1 Rois

Chapitre 12

Chapitres 12 à 16 — Division du royaume

V. 1-24 — Roboam

La parole de Dieu s’accomplit, en se servant des sentiments qui se trouvent au fond du cœur de l’homme pour le pousser à sa ruine.

Tout Israël se rend à Sichem pour proclamer la royauté de Roboam, fils de Salomon. Jéroboam s’y trouve, appelé par le peuple à être son porte-parole devant le roi. Ces hommes se plaignent à lui du joug que leur avait imposé son père: «Ton père a rendu notre joug dur», parole qui montre qu’il n’en avait pas toujours été de même. Jamais le joug de Christ sur son peuple ne sera dur; il restera toujours auprès des siens celui qu’ils ont connu au jour de la souffrance et de la grâce: «Mon joug est aisé, et mon fardeau léger». Sans doute, il faudra que les nations se soumettent à Lui et il les brisera avec une verge de fer, mais tous les prophètes témoignent de la grâce avec laquelle il paîtra son peuple. «Comme un berger, il paîtra son troupeau; par son bras il rassemblera les agneaux et les portera dans son sein; il conduira doucement celles qui allaitent» (Ésaïe 40:11).

Roboam tient conseil avec les vieillards qui s’étaient tenus devant Salomon pour boire à la source de la sagesse. Leur conseil est celui de Jésus à ses disciples: «Que le plus grand parmi vous soit comme le plus jeune, et celui qui conduit comme celui qui sert» (Luc 22:26). «Si aujourd’hui, disent les vieillards, tu deviens serviteur de ce peuple, et que tu les serves, et leur répondes, et leur dises de bonnes paroles, ils seront toujours tes serviteurs» (v. 7). Roboam abandonne le conseil de la sagesse pour suivre celui des jeunes gens qui avaient grandi avec lui et se tenaient devant lui (v. 8). Ils ne pouvaient donc être que le miroir et le reflet des pensées de leur maître. Si lui-même s’était tenu devant son père, écoutant les proverbes de la sagesse qui tombaient de ses lèvres, il en aurait communiqué quelque chose à d’autres. Il aurait appris ce qui convient au roi, il aurait su «qu’une réponse douce détourne la fureur, mais que la parole blessante excite la colère» (Prov. 15:1); que «l’orgueil va devant la ruine, et l’esprit hautain devant la chute» (16:18), et bien d’autres préceptes. Mais non, ceux qui flattent son orgueil, sont ceux qu’il approuve. Le conseil des jeunes gens n’est, en définitive, que celui de son propre cœur. L’orgueil marche avec le mépris du prochain; ce vil peuple ne compte pas aux yeux d’un roi qui s’exalte lui-même. Le grand Salomon, son père, lui paraît même petit en regard de sa propre grandeur. Cette parole que lui attribuent ses courtisans: «Mon petit doigt est plus gros que les reins de mon père» (v. 10), ne rencontre pas sa désapprobation. En tout cas, il se croit plus fort et plus énergique que lui et méprise le peuple de Dieu. Il ne l’écoute pas; cela était amené par l’Éternel, afin d’accomplir sa parole prophétique (v. 15). Il faut que ce que Dieu a décrété s’accomplisse.

Israël se révolte: «Quelle part avons-nous en David? Et nous n’avons pas d’héritage dans le fils d’Isaï. À tes tentes, Israël! Maintenant, David, regarde à ta maison!» (v. 16). C’était le cri de ralliement de la révolte, le cri coutumier des mécontents aux jours de David (2 Sam. 20:1). Roboam s’enfuit; il ne lui reste que Juda et Benjamin. Pour recouvrer ce qu’il a si follement perdu, il assemble une armée de 180 000 hommes contre Israël. Mais Shemahia, le prophète, les exhorte de la part de Dieu: «Ne montez pas, et ne faites pas la guerre à vos frères, les fils d’Israël; retournez chacun à sa maison, car c’est de par moi que cette chose a eu lieu» (v. 24). Le roi et les deux tribus craignent l’Éternel et s’en retournent selon sa parole. Si seulement ils avaient continué dans ce chemin qui est le commencement de la sagesse!

Il est à remarquer combien le rôle des prophètes s’accentue avec la ruine de la royauté. Dans toute cette partie de l’histoire, nous sommes entourés de prophètes. Akhija paraît le premier, quand Salomon tombe sous le jugement de Dieu. Il y avait encore en ce temps-là un Nathan, un Jehdo, qui avait eu une vision touchant Jéroboam, fils de Nebath (2 Chron. 9:29). Voici Shemahia qui détourne Roboam de ses desseins guerriers. Le rôle du prophète était une grande grâce, permettant, malgré la ruine, les rapports de Dieu avec son peuple. Le prophète était avant tout le porteur de la parole de Dieu. Cette parole lui était adressée, et il pouvait dire: «Ainsi dit l’Éternel». Quiconque suivait cette parole pouvait être certain d’être bien dirigé et de trouver la bénédiction. Il en est de même pour nous qui traversons les tristes temps de la fin. Notre prophète, c’est la parole de Dieu. Dieu ne nous fait plus, comme aux temps passés, des révélations nouvelles, car il nous a tout révélé; mais quand sa Parole s’adresse à nous, respectons-la et ne nous en détournons pas. Il y a de par le monde beaucoup de faux prophètes qui prétendent en savoir bien davantage que la vraie parole de Dieu. Ils la méprisent, l’accusent de fausseté, nous disent: Ce n’est pas Dieu qui a parlé. Fermons nos oreilles à leur voix. Dieu nous a parlé, notre prophète nous a communiqué Sa pensée; n’avons-nous pas éprouvé cent fois que dans sa Parole sont la vie et la sécurité de nos âmes? Éprouvons-le de nouveau; et quand le prophète nous dit: «Ainsi dit l’Éternel», faisons comme Roboam et Juda qui n’eurent pas à s’en repentir. «Écoutons la parole de l’Éternel», et agissons «selon la parole de l’Éternel» (v. 24).

