1 Rois

Chapitre 9

V. 1-9 — L’Éternel parle

Ce passage termine la deuxième partie de l’histoire de Salomon.

La première, chap. 1:2, nous raconte la proclamation de la royauté et le principe sur lequel elle s’établit: le jugement exécuté sur ceux qui avaient déshonoré Dieu sous le règne de David.

Les chap. 3 à 9:9, nous présentent l’histoire intérieure de ce règne glorieux.

Aux chap. 3, 4, l’origine de cette histoire, Gabaon; les principes et l’ordre du royaume; le caractère de perfection morale du roi.

Aux chap. 5-8, la sagesse du roi est employée à donner à l’Éternel un lieu de repos digne de Lui, au milieu du peuple qui lui est assujetti. La construction du temple est l’événement central du règne de Salomon; puis vient la construction des palais du roi, les nations associées au peuple de Dieu. Enfin, comme nous l’avons vu au chap. 8, la dédicace du temple avec la fête des tabernacles, préfigurant le repos du peuple autour de l’Éternel, pendant le règne du Messie, et Salomon lui-même se présentant dans son caractère de Melchisédec et d’intercesseur.

Cette histoire intérieure se termine par une nouvelle apparition de l’Éternel. Il apparaît à Salomon dans un songe, comme il lui était apparu à Gabaon. Il lui donne selon sa requête: «J’ai entendu ta prière et la supplication que tu as faite devant moi; j’ai sanctifié cette maison que tu as bâtie, pour y mettre mon nom à jamais; et mes yeux et mon cœur seront toujours là» (v. 3). C’est une réponse inconditionnelle à ce que Salomon, comme type de Christ, a fait pour l’Éternel. Ce dernier reçoit ce que Salomon a bâti, comme étant à jamais établi sous ses yeux.

Mais immédiatement, comme dans tout ce livre, suit la question de la responsabilité qui est précisément l’opposé de la première. S’agit-il de Salomon type, tout est assuré; s’agit-il de Salomon responsable, tout est mis en question. Son trône ne peut être affermi à toujours que s’il est droit et fidèle; sa postérité ne peut être établie qu’à cette condition. Qu’Israël soit infidèle, ainsi que son roi, qu’ils se prosternent devant d’autres dieux, et rien ne subsistera de ce que le Seigneur avait établi par Salomon. Le peuple sera retranché, la maison elle-même rejetée et détruite (v. 6-9).

Ainsi, à deux versets d’intervalle, Dieu déclare inconditionnellement que ses yeux et son cœur seront toujours sur cette maison, et qu’il la rejettera de devant sa face! Dieu se contredit-il? Non certes, et comme la menace conditionnelle s’est accomplie à la lettre, la promesse inconditionnelle s’accomplira aussi à la lettre, quand le vrai roi selon le cœur de Dieu, lui aura bâti une maison, un temple sur la terre, bien autrement glorieux que celui de Salomon, et une habitation dans le ciel, où sera le trône de Dieu et de l’Agneau, alors que Dieu se reposera en Sion, en même temps que dans son Assemblée glorieuse.

Ainsi se termine cette partie de l’histoire de Salomon. Le reste du chapitre 9 et le chapitre 10 nous parlent de ses relations avec les nations. C’est l’histoire extérieure de son règne. Non pas que, dans la période précédente il n’en soit pas parlé, mais il n’est fait mention de ces relations que dans leur contact avec le royaume à l’intérieur, comme par exemple le mariage avec la fille du Pharaon et les rapports de Hiram avec le roi pour la construction du temple.

