1 Pierre

Chapitre 2

Rejetant donc toute malice et toute fraude, et l’hypocrisie, et l’envie, et toutes médisances, désirez ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel, afin que vous croissiez par lui à salut, si toutefois vous avez goûté que le Seigneur est bon. (v. 1-3)

Nous avons vu, au chap. 1:2, que l’obéissance de Christ était ce pourquoi les chrétiens auxquels Pierre s’adressait avaient été élus. Au v. 22 de ce même chapitre, «l’obéissance à la vérité» formait la base de toute leur vie pratique. Aux chap. 1:23 et 2:12, l’apôtre continue le même sujet en montrant que l’obéissance chrétienne s’alimente à la Parole de Dieu. Ces chrétiens étaient des enfants nouveau-nés. Toutes leurs connaissances judaïques ne jouaient aucun rôle dans la connaissance qu’ils avaient acquise jusqu’à ce jour. Au contraire, ils devaient rejeter tout ce qui les avait caractérisés dans le passé et qui n’avait aucune part dans leur vie nouvelle: «Rejetant toute malice et toute fraude, et l’hypocrisie, et l’envie, et toutes médisances». Ils ne devaient désirer ardemment qu’une chose, la Parole, le «pur lait intellectuel», la pure et complète nourriture des enfants qui viennent de naître. La nouvelle naissance est ici le début normal de la croissance; il n’est pas question, comme en Héb. 5:11, 12, de ce qu’ils étaient devenus, ayant rétrogradé, au lieu d’avancer vers l’état d’hommes faits (Héb. 5:14; 6:1); mais de ce qu’ils étaient à la suite de leur élection. Cette parole n’était pas un recueil d’ordonnances inefficaces, mais «le pur lait intellectuel» contenant tout l’ensemble de la vérité, sans aucun mélange, sans aucun élément étranger. Pas un seul passage dans cette Parole parfaite qui ne nourrisse l’âme de choses divinement excellentes. Par elle on croît à salut, c’est-à-dire dans la connaissance de ce que le salut comporte, la seule chose, dans l’épître de Pierre, que l’âme d’un chrétien, pèlerin et voyageur ici-bas possède, comme une divine réalité (1:9). Pour croître à salut par ce lait intellectuel, une seule chose est indispensable: Il faut avoir «goûté que le Seigneur est bon»; il faut que le cœur et les affections soient engagés à Sa suite. Dès que j’ai trouvé bonnes sur la terre d’autres choses que Lui, je ne puis plus croître à salut et mon développement spirituel est nécessairement arrêté.

 

Duquel vous approchant comme d’une pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse auprès de Dieu, vous-mêmes aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés une maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ. Parce qu’on trouve dans l’Écriture: «Voici, je pose en Sion une maîtresse pierre de coin, élue, précieuse; et celui qui croit en elle ne sera point confus». C’est donc pour vous qui croyez, qu’elle a ce prix; mais pour les désobéissants, «la pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, celle-là est devenue la maîtresse pierre du coin», «et une pierre d’achoppement et un rocher de chute», lesquels heurtent contre la Parole, étant désobéissants, à quoi aussi ils ont été destinés. (v. 4-8)

Mais voici une nouvelle fonction enseignée par l’apôtre à ces chrétiens sortis du judaïsme pour appartenir à Christ et à son salut. Ils avaient ici-bas une place en rapport avec Christ et la maison de Dieu. Christ est la pierre vivante que les hommes ont rejetée (Matt. 21:42, 44; Ps. 118:22, 23). Elle broiera celui sur lequel elle tombera; mais nous (ces chrétiens juifs en particulier), loin d’être associés aux hommes qui l’ont rejetée, nous l’avons, par la grâce, considérée comme choisie et précieuse auprès de Dieu et nous nous sommes approchés d’elle. En elle, la Pierre vivante, nous avons trouvé la vie et sommes ainsi devenus nous-mêmes des pierres vivantes. Nous avons maintenant le bonheur de faire partie de la maison spirituelle qu’il construit. Cette maison est une maison sacerdotale dont la sacrificature juive est le type. Il s’agit ici de l’Église, maison de Dieu, telle qu’elle fut révélée à Pierre lui-même au chapitre 16 de Matthieu. C’était une vérité toute nouvelle, basée sur la révélation du Fils du Dieu vivant et qui substituait désormais l’Assemblée de Christ, composée de pierres vivantes, à un peuple selon la chair qui, comme tel, ne pouvait subsister devant Dieu. La fonction de cette sainte sacrificature est d’offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus Christ. Quelle joie pour ces croyants, sortis du judaïsme, de se voir immédiatement élevés aux plus hautes fonctions que leur religion pouvait imaginer; et, bien plus que cela, de ne pas faire partie d’une sacrificature périssable, offrant des sacrifices charnels, mais d’une sacrificature spirituelle, offrant des louanges agréables à Dieu par Jésus Christ! Cela leur donnait ici-bas une qualité qui surpassait, comme le ciel surpassait la terre, tout ce que le judaïsme le plus élevé avait jamais pu concevoir.

