1 Rois

Chapitre 7

V. 1-12 — Les maisons de Salomon

«Et Salomon mit treize ans à bâtir sa propre maison, et il acheva toute sa maison» (v. 1). Il avait fallu sept ans à Salomon pour bâtir la maison de l’Éternel. On voit par là l’empressement qu’il mit à cet ouvrage. Hérode mit quarante-six ans à bâtir son temple (Jean 2:20). Le service de l’Éternel primait toute autre chose dans le cœur du roi au commencement de sa carrière. Sa propre maison, certes moins importante que le temple, lui coûta treize années de travail.

Le passage qui nous occupe nous parle de trois maisons différentes.

La première est celle qui est appelée «la propre maison» de Salomon, «sa maison où il habitait», son domicile particulier. Il nous en est peu dit, sauf qu’au lieu du «portique du trône» qui caractérisait la «maison de la forêt du Liban» (v. 7), la maison du roi avait, au-dedans du portique d’accès (conf. v. 6) «une autre cour» dont l’ouvrage était du même genre (v. 8). Ce n’était pas dans cette maison que Salomon jugeait. Il y habitait. Elle nous est présentée d’une manière quelque peu mystérieuse; c’est une maison d’intimité. Mais elle est mentionnée immédiatement après le temple et en fait comme le pendant. Dieu habitait dans le temple et y avait «plusieurs demeures» pour les siens. Le temple était une image de la maison du Père. La maison que nous trouvons ici était la maison du Fils (1 Chron. 17:13). Si nous en cherchons l’analogue dans le Nouveau Testament, nos pensées se portent immédiatement vers cette Église dont il a dit: «Sur ce roc je bâtirai mon assemblée».

L’Église, comme nous le savons, n’était pas révélée dans l’Ancien Testament. C’était un mystère qui ne pouvait être connu qu’après la résurrection du Seigneur. Cependant, rien dans l’Ancien Testament ne contredit cette révélation future. Bien au contraire, il semble parfois que sa place y soit marquée d’avance, pour l’introduire elle-même au moment voulu. Certains types dépassent les relations juives et en font pressentir de plus intimes. Rappelons seulement la relation d’Adam et d’Ève, de Rebecca et d’Isaac, d’Abigaïl et de David. Rappelons surtout l’assemblée du Psaume 22, mentionnée en Héb. 2:12. Arrêtons-nous enfin à cette maison de Salomon, dont le Nouveau Testament nous présente les glorieuses assises.

Le règne millénaire de Christ ne sera pas seulement caractérisé par ses relations avec son peuple et avec les nations, mais par l’intimité glorieuse de l’Église avec Lui. Elle sera l’Épouse, la femme de l’Agneau, mais, nous le répétons, notre passage ne va nullement jusque-là, et traite ces choses d’une manière à dessein obscure et mystérieuse.

Il n’en est pas ainsi de «la maison de la forêt du Liban» (v. 2-7). Ce nom qui lui est donné rappelle d’un côté sa construction et peut-être aussi son apparence architecturale. Elle était bâtie en bois de cèdre; elle présentait partout, extérieurement et intérieurement, des colonnes de cèdre qui, disposées en longues rangées, pouvaient lui donner l’apparence d’une forêt imposante.

D’autre part, on peut voir dans cette appellation une belle image de ce règne glorieux. Le Liban regardait Tyr et même lui appartenait. Il y avait donc un rapport entre cette maison et les nations soumises au grand roi. C’était là que Salomon siégeait comme souverain et juge des nations, aussi bien que de son peuple.

