2 Chroniques

Chapitre 31

L’ordre de la maison de Dieu.

L’abolition de l’idolâtrie, qui n’est pas attribuée ici à Ézéchias lui-même (cf. 2 Rois 18:4), est produite chez le peuple à la suite de la fidélité du roi. Remarquons que le renversement des idoles au milieu de Juda et d’Israël n’a lieu que lorsque le temple de Dieu a été ouvert et purifié, et le culte rétabli comme au commencement (v. 1-4).

Ce fait est très important: Il est inutile d’entreprendre le renversement de l’erreur si l’on n’a commencé par établir la vérité fondée sur la parole de Dieu. De plus, la puissance pour renverser le mal ne sera jamais tout à fait efficace si ce qu’on a d’abord édifié n’est pas la vérité sans mélange, telle que la Parole nous l’enseigne. Si les adversaires peuvent nous prouver que nous ne sommes pas nous-mêmes, en bien des points, sur le terrain de la Parole que nous défendons, nous avons perdu toute autorité dans la lutte. Lorsque le peuple, rassemblé à Jérusalem, eut savouré la grande joie qui accompagnait les bénédictions retrouvées, il comprit qu’il était impossible de laisser subsister une religion étrangère à côté du culte du vrai Dieu.

En disant ces choses, nous n’oublions pas qu’avant de célébrer la Pâque le peuple avait déjà ôté «les autels qui étaient dans Jérusalem, et... tous les autels à encens» et les avait jetés dans le torrent du Cédron (30:14). Cela n’infirme en aucune manière ce que nous venons de dire. Il est évident qu’il était impossible d’associer la célébration de la Pâque et des pains sans levain à des pratiques idolâtres. Il fallait que le lieu où se célébrait la Pâque et où Dieu demeurait dans l’assemblée de son peuple fût complètement purifié de tout élément étranger, avant que la fête pût être célébrée. Il en est de même aujourd’hui pour la table du Seigneur: elle ne peut être associée avec la religion du monde, et, s’il en est autrement, elle ne sera jamais un puissant motif pour une sainte conduite, représentée par la fête des pains sans levain.

La purification de toute idolâtrie était d’autant plus sérieuse que déjà le peuple en avait éprouvé les bienfaits à Jérusalem; il la fallait maintenant complète, absolue. Éphraïm et Manassé, quelque petit que fût leur nombre, s’étant joints à Juda pour la Pâque, étaient responsables de prendre chez eux les mêmes dispositions que Juda. S’ils avaient agi autrement, ils auraient créé un lien entre leur idolâtrie passée et le culte de l’Éternel, ce qui aurait été une monstruosité. Aussi «tous ceux d’Israël qui se trouvèrent là s’en allèrent par les villes de Juda, et brisèrent les statues, et abattirent les ashères, et démolirent les hauts lieux et les autels dans tout Juda et Benjamin, et en Éphraïm et Manassé, jusqu’à ce qu’ils eussent tout détruit» (v. 1). L’unité du peuple qui venait d’être réalisée dans la fête primordiale de la Pâque était maintenant mise en pratique par une action commune contre ce qui déshonorait l’Éternel.

Après ces choses Ézéchias établit l’ordre de la sacrificature, paye de sa personne et de ses biens pour les sacrifices et les fêtes solennelles, ordonne que ceux qui s’emploient au service du sanctuaire ne soient pas négligés. Aujourd’hui, comme alors, il est nécessaire d’observer en toutes choses l’ordre qui convient à la maison de Dieu, mais, en aucune manière, un ordre établi par l’homme; la Parole seule doit le déterminer et le régler. En cela, comme en toutes choses, il faut s’attacher «à la loi de l’Éternel» (v. 4). Pour connaître l’ordre et l’organisation de la maison de Dieu, n’interrogeons pas nos propres pensées, mais consultons des Écritures telles que la première épître aux Corinthiens et la première épître à Timothée. Nous y trouverons cette organisation tout entière comme le Saint Esprit nous la révèle. Nous ne pouvons en aucune manière nous dispenser pour l’ordre de l’assemblée, comme pour toute autre chose, de ce que la Parole nous enseigne, ni lui substituer notre propre organisation.

