1 Timothée

Chapitre 1er

V. 1-2

Paul, apôtre de Jésus Christ, selon le commandement de Dieu notre Sauveur et du Christ Jésus notre espérance, à Timothée, mon véritable enfant dans la foi: Grâce, miséricorde, paix, de la part de Dieu le Père et du Christ Jésus notre Seigneur!

Les versets que nous venons de citer commencent par établir les seules bases selon lesquelles l’homme entre en relation avec Dieu et qui seront détaillées dans la suite de ce chapitre. Ces bases étaient le sujet du ministère de l’apôtre. Dieu se présente ici avec un titre qu’on ne lui voit que dans les «épîtres pastorales». Non pas qu’il ne soit appelé autre part (comme, par exemple, en Luc 1:47) «Dieu mon Sauveur», ou «notre Sauveur», mais nous le rencontrons ici avec ce titre pour ainsi dire unique et primordial: Ce qui caractérise, dans ce passage, sa divinité en elle-même, c’est le salut. Ce salut est présenté selon sa portée universelle. En nous approchant de Dieu, nous ne le rencontrons que dans ce caractère. Sans doute il est le Juge, le Dieu souverain, le Créateur, le Saint, etc., mais, dans le jour actuel, il se révèle seulement comme Dieu Sauveur. Quel titre précieux! Quelle grâce incomparable! Il faudra que les pécheurs le rencontrent une fois comme Juge, mais actuellement il ne revêt qu’un titre, celui du Dieu qui fait grâce. Quand les hommes d’aujourd’hui devront paraître devant Lui, pourront-ils s’excuser de ne pas avoir été sauvés quand il ne s’était révélé au monde sous aucun autre titre?

Paul était apôtre selon son commandement. Comme Dieu éternel, il lui avait donné un commandement, une mission spéciale en vue de la révélation du mystère de l’Église (Rom. 16:25-26), mais ici le commandement était en vue de faire connaître au monde que le Dieu Sauveur s’est révélé en Jésus Christ et que le salut ne peut être obtenu que par Lui. Ce commandement exige l’obéissance de la foi; il est inséparable de la personne du Christ Jésus, «notre espérance», le seul auquel un pécheur puisse se confier, la seule et unique planche de salut offerte à l’homme perdu.

Mais ces choses ne peuvent être proclamées que par un homme qui a commencé par les recevoir pour lui-même; et c’est ainsi que Paul les avait reçues directement du Seigneur et que son «véritable enfant» Timothée les avait reçues par son canal. Aussi trouvons-nous dans ces deux versets les éléments sur lesquels sont fondées les relations de tout individu avec Dieu. Pour Paul, comme pour Timothée, le Dieu Sauveur est «notre Dieu Sauveur», leur Dieu Sauveur à tous deux; le Christ Jésus est «notre espérance»; Dieu est «notre Père» en vertu du salut; Christ notre Seigneur comme ayant acquis tous les droits sur Paul et sur Timothée. Ces bénédictions étaient acquises à tous deux par la foi et c’est par elle que Timothée était devenu l’enfant de l’apôtre.

La salutation de Paul à Timothée apporte à celui-ci grâce et paix, mais, en outre, «miséricorde», terme qui ne se trouve que dans les épîtres adressées à un individu1. C’est, en effet, ce dont nous ne pouvons nous passer pour notre vie de chaque jour. L’apôtre lui-même, appelé par Dieu à sa mission, que serait-il devenu sans la miséricorde? (v. 13).

1 Dans l’épître à Tite la leçon est douteuse.

 

V. 3-7

Comme je t’ai prié de rester à Éphèse lorsque j’allais en Macédoine, afin que tu ordonnasses à certaines personnes de ne pas enseigner des doctrines étrangères, et de ne pas s’attacher aux fables et aux généalogies interminables, qui produisent des disputes plutôt que l’administration de Dieu, qui est par la foi... Or la fin de l’ordonnance, c’est l’amour qui procède d’un cœur pur et d’une bonne conscience et d’une foi sincère, desquels quelques-uns s’étant écartés, se sont détournés à un vain babil, voulant être docteurs de la loi, n’entendant ni ce qu’ils disent, ni ce sur quoi ils insistent.