La maison de la forêt du Liban avait cent coudées de longueur (quarante de plus que le temple), cinquante coudées de largeur et trente de hauteur. Elle reposait sur quatre rangs de colonnes. Sur chacune des deux faces latérales s’élevaient sur trois rangs de colonnes disposées quinze par quinze, des enfilades de chambres superposées, selon toute apparence, en trois étages comme celles du temple1. Leurs fenêtres se faisaient vis-à-vis, c’est-à-dire, nous avons lieu de le penser, que les unes regardaient au-dehors, les autres au-dedans de l’édifice, ayant vue sur le portique. Par-dessus ces chambres se trouvait une couverture de cèdre formant toit, et recouvrant aussi le centre de l’édifice qui soutenait cette couverture par quatre rangées de colonnes. Le centre lui-même était composé de deux portiques, d’abord le portique à colonnes bien nommé ainsi par ses six rangées de colonnes latérales et les quatre rangées de colonnes s’élevant au milieu du portique. Ensuite le portique du trône ou portique du jugement, faisant suite au premier et occupant le fond de l’édifice2. Au fond de ce portique s’élevait le trône merveilleux sur lequel nous aurons à revenir plus tard.

1 L’expression «un jour répondant à un jour trois fois» (v. 5), ne peut guère, nous semble-t-il, être comprise autrement. Ces chambres contenaient les boucliers d’or que Salomon avait fait confectionner pour sa garde, car la maison de la forêt servait en même temps d’arsenal (10:16, 17; 14:26-28; És. 22:8).

2 L’expression «portique à colonnes» ferait supposer que les chambres latérales ne s’étendaient pas au-delà de la moitié de la longueur de l’édifice et n’avaient pas vue sur le portique du trône.

Devant le portique à colonnes se trouvait un portique d’entrée, dont les dimensions ne nous sont point données. Il était aussi garni d’une colonnade et avait un entablement ou perron par lequel on accédait à la maison. On peut aisément se représenter la majesté de cette construction. L’œil plongeant dans la partie centrale à travers une forêt de colonnes de cèdre jusqu’au second portique, au fond duquel s’élevait le trône d’or et d’ivoire merveilleusement ouvragé, pouvait contempler sur ce trône le roi glorieux, Salomon le pacifique, le Jedidia bien-aimé de l’Éternel, celui dont la sagesse ne fut jamais surpassée, le roi juste et rendant la justice.

Ce portique du trône était le «portique du jugement». Là était le siège du gouvernement des nations, le lieu où la justice était rendue. La maison de la forêt du Liban reliait le gouvernement d’Israël proprement dit avec celui des nations.

Cette maison où l’on rencontrait partout des colonnes, faisait contraste avec le temple qui n’en avait point, sinon Jakin et Boaz, à l’entrée de la maison, comme nous le verrons plus tard; du moins aucune colonne n’est mentionnée, ni dans le lieu saint, ni dans l’oracle. La maison de Dieu se soutient par elle-même, et n’a besoin d’aucun appui, dans sa parfaite stabilité. La gloire de Dieu se suffit à elle-même, sauf que Dieu le Père y associe ses enfants et leur y donne une demeure. Il n’en sera pas ainsi du règne de Christ sur les nations. Les saints seront appelés à le partager, à juger le monde avec Christ (1 Cor. 6:2; Ps. 2:9; Apoc. 2:26, 27). Le Seigneur aura des compagnons de son gouvernement qui demeureront toujours près du roi, comme jadis les compagnons de Salomon dans la maison de la forêt du Liban, tandis que l’Éternel avait des sacrificateurs, demeurant avec Lui dans son temple.

La troisième maison est celle de l’épouse gentile, fille du Pharaon. Il en est à peine dit davantage que de la maison habitée par le roi. Nous savons seulement qu’elle était bâtie sur le plan du portique1 de la maison du Liban. Nous avons dit plus haut que l’union de Salomon avec la fille du Pharaon, ne préfigurait pas les rapports du Seigneur avec l’Église, mais ceux des nations, autrefois oppresseurs du peuple de Dieu, avec le Messie. Cette union, glorieuse sans doute, n’offre pas la même intimité que celle du Messie avec Israël et, à bien plus forte raison, de Jésus avec l’Église2.

1 Probablement du portique à colonnes.

2 Cette relation est cependant beaucoup plus intime que celle avec les nations aux confins du royaume. Les nations forment diverses catégories. Sous le règne de Salomon, ce qui restait des Cananéens était employé à l’œuvre servile (2 Chron. 2:17, 18; 8:7-9). Les nations, comme Tyr, coopéraient librement à cette œuvre. L’Égypte et l’Assyrie, autrefois oppresseurs d’Israël, se tourneront vers l’Éternel, dans la période millénaire, et le serviront ensemble. «En ce jour-là, Israël sera le troisième, avec l’Égypte et avec l’Assyrie, une bénédiction au milieu de la terre; car l’Éternel des armées le bénira, disant: Béni soit l’Égypte, mon peuple, et l’Assyrie, l’ouvrage de mes mains, et Israël, mon héritage (És. 19:24, 25).

