3:1) — sur Celui «qui est assis solitaire, et se tait, parce qu’il l’a pris sur lui; il met sa bouche dans la poussière: peut-être y aura-t-il quelque espoir. Il présente la joue à celui qui le frappe, il est rassasié d’opprobres» (3:28-30) — sur Celui qui dit: «Les eaux ont coulé par-dessus ma tête; j’ai dit: Je suis retranché!» (3:54) — mais qui, par ses souffrances même, mettra fin au jugement d’Israël: «La peine de ton iniquité a pris fin, fille de Sion; il ne te mènera plus captive» (4:22) — sur Celui enfin qui établira son trône à jamais, là où même le trône du fidèle Josias s’est affaissé et a disparu: «Toi, ô Éternel! tu demeures à toujours, et ton trône est de génération en génération» (5:19).