Le service confié à Timothée est plus élevé et plus étendu que celui de Tite. D’abord, quant à la sphère où elle se déploie, l’activité de Timothée s’exerce à Éphèse, lieu où les doctrines les plus élevées quant à la position céleste de l’Assemblée avaient été proclamées et reçues dans la puissance du premier amour. En revanche, le lieu d’activité de Tite est la Crète, dont l’état moral habituel est suffisamment caractérisé dans l’épître qui lui est adressée.

Quant au mandat lui-même, celui de Tite est l’établissement des anciens, mais avec insistance particulière sur le sain enseignement que soit eux, soit les jeunes gens, devaient retenir et garder.

Le mandat de Timothée va plus loin. L’ordonnance qui lui est confiée a pour but, avant tout, la conduite de chacun dans la maison de Dieu, et non pas seulement ce qui convient à ceux qui exercent des charges dans cette maison. Au reste nous ne voyons pas qu’il soit ordonné à Timothée d’établir des anciens, mais nous trouvons l’énumération des qualités qui doivent distinguer les anciens, ainsi que les diacres.

Mais c’est avant tout la bonne et la saine doctrine, la doctrine selon la piété, qui est le devoir du délégué de l’apôtre. Tout l’ordre de la maison de Dieu basé sur la doctrine; disons plutôt sur la foi (v. 4) qui est ici l’ensemble de la doctrine chrétienne reçu par la foi. On apprend ainsi comment il faut se conduire dans cette maison afin que le témoignage de Christ qui lui est confié ait toute sa valeur devant le monde.

Mais voici qu’à peine confié à la responsabilité des saints, ce témoignage était en danger de périr par les ruses ou sous les attaques ouvertes de l’Ennemi. «Certaines personnes» opposaient un enseignement, basé sur autre chose que sur Christ, à la saine doctrine de l’apôtre. C’est ce que ce dernier qualifie d’un seul mot grec: «Enseigner des doctrines étrangères1. Il s’agissait de leur résister avec autorité. «L’ordonnance» (vers. 3, 5) était confiée à Timothée pour cela; tout droit lui était conféré de commander à ces gens. Tant que subsistait l’autorité apostolique, cette mission était nécessaire pour que l’Assemblée pût subsister comme témoignage extérieur dans ce monde et que des âmes simples, incapables de discerner entre la vraie et la fausse doctrine, fussent mises à l’abri. Ces «doctrines étrangères» n’étaient pas des «saines paroles», «celles de notre Seigneur Jésus Christ»; elles n’avaient pas pour base et pour origine les paroles de Christ telles qu’elles sont contenues dans les Écritures; elles n’avaient pas pour but «la piété» (6:3). Elles devaient donc être réprimées avec autorité.

1 Hétérodidaskaleô, traduit aussi «enseigner autrement» au chap. 6:3.

Enseigner autrement (v. 4) conduit nécessairement aux fables qui sont nommées en Tite 1:14 les fables judaïques1. Au chap. 4:7 de notre épître elles sont qualifiées de «fables profanes et de vieilles femmes». Les Évangiles apocryphes, les livres talmudiques en sont remplis.

1 Voyez Étude sur l’Épître à Tite, par H. R.

Ces doctrines qui n’ont pas Christ pour source et pour objet n’ont aucunement et n’auront jamais pour résultat «l’administration», c’est-à-dire la gérance, l’ordre, de la maison de Dieu. Au lieu d’édifier cette maison, elles la détruisent, la livrent au désordre et à la ruine. Cela se passe encore tous les jours sous nos yeux. C’est le foin et le chaume introduits dans cette construction et qui seront finalement brûlés avec la maison qu’ils prétendent édifier.

