1 Rois

Chapitre 15

Nadab et Baësha, rois d’Israël — Abijam et Asa, rois de Juda

Abijam ou Abija (2 Chroniques 13), fils de Roboam, commence à régner sur Juda, la dix-huitième année de Jéroboam, roi d’Israël. Sa mère était Maaca, fille d’Absalom. La mère d’Absalom avait nom Maaca (2 Sam. 3:3); il est naturel que ce nom se soit perpétué dans la famille. Cette Maaca, mère d’Abija, devait être elle-même la petite-fille d’Absalom, ce dont ferait foi 2 Chron. 13:2. Au v. 10, Maaca est appelée la mère d’Asa, fils d’Abija, selon la coutume juive, quoiqu’elle fût sa grand-mère. Cette femme était un digne pendant de Naama, mère de Roboam, une Ammonite. Nous verrons au cours de ces livres combien le caractère des mères et leur origine ont d’influence sur leurs enfants. Une mère pieuse voit prospérer ses fils autour d’elle. L’apôtre Paul rappelle à Timothée son ascendance bénie, «la foi sincère... qui a d’abord habité dans ta grand-mère Loïs et dans ta mère Eunice, et, j’en suis persuadé, en toi aussi» (2 Tim. 1:5). Les enfants de la «dame élue» marchaient dans la vérité (2 Jean 4). Nous noterons d’autres faits semblables, en parcourant les Rois et les Chroniques.

Nous trouvons ici la contrepartie de ce que nous venons de dire. Une mère profane ou mondaine est d’autant plus dangereuse pour le développement moral de ses enfants que, selon l’ordre divin, dans la nature et les relations, la responsabilité de conduire leur jeunesse lui est naturellement confiée. C’est ainsi que, pendant ses trois ans de règne, Abijam marcha dans tous les péchés de son père. «Toutefois, est-il dit, à cause de David, l’Éternel, son Dieu, lui donna une lampe à Jérusalem, établissant son fils après lui, et faisant subsister Jérusalem» (v. 4). Dieu se souvient de David et de son obéissance, alors même qu’il s’était détourné de la droiture dans l’affaire d’Urie, mais, après l’amère discipline qu’elle avait rendue nécessaire, son âme restaurée avait retrouvé la communion avec son Dieu. L’Éternel n’oubliait pas ces choses, aussi voyons-nous, à cause de David, le successeur et fils d’Abijam, Asa, suscité comme un vrai témoin de Dieu en Juda. C’était la grâce de Dieu qui pouvait le faire, non les mérites de l’homme, et cela d’autant plus qu’Asa était placé sous la même influence féminine que son père. Sa grand-mère Maaca cherche sous son règne à favoriser la pratique de l’idolâtrie, mais la foi d’Asa combat cette influence, la réprouve et l’anéantit, afin que les droits de l’Éternel soient reconnus en Juda. Maaca occupait la position de reine, peut-être de mère régente, à la cour d’Asa. Ce dernier dépouille de sa dignité et de son prestige celle qui, en face du zèle de son petit-fils pour faire disparaître l’idolâtrie, avait osé et voulu la rétablir dans ce qu’elle avait de plus corrompu.

Le règne d’Asa fut long et particulièrement béni; il dura quarante et un ans, dépassant ainsi ceux de David et de Salomon. Les Chroniques nous racontent en détail toute la fidélité dont il fit preuve. La Parole le considère plutôt ici au point de vue de sa responsabilité. La fin de son règne est marquée par un manque de foi bien répréhensible. Baësha, roi d’Israël, monte contre Juda, et commence à bâtir Rama dans le but d’enfermer Asa dans son royaume sans qu’il en pût sortir (v. 17). Pour s’opposer à ce dessein, Asa s’appuie sur Ben-Hadad, roi de Syrie, lui envoie des présents, recherche son alliance, et se sert de lui pour éloigner Baësha. Ce plan réussit en apparence: le roi d’Israël abandonne Rama dont les matériaux sont dispersés. Mais quelle infidélité chez ce roi pieux qui avait vaincu Zérak, l’Éthiopien, avec son armée d’un million d’hommes (2 Chron. 14:9), de ne pas remettre ses intérêts à l’Éternel. L’alliance avec le monde nous procure d’abord des avantages, mais ensuite nous en goûtons les fruits amers. Cette conduite d’Asa n’est pas condamnée sévèrement ici, comme dans les Chroniques, parce que les rois de Juda ne forment pas le sujet spécial dont l’Esprit de Dieu s’occupe. Mais qu’il est triste, ce mot dans la bouche d’un roi pieux: «Il y a alliance entre moi et toi, entre mon père et ton père!» (v. 19). Abijam avait marché «dans tous les péchés de son père», et voici qu’Asa s’identifie avec lui. Son père s’était allié avec les ennemis du peuple de Dieu; Asa reconnaît et recherche cette alliance!