 

V. 25-33 — Jéroboam et sa politique

La division du royaume étant un fait accompli, nous abordons l’histoire des rois d’Israël. Celle des rois de Juda ne fait partie de notre récit que pour en expliquer certains événements ou lui servir de cadre, sauf à la fin du second livre des Rois où l’histoire indépendante des rois de Juda est poursuivie jusqu’au bout. Le second livre des Chroniques nous donne, au contraire, l’histoire des rois de Juda, au point de vue spécial qui caractérise ce livre.

Que va devenir maintenant ce nouveau royaume? Jéroboam avait reçu de l’Éternel une assurance conditionnelle: «Si tu écoutes tout ce que je te commanderai, et si tu marches dans mes voies et que tu fasses ce qui est droit à mes yeux, en gardant mes statuts et mes commandements, comme a fait David, mon serviteur, alors je serai avec toi, et te bâtirai une maison stable, comme je l’ai bâtie pour David, et je te donnerai Israël» (11:38). Il n’avait donc qu’à laisser agir Dieu en sa faveur, à lui obéir, et il était assuré de «régner sur tout ce que son âme désirait». Les événements se déroulent sans qu’il ait à intervenir; mais lui se méfie, il dit en son cœur: «Maintenant le royaume retournera à la maison de David». Comme il n’a pas confiance en Dieu, il pèse les probabilités, et s’y arrête. La foi ne s’arrête jamais aux probabilités; je dirais même qu’elle se nourrit d’impossibilités et s’en trouve bien. Une fois admise la probabilité que le royaume retournerait à la maison de David, Jéroboam pousse plus loin son raisonnement. Il faut, pense-t-il, empêcher le peuple de monter à Jérusalem pour y offrir des sacrifices, de peur qu’il n’entre en contact avec la royauté de Juda. Le roi conclut que c’est une question de vie ou de mort: «Le cœur de ce peuple retournera à son seigneur, à Roboam, roi de Juda, et ils me tueront». Sa décision est prise; il faut à Israël une religion nouvelle. De cette incrédulité à la promesse de Dieu, de cette indifférence au culte de l’Éternel, sort l’établissement par Jéroboam d’un culte national, distinct de celui que Dieu avait institué à Jérusalem. Du moment que ce culte n’était pas celui de l’Éternel, que pouvait-il être? Un culte d’idoles.

Abandonner le culte du vrai Dieu, c’est tomber dans l’idolâtrie, quelque forme qu’elle puisse revêtir. En religion il n’y a pas de terme moyen. Jéroboam croit sans doute l’avoir trouvé: il n’adopte pas les faux dieux des nations environnantes, il veut établir une religion populaire pour Israël. Ne connaissant pas de cœur le Dieu qui lui avait parlé, il prend conseil avec lui-même et fait deux veaux d’or. «Voici, dit-il, tes dieux, Israël! qui t’ont fait monter du pays d’Égypte». Il remet en honneur l’idolâtrie juive, pratiquée par le peuple au pied du Sinaï, et qui avait attiré sur lui le jugement de Dieu. Seulement il va plus loin que l’Israël du désert; l’abandon de Dieu est plus complet: «Voici tes dieux» tandis que le peuple avait dit: «C’est ici ton dieu» (Ex. 32:4, 5). Il n’ajoute pas comme Aaron: «Demain une fête à l’Éternel!» L’Éternel est entièrement laissé de côté.

Jéroboam est un politique habile. Il place un veau à Béthel, sur la limite de Juda, l’autre à Dan, frontière nord du territoire. Il organise son culte sur le modèle du culte prescrit par la loi de Moïse. «La maison des hauts lieux» remplace le temple: la sacrificature prise d’entre les fils de Lévi, est remplacée par «des sacrificateurs pris d’entre toutes les classes du peuple». Comme Israël avait sa fête des tabernacles, Jéroboam établit aussi une fête, mais un mois plus tard. Correspondant à l’autel d’airain, il dresse un autel à Béthel, le place devant l’idole, et au lieu de l’holocauste y fait fumer l’encens (v. 31-33). Il avait «imaginé cela dans son propre cœur!»

Ainsi, malgré ses formes extérieures trompeuses, cette religion était l’abandon complet du culte de l’Éternel; un instrument politique entre les mains du gouvernement. Bercées de fausses apparences, les âmes étaient retenues loin du vrai Dieu, et le roi de la lignée de David devenait un étranger pour elles.

Ne pourrions-nous pas trouver des principes semblables dans les religions de nos jours? Sont-elles basées sur la foi en la parole de Dieu, ou sur des pratiques n’ayant qu’une vague ressemblance avec le culte de Dieu, religion arbitraire, culte volontaire, abandon de la maison de Dieu, de l’Assemblée du Dieu vivant, négation du culte rendu par l’Esprit, les fonctions sacerdotales confiées à d’autres qu’aux vrais adorateurs, l’efficace du sacrifice remplacée par le parfum, en sorte qu’on vient adorer et qu’on prétend s’approcher de Dieu, sans avoir été racheté par le sang de l’Agneau! Sans doute, pas d’idolâtrie proprement dite, comme dans le faux culte de Jéroboam, mais nous savons par la Parole qu’elle ne tardera pas à faire partie de la religion sans vie qui caractérise aujourd’hui la chrétienté professante, et que cette dernière, laissée à elle-même, sans liens avec Christ, faisant de la religion affaire d’intelligence, non de conscience et de foi, finira par retourner aux idoles et se prosternera devant l’œuvre de ses mains.