«L’administration» basée sur la révélation de la grâce de Dieu et sur le mystère de l’Église avait été confiée à Paul (Éph. 3:2, 9). Il fallait maintenant qu’il fût bien manifeste qui édifiait sur ce fondement ou sur des doctrines étrangères, car «l’administration de Dieu est par la foi», c’est-à-dire par une doctrine divine qui s’adresse à la foi pour être reçu et cela en contraste avec la loi, comme nous allons le voir.

Mais auparavant l’apôtre s’interrompt pour montrer (v. 5) «la fin», le but final de l’ordonnance confiée (v. 3) à Timothée. Ce but est entièrement moral. C’est l’amour, mais l’amour inséparable d’un bon état d’âme devant Dieu, et l’on ne pourrait faire en quelques mots une description plus complète de cet état. L’amour s’appuie sur trois piliers, et, s’il en est ainsi, jamais on ne sera trompé par de fausses apparences, si fréquentes dans le monde, et qui devraient être étrangères à la maison de Dieu. Ces trois piliers sont le cœur, la conscience et la foi. «Un cœur pur» ne signifie pas un cœur exempt de souillure, parce que pur par lui-même, mais un cœur purifié par le lavage de la Parole (Jean 13:8-10; 15:3; 1 Pierre 1:22; 2 Timothée 2:22).

«Une bonne conscience» est une conscience qui, à la suite de la purification de nos cœurs, n’a rien à cacher à Dieu et conséquemment, rien à se reprocher (Héb. 10:22).

«Une foi sincère» est une foi exempte de toute hypocrisie. Ce mot de foi qui revient 17 fois dans cette épître y a deux acceptions un peu différentes, comme on a déjà pu s’en apercevoir. D’abord, dans son sens habituel, la foi est l’acceptation, par la grâce, de ce que Dieu a dit au sujet de son Fils; en un mot, la réception du Sauveur. Ensuite elle est l’ensemble de la doctrine chrétienne reçue par la foi. Ainsi, au v. 19 de notre chapitre on «garde la foi»; au chap. 3:9, la foi est l’ensemble des choses jusqu’ici cachées, mais maintenant révélées et que la foi saisit; au chap. 4:1, «apostasier de la foi» c’est abandonner ce que la doctrine chrétienne nous révèle; au chap. 5:8, on la renie.

La foi est souvent mentionnée comme associée à une bonne conscience (1:5, 19; 3:9). C’est une chose très dangereuse, pour le chrétien, de n’avoir pas, pour quelque raison que ce soit, une bonne conscience devant Dieu et l’on ne saurait trop sérieusement insister là-dessus. Elle nous fait nous écarter de la foi et nos discours ne sont plus désormais qu’un «vain babil» sans aucune portée pour les âmes.

L’amour donc, but de toute l’activité de Timothée, devait s’appuyer sur le cœur, la conscience et la foi. Si cet amour était réellement actif, il ne serait plus nécessaire de faire des efforts pour entraver le mal, et il n’y aurait plus besoin de lutte pour maintenir ou rétablir l’ordre dans l’Assemblée. Mais, au lieu de cela, l’ordre était troublé à Éphèse par certaines personnes qui étaient étrangères à l’état pratique du cœur et de la conscience dont nous venons de parler. Quelle en était la conséquence? Ces gens, au lieu de chercher le bien des âmes, ne songeaient qu’à eux-mêmes et à se faire reconnaître comme docteurs de la loi. De telles prétentions, sans l’état moral qui pourrait les faire accepter, ne font que mettre en lumière l’extrême pauvreté spirituelle et l’ignorance de ceux qui les affichent. Leurs paroles n’ont aucune valeur: elles sont un «vain babil». À quoi sont-elles utiles? Ceux qui les prononcent ne comprennent pas eux-mêmes le sens de ce sur quoi ils insistent. Ce tableau frappant de la prétention à enseigner la Parole sans la foi, sans un cœur purifié, sans une bonne conscience, a tout autant d’actualité aujourd’hui que du temps de l’apôtre. L’action de telles gens aura du reste toujours un caractère légal; mais comprennent-ils même ce que la loi signifie?