«Asa s’endormit avec ses pères» (v. 24), parole dite aussi de Jéroboam, de Roboam et de tant d’autres. Cela peut être une faveur spéciale, car le contraire est dit de certains rois impies ou de leur descendance (cf. 14:11), mais cette faveur est bien loin de signifier que l’Éternel prît plaisir en eux, ou qu’ils aient trouvé au-delà de la tombe le bonheur que leurs cœurs avaient en vain désiré dans ce monde. Il en est ainsi partout ici-bas. Les fils sont ensevelis auprès de leurs pères; ils meurent, si l’on ose s’exprimer ainsi, d’une mort normale, sans qu’on puisse en tirer une conclusion consolante pour leur avenir éternel.

«Au temps de sa vieillesse, il fut malade des pieds» (v. 23), et là encore Asa montra son manque de confiance en Dieu: «Dans sa maladie, il ne rechercha pas l’Éternel, mais les médecins» (2 Chron. 16:12). Un acte d’indépendance non jugé (cf. 2 Chron. 16:9, 10), en entraîne nécessairement un autre; en même temps, le jugement de Dieu tombe sur ceux qui, au lieu de porter son témoignage, ont préféré chercher l’alliance, l’appui et les secours du monde.

Pour ne pas interrompre le récit des événements du règne d’Asa, l’attaque de Baësha, quoique de beaucoup postérieure, avait été mentionnée au v. 17. La Parole revient en arrière au v. 25, et nous parle de Nadab, fils de Jéroboam, qui commença à régner sur Israël la deuxième année d’Asa. Son règne dura deux ans; ce court espace de temps suffit pour prouver son iniquité. La parole de l’Éternel contre Jéroboam s’accomplit à l’égard de son fils et de toute sa famille (conf. 14:l4). Baësha conspira contre lui, le frappa, le mit à mort à Guibbethon, et régna à sa place, la troisième année d’Asa, roi de Juda. «Et il arriva que, quand il fut roi, il frappa toute la maison de Jéroboam; il ne laissa de Jéroboam personne qui respirât, jusqu’à ce qu’il eût détruit sa maison selon la parole de l’Éternel qu’il avait dite par son serviteur Akhija, le Silonite, à cause des péchés de Jéroboam, qu’il avait commis et par lesquels il avait fait pécher Israël, par sa provocation par laquelle il avait provoqué l’Éternel, le Dieu d’Israël» (v. 29, 30). Baësha régna vingt-quatre ans et fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel.

Tout ce récit, plein de guerres et de cruautés, succède au règne de paix de Salomon, clos si vite à cause de l’infidélité du roi et de son peuple. «Il y eut guerre entre Roboam et Jéroboam tous les jours de sa vie» (v. 6). «Il y eut guerre entre Asa et Baësha, roi d’Israël, tous leurs jours» (v. 16), et le v. 32 répète encore la chose. C’est un des principaux symptômes du déclin. La guerre est déclarée, une guerre acharnée entre gens issus d’une même race. Roboam avait été sur le point de l’entreprendre, mais, averti par l’Éternel, il s’était désisté. Les rois d’Israël sont ensuite les auteurs de la guerre, car ils sentent leur position compromise par le maintien du témoignage de Dieu en Juda. Une nation qui, ayant connu le vrai Dieu, est devenue idolâtre, ne peut le supporter si près d’elle. Elle le hait et lui fait une guerre acharnée.