2 Chroniques

Chapitre 18

Alliance avec Achab

Nous avons peu de chose à dire sur ce chapitre, qui est la reproduction exacte de 1 Rois 22 déjà médité autre part.

La prospérité de Josaphat lui est en piège; car la possession des biens terrestres, même donnés de Dieu, oriente facilement nos cœurs naturels vers le monde et ses alliances. Alors, quand notre conscience nous reprend au sujet de cette infidélité, nous cherchons à la tranquilliser par la pensée qu’en somme ce monde, comme autrefois les dix tribus, n’a pas renié les formes religieuses qu’il avait à l’origine. C’est ainsi que Josaphat s’allie, par mariage, avec Achab, ce mauvais roi d’Israël; non pas, sans doute, qu’il contracte lui-même cette union, mais il la laisse et peut-être la fait contracter à son fils Joram (21:6). De telles alliances troublent profondément notre vue spirituelle: nous commençons par excuser ceux qui, de fait, sont les ennemis de Dieu et de son peuple, puis nous agissons de concert avec eux! Josaphat subit les conséquences de son infidélité; son déguisement le fait prendre par les archers pour le roi d’Israël; ils s’acharnent après lui; Josaphat crie; nous voyons ici à qui, détail omis dans les Rois; «Josaphat cria, et l’Éternel le secourut; et Dieu les porta à s’éloigner de lui» (v. 31). Ce détail caractérise les Chroniques. Josaphat crie à l’Éternel, comme jadis Abija (13:14-15), car il se rend compte que Dieu est sa seule ressource. En ce moment tout, absolument tout: les alliances, les motifs politiques et la diplomatie, les intérêts auxquels on a sacrifié ce qu’on avait de plus précieux, c’est-à-dire la, communion avec son Dieu — tout cela perd sa valeur et s’effondre devant la perspective de la mort. L’âme retrouve l’Éternel, qu’elle n’aurait jamais dû oublier pour obtenir un avantage mondain. Les «lieux profonds» engloutissent Josaphat; il crie à son Dieu. Ah! s’il regardait aux iniquités, ne devrait-il pas le livrer à la mort? Alors l’Éternel, le Dieu toujours fidèle qui ne peut se renier lui-même, écoute le cri de son serviteur. Il arrête l’élan impétueux des ennemis; il change, sans qu’ils s’en doutent, la direction de leurs pensées, et cela, au moment même où les vêtements royaux, portés par Josaphat, attiraient tous les regards sur lui.

Que doit-on penser de l’égoïsme d’Achab exposant son allié à tous les dangers pour se préserver lui-même? Si nous recherchons l’amitié du monde, nous ne récolterons jamais autre chose chez lui que l’égoïsme, car il ne peut avoir que son «moi» pour centre de ses pensées. Jamais il ne nous donnera ce qui est contraire à ses propres intérêts. Comment Josaphat avait-il été assez insensé pour chercher autre chose que ce que Dieu lui avait donné gratuitement, la paix, la richesse et la gloire? Ces dons ne lui suffisaient-ils pas? Pauvre cœur charnel du croyant, conduit par des chimères à sa ruine, quand, en présence des bénédictions divines il aurait dû s’écrier: «Je ne manque de rien!» Et cependant, comme toujours dans les Chroniques, la grâce triomphe en se servant de l’infidélité même de Josaphat. Il lui faut avoir été dans cette extrémité pour apprendre à connaître l’amour et la délivrance, et les infinies ressources de son Dieu. Achab, caché aux yeux des hommes sous ses vêtements d’emprunt, n’échappe pas aux yeux de Dieu et à son jugement. Un archer tirant à l’aventure l’atteint. C’était le hasard pour le monde, mais le hasard, c’était Dieu!