1 Samuel

Chapitre 29

Les armées des Philistins et d’Israël gagnent le lieu de leur rassemblement; «David et ses hommes passèrent à l’arrière-garde avec Akish», car ils étaient devenus ses gardes du corps, selon la promesse du roi. Les chefs des Philistins se défient: «Que sont ces Hébreux?» C’est ce qui arrive toujours quand le croyant se place dans une fausse position en recherchant la protection du monde. Il ne peut gagner sa confiance, à moins peut-être que le monde ne se fie comme Akish à lui, parce qu’il s’est mis en mauvaise odeur auprès du peuple de Dieu et s’est prêté à l’asservissement. Cependant Akish, il faut le constater, a encore d’autres motifs de confiance, et l’on ne peut s’empêcher de reconnaître en lui une certaine noblesse naturelle, gagnée par la droiture apparente (hélas! pas même apparente aux yeux de Dieu) du caractère de David. Akish prend sa défense vis-à-vis des princes: «Je n’ai rien trouvé en lui, depuis le jour qu’il est tombé chez moi jusqu’à ce jour» (v. 3). Akish lui rend témoignage: «L’Éternel est vivant, que tu es un homme droit, et ta sortie et ton entrée avec moi à l’armée ont été bonnes à mes yeux, car je n’ai pas trouvé de mal en toi depuis le jour de ton entrée auprès de moi jusqu’à ce jour» (v. 6). Témoignage des plus favorables, mais basé sur le fait que «David, serviteur de Saül, roi d’Israël» (v. 3), est devenu et restera serviteur d’Akish.

David avait-il bien conscience d’avoir mérité ces louanges? Son cœur était-il réellement à l’aise devant la haute opinion du roi incirconcis, qui se montrait plus noble et plus honnête que l’oint de l’Éternel? Pouvait-il recevoir cette louange, comme il l’avait reçue jadis d’Abigaïl? (25:28).

Quoi qu’il en soit, la confiance d’Akish ne réussit pas à vaincre la défiance des principaux, car c’était précisément le caractère de fidélité de David qui pouvait le faire retourner à son ancien maître. Dans un temps qui n’était pas si éloigné, il avait frappé ses dix mille Philistins, d’accord en cela avec Saül qui avait frappé ses mille. Pourquoi serait-il aujourd’hui pour Akish, plutôt que pour Saül? Le manque d’une position tranchée vis-à-vis du monde, ne peut que produire de telles conclusions. Notre fidélité passée se tourne elle-même contre nous. Akish est obligé de compter avec l’opinion des principaux, politique inconnue à un croyant fidèle, car la pensée, l’opinion, la volonté de Dieu le dirigent. Mais Dieu se sert de la défiance des hommes pour sauver son bien-aimé d’une chute bien plus sérieuse que lorsqu’il montait contre Nabal pour se venger lui-même. «Maintenant», dit Akish, «retourne-t’en et va en paix, afin que tu ne fasses rien qui soit mauvais aux yeux des princes des Philistins» (v. 7).

Devant cette animosité, David, et c’est un des points les plus humiliants de son histoire, David renie sa foi et son caractère: «Mais qu’ai-je fait? et qu’as-tu trouvé en ton serviteur, depuis le jour que j’ai été devant toi jusqu’à ce jour, pour que je ne puisse pas aller et combattre contre les ennemis du roi, mon seigneur!» (v. 8). Qu’ai-je fait! David pouvait le dire en vérité, à Jonathan (20:1) et à Saül lui-même (26:18), mais il ne pouvait en bonne conscience le dire à Akish. Ne connaissant rien des entreprises secrètes de David contre les ennemis d’Israël, le roi des Philistins ne pouvait le trouver en faute. Mais c’est son propre peuple que David demande à combattre, son peuple qu’il appelle «les ennemis du roi!»

Akish reconnaît encore plus expressément la pureté des intentions de David: «Je sais que tu es agréable à mes yeux comme un ange de Dieu» (v. 9), mais comme conclusion il faut partir. «Allez-vous-en», lui dit-il (v. 10). En somme, en les pesant à la même balance, l’opinion du monde qui l’entoure a plus de poids pour Akish que l’intégrité supposée de David.

Tout cela nous montre l’abîme qui sépare la famille de Dieu du monde, puisque, même vis-à-vis d’un enfant de Dieu infidèle à sa vocation, le monde se méfie et repousse sa coopération.

C’est justice. Dieu nous fait sentir, et c’est une grâce de sa part, que dans cette position tout nous manque, l’approbation de Dieu et la faveur du monde.

David s’en retourne. Quelle main secourable l’Éternel lui a tendue, contre son gré, au moment jusqu’ici le plus critique de sa vie! Dieu ne l’a pas abandonné un instant. Quelle grâce! Mais qu’est devenue l’heureuse communion du cœur avec l’Éternel qui s’exprimait dans les chants du doux psalmiste d’Israël?