 

V.:10-23 — Hiram

Les v. 10-14 nous parlent des relations extérieures de Salomon avec Hiram. En récompense de sa collaboration volontaire au temple et à la maison du roi, au bout des vingt années que dura leur édification (6:38-7:1), Salomon donna à Hiram un territoire comprenant vingt villes dans le pays de Galilée, noyau de ce qui fut appelé plus tard «la Galilée des gentils» (Ésaïe 9:1; Matt. 4:15). Ce territoire comprenait à l’origine une partie des confins de Nephthali et s’étendit plus tard, y compris les confins de Zabulon, à toute la «Galilée supérieure», atteignant par Capernaüm le lac de Tibériade. Le territoire primitif fut donc concédé à Hiram. Salomon agissait-il selon Dieu en distrayant ainsi, au profit d’un chef des nations, une partie, et fût-ce la moindre, de l’héritage d’Israël? Nous n’hésitons pas à répondre par la négative, car le pays ne pouvait être aliéné. Le Seigneur avait dit: «Le pays ne se vendra pas à perpétuité, car le pays est à moi; car vous, vous êtes chez moi comme des étrangers et comme des hôtes» (Lév. 25:23). Le pays appartenait donc à l’Éternel. Fait remarquable, le livre des Chroniques qui, pour les raisons déjà données, ne signale jamais le mal chez les rois, que lorsque la mention en est nécessaire à l’intelligence de l’histoire, ne parle pas de cette donation. Bien au contraire, il substitue à ce récit celui des villes que «Hiram avait données à Salomon» et que ce dernier, après les avoir bâties et fortifiées, remit aux fils d’Israël pour y habiter (2 Chron. 8:1-7). Ainsi, dans le premier livre des Rois, Salomon amoindrit, au second livre des Chroniques, il augmente l’héritage de Dieu. Ce fait nous semble très significatif. Ce qui l’est davantage encore, c’est que ce territoire est livré à une nation, dont l’idolâtrie l’envahit de proche en proche, jusqu’à ce que tout le pays fût appelé «Galilée des nations». C’est là, cependant, que la grâce de Dieu commença à se révéler par le ministère du Seigneur. Ainsi, mille ans après Salomon, la grâce remédiait à sa faute.

Cette faute a une conséquence immédiate: elle jette le discrédit et l’opprobre sur le pays de l’Éternel. Hiram ne peut apprécier ce qui, aux yeux de Salomon et d’un Israélite, avait une grande valeur. Il dit: «Qu’est-ce que ces villes-là, que tu m’as données, mon frère? Et il les appela pays de Cabul (ne venant à rien), jusqu’à ce jour» (v. 13). Il leur donna ce nom, parce qu’elles «ne lui plurent pas». De tout temps il en est ainsi... Quand le monde, même le mieux intentionné, comme Hiram, a, comme tel, c’est-à-dire sans la foi, la jouissance des biens du christianisme qui font notre joie, il ne leur trouve aucune saveur. Ces choses l’ennuient; elles ne comptent pas dans sa vie. Il les conservera sans doute, pour se vanter, à l’occasion, de les posséder, mais il ne pourra les conserver dans leur caractère primitif. Sans les apprécier, il en usera comme d’un moyen de se faire valoir, et Satan se servira de ces apparences religieuses pour étendre sa domination sur un plus grand nombre d’âmes. Il les utilisera pour faire mépriser leur valeur; il prouvera au roi de Tyr que les choses offertes par Salomon ne peuvent être comparées aux splendeurs d’un royaume octroyé par la munificence du prince des ténèbres. Le chrétien qui, dans un but de «largeur», abandonne au monde la moindre partie de son héritage, n’y gagne que de voir rabaisser son caractère, mépriser sa religion, et, en fin de compte, l’opprobre en rejaillit sur Dieu lui-même.

S’agit-il de donner à Salomon (v. 14), Hiram se montre très généreux. Cela convient à l’orgueil du chef de la plus grande puissance maritime et commerciale d’alors, l’Angleterre de l’antiquité. Hiram donne cent vingt talents d’or (18 millions de francs environ). Est-ce un bien, un profit pour Salomon? Tant que Hiram lui était tributaire pour la construction du temple, tout avait l’approbation divine. Maintenant Hiram appelle Salomon «son frère» et lui fait des cadeaux!

