2 Chroniques

Chapitre 24

Règne de Joas

«Athalie, cette méchante femme, et ses fils, avaient dévasté la maison de Dieu et, toutes les choses saintes de la maison de l’Éternel, ils les avaient aussi employées pour les Baals» (v. 7). Le premier soin de Joas fut de restaurer le temple et il envoya les sacrificateurs et les lévites par les villes de Juda, afin de recueillir l’argent nécessaire à cette œuvre. Le tribut ordonné par Moïse dans le désert, pour servir à l’édification du tabernacle (Exode 30:11-16; 35:4-9, 20-29), devait être employé à la restauration du temple, mais les lévites ne se hâtèrent point; les brèches n’étaient pas réparées, et les dons servaient sans doute à l’entretien de la sacrificature.

En tout cela, Joas s’en tient à la Parole seule. Depuis les années du désert les circonstances avaient changé. Moïse ordonnait un tribut pour construire le tabernacle; celui-ci avait disparu et fait place à un temple. Fallait-il s’en tenir à l’ordonnance primitive donnée dans de tout autres circonstances? De plus, le temple était souillé, dépouillé de tous ses trésors, détruit en partie. Fallait-il prendre tant de peine à le réparer? Ne pouvait-on pas employer le tribut de Moïse à entretenir les lévites? Sans doute, on raisonnait ainsi autour de Joas, mais tout cela n’était pas selon Dieu, quand même un pieux souverain sacrificateur ne s’y opposait pas. Son opinion n’eut aucune valeur pour Joas; et le jeune roi reprit le vieux souverain sacrificateur, la Parole ayant plus d’autorité pour lui que les pensées de l’homme le plus éminent. Il faut que ce que la Parole ordonne serve à l’usage auquel la Parole le destine; on ne peut, sans infidélité, changer quelque chose aux prescriptions divines. L’incrédulité du cœur naturel dira ces ordres surannés, mais ils ne le sont pas, car la Parole est immuable et éternelle. Travailler à la maison n’est pas la même chose que secourir les serviteurs qui se dépensent pour le Seigneur et sont dignes de leur salaire; il y avait une dîme pour les lévites, mais chaque chose a sa place, et la plus urgente de toutes était, pour Joas, de réparer les brèches de la maison. Il se montrait ici plus lévite que les lévites; il suivait les traces de Celui qui dit: «Le zèle de ta maison m’a dévoré».

Ces choses n’ont-elles pas une voix pour nous? Notre temps, nos ressources, nos peines, ne doivent-ils pas être employés à cimenter les liens, détruits aujourd’hui, qui rejoignaient ensemble les précieux matériaux de l’édifice de Dieu, de son Assemblée? Est-ce pour Dieu une chose sans importance, que l’habitation où il demeure ici-bas par l’Esprit soit à l’honneur ou au déshonneur de son hôte divin? À nous à réparer ses brèches, à y déployer notre zèle et notre énergie, afin que Dieu soit honoré par l’union cimentée entre ses enfants, seul remède à la ruine complète. Il n’y a qu’une maison de Dieu: tout ce qui s’édifie à côté d’elle n’a pour Lui aucune valeur. Que de ressources dépensées en pure perte pour ce qui n’est que des maisons humaines. Ainsi les dons récoltés par les lévites ne servaient de rien pour l’Éternel et se dépensaient en pure perte.

Il fallait désormais que le tribut de Moïse fût employé tout entier à la réfection de la maison de Dieu. Le roi commande (non pas Jéhoïada, comme dans le livre des Rois) de placer un coffre à la porte de la maison de l’Éternel, pour recueillir les offrandes. Quand tout le travail est achevé, ce qui reste est employé à faire des ustensiles d’or et d’argent pour le temple (v. 14). Ce passage n’est point en contradiction avec 2 Rois 12:13 qui nous dit simplement que pendant l’ouvrage l’argent ne fut employé à rien d’autre.

Tout est beau, tout est pur au début de ce règne. Selon la coutume des Chroniques les hauts lieux, conservés par Joas (2 Rois 12:3), sont passés sous silence. Tant que la royauté représente, pour ainsi dire, celle du Messie promis, ce livre la considère comme pure et sans reproche, mais tout change; une scène de deuil et d’horreur va s’ouvrir devant nous.

Tout le passage compris entre les v. 15 et 22 manque dans le livre des Rois.

Jéhoïada meurt et on l’enterre «dans la ville de David avec les rois, car il avait fait du bien en Israël, et pour Dieu et pour sa maison» (v. 16), preuve nouvelle de l’union intime entre la royauté et la sacrificature dans les Chroniques.

Dès cette mort tout change. Joas se montre indigne de répondre aux pensées de Dieu quant à la royauté. Sa sécurité et sa force étaient dans son union avec la sacrificature, et quand elle disparaît tout croule. Désormais «les chefs de Juda» deviennent conseillers du roi en le flattant: «Ils s’inclinèrent devant le roi; alors le roi les écouta» (v. 17). Ils n’avaient en vue, en s’emparant de l’esprit de Joas, que de rétablir l’idolâtrie en Juda. Deux chemins s’ouvraient devant Joas: Rester fidèle à la maison de Dieu où il avait passé ses jeunes années, et se joindre aux serviteurs de l’Éternel, ou bien se tourner du côté du monde et chercher l’amitié de ceux qui le dominent. Il abandonne le premier parti et choisit le second; le cœur naturel incline toujours vers ceux qui le flattent, et les chefs de ce monde sont les instruments de Satan, pour conduire les hommes aux idoles. Aussi vit-on le peuple «abandonner la maison de l’Éternel, le Dieu de ses pères, et servir les ashères et les idoles».