 

V. 8-11

Mais nous savons que la loi est bonne, si quelqu’un en use légitimement, sachant ceci, que la loi n’est pas pour le juste, mais pour les iniques et les insubordonnés, pour les impies et les pécheurs, pour les gens sans piété et les profanes, pour les batteurs de père et les batteurs de mère, pour les homicides, pour les fornicateurs, pour ceux qui abusent d’eux-mêmes avec des hommes, pour les voleurs d’hommes, les menteurs, les parjures, et s’il y a quelque autre chose qui soit opposée à la saine doctrine, suivant l’évangile de la gloire du Dieu bienheureux, qui m’a été confié.

Ici l’apôtre établit le contraste le plus complet entre la loi, à laquelle ces soi-disant docteurs voulaient ramener les chrétiens, et l’Évangile. Le premier point sur lequel il insiste, c’est que la loi est bonne. Nous trouvons cette même affirmation absolue en Rom. 7:16. Toute la question revient donc à en user légitimement, à savoir l’emploi qu’on en doit faire. Elle ne s’adresse pas aux justes, car comment condamnerait-elle un juste? Elle est donnée pour condamner le mal. Ici l’apôtre passe brièvement en revue les personnes auxquelles la loi s’adresse et contre lesquelles elle sévit légitimement. En quelques mots il caractérise leur état moral: la propre volonté, la désobéissance, l’impiété et l’esprit profane à l’égard de Dieu, l’absence de tout respect vis-à-vis des parents et les sévices contre eux, la violence et le meurtre, la souillure de la chair, les passions infâmes, le mensonge et le parjure et bien d’autres vices encore, tombent sous la condamnation de la loi.

Ici, l’apôtre revient au sujet principal de son épître: La loi sévit contre tout ce qui s’oppose à la saine doctrine, à l’ensemble des vérités qui constitue le christianisme ou la doctrine qui est selon la piété (6:3). Or l’Évangile est conforme à cette doctrine. Il ne contredit nullement la loi, mais introduit une chose toute nouvelle qui n’a absolument aucun point de contact avec la loi. Il est l’Évangile de la gloire du Dieu bienheureux, confié à l’apôtre. Ces quelques mots nous ouvrent une sphère de bénédictions dans laquelle l’esprit et le cœur peuvent se mouvoir librement sans jamais en trouver les limites. Jugez-en: L’Évangile est la bonne nouvelle qui annonce aux hommes que la gloire de Dieu a été pleinement manifestée en Christ. La gloire de Dieu, c’est-à-dire l’ensemble des perfections divines: justice, sainteté, puissance, lumière et vérité et par-dessus tout son amour et sa grâce — cette gloire a été pleinement révélée et mise à notre portée dans la personne d’un homme, le christ Jésus, notre Sauveur. Elle a été manifestée en notre faveur et c’est la merveille de l’Évangile. Toute cette gloire ne se cache ni ne se voile; nous la voyons resplendir dans la face d’un homme, mais, bien plus, elle est pour nous, elle nous appartient. L’œuvre de Christ nous la confère; tout ce qu’Il est devant Dieu, ceux qui croient en Lui, le sont désormais. Oui, la gloire de Dieu ne trône plus dans sa solitaire et inabordable perfection; elle est devenue, dans un homme, la part de tous ceux qui croient en Lui. Nous sommes, en vertu de son sacrifice qui a aboli le péché, parfaits devant Dieu comme Lui-même. Il nous est fait, de la part de Dieu, sagesse, justice, sainteté et rédemption. Nous sommes lumière dans le Seigneur. L’amour de Dieu a été versé dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous a été donné. Tout cela est le libre don de la grâce à de pauvres pécheurs justifiés par la foi.