Les v. 9-12 relient la gloire de ces maisons à celle du temple et de ses parvis intérieur et extérieur. Les mêmes pierres de prix étaient employées pour tous ces édifices. Leurs fondements étaient les mêmes. Aucun élément n’y entrait qui ne correspondît au caractère de l’Éternel et de Salomon.

Ces trois maisons et le temple nous donnent un aperçu de ce qui caractérisera le règne glorieux du Fils de Dieu, du Fils de l’homme et du Fils de David. On y trouvera une sphère céleste, la maison du Père, où un peuple de sacrificateurs demeurera avec Lui — une Assemblée glorieuse, la maison du Fils, sa demeure intime et son épouse. On y trouvera une sphère terrestre, une épouse gentile, participant aux bénédictions de l’alliance — un gouvernement de toutes les nations, soumises au sceptre du grand roi — sans parler d’Israël, si longtemps rejeté à cause de son infidélité, maintenant reçu en grâce, selon la nouvelle alliance, comme l’épouse juive bien-aimée, centre du gouvernement terrestre du Messie.

 

V. 13-51 — Hiram et le parvis

Salomon fit appeler de Tyr Hiram, afin de lui faire confectionner les objets d’airain destinés au parvis du temple. «Hiram était fils d’une femme veuve de la tribu de Nephthali, et son père était Tyrien, ouvrier en airain».

Dans le désert, l’Éternel avait choisi pour l’œuvre du tabernacle, Betsaleël de Juda et Oholiab de Dan (Ex. 35:30-35). Aux fils d’Israël seuls incombait alors l’ouvrage du tabernacle. Le peuple, entièrement séparé des nations, ne pouvait avoir avec elles aucune œuvre commune. Sous Salomon, la scène change; les nations réconciliées s’emploient au service de Dieu avec son peuple. L’oint de l’Éternel domine sur les unes et sur l’autre. Hiram appartient aux deux par sa naissance; l’alliance d’Israël et des gentils forme sa parenté; fait remarquable s’adaptant parfaitement à la scène qui nous occupe.

Hiram «était rempli de sagesse et d’intelligence, et de connaissance pour faire tous les ouvrages en airain» (v. 14). Il est le représentant de l’Esprit de Dieu (És. 11:2) pour cette œuvre.

Deux métaux, l’or et l’airain, jouent un rôle prépondérant dans la construction du temple. L’or est toujours le symbole de la justice divine qui nous admet en la présence de Dieu. C’est par elle que nous pouvons nous tenir devant Lui. Nous la possédons en Christ dans le ciel. L’airain est le symbole de la justice de Dieu, déployant sur la terre ce qu’il est pour l’homme pécheur. Les ustensiles du temple étaient d’or, les ustensiles du parvis étaient d’airain et avaient trait à la terre. Hiram n’est occupé que de l’airain.

Nous avons déjà fait remarquer que le premier livre des Rois ne nous parle pas de l’autel d’airain, dont cependant Hiram est l’artisan (conf. 2 Chron. 4:1). Cet autel représente la justice de Dieu venant se manifester en faveur de l’homme pécheur, là où il se trouve, et de manière à lui permettre de s’approcher de Dieu, en vertu du sacrifice offert sur l’autel. Le livre des Rois ne développe pas ce point de vue. Il nous parle de demeurer avec Dieu dans son temple, et quand il mentionne l’airain ce n’est pas comme une figure de la justice divine par laquelle nous approchons de Dieu, mais la manifestation aux yeux du monde de cette justice qui caractérise le royaume et le gouvernement de Salomon ou de Christ. C’est en un mot la justice de Dieu, mais manifestée au-dehors en gouvernement. Les ustensiles du parvis, mentionnés dans notre chapitre, nous montrent ce qui est nécessaire pour que cette manifestation ne soit pas entravée. L’Esprit de Dieu, représenté par Hiram, s’emploie à cela. Nous trouvons donc, dans les chapitres qui nous occupent, Dieu nous ouvrant sa maison pour que nous y habitions avec Lui, Christ nous fournissant la justice divine (l’or) nécessaire à ce but; le Fils, comme roi de justice, manifestant la gloire de son royaume, et l’Esprit agissant pour que cette justice soit manifestée aux yeux de tous les hommes sur la terre, sans entrave.