Et voici les prophètes qui réapparaissent. Quelle preuve de la longue patience de Dieu tant qu’il reste encore une lueur d’espoir pour le peuple! «L’Éternel envoya parmi eux, pour les ramener à lui, des prophètes qui témoignèrent contre eux, mais ils n’écoutèrent point. Et l’Esprit de Dieu revêtit Zacharie, fils de Jéhoïada, le sacrificateur, et il se tint debout au-dessus du peuple, et leur dit: Ainsi dit Dieu: Pourquoi transgressez-vous les commandements de l’Éternel? Vous ne réussirez point; car vous avez abandonné l’Éternel, et il vous abandonnera aussi» (v. 19, 20).

Joas a tout oublié: l’affection profonde et le respect pour la mémoire du souverain sacrificateur; l’amour qu’il doit au fils d’un tel serviteur, à bien plus forte raison, quand ce fils est le porteur de la parole de Dieu, pour détourner le peuple et son roi de leurs mauvaises voies. Quels ravages effrayants peut faire en quelques moments l’infidélité, dans un cœur qui lui a ouvert la porte! Qu’y a-t-il d’étonnant à ce que les grands et le peuple conspirent contre la sacrificature qui leur porte ombrage et contre le prophète qui les exhorte? mais Zacharie, fils de Jéhoïada, est lapidé par l’ordre du roi, dans le parvis de la maison de l’Éternel! Le cœur se soulève devant tant d’ingratitude et de cruauté. «Joas ne se souvint pas de la bonté dont Jéhoïada, père de Zacharie, avait usé envers lui, et il tua son fils» (v. 22).

On se demande comment une chose pareille fut possible chez un roi dont les débuts annonçaient un règne juste et sans tache. Nous en avons dit quelques raisons en étudiant le deuxième livre des Rois, mais ici ces raisons ne sont pas données. Ce règne a sombré dans la violence et le crime. Le cœur du roi, aveuglé par Satan, devient la proie de cet ennemi terrible, dès qu’il tourne le dos à la sacrificature et à la maison de l’Éternel.

Satan, en s’emparant de Joas, pensait anéantir les conseils de Dieu. Il a été, il est, il restera trompé en cela, malgré tous ses efforts, car Dieu a Christ en vue et la chute d’un Joas ne détruit pas ses conseils. Toutefois il faut que le jugement s’exécute contre le mal. Le cri vengeur, sorti de la bouche du prophète mourant: «Que l’Éternel regarde et redemande!» (v. 22) est le cri de la loi violée. Christ et son sang prononcent de meilleures choses qu’Abel ou Zacharie: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font». Sur la croix, il intercède pour les transgresseurs, et son sang dit: Grâce! grâce! Étienne, qui subit le sort de Zacharie, s’écrie: «Seigneur, ne leur impute point ce péché»; mais ici, je le répète, nous nous trouvons sous le régime de la loi, alors même que le ministère des prophètes en avait modifié le caractère.

Le fait que Zacharie est tué dans le parvis «entre le temple et l’autel», aggrave infiniment le péché du roi. Dieu, sur son trône entre les chérubins, assistait à cette scène, tandis qu’au début du règne, Athalie, cette méchante femme, avait été arrachée du parvis pour être mise à mort dans la maison du roi. Joab, frappé quand il saisissait les cornes de l’autel, ne le fut pas devant l’arche que David avait recueillie en Sion.

Vers. 23-27. L’attaque de Hazaël, dont le motif n’est pas donné dans le deuxième livre des Rois, est ici la réponse au cri de vengeance de Zacharie.

Tous les chefs du peuple qui avaient conspiré contre le prophète pour le faire mourir, reçoivent le juste châtiment de leur iniquité (v. 23). Ces versets correspondent, avec beaucoup de différences, à 2 Rois 12:17-21. Ainsi l’armée de Syrie entre ici «avec un petit nombre d’hommes» à Jérusalem, à la honte de la «très grande armée» de Joas (v. 24). Ils s’emparent de tout et envoient les dépouilles à Damas. Dans le second livre des Rois, Joas cherche à se soustraire à l’ennemi en donnant à Hazaël toutes les choses saintes, et l’or du temple et celui de la maison du roi. Notre passage ne fait mention de ce fait qu’avec ces mots: «la grandeur du tribut qui lui fut imposé» (v. 27). Le tribut payé, Hazaël se retire de devant Jérusalem. Dans notre passage il y rentre et «fait justice de Joas» (v. 24). Il est probable qu’entre ces deux événements ce dernier s’était rebellé contre le roi de Syrie, car il n’est pas fait mention ici du butin, mais de la vengeance exercée contre les chefs du peuple et le roi. Joas est laissé par l’ennemi dans «de grandes maladies», conséquences, sans doute, de toutes ses angoisses, mais avant tout du jugement de Dieu qui le poursuit. Et de plus, ses serviteurs conspirèrent contre lui, qui s’était allié aux conspirateurs. L’épée vengeresse du Dieu saint l’atteint: un Moabite et un Ammonite, deux idolâtres, sont les meurtriers de ce roi qui avait rétabli le culte des idoles. Le sang du juste est vengé; Joas n’a pas même l’honneur du sépulcre des rois, semblable en cela à l’impie Joram qui subit le même sort (21:20); solennel exemple d’un jugement exécuté jusque dans la mort, car le Seigneur montre aux hommes qu’il veut être craint!