Cette maîtresse pierre du coin était posée en Sion, la montagne de la grâce et non en Sinaï la montagne de la loi. Elle était un sûr fondement pour tous ceux qui croyaient en elle (Ésaïe 28:16). Ceux qui la rejetaient sont nommés «les désobéissants» en contradiction avec le caractère des croyants que nous avons fait ressortir dès le commencement de cette épître. Cette désobéissance se montrait alors comme aujourd’hui et telle qu’elle se montrera jusqu’à la fin: «Ils heurtent contre la Parole, étant désobéissants, à quoi aussi ils ont été destinés». Toutes les objections actuelles à l’autorité des Écritures doivent être cherchées dans l’esprit de désobéissance qui ne veut pas se soumettre à Dieu et qui en portera, hélas! les éternelles conséquences.

 

Mais vous, vous êtes une race élue, une sacrificature royale, une nation sainte, un peuple acquis, pour que vous annonciez les vertus de Celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière; vous qui autrefois n’étiez pas un peuple, mais qui maintenant êtes le peuple de Dieu; vous qui n’aviez pas obtenu miséricorde, mais qui maintenant avez obtenu miséricorde. (v. 9, 10)

En contraste avec ces désobéissants, l’apôtre rend témoignage aux chrétiens auxquels il adresse son épître. Il place devant eux ce que la grâce avait fait pour eux et dans quel but Dieu les avait appelés. D’abord la grâce les avait revêtus de quatre caractères exposés dans ce qui nous a été présenté dès le début du premier chapitre. 1° Ils étaient une race élue selon la préconnaissance de Dieu le Père (cf. 1:2); 2° ils étaient une sacrificature royale, dépassant la sainte sacrificature du verset 5; une sacrificature qui partageait la royauté avec le souverain sacrificateur à sa tête; 3° ils étaient une nation sainte; à quoi le peuple, placé sous le régime de la loi, avait perdu tout droit à jamais. L’Éternel ne leur avait-il pas dit à la montage du Sinaï: «Si vous écoutez attentivement ma voix et si vous gardez mon alliance, vous m’appartiendrez en propre d’entre tous les peuples... et vous me serez un royaume de sacrificateurs, et une nation sainte». Et le peuple n’avait-il pas répondu: «Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons»? (Ex. 19:5-8). Mais maintenant, sous le régime de la grâce et de l’élection, ils recevaient ces titres que la loi n’avait jamais pu leur acquérir.

Enfin, 4°, ils étaient un peuple acquis, ce qu’ils ne pouvaient être sous la loi où ils avaient été déclarés Lo Ammi (pas mon peuple) et Lo Rukhama (elle n’a pas obtenu miséricorde) (Osée 1:6, 9), tandis que, sous la grâce, il est dit: «Dites à vos frères: Ammi! et à vos sœurs: Rukhama!» (Osée 2:1).

Or le but pour lequel Dieu les avait acquis était pour qu’ils annonçassent les vertus de Celui qui les avait «appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière». Comme ces mots caractérisent ce qu’était ce peuple sous la loi! Tous les privilèges qui leur avaient été accordés n’avaient fait qu’épaissir les ténèbres dans lesquelles le péché les avait plongés. Mais maintenant Dieu les avait appelés «à sa merveilleuse lumière»; merveilleuse, en effet, puisqu’elle plaçait l’homme sans trace de péché dans la sainte présence d’un Dieu qui a dit: «Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités» (Héb. 8:12).