Considérons maintenant les objets que Hiram fondit pour Salomon dans la plaine du Jourdain. Ils appartiennent tous, nous le répétons, au parvis du temple, c’est-à-dire à la manifestation extérieure du gouvernement glorieux de Christ.

 

V. 15-22 — Les colonnes

Les colonnes d’airain, placées devant le portique du temple, attiraient tout d’abord le regard. Elles représentaient la manifestation extérieure des principes du royaume. Nous avons déjà dit que, dans le temple, aucune autre colonne n’est mentionnée. Elles se nommaient Jakin (il affermira) et Boaz (en lui est la force). C’étaient les deux grandes vérités, présentées en symbole à quiconque faisait partie du règne béni de Salomon. Tout vient de Lui: la force est en Lui, en Lui personnellement. Il se soutient par lui-même et n’a besoin d’aucune aide extérieure, quelle qu’elle soit. Sa force est employée à affermir, au lieu d’avoir besoin d’être affermie.

La bénédiction millénaire est basée sur ces deux principes; notre bénédiction actuelle aussi.

Le trône de Salomon, son gouvernement, les rapports de son peuple avec Dieu, son culte, tout était fondé, en type, sur ce que Dieu avait fait; Il avait établi son règne. Mais, sous Salomon lui-même, la colonne Jakin: Il établira, non pas: Il a établi, parlait d’un établissement futur, dont le règne de Salomon n’était que la faible image. Quant à la colonne Boaz: «En Lui est la force», c’est une chose passée, présente, future et éternelle. La force est en Lui. Salomon, comme tout roi pieux en Israël, devait comprendre cela. Du moment que le lien avec Dieu venait à se rompre, ni le roi, ni le royaume, n’avaient plus aucune force.

Nous faisons aujourd’hui la même expérience. Philadelphie avait «peu de force», mais sa force était en Christ, car il avait la clef de David, et le Seigneur lui dit: Je t’établirai dans le temple de mon Dieu, et t’y ferai être une colonne. Tu seras un Jakin et un Boaz. Dans un temps futur, le pauvre résidu sans force sera reconnu publiquement. Christ, avec son incommensurable puissance, sera rendu admirable dans tous ceux qui auront cru.

Nous n’avons pas à attendre une période future, pour en faire l’expérience, car il est notre force aujourd’hui, comme il le sera toujours, mais le temps viendra où les témoins de Christ seront établis et manifesteront d’une manière glorieuse, tout ce qui leur appartiendra pendant l’éternité. «J’écrirai sur lui le nom de mon Dieu et le nom de la cité de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem, qui descend du ciel d’auprès de mon Dieu, et mon nouveau nom» (Apoc. 3:12).

Les colonnes se terminaient en fleurs de lys, image, nous le pensons, de la gloire de ce règne à son début (Matt. 6:28, 29). Détail caractéristique, elles portaient des centaines de grenades à leur chapiteau. La grenade nous semble être, dans la Parole, l’image du fruit porté pour Dieu. Le vêtement du souverain sacrificateur était garni, sur son bord, de clochettes et de grenades alternées (Ex. 28:31-35). Les clochettes représentent le témoignage, les grenades, le fruit. Ces dernières étaient «de bleu, de pourpre et d’écarlate», le bleu, fruit céleste, la pourpre, fruit correspondant à la dignité du Seigneur, et l’écarlate à sa dignité royale comme Messie. Notre fruit doit porter le caractère de Christ, et être digne de Lui; il faut d’autre part qu’il corresponde à notre témoignage et lui soit égal, comme les grenades égalaient en nombre les clochettes d’or. On trouve souvent chez les chrétiens plus de clochettes que de grenades, plus de paroles que de fruits.

