1 Samuel

Chapitre 10

Samuel oint Saül pour prince sur l’héritage de Dieu et lui prédit les signes qui lui arriveront en chemin, en rapport avec son onction comme roi. Ces signes avaient une grande importance: tout l’avenir de Saül dépendait de la manière dont il les comprendrait. Il ne tenait qu’à lui de les méditer; leur sens échappe à un cœur sans intelligence ni discernement spirituel et, sous ce rapport, ce passage est souvent une pierre de touche de notre état. Remarquez que, dans cette scène, Saül n’est pas laissé à lui-même, ce qui lui ôte toute excuse. Samuel lui dit: «Dieu est avec toi» (v. 7), et plus lard: «L’Esprit de Dieu le saisit» (v. 10).

Les signes donnés à Saül sont au nombre de trois; ils se suivent dans un ordre voulu de Dieu.

C’est d’abord le sépulcre de Rachel, sur la frontière de Benjamin. Benjamin, chef de la tribu de Saül, avait reçu le jour à la mort de sa mère. L’histoire de Saül, pour correspondre aux pensées de Dieu, devait commencer là. Il ne tenait qu’à lui de devenir le fils de la droite de Jacob, le Benjamin de Dieu, si l’homme dans la chair pouvait obtenir cette place. Le sépulcre de Rachel pouvait être le début de sa royauté. La mort le séparant de tout son passé, ce pouvait être pour lui une vie nouvelle, issue de la mort, et dans laquelle il marcherait librement comme l’oint de l’Éternel.

Saül, passant plus avant, devait rencontrer trois hommes, montant vers Dieu à Béthel. Béthel était la première étape du voyage de Jacob, le lieu où Dieu avait promis au patriarche proscrit de ne jamais l’abandonner. Au milieu de la ruine d’Israël, la fidélité de Dieu à ses promesses était ainsi manifestée au roi futur, afin qu’il réglât sa conduite sur elle. Saül aurait dû voir que Béthel lui était assuré, et qu’il pouvait compter sur la protection divine. Dans les tristes circonstances où se trouvait le peuple, Saül rencontre, ne fût-ce que trois adorateurs de Dieu, montant où Jacob l’adora, où il veut être adoré à toujours.

Béthel était en ce temps le lieu de la grâce où Dieu s’était révélé, le centre de la vie religieuse d’Israël, le commencement et la fin des pérégrinations de son fondateur. Saül pouvait et devait entrer en relation avec ceux qui se rendaient en ce lieu de bénédiction, et, quoique en si petit nombre, rendaient un témoignage complet (indiqué par le nombre trois) à la réalité de la foi qui restait en Israël. Ils s’enquerraient de Saül; c’est d’eux qu’il devait recevoir la nourriture nécessaire, lui qui n’avait rien eu à donner au prophète. Ayant trouvé grâce à leurs yeux, il devait se joindre à ces hommes de foi.

Saül arriverait enfin au coteau de Dieu, au siège de sa puissance, actuellement entre les mains des Philistins, c’est-à-dire envahi et dominé par l’ennemi. Ayant rencontré à Béthel ce qui, en Israël, restait fidèle à Dieu, Saül ici, devait prendre connaissance de l’état réel du peuple, et cela devait parler à sa conscience. Mais, en ce lieu même, Dieu se mettait en relation avec Israël par les prophètes. Les ressources divines ne faisaient pas défaut, et, malgré les Philistins, l’Esprit pouvait agir en puissance et en grâce. La troupe des prophètes et le petit résidu adorant Dieu à Béthel, devaient ouvrir les yeux et indiquer le chemin à l’oint de l’Éternel, qui pouvait devenir ainsi le conducteur et le libérateur du peuple. Il dépendait de l’Esprit de Dieu que Saül, se joignant à ces hommes, devînt son instrument pour Israël, et que son cœur fût changé «en un autre» (v. 6-9).

Le signe a lieu; l’Esprit de Dieu saisit Saül (v. 10). Par lui, Dieu aurait pu reprendre le cours de ses relations avec Israël, mais la foi n’était pas en jeu, et les témoins de cette scène ne s’y trompent pas. Quoique Saül, changé en un autre homme, prophétise, ceux qui l’avaient connu auparavant n’ont pas confiance en lui. «Saül aussi est-il parmi les prophètes?» Et quelqu’un de là répond: «Qui est leur père?» Y a-t-il un même père pour Saül et pour les serviteurs de Dieu?

Les signes accomplis, Saül reçoit une direction nouvelle pour agir, car les signes ne sont pas tout; il faut encore la Parole. Il lui est enjoint de descendre à Guilgal et d’attendre sept jours, jusqu’à ce que Samuel vienne vers lui pour lui apprendre ce qu’il aurait à faire. Nous verrons plus lard le résultat de cet ordre quand, après deux ans, le roi se décide à descendre à Guilgal (13:1).

Samuel convoque le peuple devant l’Éternel à Mitspa, mais déjà les beaux jours du chap. 7 n’étaient plus, car depuis la nouvelle infidélité du peuple, ses relations avec l’Éternel s’étaient de nouveau gâtées. En demandant un roi, ils avaient rejeté leur Dieu (v. 19). Hélas! cela semble peser moins sur leurs consciences que lorsqu’ils se trouvaient sous le joug des Philistins. Aujourd’hui leurs circonstances étaient extérieurement heureuses et faciles, mais Dieu était rejeté. Le peuple avait réclamé un roi; loin de l’entraver, Dieu l’avait aidé de toute manière, en faisant pour lui le meilleur choix possible selon l’homme. Qu’allait-il en résulter?

Lors de l’institution de la royauté (v. 20-27), Saül montre son humilité et sa modestie (v. 23); il sait oublier une injure (v. 27), qualités naturelles aimables qu’il faut reconnaître, mais qui ne sauraient en rien accomplir l’œuvre de Dieu. La cérémonie achevée, Saül se rend à Guibha. «Et la troupe de ceux dont Dieu avait touché le cœur alla avec lui» mais «des fils de Bélial... le méprisèrent et ne lui apportèrent point de présent». C’est bien l’image du monde: les fils de Bélial qui avaient rejeté Dieu pour demander un roi, le méprisent quand Dieu le leur envoie; mais les vrais croyants, en compagnie de Samuel et, plus tard, de David, connaissant les pensées de Dieu, acceptent comme venant de Lui, l’autorité d’un homme qui se montrera l’ennemi le plus acharné de l’oint de l’Éternel. Telle est encore aujourd’hui notre place dans le monde; nous reconnaissons les autorités les plus impies pour leur obéir (à part l’obéissance due à Dieu), parce que nous acceptons l’autorité de Dieu qui les a instituées.