2 Chroniques

Chapitres 6 et 7

La prière de Salomon

Plusieurs particularités importantes distinguent cette division de notre livre du chapitre correspondant des Rois (1 Rois 8). Dans ce dernier la fête, quoique prolongée pendant quatorze jours, ne correspond de fait qu’à la fête des tabernacles. Elle est appelée «la dédicace de la maison» (8:63); mais le huitième jour, grand jour de la fête, le roi renvoie le peuple (8:65, 66). Le passage des Chroniques va beaucoup plus loin; il insiste sur le fait qu’«au huitième jour ils célébrèrent une fête solennelle» (2 Chron. 7:9); il introduit ainsi le type du repos général et définitif attaché au jour de la résurrection que le huitième jour préfigure. De cette manière la bénédiction n’est pas restreinte au peuple d’Israël seul, mais appartient à tous ceux qui font partie du jour de la résurrection.

Notre passage, dans les Chroniques, offre une autre remarque d’un grand intérêt: Salomon se tint devant l’autel de l’Éternel, en face de toute la congrégation d’Israël «et étendit les mains; car Salomon avait fait une estrade d’airain, longue de cinq coudées, large de cinq coudées, et haute de trois coudées, et l’avait mise au milieu de la cour; et il s’y tint, et fléchit les genoux en face de toute la congrégation d’Israël» et étendit ses mains vers les cieux. Toute la partie de ce passage placée entre guillemets manque dans le livre des Rois. L’estrade faite par Salomon et sur laquelle il se tient en face de tout le peuple a exactement les mêmes dimensions que l’autel d’airain en Exode 27:1. «Et tu feras», dit l’Éternel à Moïse, «l’autel de bois de sittim: il aura cinq coudées de long, et cinq coudées de large; l’autel sera carré, et sa hauteur sera de trois coudées».

L’autel du désert était, comme nous l’avons déjà dit, l’un des ustensiles qui ne sont pas mentionnés comme ayant été apportés de Gabaon dans le temple (5:5 et 1 Rois 8:4), car un nouvel autel y avait été construit. Mais le premier pouvait-il en être absolument exclu? Cela était impossible! L’autel de Moïse représentait seul le lieu où Dieu pouvait rencontrer le pécheur. Type de la croix, c’était là que Dieu pouvait se montrer juste en justifiant le coupable, et que Son amour s’était mis parfaitement d’accord avec sa justice pour opérer le salut. L’autel d’airain formait la base de toutes les relations de l’Éternel avec son peuple; il était, pour ainsi dire, la première porte d’entrée du sanctuaire. Cependant notre livre le supprime (non pas son souvenir, comme nous allons le voir) parce que l’œuvre qui a introduit le règne du roi de paix est considérée ici comme entièrement terminée. L’autel du tabernacle, l’autel de l’expiation n’est, dans les Chroniques, que le point de départ pour amener le peuple à l’autel du temple, c’est-à-dire à l’autel du culte, caractère essentiel de l’autel de Salomon dans ce livre. Le premier autel d’airain a donc disparu, mais pour reparaître ici sous forme d’estrade, comme sur un piédestal où Salomon est placé, à la vue de tout le peuple. Le lieu où la victime pour le péché a été offerte devient celui où Salomon — Christ — est glorifié. «Maintenant», dit le Seigneur en parlant de la croix, «le fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui» (Jean 13:31). Cet autel, qui est pour tout croyant le salut définitif et sans retour, car il n’y a plus pour nous de victime pour le péché, la croix de Christ restant désormais vide de son fardeau d’iniquité — cet autel a une autre signification encore: il est la base sur laquelle la gloire du fils de l’homme est établie. C’est à cause de son sacrifice que les rênes du gouvernement sont placées entre ses mains, et qu’il est mis en vue comme le Chef de son peuple.

Mais une autre chose frappe ici: Salomon, sur son estrade, est en réalité un intercesseur, un avocat pour Israël, plus encore qu’un roi. C’est là qu’il fléchit les genoux, qu’il étend ses mains suppliantes vers les cieux. Et, chose remarquable, il n’est pas ici, comme en 1 Rois 8:54-61, un souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec, bénissant Dieu de la part du peuple et le peuple de la part de Dieu, se levant de devant l’autel afin de se tenir debout pour bénir: Non, il ne prend sur son estrade qui fut un autel, qu’une position d’intercesseur, priant pour le peuple qui par sa conduite future, par son péché prévu, anéantirait tous les conseils de Dieu, si ces derniers pouvaient être anéantis.