Le fruit et le témoignage ne peuvent être portés et rendus qu’en vertu de l’huile de l’onction, c’est-à-dire du Saint Esprit, qui «coule de la tête d’Aaron jusqu’au bord de ses vêtements» (Ps. 133:2). Le bord du vêtement de notre Souverain Sacrificateur, c’est nous-mêmes qui ne pouvons prétendre au titre de chrétiens, si nous ne rendons pas témoignage à Christ et ne portons pas du fruit pour Dieu, dans la puissance de l’Esprit Saint.

Les grenades d’airain ornaient le sommet des colonnes. Comment le caractère divin peut-il être déclaré devant tous, sans porter un fruit abondant de justice? Le Seigneur veut être couronné de fruit. Si la force est en Lui, c’est pour produire du fruit. Il est le vrai cep ici-bas, et, comme tel, il n’a pas d’autre fonction. Tout le soin qu’il prend des siens, toute sa discipline, ont pour but de les faire porter du fruit. Il faut qu’il se montre à tous les yeux comme Celui qui le produit.

L’Esprit de Dieu a dressé publiquement une colonne. Cette colonne est Christ. Il porte les siens, sans force si ce n’est en Lui. «Hors de moi, vous ne pouvez rien faire». Ce que Dieu établit, ce qui tire sa force de Christ, porte nécessairement du fruit en abondance. Notre passage s’applique proprement au fruit de justice manifesté sous le règne et le gouvernement du Seigneur.

S’agit-il du règne de Salomon, les colonnes d’airain n’ont pu être conservées à cause de l’infidélité du roi et de ses successeurs. Elles ont été brisées par les Chaldéens (Jér. 52:17-23). Son royaume n’a pu être établi, parce qu’il n’a pas cherché sa force en Dieu, mais si les colonnes matérielles ont disparu, les colonnes morales demeurent: le jour viendra, où l’Éternel en qui est la force, montrera aux yeux de tous qu’il a établi en justice un royaume qui ne sera jamais ébranlé. Alors il sera dit: «L’Éternel règne, il s’est revêtu de majesté; l’Éternel s’est revêtu, il s’est ceint de force: aussi le monde est affermi, il ne sera pas ébranlé. Ton trône est établi dès longtemps; tu es dès l’éternité» (Ps. 93:1, 2).

 

V. 23-26 — La mer d’airain

Après les colonnes, le parvis du temple contenait la mer d’airain. Il nous est dit expressément (1 Chron. 18:8) que Salomon «fit la mer d’airain, les colonnes et les vases d’airain» avec l’airain pris par David des villes d’Hadarézer. L’airain, nous l’avons vu, représente ici la justice de Dieu, venant rencontrer l’homme où il se trouve pour le délivrer et se manifester au-dehors, telle qu’on la verra sous le règne glorieux de Christ. Cette justice se montre ici dans l’anéantissement de la puissance de l’ennemi que David avait vaincu. Nous savons que cela eut déjà lieu à la croix de Christ, mais, sous son règne de justice, la puissance de Satan, lié pour mille ans, sera annulée, afin qu’elle n’entrave plus la purification pratique des saints qui serviront le Seigneur.

La mer d’airain diffère de l’autel d’airain. Ce dernier représente la justice divine venant rencontrer l’homme pécheur pour expier son péché par le sang de la victime et le purifier par la mort, en sorte qu’il puisse s’approcher de Dieu. C’est du côté percé de Christ que sont sortis le sang qui expie et l’eau qui purifie. Sous la loi, le lavage des sacrificateurs lors de leur consécration, correspond à la purification par la mort. Ils étaient lavés tout entiers et une fois pour toutes (Ex. 29:4; Lév. 8:6). Cette cérémonie ne se faisait pas dans la cuve d’airain, ni dans la mer d’airain. Elle n’était jamais répétée. Elle figurait le «lavage de la régénération» (Tite 3:5), la mort du vieil homme et la purification qui place le croyant dans une position entièrement nouvelle, celle de Christ devant Dieu (conf. Jean 13:10).

