2 Chroniques

Chapitres 3 à 5

Le temple

Les chap. 3 et 4 correspondent aux chap. 6 et 7 du premier livre des Rois, mais en diffèrent en ce qu’ici le temple a une signification particulière. Tandis que dans le livre des Rois il est d’un côté le lieu où Dieu demeure avec les siens, et de l’autre le centre de son gouvernement au milieu d’Israël, il est, dans les Chroniques, comme nous l’avons déjà remarqué, le lieu où l’on s’approche de Dieu pour lui rendre culte, la «maison de sacrifice» (v. 11, 12). En parlant d’un lieu d’approche nous ne faisons pas allusion au pécheur qui vient par le sang de Christ pour être justifié devant Dieu; nous pensons à l’adorateur qui entre par le même chemin dans le sanctuaire. C’est ainsi qu’on voit dans l’épître aux Romains le pécheur justifié par le sang de Christ, tandis que l’épître aux Hébreux nous introduit par le même chemin dans le lieu très saint. Le fait que le temple est présenté comme lieu d’approche explique tous les détails de ces chapitres. Nous y rencontrons l’autel d’airain et le voile (3:14; 4:1) omis dans la description du temple au livre des Rois; d’autre part, les demeures des sacrificateurs mentionnées dans ce dernier manquent dans les Chroniques. Le prophète Ézéchiel, qui nous fait non pas le tableau typique, mais la description réelle du règne millénaire de Christ, réunit, dans la description du temple (40-45), les caractères des livres des Rois et des Chroniques. Nous y trouvons à la fois l’autel, la porte du sanctuaire, les demeures des sacrificateurs, les attributs du gouvernement de Dieu (Ézéch. 40:47; 41:22; 41:6; 41:18). C’est qu’en effet le temple d’Ézéchiel représente l’Éternel, Christ, demeurant au milieu d’un peuple de sacrificateurs, exerçant son juste gouvernement, et devenu le centre du culte d’Israël et des nations; tandis que les livres des Rois et des Chroniques, pour nous faire mieux entrer dans ses gloires, les présentent l’une après l’autre devant nos yeux.

D’autres détails frappants confirment ce que nous venons de dire. Les Chroniques ne mentionnent ni sacrifice pour le péché, ni sacrifice pour le délit; et l’autel y est uniquement le lieu de l’holocauste et du sacrifice de prospérités. Ézéchiel, en revanche, insiste sur le sacrifice pour le péché comme préparation à toutes les autres offrandes (Ézéch. 43:25-27), et les mentionne ensuite sans en omettre aucune (45:25).

Quelques mots encore sur l’autel d’airain: Cet autel de Salomon occupe, dans les Chroniques, une place très importante. Ce n’est pas l’autel du désert, conservé à Gabaon, figure de la manière dont Dieu vient rencontrer le pécheur, et peut rester juste en le justifiant, mais l’autel de l’holocauste sans lequel on ne peut s’approcher de Lui. Les dimensions de l’autel de Gabaon sont tout autres que celles de l’autel de Salomon: le premier a cinq coudées de longueur et cinq de largeur sur une hauteur de trois coudées. L’autel de Salomon (4:1) est long de vingt coudées, large de vingt coudées et a dix coudées de hauteur. Les deux dimensions principales sont exactement les mêmes que celles du lieu très saint (3:8; 1 Rois 6:20; Ézéch. 41:4). L’autel, Christ, s’adapte parfaitement au sanctuaire; les gloires du lieu très saint correspondent à la grandeur et à la perfection du sacrifice représenté par l’autel. De plus, comme nous l’avons dit, l’autel étant spécialement ici l’expression du culte, ce dernier a aussi les mesures du sanctuaire; sans être parfait dans toutes ses dimensions, il est digne, au plus haut point, de la scène millénaire qu’il représente.

Tout ce qui a trait au gouvernement millénaire de Christ et même aux attributs de ce gouvernement, manque entièrement dans les Chroniques; ainsi la maison de la forêt du Liban, siège du trône judiciaire, de même le palais du roi, de même encore les chérubins, attributs du gouvernement, représentés partout dans le livre des Rois, sur les murailles du temple et jusque sur les ustensiles du parvis.