Ce rôle que Salomon remplissait en faveur d’Israël, le Seigneur le remplit aujourd’hui pour nous. «Si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus Christ, le juste; et Lui est la propitiation pour nos péchés, et non pas seulement pour les nôtres, mais aussi pour le monde entier» (1 Jean 2:1-2). Son office d’Avocat est basé sur la propitiation qu’il a accomplie, comme l’intercession de Salomon était inséparable de cette estrade, mystérieuse et merveilleuse figure de l’autel.

À la fin de la prière de Salomon nous trouvons (6:41-42) des paroles qui manquent dans le livre des Rois: «Et maintenant, Éternel Dieu! lève-toi pour entrer dans ton repos, toi et l’arche de ta force! que tes sacrificateurs, Éternel Dieu, soient revêtus de salut, et que tes saints se réjouissent en ta bonté! Éternel Dieu, ne repousse pas la face de ton Oint; souviens-toi de tes grâces, envers David, ton serviteur». Ces paroles sont prises du Ps. 132. Dans ce cantique, les afflictions de David avaient eu pour but de trouver des demeures pour le puissant de Jacob. Cette habitation était trouvée maintenant, mais dans l’imperfection comme la demande de Salomon en fait foi. Alors Dieu, dans le Psaume, répond au désir du roi exprimé dans les Chroniques. Il lui montre Sion, sa maison, sa sacrificature, son Oint, tels qu’il les voit dans leur perfection éternelle, en réponse aux souffrances de Christ, le vrai David. Le repos de l’Éternel est encore à venir, mais Salomon nous en présente ici le tableau anticipé.

Au chap. 7, nous trouvons ensuite les versets 1 à 3 et 6 à 7, passage qui manque dans le livre des Rois. «Le feu descendit des cieux et consuma l’holocauste et les sacrifices, et la gloire de l’Éternel remplit la maison». Dieu met son sceau et son approbation sur l’inauguration de ce règne de paix; sa gloire remplit la maison qui lui a été préparée; le peuple tout entier se prosterne le visage en terre sur le pavement, et célèbre l’Éternel dans l’adoration et la louange. Ce passage cadre et s’harmonise admirablement avec le caractère du culte millénaire, tels que les Chroniques nous le présentent!

Les v. 12 à 22 du chap. 7 diffèrent peu du récit des Rois. Il est cependant à noter qu’ici, comme au premier chapitre (v. 7), l’apparition de l’Éternel à Salomon a un caractère peut-être plus immédiat que dans le livre des Rois, car il n’est pas dit que Dieu lui apparut «en songe» (v. 12). La maison que l’Éternel s’est choisie est appelée une «maison de sacrifice» selon son caractère de lieu de culte que nous avons observé tout du long de ce livre. Le libre choix de la grâce de Dieu est aussi plus accentué dans nos chapitres: Dieu a choisi Jérusalem, choisi David, choisi la maison (6:6; 7:12). En réponse à l’office d’avocat et d’intercesseur que Salomon a pris dans le chapitre précédent, Dieu lui donne une réponse complète (v. 13-14) qui manque dans le livre des Rois. Les suites de la responsabilité du peuple et de ses conducteurs sont mises complètement en évidence dans ce passage, comme elles l’avaient été dans la prière de Salomon, mais aussi la certitude qu’en vertu de cette intercession Dieu pardonnerait leur péché et guérirait leur pays. Et il en donne l’assurance à son Bien-aimé par ce seul mot omis dans le livre des Rois: «Maintenant mes yeux seront ouverts, etc.». Dès le moment où Salomon est apparu devant Dieu, la réponse à son intercession est certaine et, quelque retardée qu’elle doive être, à cause de l’infidélité du peuple, elle n’en est pas moins une chose actuelle accordée à la demande de l’oint de l’Éternel.

Pour la seconde fois dans ces livres la responsabilité de Salomon est mentionnée (v. 17-18. Voyez 1 Chron. 28:7); mais avec cette grande différence que les Chroniques ne montrent en aucune manière comme le premier livre des Rois, que Salomon y ait manqué. Sa responsabilité reste donc, dans notre livre, une responsabilité à la gloire de Dieu, en sorte que, comme type, nous pouvons voir que rien absolument ne manquera au roi des conseils de Dieu.