1 Samuel

Chapitre 21

Au chapitre précédent, David s’était montré quelque peu inférieur à son caractère. Il en est de même ici, car il ment à Akhimélec et se sert auprès d’Akish d’une ruse qui ne lui fait pas honneur. Et cependant à Nob (v. 1-6), il nous offre l’un des traits les plus importants du Messie rejeté. Cet incident est noté en Matt. 12:1-8; Marc 2:23-28; Luc 6:1-5.

Dans le premier de ces passages, le Seigneur ayant proclamé (11:28-30) que le vrai repos se trouvait en Lui, laisse ses disciples libres d’accomplir un acte permis par la loi (Deut. 23:25), mais qui, aux yeux des pharisiens, violait et profanait le sabbat. Il en avait été de même de David à Nob, car c’était un jour de sabbat, le jour où l’on changeait les pains de proposition (conf. Lév. 24:8), qu’il s’était présenté devant le sacrificateur. Or pourquoi le Seigneur en agissait-il ainsi? C’est que, comme David, Lui, le Bien-aimé, avait été rejeté par ce peuple que le système légal, ordonné de Dieu, n’avait pu amener à reconnaître son Messie. Le sabbat, signe de l’alliance entre Dieu et son peuple, était donc violé par le fait que le peuple rejetait son Dieu. Il n’y avait plus de repos sous l’ancien système légal. Le Père était obligé désormais de travailler de nouveau, et le Fils lui-même travaillait avec Lui. Le sabbat de l’homme avait pris fin, et le rejet de Dieu, dans la personne de son Fils, avait pour conséquence l’abandon du système légal des Juifs, le droit du fils de l’homme d’user du sabbat comme il l’entendait, et l’introduction d’un nouveau système dans lequel il associait avec Lui ses disciples et ses compagnons. Christ étant rejeté, comme David l’avait été, il n’y avait plus pour la créature de repos dans ce monde, plus de sabbat, mais un repos hors du monde, fondé sur l’œuvre de la rédemption et que l’on pouvait posséder par la connaissance du Seigneur Jésus.

Un second fait accompagnait le rejet de David. Il s’était fait donner par Akhimélec les pains de proposition que les sacrificateurs seuls pouvaient manger, une fois ôtés de la table. Le pain sorti de devant Dieu était «en quelque sorte commun» (v. 5). En présence du rejet de son roi, quelle valeur pouvaient avoir aux yeux de Dieu les pains de proposition qui présentaient à Dieu le vrai Israël en Christ! Aussi ces pains devaient-ils être remplacés devant Dieu par des pains nouveaux, un nouvel Israël fondé sur Christ, selon le cœur de Dieu. David pouvait donc considérer ce pain comme profane. La grâce souveraine s’élevait au-dessus des ordonnances légales, car il était plus important de nourrir David et les siens que de garder ce qui était vieilli.

David demande une arme. Akhimélec n’en a pas d’autre que l’épée de Goliath. Cet instrument de la victoire de David était gardé derrière l’éphod enveloppé dans un manteau, soigné et mis à une place d’honneur, sous les yeux mêmes de Dieu. C’est ainsi que le témoin de la victoire de Christ, la mort, par laquelle il a vaincu le prince de la mort, a été porté comme mémorial dans le lieu très saint où Jésus est entré avec son propre sang.

David dit: «Il n’y a pas d’arme pareille» (v. 9). N’oublions pas que, si David est le type de Christ, il est souvent aussi, dans la même occasion, le type des croyants. Comme David, nous partons sans armes contre l’ennemi, mais une seule nous suffit, la mort de Christ et notre mort avec Lui. Nous la trouvons dans le sanctuaire. Il n’y en a point de pareille, et Satan ne peut rien contre l’arme qui l’a vaincu.

Armé de cette manière, David se rend chez Akish, roi de Gath (v. 10-15). Pourquoi donc est-il saisi de frayeur en se présentant devant lui? C’est qu’il y était conduit par sa sagesse naturelle et non par l’Éternel. Pas plus que l’Égypte pour Abraham, la Philistie ne devait être un refuge pour David. Pensant échapper de cette manière à Saül, il échange un ennemi contre un autre, et ne trouve que le déshonneur et le mépris.

