2 Chroniques

Chapitre 27

Jotham

Dans ce chapitre, Jotham est personnellement sans reproche: «Il fit ce qui est droit aux yeux de l’Éternel, selon tout ce qu’avait fait Ozias, son père; seulement il n’entra pas dans le temple de l’Éternel» (v. 2). La Parole compare son règne au début de celui d’Ozias qui fut «si merveilleusement aidé»; il en différa en ce qu’il n’imita pas l’orgueil de son père qui voulut usurper la place de la sainte sacrificature dans le temple. Ozias avait commencé sa carrière en prenant garde à la parole prophétique, et avait prospéré, mais avait abandonné la Parole, lorsque dans sa prospérité il avait pris confiance en lui-même et s’était enorgueilli. Jotham fut attentif aux conséquences de la conduite de son père et se garda de suivre le même chemin. C’est une grande bénédiction d’avoir les yeux et les oreilles attentifs aux voies du Seigneur. En cela consiste proprement «la crainte de Dieu» et l’on peut dire que cette dernière caractérisa la vie de Jotham. Peut-être son père avait-il eu, par Zacharie, plus d’intelligence des visions de Dieu, était-il entré plus avant dans la connaissance de la révélation divine. Cependant, quelque précieuse que fût cette connaissance, elle n’avait pas mis Ozias à l’abri d’une chute très grave. Il est de toute importance pour nous de retenir cette vérité. Jotham évita soigneusement ce qui avait causé la ruine de son père, c’est-à-dire la désobéissance à la parole de Dieu que cependant il connaissait si bien; il «régla ses voies devant l’Éternel, son Dieu»; il marcha avec droiture, selon la parole du prophète Michée qui commença à prophétiser sous son règne: «L’Éternel est-il impatient? Sont-ce là ses actes? Mes paroles ne font-elles pas du bien à celui qui marche avec droiture?» (Michée 2:7). Aussi nous est-il dit que «Jotham devint fort». Ozias, de même, au début de son règne, était «devenu extrêmement fort» (26:8). La force accompagne toujours l’obéissance; mais elle devient un piège, quand nous la considérons comme notre force. C’est ce qui était arrivé à Ozias: «Il fut merveilleusement aidé jusqu’à ce qu’il devint fort» (26:15). À l’encontre d’Ozias, Jotham vit ses forces rester dans leur entier, parce qu’il «régla ses voies devant l’Éternel, son Dieu». «À celui qui règle sa voie, je ferai voir le salut de Dieu», est-il dit au Ps. 50. Régler sa voie, c’est la former sur un modèle invariable, comme on règle une montre sur un régulateur. Jotham régla sa voie d’après les pensées que Dieu avait exprimées quant à son Oint; il chercha à ressembler à ce modèle, donné de Dieu, et y réussit. Comme d’habitude, ce qu’il pouvait y avoir de défectueux en lui quant au service de l’Éternel, ne nous est pas donné dans les Chroniques, mais le livre des Rois nous dit: «Seulement les hauts lieux ne furent pas ôtés; le peuple sacrifiait encore et faisait fumer de l’encens sur les hauts lieux» (2 Rois 15:35). Sans doute Jotham, qui réglait ses voies, n’avait aucune communion avec les hauts lieux, mais il manquait de l’autorité nécessaire pour les interdire au peuple. Ici nous voyons clairement que si l’état moral du roi était bon, celui du peuple était mauvais: «Le peuple se corrompait encore» (v. 2), et nous voyons de même en 2 Rois 15: «Le peuple sacrifiait encore sur les hauts lieux». C’était donc l’état du peuple qui attirait surtout le déplaisir et nécessitait la discipline du Seigneur. Le livre de Michée, ainsi que le Ps. 50, déjà cité, exposent cela tout au long. C’est l’état du peuple qui est en question dans le prophète, et non celui du roi. Michée commence à prophétiser sous Jotham et nous parle du peuple, de ses principaux — chefs et princes — de ses prophètes, sans même mentionner le roi. Lisez Michée 1:9; 2:2, 3, 8-10; 3:1-2, 5-12; 6:2-5; 7:2, 3, 18; partout vous trouvez l’état du peuple, présenté comme cause principale du jugement. Ce sera désormais ce qui caractérisera la prophétie jusqu’à la fin. Elle s’adressera au peuple et mettra à nu son état. Jusqu’ici tous les prophètes, si nombreux, mentionnés dans les Chroniques, s’adressent au roi; mais quand la prophétie, prononcée sous les rois, est écrite et n’est plus parlée, elle nous présente l’état du peuple même et des pouvoirs qui le constituent. En ce jour-là, le peuple n’était plus excusable. En présence de la piété et de la marche fidèle de Jotham, sa conscience n’aurait-elle pas dû parler? C’est le contraire qui a lieu.

La piété de Jotham se manifeste d’une manière bien intéressante dans la défense de la maison de Dieu. Ozias (26:9) avait bâti des tours pour protéger la ville, Jotham, pour protéger le temple. «Ce fut lui qui bâtit la porte supérieure de la maison de l’Éternel; et il fit beaucoup de constructions sur la muraille d’Ophel» (v. 3). Ophel, situé au sud-ouest de Jérusalem, mettait les jardins du roi, etc., en rapport avec le temple. Jotham compléta les travaux de défense qu’Ozias avait négligés: «Il bâtit des villes dans la montagne de Juda, et il bâtit dans les forêts des châteaux et des tours» (v. 4). Enfin il fit la guerre contre le roi des fils d’Ammon qui, sans doute (cf. 26:8), refusait de reconnaître la suzeraineté de Juda. Durant trois années, à la suite de la victoire de Jotham, ils lui payèrent un lourd tribut. Sa force provenait de sa piété, et cette dernière lui était assez précieuse pour lui défendre de s’élever.

Les Chroniques omettent intentionnellement un fait, rapporté en 2 Rois 15:37: «En ces jours-là, l’Éternel commença d’envoyer contre Juda Retsin, roi de Syrie, et Pékakh, fils de Remalia». Ce dernier fait est mis en connexion avec le péché de Juda; c’est contre lui que Dieu envoie ces ennemis, et non contre Jotham; mais, dans les Chroniques, la beauté de ce règne aurait été affaiblie si l’agression d’Israël et de la Syrie avait pu être interprétée comme due à quelque infidélité du roi. Au milieu des ruines de la royauté en Juda, le cœur s’épanouit devant l’exemple de Jotham. Imitons-le, et réglons nos voies devant notre Dieu!