1 Jean

Chapitre 1er

V. 1-2

Il est important de ne pas confondre les expressions «dès le commencement» du début de l’épître et «au commencement» du début de l’évangile. Dans l’évangile, il s’agit de l’affirmation de l’existence éternelle et de la déité de la Parole, et nous remontons au commencement, et même au-delà du commencement de toutes les choses dont il peut être dit qu’elles ont eu un commencement. Dans l’épître, nous sommes occupés du fait que toute vérité chrétienne commence avec la révélation arrivée jusqu’à nous en Christ dans Son incarnation. C’est ceci qui était le commencement de la vraie manifestation de Dieu et de la vie éternelle. C’est ceci qui était la base de tout l’enseignement apostolique. Les antichrists mettaient en avant leurs enseignements séducteurs dont l’origine se trouvait simplement dans leurs propres esprits insensés. Les apôtres déclaraient ce qui était dès le commencement, et non pas quelque chose introduit depuis.

Dans les versets 1 et 2, le Seigneur Jésus n’est pas mentionné personnellement, car l’accent est plutôt mis sur ce qui nous a été présenté en Lui. Il était «la Parole de vie». En Jean 1, Il est «la Parole», et comme tel Il crée, de telle sorte que la création peut au moins exprimer quelque chose de Dieu. Il devient aussi chair et habite au milieu de nous pour pouvoir être pour nous la pleine expression de Dieu. Ici au début de l’épître, la pensée est similaire, mais plus limitée. La Vie est le point essentiel: Il était «la vie éternelle, qui était auprès du Père», et elle nous a été manifestée en Lui. C’est en L’ayant Lui que nous avons la vie; mais en premier lieu, il faut voir le plein caractère de la vie telle qu’elle a été manifestée en Lui.

La vie était la vie éternelle, mais elle était aussi «auprès du Père». Cette déclaration, selon ce qu’il nous est dit, donne le caractère de la vie, de sorte qu’il ne s’agit pas simplement d’une déclaration du fait que la vie était auprès du Père, mais plutôt du fait que c’était une vie telle que celle-là. Elle était auprès du Père dans la mesure où Lui qui est la Source de cette vie, était auprès du Père, et en Lui elle nous a été manifestée. Il est devenu chair pour qu’elle soit manifestée.

Par le fait de Son incarnation, Il s’est placé à la portée de trois des cinq sens dont l’homme est pourvu. Il a pu être entendu, vu et touché. Entendu vient en premier, car dans notre condition déchue, l’ouïe est la faculté à laquelle Dieu s’adresse spécialement. «La foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la parole de Dieu» (Rom. 10:17). Ainsi donc en premier lieu, les apôtres ont entendu la Parole de Vie, et par là, ils ont été capables de Le [La] comprendre.

Mais ensuite ils L’ont aussi vu de leurs yeux, et ils l’ont même contemplé. Il y avait eu autrefois des manifestations fugitives de cette Personne grandiose, comme «l’Ange de l’Éternel», mais il n’avait pas été alors possible de Le contempler car Il n’était visible que brièvement. Maintenant, venu en chair, c’était tout différent. Les apôtres ont passé des années avec Lui, et ont pu Le scruter attentivement. Ils L’ont regardé longuement et sérieusement, même s’ils n’ont pas compris correctement tout ce qu’ils observaient avant de recevoir le don du Saint Esprit.

Ils sont aussi entrés en contact physique avec Lui. Leurs mains L’ont effectivement touché. C’est la garantie de ce qu’Il n’était pas une simple manifestation de l’Esprit. Il a été parmi eux dans un corps humain réel, fait de chair et de sang. Après Sa résurrection, Il a séjourné parmi eux dans Son corps ressuscité, fait de chair et d’os, et nous nous souvenons qu’Il leur a spécialement commandé de Le toucher pour qu’ils se rendent compte qu’Il n’était pas un Esprit après Sa résurrection.

Tout ceci établit donc de manière incontestable qu’il y a eu devant eux cette manifestation réelle de la vie éternelle. Jean 1:18 montre qu’Il a fait connaître le Père; Colossiens 1:15 montre que Dieu a été parfaitement représenté en Lui comme Son image; Hébreux 1:2-3 montre que, comme Fils, Il est la Parole, et qu’Il est l’expression [l’empreinte] et le resplendissement de l’Être et de la gloire de Dieu. Nous trouvons ici (1 Jean 1) qu’Il a fourni la seule manifestation vraie et objective de la vie éternelle. Il est remarquable que, tout comme nous avons quatre évangiles qui font ressortir différents aspects de Sa vie, nous avons aussi ces quatre passages qui font ressortir différents aspects de tout ce qui a été révélé en Lui.

La raison pour laquelle Jean insistait sur ce point dans ces premiers versets de l’épître, c’était que les docteurs anti-chrétiens le dépréciaient, ou même le niaient tout à fait. Ils étaient appelés des «Gnostiques» parce qu’ils se targuaient d’être «ceux qui savent». Ils préféraient leurs propres impressions subjectives et leurs spéculations philosophiques aux faits objectifs établis en Christ. Or pour les apôtres comme pour nous, tout commence par des faits bien établis. La foi qui a été une fois enseignée aux saints, est enracinée et établie sur des faits. Nous ne saurions être trop clairs ni trop insister sur ce point. Ce qui est produit subjectivement dans les saints (comme nous le verrons) est strictement en accord avec ce qui a été manifesté objectivement en Lui.