L’activité et la sagesse de Salomon se montrent (v. 15-23) dans l’établissement des villes à entrepôts, à chars, et des villes pour la cavalerie. C’est l’organisation extérieure du royaume, soit pour le commerce et l’échange, soit pour la guerre. Il reçoit Guézer du Pharaon qui en avait exterminé les habitants cananéens, et qui le donne à sa fille, épouse du roi. Ainsi se trouve réalisé, sans trouble pour ce règne de paix, l’ordre donné de détruire les Cananéens. Leur ville revenait de droit en héritage à Israël. Tous les Cananéens, épargnés jadis par la faiblesse du peuple, sont désormais assujettis, comme autrefois les Gabaonites. Salomon ne renouvelle pas la faute de Saül envers ces derniers (2 Sam. 21), mais il asservit ce qui subsiste encore de Cananéens parmi le peuple.

Comme Salomon, les chrétiens n’ont pas à tenir pour valables les droits du monde auquel l’Église infidèle a laissé prendre pied au milieu d’elle; ils ne doivent pas non plus les en chasser. Ce qu’ils ont à faire, c’est de marcher eux-mêmes dans la liberté des enfants de Dieu, et de les laisser à leur joug de servitude, seule religion qui convienne à la chair et que la chair reconnaisse. Jamais avant Salomon une séparation aussi complète n’avait eu lieu en Israël, mais elle peut et doit être réalisée tout aussi bien aux plus mauvais jours de l’histoire d’Israël ou de l’Église.

«Que quiconque prononce le nom du Seigneur se retire de l’iniquité». «Détourne-toi de telles gens». Sous le règne glorieux de Christ, la séparation sera absolue; on y lira, jusque «sur les clochettes des chevaux: Sainteté à l’Éternel» (Zach. 14:20).

 

V. 24-28 — La fille du Pharaon

Au v. 24, la fille du Pharaon monte, de la ville de David, dans sa maison que Salomon avait batie pour elle (cf. 7:8). En rapport avec cette maison, le roi bâtit Millo, la citadelle qui désormais fit partie de Jérusalem (2 Sam. 5:9; 1 Rois 11:27; 2 Rois 12:20; 1 Chron. 11:8; 2 Chron. 32:5).

Le second livre des Chroniques (8:11) nous renseigne sur le but de ce changement de domicile. Salomon dit: «Ma femme n’habitera pas dans la maison de David, roi d’Israël, car les lieux où est entrée l’arche de l’Éternel sont saints». L’arche avait été placée d’abord dans la cité de David (2 Sam. 6:12) et, comme le passage de 2 Chron. nous le montre, dans la maison même du roi. De la ville de David, ou Sion, Salomon l’avait transportée dans le temple. Mais la femme gentile ne pouvait demeurer aux lieux sanctifiés par la présence de l’Éternel, du Dieu de l’alliance. Elle pouvait sans doute avoir sa large part aux bienfaits de l’alliance, être même associée avec celui qui en était le représentant sur la terre; cependant la distance était maintenue. L’alliance faite avec Israël ne la concernait pas. Il y aura, dans le millénium, une différence entre Israël et les nations. Celles-ci ne recevront leur bénédiction que par l’intermédiaire du peuple de Dieu. L’alliance ne sera pas faite avec elles.

Trois fois l’an, Salomon sacrifiait sur l’autel d’airain (v. 25) construit pour le temple par le ministère de Hiram (2 Chron. 4:1), seule mention qui en soit faite au premier livre des Rois, et encore, d’une manière incidente. En outre, il faisait fumer l’encens sur l’autel d’or. Comme nous l’avons vu au chap. 8, il accomplissait en certaines occasions solennelles l’office de sacrificateur, de Melchisédec et d’intercesseur. Cela ne nous parle-t-il pas de Christ? Toutes les dignités se concentrent dans Sa personne, et il les a toutes acquises en vertu de sa mort, sans laquelle il ne pouvait revêtir aucun de ses offices. Le prince de notre salut a été consacré par les souffrances.

Aux v. 26-28, nous trouvons de nouveau les rapports de Salomon avec Hiram, en vue de la gloire et des relations extérieures du royaume. L’or afflue à Jérusalem. Hiram est l’ami gentil, toujours prêt à servir la grandeur du roi qui est assis sur le trône de Jéhovah, et sa bonne volonté pour la maison de l’Éternel s’étend de même à la richesse et à la prospérité du royaume.