 

Bien-aimés, je vous exhorte, comme forains et étrangers, à vous abstenir des convoitises charnelles, lesquelles font la guerre à l’âme, ayant une conduite honnête parmi les nations, afin que, quant aux choses dans lesquelles ils médisent de vous comme de gens qui font le mal, ils glorifient Dieu au jour de la visitation, à cause de vos bonnes œuvres qu’ils observent. (v. 11, 12)

L’exhortation de l’apôtre porte d’abord sur les rapports de ces chrétiens avec les nations au milieu desquelles ils étaient dispersés. Séparés de leur peuple selon la chair, ils étaient comme des gens du dehors au milieu des nations et celles-ci les considéraient comme des étrangers. De fait, ils n’appartenaient désormais ni aux uns, ni aux autres. Quel devait donc être leur témoignage? L’abstention complète des convoitises charnelles que ni les Juifs, ni les nations, à cause de la chair qui était en eux, n’étaient capables de répudier. Ces convoitises «font la guerre à l’âme». La chose était d’autant plus urgente pour eux que, comme nous l’avons vu (1:9), ils ne possédaient du salut que «le salut des âmes», et que, si leur âme succombait à la convoitise, leur témoignage chrétien était réduit à néant aux yeux des hommes. Il fallait donc qu’ils eussent «une conduite honnête parmi les nations», une conduite ayant un but avoué, connu de tous les hommes, et n’ayant en vue que le bien. Si les nations qui les entouraient, médisaient d’eux, eu égard à cette marche et à la direction pure de leur conduite, et les accusaient de faire le mal (et ces accusations contre les chrétiens honnêtes et conséquents dans leur marche n’ont pas varié depuis lors), il arriverait un jour où leurs accusateurs, visités eux-mêmes en grâce par le Seigneur, rendraient gloire à Dieu en se souvenant des bonnes œuvres qui avaient éclaté devant leurs yeux par la conduite de ces fidèles témoins, qu’ils avaient eu la méchanceté de calomnier.

 

Soyez donc soumis à tout ordre humain pour l’amour du Seigneur, soit au roi comme étant au-dessus de tous, soit aux gouverneurs comme à ceux qui sont envoyés de sa part pour punir ceux qui font le mal et pour louer ceux qui font le bien; car c’est ici la volonté de Dieu, qu’en faisant le bien vous fermiez la bouche à l’ignorance des hommes dépourvus de sens, comme libres, et non comme ayant la liberté pour voile de la méchanceté, mais comme esclaves de Dieu. Honorez tous les hommes; aimez tous les frères; craignez Dieu; honorez le roi. (v. 13-17)

Nous avons vu que le témoignage de ces chrétiens les sortait entièrement des idées, des principes, des habitudes juives, mais, étant tout aussi étrangers aux habitudes des nations, comme on le voit aux versets 11 et 12, on aurait pu penser qu’ils seraient encouragés à braver l’ordre et le gouvernement des hommes. Il n’en était rien. Ils devaient être soumis à tout ordre humain pour l’amour du Seigneur. Leur amour reconnaissait en Christ non seulement le Sauveur, mais le Seigneur, et l’amour pour Lui réglait tous leurs rapports avec les hommes, selon l’ordre du gouvernement de Dieu. D’abord ils devaient être soumis au roi comme ayant la suprême dignité dans ce monde et la primauté sur tous; puis aux gouverneurs comme envoyés par l’autorité pour punir les méchants et louer ceux qui font le bien. Mais, objectera-t-on, si, au lieu de les louer, ils les persécutent? Cela ne change rien à nos obligations envers Dieu. Nous n’avons qu’à faire le bien pour fermer la bouche des hommes. Leur caractère est d’être dépourvus de sens et de ne pas savoir distinguer entre le bien et le mal: «Si j’ai mal parlé, dit le Seigneur, rends témoignage du mal; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu?» (Jean 18:23). Cette soumission à l’autorité n’a rien à faire avec une lâcheté servile; au contraire, nous sommes libres et nullement asservis aux hommes. Notre liberté ne favorise en aucune manière la méchanceté, ni ne lui sert de voile, mais elle fait de nous des esclaves de Dieu qui savent que toutes les choses excellentes sont comprises dans cet esclavage. Ainsi notre vie tout entière revient à «l’obéissance de Christ», règle absolue de la vie chrétienne dans cette épître.

Notre attitude vis-à-vis des autorités se résume ainsi: Honorez tous les hommes et non seulement ceux des nations quand l’occasion s’en présente; aimez tous les frères, comme cela a déjà été présenté au v. 22 du chap. 1; craignez Dieu, attitude qui est toujours dirigée par le désir de l’honorer et de lui être agréable ainsi que par la crainte de Lui déplaire — enfin: honorez le roi dont la dignité représente Dieu ici-bas.