S’agit-il même de la personne de Salomon et de ses actes, la description que les Chroniques en donnent est simplifiée à dessein. Le Roi nous y est présenté, non pas en voie d’accroissement, comme dans le livre des Rois, mais établi sur le trône selon les conseils de Dieu, doué de sagesse parfaite, entouré de richesse et de gloire. Aucun détail ne nous est donné sur l’exercice de sa sagesse, soit pour discerner le mal, soit pour le juger, soit pour enseigner le bien par ses paroles et ses écrits (voy. 1 Rois 3:16-28; 4:29-34). Salomon est placé devant nos yeux, sur son trône, dans une attitude pour ainsi dire immuable; la paix règne, les conseils de Dieu à l’égard de son Roi sont accomplis, et ce Roi, lui-même, est Dieu.

Cette scène de paix et de bonheur a son point de départ sur la montagne de Morija, détail, notons-le bien, qui manque dans le livre des Rois: «Et Salomon commença de bâtir la maison de l’Éternel à Jérusalem, sur la montagne de Morija, où l’Éternel était apparu à David, son père, sur l’emplacement que David avait préparé dans l’aire d’Ornan, le Jébusien» (3:1). C’était d’abord à Morija qu’Abraham avait offert Isaac sur l’autel et l’avait recouvré par une sorte de résurrection; là, il avait été pourvu à tout ce qu’exigeait la sainteté de Dieu. C’était ensuite à Morija que, lors de la faute de David, la grâce s’était glorifiée vis-à-vis du jugement. Le règne de paix de Salomon est donc établi, à la suite de la résurrection, sur le principe de la grâce, comme le règne futur de Christ ressuscité sera entièrement basé sur la grâce triomphante à la croix. À la suite du sacrifice de Morija et en vertu de la perfection personnelle du souverain, ce dernier pourra désormais entrer dans son temple. Les portes éternelles hausseront leurs linteaux pour laisser passer le roi de gloire. Il aura une riche entrée dans son propre royaume. Nous ne trouvons que dans les Chroniques l’immense hauteur de ce portique (3:4; cf. Ps. 24:7, 9; Mal. 3:1; Aggée 2:7; 2 Pierre 1:11, 17).

Encore un détail caractéristique: on ne voit ici sur les murailles de la maison que des palmiers et des chaînes; les palmiers sont les symboles de la paix triomphale; les chaînes (Sharsherah) qui de même garnissent ici les colonnes ne sont mentionnées nulle autre part que sur les épaulières et le pectoral du souverain sacrificateur. Elles en rassemblent fermement les diverses parties et paraissent symboliser la solidité du lien qui forme en unité le peuple de Dieu. Plus de fleurs entrouvertes, signes d’un règne qui commence à s’épanouir, comme dans le livre des Rois; ici le règne est définitivement établi; plus de chérubins cachés sous l’or des murailles; ils ne paraissent que sur le voile; il n’y a plus de pensées secrètes, de conseils cachés de Dieu; ils sont maintenant mis en évidence dans la personne de Christ, mais établis sur le voile qui est sa chair livrée à la mort. Dans le lieu très saint, deux chérubins debout, les ailes étendues, regardent au-dehors, «vers la maison» (3:13), fait qui n’est mentionné qu’ici, et contemplent l’ordre désormais établi du peuple de Dieu. Les colonnes Jakin et Boaz («Il établira» et «En Lui est la force») ne peuvent manquer dans ce tableau, emblèmes d’un règne désormais établi et dépendant entièrement de la puissance qui est en Christ.

Autre détail intéressant: «Salomon fit dix tables et les plaça dans le temple, cinq à droite et cinq à gauche» (4:8). 1 Rois 7:48 n’en mentionne qu’une. N’est-il pas frappant de voir les pains de proposition multipliés ainsi dix fois? Salomon est considéré comme assis «sur le trône de l’Éternel» (1 Chron. 29:23); Israël s’accroît sous son règne; ce sont toujours les mêmes tribus, mais augmentées à l’infini sous les yeux du Dieu qui les contemple et les gouverne. Le vrai Salomon, Christ lui-même, est l’auteur de cette multiplication (4:8). Dans le millénium, Israël sera au complet, comme présenté à Dieu par Christ, une offrande agréée de l’Éternel.