Sur l’ordre du roi, le peuple s’acquitte largement de la dîme en faveur des sacrificateurs et des lévites, «afin», dit Ézéchias, «qu’ils s’attachassent à la loi de l’Éternel» (v. 4). Les serviteurs de Dieu ont besoin d’être encouragés dans leur œuvre par l’intérêt et la coopération du peuple de Dieu. Quand une vraie piété accompagne la restauration selon Dieu, l’amour est toujours actif à l’égard des ouvriers du Seigneur et les fidèles ne laissent manquer de rien ces chers serviteurs, leurs frères. Cette activité d’amour diffère totalement d’un salaire fixe pour des services rendus, d’un salaire imposé pour certaines fonctions dont l’ouvrier s’est chargé. Le but de la dîme était d’attacher les lévites à la loi de l’Éternel, et non de leur donner le moyen de gagner leur vie. Combien de tels principes, même en un temps où ils étaient donnés par la loi et n’étaient par conséquent pas le fruit de la grâce, sont différents de ce que pense la chrétienté professante au sujet du ministère!

Le peuple prend à cœur l’ordre du roi; la dîme est apportée libéralement et dépasse de beaucoup ce qui était recommandé par la loi de Moïse (Voyez Deut. 14:26-29; 18:3-7; 26:12; Nomb. 18:12-19). Ézéchias et les chefs, témoins de cette libéralité, bénissent l’Éternel et son peuple Israël. De même l’apôtre Paul, quand il considérait l’œuvre de la grâce dans le cœur des frères, soit à Philippes, soit à Thessalonique, rendait grâces à Dieu, reconnaissant tout le bien produit par le Saint Esprit dans leurs cœurs, et bénissait aussi ceux qui étaient les instruments de cette libéralité. Ce zèle amène l’abondance; chacun mange et est rassasié, et il reste encore des monceaux. Il en fut de même lors de la multiplication des pains. Ézéchias est ici le faible type du roi selon les conseils de Dieu, dont il est dit: «Il rassasiera de pain tes pauvres». Le service est considérablement augmenté par cette prospérité, fruit de la grâce de Dieu dans les cœurs. Il en est tout autrement quand c’est le monde qui enrichit les serviteurs de Dieu. Ici l’ordre préside aux distributions (v. 14-19) et plusieurs y sont employés. Ce n’est pas une fonction sans importance qu’un service occupé exclusivement de soins matériels. De tels emplois sont modestes, sans doute, et n’ont pas d’apparence, mais sans eux tout l’ordre de la maison de Dieu serait en souffrance. On voit en Néhémie 13:10-14 quelles conséquences la négligence de la dîme eut pour tout le service de Dieu et le culte.

Toute cette organisation terminée, l’Éternel aime à rendre témoignage à Ézéchias et à nous dire qu’il eut son approbation. Pourrait-il en dire autant de nous? «Ézéchias fit ainsi dans tout Juda. Et il fit ce qui est bon, et droit, et vrai, devant l’Éternel, son Dieu» (v. 20). Quelle parure du croyant, que ces trois choses: la bonté, la droiture et la vérité! C’était la parure de Christ homme; elle faisait déborder la louange sur les lèvres du Psalmiste quand il voyait Celui qui était «plus beau que les fils des hommes», paré de «vérité, et de débonnaireté, et de justice» (Ps. 45:5). Il nous est dit encore (v. 21), que toute l’œuvre d’Ézéchias fut entreprise «pour rechercher son Dieu» et qu’il «agit de tout son cœur». Beau témoignage rendu à cet homme de Dieu! Un cœur non partagé, un œil simple, occupé à rechercher son Dieu, tel était le secret de sa vie spirituelle, aussi la Parole ajoute: «Il prospéra».

Ce portrait d’Ézéchias termine la première division de son histoire, division complètement omise dans le livre des Rois, et qui nous présente son histoire morale dans ses rapports avec le service de l’Éternel. Le chapitre suivant va nous entretenir de son attitude vis-à-vis d’un monde ennemi de Dieu.