La mer d’airain servait à la purification journalière des sacrificateurs. Ils y lavaient leurs mains et leurs pieds. Ils étaient ainsi qualifiés pour accomplir leur service et demeurer (car il s’agit toujours dans ce livre de demeurer, non de s’approcher) où demeurait l’Éternel. De même, les disciples ne pouvaient avoir aucune part avec Christ, dans la maison du Père, s’il ne lavait leurs pieds (Jean 13:8). Ce lavage s’opère par la parole de Dieu en vertu de l’intercession de Christ comme avocat. Sous la loi, ce lavage s’appliquait aux mains et aux pieds, c’est-à-dire aux œuvres et à la marche. Sous la grâce, il ne s’applique qu’à la marche, car nous avons été purifiés des œuvres mortes pour servir le Dieu vivant, et cela a eu lieu une fois pour toutes, ce que la loi ne pouvait faire.

La cuve d’airain du tabernacle diffère en quelque mesure de la mer d’airain du temple. Nous venons de voir que cette dernière était la manifestation de la justice divine brisant la puissance de l’ennemi pour rendre possible la purification journalière des sacrificateurs. Au désert, cette victoire n’était pas remportée. La cuve ne fut pas fondue avec l’airain pris à l’ennemi, mais avec «les miroirs des femmes qui s’attroupaient à l’entrée de la tente d’assignation» (Ex. 38:8). Ce passage fait allusion à ce qui suivit le péché du veau d’or. Moïse avait dressé une tente hors du camp et l’avait appelée la «tente d’assignation». Tout le peuple devait, en signe d’humiliation, se dépouiller de ses ornements, et ceux qui cherchaient l’Éternel sortirent vers la tente d’assignation, hors du camp (Ex. 33:4-7). Les miroirs des femmes d’Israël repentantes servirent à confectionner la cuve d’airain. Elles venaient reconnaître leur péché et s’en humilier; elles se dépouillaient de ce qui, jusqu’alors, avait servi à leur vanité. Comment se seraient-elles encore complues à considérer leurs faces naturelles? Elles ne voulaient, ne pouvaient plus se voir. Elles se jugeaient réellement elles-mêmes, leur égoïsme, leur légèreté, tout ce qui avait contribué à leur faire abandonner Dieu pour une idole. Il fallait que ce qui les représentait dans leur état de péché fût anéanti. La cuve d’airain est donc la justice de Dieu prononçant le jugement sur le vieil homme, mais afin que le croyant puisse obtenir la purification pratique et journalière par la Parole. Pour nous délivrer, cette justice s’est exercée sur Christ. C’est en Lui que nous réalisons maintenant le «connais-toi toi-même», impossible à l’homme pécheur.

L’obstacle que la chair et Satan opposaient à notre purification journalière étant ôté, l’eau de la mer d’airain nous apprend que, sans cette purification, nous ne pouvons avoir communion avec Dieu, dans notre service et notre marche, et que toute manifestation de la chair doit être supprimée dans la pratique.

En Apoc. 4:6, nous retrouvons la mer, comme dans le parvis de Salomon, mais une «mer de verre, semblable à du cristal». C’est le résultat définitif de la justice qui a remporté la victoire sur Satan et l’a anéanti. Ceux qui se tiennent là devant Dieu, s’y trouvent dans une condition permanente de sainteté et de pureté, ayant atteint leur caractère immuable et, pour ainsi dire, cristallisés pour toujours. On ne peut plus se laver dans la mer de cristal; on est ce qu’elle représente, devant Dieu, éternellement.

En Apoc. 15:2, nous trouvons de nouveau une scène céleste. C’est une mer de verre, mêlée de feu, sur laquelle se tiennent les vainqueurs de la Bête et de son image. Ce sont les fidèles d’entre les nations qui, après avoir traversé la tribulation et tenu ferme jusqu’au martyre, ont part à la première résurrection. Ils ne possèdent la pureté absolue et définitive qu’après avoir subi le baptême du feu.