Mais notez que cet Évangile est celui de la gloire du Dieu bienheureux. En nous le faisant connaître, Dieu veut nous rendre heureux comme Lui-même; le bonheur dont il jouit est devenu notre bonheur! Y a-t-il un contraste plus complet que celui-ci entre la loi qui maudit le pécheur et la grâce qui le transporte dans la jouissance de la gloire et du bonheur de Dieu, en attendant qu’il en jouisse dans la perfection d’une éternité sans nuage?

 

V. 12-14

Et je rends grâces au christ Jésus, notre Seigneur, qui m’a fortifié, de ce qu’il m’a estimé fidèle, m’ayant établi dans le service, moi qui auparavant étais un blasphémateur, et un persécuteur, et un outrageux; mais miséricorde m’a été faite, parce que j’ai agi dans l’ignorance, dans l’incrédulité; et la grâce de notre Seigneur a surabondé avec la foi et l’amour qui est dans le christ Jésus.

Or qui était ce Paul auquel un Évangile d’un tel prix avait été confié? Chose étonnante! c’était un homme qui violait le premier commandement: «Tu aimeras Dieu». Il haïssait Dieu en croyant le servir, car il le haïssait dans la personne de son Fils. Ce Christ, il le blasphémait en contraignant les saints de le blasphémer (Actes 26:11); il le persécutait dans son Église bien-aimée; il le couvrait d’outrages dans ceux qui croyaient en Lui et le servaient fidèlement.

Une telle attitude n’aurait pu être pardonnée si Paul n’avait pas fait ces choses «par ignorance dans l’incrédulité», la foi n’étant autre chose que la réception, dans le cœur, de Christ comme Fils de Dieu. C’est pour cela que miséricorde lui avait été faite, sinon il aurait été condamné sans rémission. Quant aux Juifs, cette miséricorde n’avait pu leur être continuée. Sur la croix, Jésus, intercédant pour le peuple avait dit: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font». Il avait invoqué la miséricorde de son Père à cause de leur ignorance. C’est aussi ce que Pierre leur disait en Actes 3:17. Mais ensuite, quand ils lapidaient Étienne, ils savaient ce qu’ils faisaient; ils rejetaient le Saint Esprit qui leur était envoyé par Jésus Christ ressuscité (Actes 7:51). Ce péché ne pouvait leur être pardonné. Saul de Tarse qui consentait à la mort d’Étienne (Actes 7:58; 8:1) n’était-il pas sur le même pied que son peuple? Quelle ressource lui restait-il donc? Aucune! et cependant il en restait une encore: «la grâce surabondante» qui pouvait estimer fidèle un tel homme, et l’établir dans le service! Il n’y avait que la foi par laquelle pût être anéantie son incrédulité précédente. Il n’y avait que «l’amour qui est dans le christ Jésus» qui pût remplacer la haine dont son cœur avait été rempli jusque-là et cet amour ne pouvait être connu que par la foi. Ce verset 14 est donc la preuve de ce que la grâce donne quand elle s’occupe même du «premier des pécheurs». Elle le retire d’entre les pécheurs par une grâce surabondante, lui donne la foi, et, par elle, lui fait connaître l’amour qui est en Lui.

 

V. 15-17

Cette parole est certaine et digne de toute acceptation, que le christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont moi je suis le premier. Mais miséricorde m’a été faite, à cause de ceci, savoir afin qu’en moi, le premier, Jésus Christ montrât toute sa patience, afin que je fusse un exemple de ceux qui viendront à croire en lui pour la vie éternelle. Or, qu’au roi des siècles, l’incorruptible, invisible, seul Dieu, soit honneur et gloire aux siècles des siècles! Amen.

Dès que cette œuvre de l’Esprit de Dieu a eu lieu dans son cœur, Paul peut annoncer Christ et le salut. Ce que nous trouvons ici, c’est l’Évangile dans sa plus simple expression. «Cette parole est certaine et digne de toute acceptation». Il y a beaucoup de «paroles certaines» dans les épîtres à Timothée et à Tite. Nous nous en sommes expliqués dans notre «Étude sur Tite», mais ici l’apôtre ajoute ces mots: «et digne de toute acceptation», afin de montrer les résultats immenses de cette parole pour toute âme qui la reçoit. Nous y reviendrons au chap. 4:9.