Au chap. 5 l’arche monte, de la cité de David, dans la maison magnifique que Salomon lui a préparée. Le tabernacle et tous ses ustensiles, qui se trouvaient à Gabaon, rejoignent l’arche dans le temple: Le souvenir de la traversée du désert reste ainsi continuellement devant Dieu. Il ne nous est pas parlé des ustensiles du parvis, ni surtout de l’autel d’airain érigé par Moïse et où Dieu venait en grâce rencontrer un peuple pécheur. Cet autel du désert est remplacé par celui de Salomon qui correspond lui-même à l’autel dressé par David sur l’emplacement de l’aire d’Ornan. L’autel de Salomon n’est mentionné que tout à fait en passant dans le livre des Rois (1 Rois 8:22) qui, comme nous l’avons dit, a un autre objet en vue que le culte. L’arche a enfin trouvé un lieu de repos, mais la scène millénaire, dont ces chapitres sont la figure, n’est pas le repos éternel et définitif pour le trône de Dieu. Les barres n’ont pas disparu, quoique leur position dénote que l’arche ne se remettra pas en voyage. Toute la scène de bénédiction millénaire décrite ici prendra fin quand les nouveaux cieux et la nouvelle terre seront établis.

Le passage du v. 11-13 de notre chapitre manque dans le livre des Rois: «Et il arriva, comme les sacrificateurs sortaient du lieu saint (car tous les sacrificateurs qui s’y trouvaient s’étaient sanctifiés sans observer les classes), et que les lévites, les chantres, eux tous, Asaph, et Héman, et Jeduthun, et leurs fils et leurs frères, vêtus de byssus, avec des cymbales et des luths et des harpes, se tenaient à l’orient de l’autel, et avec eux cent vingt sacrificateurs sonnant des trompettes, — il arriva, lorsque les trompettes et les chantres furent comme un seul homme pour faire entendre une même voix en louant et en célébrant l’Éternel, et qu’ils élevèrent la voix avec des trompettes, et des cymbales, et des instruments de musique, en louant l’Éternel de ce qu’il est bon, parce que sa bonté demeure à toujours, il arriva que la maison, la maison de l’Éternel, fut remplie d’une nuée; et les sacrificateurs ne pouvaient pas s’y tenir pour faire le service, à cause de la nuée, car la gloire de l’Éternel remplissait la maison de Dieu». C’est bien l’image du culte millénaire où le «chant de triomphe et de louange» sera entonné (conf. 2 Chron. 20:21). L’Éternel y est loué «de ce qu’il est bon, parce que sa bonté demeure à toujours» (voyez encore sur ce cantique: 1 Chron. 16:41; 2 Chron. 7:3, 6; Ps. 106:1; 107:1; 118:136; Jér. 33:11). Tous les instruments de musique retentissent, comme au Ps. 150 qui décrit la même scène. C’est ici proprement la dédicace de l’autel (7:9) précédant la fête des tabernacles, mais les Chroniques seules nous montrent la gloire de l’Éternel remplissant deux fois la maison. De fait, il y eut deux fêtes, une de sept jours, la dédicace de l’autel, et une de huit jours, la dédicace de la maison ou la fête des tabernacles (7:9). Toutes deux se trouvent ici, avec le même cantique et la même présence de la gloire de Dieu dans son temple, sujet bien approprié à ce livre qui nous parle du culte et de l’accomplissement des conseils de Dieu quant à son règne.

La dédicace de l’autel remplace dans les Chroniques le grand jour des expiations (comp. Lév. 23:26-36), tandis qu’en Zacharie ce jour doit précéder l’établissement du règne messianique. Il n’est point question ici «d’affliger son âme», comme au jour des expiations (Lév. 16:29), mais de se réjouir, car, par le moyen de l’autel la bonté de Dieu qui demeure à toujours, a définitivement approché le peuple de Lui.

Le cantique: «Sa bonté demeure à toujours», si caractéristique du règne millénaire à son début est répété dans ce livre des Chroniques, les deux fois où la gloire de l’Éternel remplit le temple; ce cantique manque entièrement au premier livre des Rois. La scène est bien plus complète ici: les conseils de Dieu quant à l’établissement de la royauté de Christ sur la terre sont enfin accomplis en type. «La gloire de l’Éternel remplit la maison de Dieu» (comp. avec 1 Rois 8:11). Le nom de Dieu remplace souvent celui de l’Éternel dans ces chapitres, faisant allusion à ses relations avec les nations qui reconnaissent le Dieu d’Israël comme leur Dieu.

Disons en terminant qu’en présence de toutes les différences de détail entre le premier livre des Rois et le second des Chroniques, tout croyant sera convaincu de la sagesse et de l’ordre divin qui président invariablement à ces récits. La plus petite omission, de même que chaque parole ajoutée dans le texte sacré, sont le fruit d’un plan d’ensemble destiné à faire ressortir les gloires diverses de Christ. Nous sommes loin d’avoir épuisé l’énumération de ces différences; d’autres pourront en découvrir de nouvelles avec un vrai profit pour leurs âmes.