Revenons à la mer d’airain. Elle était posée sur douze bœufs regardant, trois par trois, les quatre coins de l’horizon. Le bœuf est l’un des quatre animaux qui forment les attributs du trône (Apoc. 4), et représentent les qualités actives de Dieu, les principes de son gouvernement. Le bœuf, comme nous l’avons déjà vu, est la fermeté et la patience de Dieu dans ses voies. Les douze bœufs d’airain sont la manifestation complète et en tout sens de la patience de Dieu dans ses voies, par lesquelles il a réussi à amener Israël sous le sceptre du Messie, en le rendant capable de se tenir dans la sainteté devant Lui. Cela ne signifie pas que dans le règne millénaire, dont celui de Salomon est le type, la purification d’un peuple de sacrificateurs ne soit plus nécessaire. Le péché n’aura pas encore été ôté du monde. Sans doute, il sera restreint, et ses manifestations empêchées, car Satan sera lié, mais la chair ne sera pas changée (elle ne peut l’être), encore moins abolie (elle le sera), et l’eau de la mer d’airain, la Parole entre les mains du Christ Souverain Sacrificateur, aura toujours sa vertu purifiante.

Il est intéressant de constater que la mer n’est pas mentionnée dans le temple d’Ézéchiel, non qu’elle ne s’y trouve pas, mais son importance est comme reléguée à l’arrière-plan. En revanche, l’autel y domine, et quoique le sacrifice pour le péché y soit offert, le rôle principal y est donné à l’holocauste et au sacrifice de prospérités.

Comme les colonnes, la mer fut brisée par les Chaldéens (Jér. 52:20).

 

V. 27-40 —Les cuves et leurs bases

La mer d’airain servait à la purification des sacrificateurs, les dix cuves, cinq à droite, cinq à gauche du parvis, à «laver ce qu’on préparait pour l’holocauste» (2 Chron. 4:6). Nous voyons en Lév. 1:9, que le sacrificateur lavait avec de l’eau «l’intérieur et les jambes» de la victime. Il fallait que ce type correspondît à la réalité future, à l’offrande de Christ à Dieu dans une pureté parfaite. Celui qui s’est offert en odeur de bonne senteur était la sainteté même et n’avait nul besoin d’être lavé, mais le type devait l’être, afin de pouvoir montrer la perfection de l’offrande de Christ.

L’holocauste représente le sacrifice de Christ s’offrant à Dieu, le glorifiant dans tout ce qu’il est, et cela, à l’égard du péché. Selon la perfection de ce sacrifice, Dieu peut nous recevoir. La victime ne devant présenter à Dieu aucune souillure, il fallait démontrer qu’elle était parfaite, que cette pureté s’étendait non seulement à la conduite, mais à tout «l’intérieur» de l’offrande. Cette vérité était présentée par l’eau des cuves. La «mer unique» lavait les sacrificateurs. Tous avaient recours à ce seul moyen pour être purifiés des souillures de leur marche; Christ, fait péché, est la source de la purification des siens; sa Parole en est le moyen. Il fallait dix cuves pour laver les victimes qui devaient représenter la pureté devant Dieu; elles étaient, nous n’en doutons pas, le symbole de la pureté absolue de Christ.

Les cuves n’appartenaient pas au tabernacle du désert, quoique ce dernier offrît, sans doute, des vases propres à laver l’holocauste (Ex. 27:19; 38:30). Elles manifestaient dans le royaume la perfection de l’holocauste, fondement de l’acceptation du peuple devant Dieu. Cette pureté, cette sainteté du sacrifice, satisfaisaient à toutes les exigences du gouvernement de Dieu. Aussi voyons-nous les bases et les chapiteaux des bases sur lesquelles les cuves étaient posées, proclamer par leurs ornements tous les attributs de ce gouvernement1.

1 Sauf les aigles. Nous avons déjà dit plus haut que la promptitude des jugements n’avait pas de rapport avec un règne de justice et de paix.

