2 Chroniques

Chapitre 29

Chapitres 29 à 32 — Ézéchias

La purification

Ce chapitre et les suivants font ressortir le caractère des Chroniques, comparé à celui du livre des Rois. Ce dernier, en effet, ne parle pas du rétablissement du culte, de la purification du temple, de la réorganisation de la sacrificature lévitique; les Chroniques, au contraire, les présentent comme seule condition selon laquelle la royauté des fils de David, et Juda même, comme peuple, pouvaient subsister. Aussi, dans les Chroniques, le jugement est arrêté ou suspendu, à chaque rétablissement du culte, même après que le règne d’Achaz semble avoir enlevé à la grâce toute possibilité de continuer ses voies envers Juda et la maison de David.

De ce qui est contenu entre le v. 3 du chap. 29 et le v. 19 du chap. 31 nous ne trouvons pas un seul mot dans le livre des Rois. Ce dernier s’étend, beaucoup plus que les Chroniques, sur les attaques du roi d’Assyrie qui, dans le livre des Rois, ont une portée considérable au point de vue prophétique. Un trait plus saillant encore, c’est que les Chroniques n’ont pas un seul mot sur la prise de Samarie par Shalmanéser et la transportation des dix tribus à Kholakh, en un mot, sur la réjection définitive d’Éphraïm. Que pouvait-il, en effet, en être dit ici? Dès le début, l’histoire des dix tribus avait été caractérisée par l’abandon des relations avec Dieu et de son culte pour y substituer des idoles; selon le principe des Chroniques, cet état de choses était, dès son origine, condamné sans rémission. Pas un seul moment Dieu n’avait pu dire d’Israël ce qu’il disait de Juda: «Il y avait en Juda de bonnes choses».

Le règne d’Ézéchias n’est donc pas opposé ici à l’état du royaume d’Israël, d’autant plus que, comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, on trouvait, pendant le règne d’Achaz, plus de foi et d’obéissance en Israël qu’en Juda. Dieu fait ressortir ici le contraste entre le règne d’Ézéchias et celui d’Achaz. Si la grâce de Dieu n’avait eu en vue ses promesses et leur accomplissement dans l’avenir, c’en était fait de Juda à ce moment-là. Le culte de l’Éternel aboli, les portes du temple fermées, ôtaient à Juda toute raison de subsister comme peuple de Dieu; Ézéchias est suscité: aussitôt tout change. Aux profondes ténèbres succède tout à coup la lumière qui rayonne du sanctuaire par ses portes ouvertes: «La première année de son règne, au premier mois, Ézéchias ouvrit les portes de la maison de l’Éternel, et les répara» (v. 3). Alors il assembla les sacrificateurs et les lévites, et lui, dont le père avait commis ces abominations, sans enfreindre le commandement: «Honore ton père», confessa hautement le péché commis: «Nos pères ont été infidèles, et ont fait ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, notre Dieu, et l’ont abandonné, et ont détourné leurs faces de la demeure de l’Éternel, et lui ont tourné le dos» (v. 6). Ce reniement de Dieu avait eu pour conséquences la colère, la destruction, l’épée, la captivité (v. 8-9), mais combien devait être terrible l’état qui avait nécessité de pareils jugements! «Ils ont fermé les portes du portique»: Plus d’entrée en la présence de Dieu pour lui rendre culte! «Ils ont éteint les lampes»: Nuit profonde là où les sept lampes de l’Esprit auraient dû répandre leur pleine lumière. «Ils n’ont pas fait fumer l’encens»: Plus d’intercession devant l’autel d’or ou devant le propitiatoire. «Ils n’ont pas offert l’holocauste dans le lieu saint au Dieu d’Israël»: Plus d’offrande sur l’autel d’airain pour rendre agréé celui qui s’approchait de Dieu. C’était en un mot l’abolition de tout le culte d’Israël!

Et il y avait plus encore: Le sanctuaire lui-même, la demeure de Dieu au milieu de son peuple, était souillé (v. 15-17). Il avait donc fallu que l’Éternel qui patientait encore avant que sa gloire quittât toutes ces abominations, habitât au milieu de la souillure! Ah! combien Satan avait habilement réussi dans ses desseins! Bannir Dieu de devant les yeux du peuple — supprimer le peuple aux yeux de Dieu qui ne pouvait tolérer une nation impure et idolâtre, — ôter l’autel de l’expiation, seul moyen de renouer le lien avec l’Éternel, — enlever au Messie futur sa gloire comme fils de David — l’Ennemi semblait avoir définitivement atteint tout cela. Mais ce dernier est encore une fois trompé dans son attente, comme il le sera toujours. Le Créateur de toutes choses montre qu’il peut aussi créer des cœurs pour Sa gloire. Sa grâce se met à l’œuvre et produit Ézéchias. Quel zèle le Saint Esprit allume dans le cœur de cet homme de Dieu! Sans perdre un seul jour il entreprend son travail de purification et l’achève au seizième jour du mois. La première condition de ce travail était de se sanctifier soi-même. C’est ce que firent les lévites, les sacrificateurs et les employés du sanctuaire. En effet, comment pouvaient-ils purifier quoi que ce soit s’ils étaient eux-mêmes souillés? Cette œuvre exigeait un soin minutieux: aucune impureté, même la plus petite, ne pouvait être tolérée: il fallait que les sacrificateurs pussent dire: «Nous avons purifié toute la maison de l’Éternel». Tous les ustensiles devaient être en état, et tout ce qu’Achaz avait rejeté pendant son coupable règne devait être sanctifié et placé devant l’autel, car l’eau ne suffisait pas, quoiqu’elle soit inséparable du sang de la victime, c’est-à-dire la purification inséparable de l’expiation.