La simple vérité qui est à la base de toute relation entre l’homme pécheur et le Dieu Sauveur est exprimée ici de la manière la plus solennelle: «Le christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs»: Dieu fait homme, dans la personne de Jésus, et venant ici-bas pour sauver les pécheurs — non pas des pécheurs, mais pour accomplir une œuvre d’une portée universelle, offerte à tous et dont nul pécheur, même le plus indigne, n’est exclu d’avance. Le but de Dieu en venant dans le monde était de sauver les pécheurs; au chap. 2:4, nous voyons que c’est aussi sa volonté. Du côté de Dieu il n’y a donc aucun obstacle; tout concourt en Lui à ce dessein arrêté; mais l’homme, chose terrible à constater, méconnaît le but de Dieu et s’oppose de la manière la plus formelle, à Sa volonté. Au milieu de cette révolte de l’homme contre Lui, sa «grâce surabondante» peut seule contraindre l’homme et faire d’un Saul de Tarse l’agent pour présenter le salut à d’autres.

Nous avons vu, au v. 11, le côté de Dieu dans l’Évangile; nous voyons ici, au v. 15, le côté de Christ, son abaissement pour accomplir ce glorieux résultat: le salut. Or ce salut est, non seulement la délivrance du péché et du joug de Satan, mais l’introduction de l’homme en des relations éternelles avec le Dieu de gloire. La délivrance du péché, nous l’avons ici dans toute sa simplicité, quand l’apôtre nous parle d’une chose certaine et digne de toute acceptation; les relations nouvelles nous les trouvons dans la proclamation de l’Évangile de la gloire au v. 11.

Ici Paul s’intitule «le premier des pécheurs». Aucun autre homme ne peut s’appeler de ce nom. Paul, n’étant encore que Saut de Tarse, s’était mis à la tête d’une armée dont Satan était, sans qu’il s’en doutât, le Chef occulte, avec le but d’extirper de ce monde le peuple de Dieu et le nom même de son Chef et Seigneur, pour le triomphe de la religion juive. Avec toute son énergie charnelle, avec toute sa conscience religieuse, et elle était fort grande, Saut voulait anéantir et ôter du monde le nom de Christ, car il était entièrement incrédule quant à sa résurrection. Oui, cette triste place prépondérante, il l’occupait à la tête des ennemis de Christ, ce qui lui fait dire: «dont moi je suis le premier».

Depuis que, dans l’évangélisation courante, beaucoup d’orateurs ont pour habitude de raconter leur conversion, en exagérant à plaisir le tableau de leur propre misère (ce qui faisait dire à Spurgeon que ces confessions publiques lui faisaient l’effet de la sonnette annonçant le passage du char des balayures), on les entend s’écrier «Je suis le premier des pécheurs». Ce mot n’est pas vrai, et de fait, chose triste à dire, pas un de ceux qui parlent ainsi ne le croit réellement. Cette parole leur offre même un moyen de s’enorgueillir et leur fournit l’occasion d’occuper leurs auditeurs d’eux-mêmes et de leur propre humilité, plutôt que de n’en rien dire. Mais ce que l’apôtre disait ici de lui-même, comme dans ses trois discours des Actes, était une frappante réalité et avait pour but d’expliquer la portée immense de la mission qui lui avait été confiée: Si, dans cet état d’affreuse révolte contre Christ, il avait été fait miséricorde à Saul de Tarse, c’était, dit-il, «à cause de ceci, afin qu’en moi, le premier, Jésus Christ montrât toute sa patience, afin que je fusse un exemple de ceux qui viendront à croire en Lui pour la vie éternelle».