Mais il est très consolant de considérer, dans les deux Psaumes qui se rapportent à ce moment de son histoire, les expériences que David a faites et dont le récit historique ne nous parle pas.

Le Ps. 56 fut composé «quand les Philistins prirent David dans Gath»1. La défaillance de sa foi l’avait fait chercher un refuge chez ces ennemis d’Israël. Qu’y trouve-t-il? L’homme qui, au lieu de l’aider, l’opprime et voudrait l’engloutir (v. 1). Lui, qu’une crainte charnelle avait amené à fuir Saül, apprend maintenant ce qu’est la chair; lui, que la confiance en l’homme avait fait descendre chez Akish, apprend maintenant ce que c’est que l’homme. Il n’a trouvé chez lui que dangers et menaces. Ses ennemis s’assemblent, se cachent, observent ses pas et guettent son âme, tordant ses paroles tout le jour, ayant leurs pensées contre lui en mal; mais Dieu lui reste. Il a appris à se confier entièrement en Dieu: «Au jour où je craindrai, je me confierai en toi» (v. 3). C’est la grande leçon que Dieu lui a enseignée. Si Dieu est pour lui, que lui ferait la chair? «En Dieu je me confie: je ne craindrai pas; que me fera la chair?» (v. 4). Que lui ferait l’homme? «En Dieu je me confie: je ne craindrai pas; que me fera l’homme?» (v. 11). Maintenant, délivré de la mort, il désire être gardé de broncher à l’avenir. Rien n’assure notre marche comme l’épreuve, la discipline, et les expériences qui y sont attachées: «Car tu as délivré mon âme de la mort: ne garderais-tu pas mes pieds de broncher, pour que je marche devant Dieu dans la lumière des vivants!» (v. 13).

1 Il ne faudrait pas penser que seuls les Psaumes de David qui ont une suscription, soient sortis des expériences du roi-prophète lors des divers événements de sa vie. Loin de là; mais nous nous en tiendrons aux faits que la Parole inspirée nous signale d’une manière particulière. Bien souvent, en d’autres Psaumes, on peut distinguer certaines circonstances de la vie de David, comme ayant été le point de départ du chant inspiré.

Le Ps. 34 a été composé «quand David dissimula sa raison devant Abimélec1, qui le chassa, et il s’en alla». Ce Psaume célèbre les tendres soins de l’Éternel envers le croyant dans l’épreuve, et exprime la confiance de David, découlant du fait que Dieu a pris en main sa cause dans son affliction. Cet homme de Dieu, en cherchant du secours auprès d’Akish, n’avait tenu dans sa main qu’un roseau brisé. Maintenant, instruit par Dieu, il peut dire: «J’ai cherché l’Éternel; et il m’a répondu, et m’a délivré de toutes mes frayeurs» (v. 4). «Cet affligé a crié; et l’Éternel l’a entendu, et l’a sauvé de toutes ses détresses» (v. 6). Il a appris la leçon que Dieu lui enseignait par sa discipline. L’expérience qu’il vient de faire le rend propre à encourager les autres: «Goûtez et voyez que l’Éternel est bon! Bienheureux l’homme qui se confie en Lui!» (v. 8).

1 Titre du roi des Philistins (Conf. Gen. 20:2).

Bien plus, il a appris par expérience que la ruse, ni le mensonge, ne pouvaient procurer du bien: «Qui est l’homme qui prenne plaisir à la vie et qui aime les jours pour voir du bien? Garde ta langue du mal, et tes lèvres de proférer la tromperie» (v. 12, 13).

L’expérience de David à la cour d’Akish avait été profondément humiliante, car la dignité que Dieu lui avait conférée avait été compromise par sa conduite. Il en avait le cœur brisé et l’esprit abattu, mais dans cette discipline il avait appris à se connaître, à connaître l’Éternel d’une manière plus intime, et que pouvait-il désirer de plus? «L’Éternel est près de ceux qui ont le cœur brisé, et il sauve ceux qui ont l’esprit abattu» (v. 18).

C’est ainsi que l’âme de cet homme de Dieu exprime, dans ses cantiques prophétiques, ce dont elle a fait l’expérience pour elle-même, à travers les afflictions et la discipline qui lui étaient nécessaires.