Sur les bases mêmes étaient sculptés «des lions, des bœufs et des chérubins»1; la force, la patience et l’intelligence divines. L’holocauste est présenté pur selon ces choses. Il est manifesté qu’elles ont été employées à établir une offrande selon laquelle le peuple pouvait être agréé de Dieu, étant identifié avec la victime. On pouvait lire sur les «bases», ce qu’était le Dieu qui avait fourni à son peuple un moyen de demeurer avec Lui.

1 Ces derniers portent simplement ici la figure humaine, comme sur les murailles du temple. En Ézéch. 41:19, ils ont deux faces, celle d’un lion et celle d’un homme, la puissance et l’intelligence qui caractérisent seules le règne de Christ définitivement établi. En Ézéch. 1, les quatre animaux ont chacun quatre faces, car il était question de caractériser le trône de Dieu en jugement.

Ces cuves, continuellement poussées sur leurs roues, venaient se placer à la portée de la plateforme de l’autel, afin que les victimes fussent continuellement présentées comme pures.

Le chapiteau, c’est-à-dire le couronnement de la «base», ne portait plus que des chérubins (hommes), et des lions avec des palmiers, comme sur les murailles du temple d’Ézéchiel1 (Ézéch. 41:18, 19). La force et l’intelligence couronnent le fondement des voies de Dieu en gouvernement. Si Salomon était fidèle, il n’était plus besoin de patience; elle était arrivée à ses fins. La force et l’intelligence divines auraient pu alors, comme dans le temple millénaire, regarder du côté des palmiers, symboles de triomphe et de protection paisible. Paix sur la terre! Le règne de paix était établi en justice; les cuves de l’holocauste le proclamaient, comme les murailles du temple.

1 Dans notre livre, les murailles portaient en outre des fleurs entrouvertes, peut-être parce que ce n’était pas encore le plein épanouissement du règne. Ces fleurs entrouvertes manquent en 2 Chron. 3:5-7.

Dieu avait été glorifié par l’holocauste. Tout ce qu’il était avait été manifesté par l’offrande sainte, et cela était déclaré publiquement. Sous le règne glorieux de Salomon, le peuple d’Israël avait partout ces choses devant les yeux, mais ce règne, confié à la responsabilité de l’homme, allait-il pouvoir se maintenir?

Il est à remarquer que les cuves, dont il est fait une simple mention en 2 Chron. 4:6, sont décrites ici dans le plus grand détail, parce qu’il s’agit de la manifestation extérieure de ce que Dieu est dans son gouvernement et dans son royaume. Cette manifestation de Dieu se montre en Christ qui règne à la vue du monde.

Ici se termine l’œuvre d’Hiram. Elle était, en type, le développement, dans ce monde, par la puissance du Saint Esprit, de ce que Christ est, et de ce qu’est Dieu lui-même dans son gouvernement.

 

V. 48-51 — Les objets d’or

Les objets d’or sont présentés, ainsi qu’en 2 Chron. 4, comme étant l’ouvrage, non de Hiram, mais de Salomon. Salomon s’occupe de tous les objets par lesquels est montrée la justice divine dans son essence glorieuse. Christ seul peut la manifester. L’intercession (autel d’or), la présentation en Christ (table de proposition), la lumière de l’Esprit (chandelier), les moindres ustensiles du sanctuaire, correspondent à cette justice établie par Lui. Les portes même du sanctuaire tournent sur des gonds d’or: sans justice divine, comment entrer dans le lieu très saint et y demeurer?

Nous avons vu dans ce chapitre la manifestation extérieure du royaume, et, comme y appartenant, un temple glorieux qui correspond en figure à la partie céleste de ce même royaume, et dans lequel les sacrificateurs habitent avec Dieu.

Tout ce qui avait été préparé sous le règne de la grâce, vient orner la maison de l’Éternel sous le règne de la gloire. Le plan du tout provenait de David et non de Salomon, encore moins de Hiram, comme le prétendent les rationalistes (1 Chron. 28:11-13). Le premier règne avait préparé la gloire du second. Un Christ souffrant et rejeté inaugure un Christ glorieux. Ce que David avait fait était moindre en apparence que l’œuvre de Salomon, les matériaux moindres que l’ouvrage définitif, mais en réalité le travail de David servait de base indispensable à ce qui représente toute la bénédiction millénaire.