 

Vous, domestiques, soyez soumis en toute crainte à vos maîtres, non seulement à ceux qui sont bons et doux, mais aussi à ceux qui sont fâcheux; car c’est une chose digne de louange, si quelqu’un, par conscience envers Dieu, supporte des afflictions, souffrant injustement. Car quelle gloire y a-t-il, si, souffletés pour avoir mal fait, vous l’endurez? mais si, en faisant le bien, vous souffrez, et que vous l’enduriez, cela est digne de louange devant Dieu, car c’est à cela que vous avez été appelés; car aussi Christ a souffert pour vous, vous laissant un modèle, afin que vous suiviez ses traces, «lui qui n’a pas commis de péché, et dans la bouche duquel il n’a pas été trouvé de fraude»; qui, lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas d’outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à Celui qui juge justement; qui lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin qu’étant morts aux péchés, nous vivions à la justice; «par la meurtrissure duquel vous avez été guéris».; car vous étiez errants comme des brebis, mais maintenant vous êtes retournés au berger et au surveillant de vos âmes. (v. 18-25)

Dans ce qui précède, l’apôtre avait traité (v. 11, 12) de leur conduite personnelle parmi les nations, puis (v. 13-17) de leur conduite vis-à-vis des autorités, des hommes en général, et de Dieu lui-même comme témoignage. Après s’être adressé à tous en insistant auprès d’eux sur la crainte de Dieu, il entre dans la question des relations domestiques: serviteurs, femmes, maris (v. 18; 3:7). Il adresse ses premières exhortations aux plus humbles, à ceux qui sont asservis, soit comme esclaves, soit comme simples serviteurs. La crainte de Dieu se montrera chez eux en tout premier lieu dans la soumission à leurs maîtres en toute crainte. Et c’est ici, chose précieuse, qu’il développe davantage le caractère de Christ pour leur être en encouragement. Les domestiques voient Dieu à travers leur maître; et cela est d’autant plus important à relever que les maîtres peuvent être fâcheux (v. 18). Or c’est une grâce spéciale de supporter des afflictions par conscience envers Dieu, quand ces souffrances sont injustes. La grande affaire n’est pas de souffrir, mais de souffrir en faisant le bien. Cela est un sujet de gloire et de louange devant Dieu, car c’est le chemin de Christ. Être serviteur, faire le bien, souffrir parce qu’on le fait, n’est-ce pas son chemin à lui? Aussi ce chemin est digne de louange devant Dieu, car, dit-il; c’est à cela que nous avons été appelés, c’est-à-dire au chemin de Christ.

Or notez que toute l’épître roule sur cette vérité; en sorte que si je cherche quel doit être mon chemin dans ce monde, la réponse est simplement: Christ. — Christ obéissant, Christ soumis, Christ faisant le bien, Christ souffrant parce qu’il le fait. Nous avons fait ressortir jusqu’ici que le premier caractère de la marche chrétienne est l’obéissance de Jésus Christ, mais, commençant au v. 19 de ce chap. 2, l’apôtre nous montre, jusqu’à la fin de l’épître, que la souffrance est inséparable de l’obéissance et qu’elle est pour nous un sujet de gloire parce qu’elle a caractérisé jusqu’au bout notre Sauveur bien-aimé dans son chemin de fidélité et dans son chemin d’amour1. C’est, par conséquent, à cela que nous avons été appelés. Christ n’a-t-il pas souffert pour nous, et c’était le salut, mais en même temps il est un modèle qui nous a été donné pour le suivre. D’abord donc Victime inimitable, ensuite Modèle, et qu’apprenons-nous à cette école? Ce modèle est parfait. Lui seul (v. 22) n’a pas commis de péché et il n’y avait que parfaite droiture dans chaque parole de sa bouche. C’est comme Serviteur qu’il est traité dans tout le passage en question (És. 52:13), et comme Celui en qui il n’y avait pas de fraude (És. 53:9). La perfection de la souffrance était de souffrir pour ceux qui l’outrageaient et de marcher, à travers tout jusqu’à la croix (v. 24) où il a porté nos péchés, afin qu’en ayant fini avec les péchés par la mort, nous puissions désormais «vivre à la justice», avoir une vie qui n’ait plus que la justice en vue, c’est-à-dire selon l’Ancien Testament, l’absence complète de péché dans nos voies. Cette justice se montre dans notre caractère journalier de serviteurs. C’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris (És. 53:5). Tel était le résultat de ses souffrances pour ces Juifs devenus chrétiens. Ils étaient comme des brebis errantes, sans pasteur; Lui était venu pour les rassembler, en se donnant Lui-même pour eux. Maintenant, en devenant chrétiens, ils étaient retournés au Berger et au Surveillant de leurs âmes. Pierre, surveillant lui-même, pouvait bien en parler, lui qui avait entendu de la bouche de Christ, ces paroles: Pais mes brebis!

1 Depuis le chapitre 2:19 à la fin de l’épître la souffrance est mentionnée quinze fois.