Après la purification du sanctuaire on trouve le sacrifice pour le péché (v. 20-30). Il est offert: 1° pour le royaume; 2° pour le sanctuaire; 3° pour Juda. La substance même de cette purification était l’aspersion du sang, et il en est de même pour nous: «Le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché». Cette aspersion est faite sur l’autel d’airain, seul lieu où Dieu et le pécheur se rencontrent, où Dieu puisse, du même coup, juger et abolir le péché. La purification s’étend, selon le désir et la pensée du roi, bien au-delà des limites de Juda, «car le roi avait dit que l’holocauste et le sacrifice pour le péché seraient pour tout Israël» (v. 24). Ézéchias est le premier roi, depuis la division du royaume, qui désire que tout Israël purifié monte à Jérusalem pour y adorer. Si la déportation des dix tribus avait eu lieu à ce moment-là, leurs misérables restes auraient attiré de même la sympathie du cœur d’Ézéchias. Il avait le désir de voir Israël se reformer en unité autour du sanctuaire, pour venir adorer Dieu à Jérusalem et en cela il représentait le caractère futur du roi des conseils de Dieu.

La propitiation accomplie, il est possible d’offrir la louange à l’Éternel. Elle est rendue «selon le commandement de David, et de Gad, le voyant du roi, et de Nathan, le prophète»; seulement il est ajouté que «le commandement était de la part de l’Éternel par ses prophètes» (v. 25). Toujours, dans cette période de l’histoire d’Israël, la prophétie occupe la première place pour diriger le peuple. Ensuite «les instruments de David» sont employés et les «trompettes des sacrificateurs», annonçant une ère nouvelle, retentissent au moment où commence l’holocauste. L’holocauste était l’offrande, dans la bonne odeur de laquelle on était accepté et rendu agréable à Dieu. Comment, dans ce moment même, les instruments de la louange n’auraient-ils pas retenti tous ensemble? Le roi et ceux qui sont avec lui, se prosternent, remplis de joie et ordonnent aux lévites de «louer l’Éternel avec les paroles de David et d’Asaph, le voyant». En toutes choses on constate ici un retour strict à la parole inspirée de Dieu.

Le sanctuaire, le royaume, la sacrificature, Juda, tout Israël, ayant été purifiés par le sang du sacrifice, et désormais consacrés à l’Éternel (v. 31; cf. Ex. 28:41), Ézéchias les engage à s’approcher. On assiste presque à la scène décrite en Héb. 10:19-22, et qui est l’heureux résumé de toute l’épître. Tous ces adorateurs sont acceptés de Dieu selon la valeur de l’holocauste; seulement on voit ici combien ce service était défectueux et précisément du côté où l’on était en droit de l’attendre complet. Les sacrificateurs se trouvent être en petit nombre et les lévites doivent les remplacer pour écorcher les holocaustes, «car les lévites furent plus droits de cœur que les sacrificateurs pour se sanctifier» (v. 34). Ce fut précisément le contraire qui arriva, dans les livres d’Esdras et de Néhémie; là, les lévites manquaient. De toute manière, que ce fût l’un ou l’autre, c’était un grand mal et qui peut facilement s’appliquer au christianisme actuel. Ou bien les adorateurs — les sacrificateurs — sont en tout petit nombre et la conséquence en est que les ministères — les lévites — occupent leur place et remplissent des fonctions qui, proprement, ne leur appartiennent pas; ou bien, quand il y a quelque intelligence du culte, les adorateurs sont en grand nombre, tandis que les ministères montrent beaucoup d’indifférence à s’acquitter de leur tâche.

«Et le service de la maison de l’Éternel fut rétabli. Et Ézéchias et tout le peuple se réjouirent de ce que Dieu avait disposé le peuple; car la chose fut faite soudainement» (v. 36). Ainsi, selon le précieux enseignement des Chroniques, c’était la grâce toute seule qui, par la puissante action du Saint Esprit avait préparé le roi et agi dans le cœur du peuple pour produire cette restauration.