Dieu choisissait Saul de Tarse comme un exemple de Ses voies envers ceux qui viendraient à croire par son ministère. S’il pouvait agir ainsi envers un blasphémateur et un persécuteur, y avait-il un seul homme qui pût dire: Jésus Christ n’aura pas patience envers moi? Non, car déjà Jésus Christ avait montré toute sa patience envers Paul. Ainsi, comme le salut était pour tous les pécheurs, la patience était pour tous. Et certes cette patience avait une valeur immense. Il suffisait maintenant de croire en Lui, et l’on obtenait ainsi la vie éternelle. Arrivé à ce mot final qui introduit l’âme dans la possession d’une félicité sans fin, un hymne de louange s’élève du cœur de l’apôtre et monte jusque dans les profondeurs du troisième ciel.

Cet hymne est adressé au Dieu Souverain de qui descend le don suprême de la vie éternelle sur tous ceux qui croient. Leur âme est, par la vie éternelle, mise en rapport direct avec Lui. Il est le roi des siècles, le seul devant qui le temps et l’éternité n’ont pas de limite et qui les domine. Il est l’incorruptible, le seul qui soit au-dessus de tout ce qui est livré à la corruption et ne puisse être atteint par elle, comme l’ont été la Création, les hommes et même les anges. Il est l’invisible. Celui qui est au dessus de toute chose visible et que nul œil ne peut voir. Il est seul Dieu!

C’est autour d’un tel Dieu que monteront éternellement nos hommages. Il ne s’agit pas ici du Dieu Sauveur, ni du christ Jésus, venu pour sauver les pécheurs. Un trait manquerait à sa gloire, s’il n’était encore exalté d’une autre manière. Il est le Dieu qui, de sa gloire inaccessible, a daigné abaisser ses regards sur sa créature déchue, pour lui donner la vie éternelle, une vie capable de le connaître et de le comprendre, une vie qui répond à sa propre nature! À Lui soit honneur et gloire aux siècles des siècles! Amen.

Il est bien remarquable qu’au chap. 6:15-16 de cette même épître nous retrouvions un passage qui a une portée analogue à celui-ci, tandis que nous n’en trouvons nulle autre part de semblable. Au reste, l’expression de la louange spontanée devant les mystères de la grâce revient plus d’une fois dans les épîtres; ainsi en Rom. 11:32-36; en Héb. 13:21; en Éph. 3:20, 21.

 

V. 18-20

Je te confie cette ordonnance, mon enfant Timothée, selon les prophéties qui ont été précédemment faites à ton sujet, afin que par elles tu combattes le bon combat, gardant la foi et une bonne conscience, que quelques-uns ayant rejetée, ils ont fait naufrage quant à la foi; du nombre desquels sont Hyménée et Alexandre, que j’ai livrés à Satan, afin qu’ils apprennent à ne pas blasphémer.

L’apôtre revient maintenant à «l’ordonnance», au mandat qui avait été confié à Timothée et dont il avait parlé aux vers. 3 et 5 de ce chapitre. Il entre dans le sujet propre de l’épître, après avoir terminé comme nous l’avons vu, par un chant de triomphe et un Amen! le magnifique exposé qui se déroule du v. 5 au v. 17.

Nous allons trouver les détails de ce mandat dans les chapitres qui suivent. Au chap. 1:3-4, l’apôtre n’avait encore parlé que du danger immédiat qui menaçait les saints d’Éphèse et auquel Timothée devait parer avec l’autorité qui lui était conférée. Ce danger ne se résumait encore que dans l’activité de «certaines personnes». Mais auparavant Paul place devant son fidèle disciple et enfant dans la foi, l’importance, aux yeux de Dieu, de l’ordonnance qui lui avait été confiée. (1 Tim. 4:14; 2 Tim. 1:6). Des prophéties avaient été faites auparavant au sujet du don que devait recevoir ce fidèle collaborateur de l’apôtre. Il l’avait donc reçu par prophétie, mais il lui avait été communiqué par l’imposition des mains de Paul. Ce don avait été accompagné de l’imposition des mains du corps des anciens. Ce dernier fait signifiait l’identification des anciens avec Timothée dans son service et la sanction qu’ils y apportaient, car ils ne lui communiquaient rien. (Nomb. 8:10). Il appartenait à l’autorité apostolique et à nulle autre de transmettre occasionnellement le don, qu’il fût un «don de grâce» ou le «don du Saint Esprit», don qui, du reste, le plus souvent était envoyé directement d’en haut par le Seigneur, mais jamais on ne voit les anciens le communiquer.

Les prophéties, faites précédemment au sujet de Timothée, annonçaient que celui-ci était désigné de Dieu pour «combattre le bon combat», un combat nécessaire, destiné à soutenir la saine doctrine dans la maison de Dieu et à déjouer les ruses de l’Ennemi. Cette victoire ne pouvait avoir lieu que si Timothée gardait la foi, c’est-à-dire l’état de l’âme qui est fermement attachée à l’ensemble de l’enseignement de Dieu dans sa Parole. La foi n’est plus sincère (v. 5), quand la conscience n’est plus bonne et cherche à se soustraire, en quelque manière que ce soit, au contrôle de Dieu. Alors il y a de la fraude dans le cœur. Cet état est des plus dangereux. L’âme s’habitue à éviter la lumière de la présence du Seigneur et de sa Parole.

Rejeter une bonne conscience amène tôt ou tard l’âme à abandonner la foi. Toutes les hérésies ont leur source dans un mauvais état de la conscience qui, fuyant l’occasion de rencontrer Dieu, est livrée à elle-même et, dans cet état, abandonne la vérité telle que Dieu nous l’a enseignée dans sa Parole. Hyménée et Alexandre en étaient arrivés là. Il ne nous est pas dit ce qu’ils enseignaient, mais la Parole a soin de nous dire que c’étaient des blasphèmes, sans doute des blasphèmes contre Christ, peut-être en rapport avec la loi, car Paul nous dit, en décrivant son état d’inimitié contre Christ, qu’il était lui-même un «blasphémateur» (v. 13). On voit en Actes 26:11, de quelle manière cela avait lieu. Au chap. 4:1 de notre épître, l’apôtre nous dit que «quelques-uns apostasieront de la foi», c’est-à-dire rejetteront entièrement la doctrine chrétienne. Ici, le mal n’étant pas encore arrivé à son apogée, c’était plutôt qu’au lieu d’employer leur activité pour le maintien de la foi, ils avaient fait personnellement naufrage et que, n’ayant plus de boussole pour se diriger, ils avaient perdu tout sentiment de la valeur, de la dignité, de la sainteté du Seigneur.

Il est possible que l’on retrouve ce même Hyménée en 2 Tim. 2:17, mais associé à Philète et soutenant une doctrine qui fermait le ciel aux rachetés et les établissait définitivement sur la terre. On pourrait aussi supposer, mais sans plus de preuves, qu’Alexandre, en 2 Tim. 4:14, est devenu l’ennemi acharné de l’apôtre. L’acte de livrer à Satan avait eu lieu effectivement dans notre passage. En 1 Cor. 5:5, il nous est présenté comme étant l’intention de Paul qui n’eut pas besoin de le mettre à exécution. Cet acte d’autorité apostolique n’était nullement assimilable à celui de l’assemblée dont le devoir était d’ôter le méchant de son sein.

Les deux hommes dont il est parlé ici, ayant été abandonnés entre les mains de Satan, étaient désormais hors de l’assemblée, privés de son contrôle et de son influence dont ils avaient joui jusqu’alors, devenus, par ce fait, comme la propriété de l’Ennemi qui n’avait désormais d’autre but que de les séparer à tout jamais de Christ, sans espoir de retour. Cependant, là encore, au milieu de ce terrible jugement, Dieu avait une intention de grâce. La misère, probablement morale et physique, où ils étaient plongés pouvait «leur apprendre à ne plus blasphémer», rendant ainsi leur restauration possible.