 

V. 3-4

La manifestation en a tout d’abord été faite aux apôtres. Le «nous» des premiers versets les représente. Mais dans la phrase «ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons», le «vous» représente les saints en général. La manifestation qui a été faite devant les apôtres les a introduits dans la «communion … avec le Père et avec son Fils Jésus Christ». Ils nous ont fait connaître ce qui a été manifesté, pour que nous puissions être introduits dans cette même communion merveilleuse. Le Père et le Fils nous ont été révélés. La vie éternelle en relation avec le Père et le Fils nous a été manifestée par eux. Les choses du Père et du Fils ont été révélées. Rien ne pouvait être plus merveilleux que ceci: rien de plus absorbant une fois que nous commençons à nous en saisir par le Saint Esprit; rien de plus propre à remplir nos cœurs d’un bonheur qui demeure. Il n’est pas surprenant que l’apôtre ajoute: «Nous vous écrivons ces choses, afin que votre joie soit accomplie» (1:4).

Le verset 4 établit tout à fait clairement que la communication de ces choses par les apôtres nous a été faite par les Écritures: «Nous vous écrivons ces choses…». Les apôtres avaient entendu, vu et touché. Il nous faut lire. Nous rendons grâce à Dieu pour les Saintes Écritures qui nous apportent la connaissance de ces choses pour notre joie.

 

V. 5-7

Au v. 5, Jean commence son message. Par quoi commence-t-il? Par ce grand fait que «Dieu est lumière» et non pas, comme nous aurions pu nous y attendre, par le fait que «Dieu est amour». Si la manifestation de Dieu avait eu lieu dans un domaine de pureté et de lumière sans souillure, l’accent aurait été mis sans aucun doute sur Son amour. Mais comme la manifestation a été faite dans ce monde, tellement souillé par le péché et rempli de ténèbres, l’accent est mis avant tout sur la lumière.

Qui peut définir la lumière? Les hommes ont formulé des théories pour rendre compte de la lumière de la création, mais ils ne peuvent pas réellement l’expliquer. Qui donc pourra expliquer la Lumière qui n’a pas été créée? Nous savons que la lumière est nécessaire pour que la vie existe sous quelque forme que ce soit, même les plus humbles. Nous savons qu’elle est source de ce qui est sain, qu’elle illumine et expose toutes choses, et que l’obscurité s’enfuit là où elle pénètre. En Dieu il n’y a pas du tout de ténèbres, car l’obscurité représente ce qui échappe à l’action de la lumière, ce qui est caché et péché.

Non seulement Dieu est Lui-même lumière, mais, comme le verset 7 nous le dit, Il est «dans la lumière». Autrefois l’Éternel avait dit «qu’il habiterait dans l’obscurité profonde» (2 Chron. 6:1); et le fait que Salomon Lui construise une maison n’a pas modifié cela, car Sa présence continuait à se trouver dans le lieu très saint où régnait l’obscurité. Ceci fut changé par la venue du Seigneur Jésus, car en Lui Dieu se mis en pleine lumière. Le Dieu qui est lumière est maintenant dans la lumière.

Ce fait est utilisé comme test au v. 6. Nous avons dans ce verset le premier de plusieurs tests proposés. La présence de nombreux faux docteurs avec leurs prétentions variées et vantardes rendait ces tests nécessaires; et nous remarquerons qu’aucun d’eux n’est basé sur des considérations élaborées ou forcées. Ils sont d’un genre tout simple, et basés sur la nature fondamentale des choses. Ici, par exemple, le fait que Dieu est lumière et qu’Il est dans la lumière est un critère qui teste toute affirmation d’être en communion avec Lui. Une telle personne ne peut marcher dans les ténèbres car, comme nous le lisons ailleurs: «quelle communion a la lumière avec les ténèbres?» (2 Cor. 6:14). Il n’y a pas du tout de communion entre les deux. Elles sont diamétralement opposées.

Ce qui est en cause ici, n’est pas de savoir si nous marchons toujours selon la lumière que nous avons reçue. Nous sommes tous défaillants à cet égard, à un moment ou à un autre, à notre honte. «Marcher dans les ténèbres» c’est marcher dans l’ignorance de la lumière qui a brillé en Christ. Il vaut la peine ici de se reporter à Ésaïe 50:10-11: «Quiconque marche dans les ténèbres et n’a pas de lumière» doit «se confier dans le nom de l’Éternel et s’appuyer sur son Dieu». Cependant même aux jours d’Ésaïe, certains préféraient allumer un feu et marcher à la lueur du feu et des étincelles qu’ils avaient allumées. C’était la même chose aux jours de Jean, et cela le reste encore de nos jours. Il y a encore bien trop de faux docteurs qui préfèrent les étincelles qu’ils font jaillir eux-mêmes plutôt que la lumière de la révélation divine. Il s’ensuit qu’eux et leurs disciples sont dans les ténèbres malgré toutes leurs prétentions, et ils n’ont pas de communion avec Lui.

Le vrai croyant marche dans la lumière où Dieu est pleinement révélé. La lumière l’a scruté, bien sûr; il ne pouvait pas en être autrement. Mais il marche avec bonheur dans la lumière parce qu’il a appris dans cette lumière que «le sang de Jésus Christ Son Fils nous purifie de tout péché». Toute tache de souillure exposée par la lumière est ôtée par le Sang.

Le verbe «nous purifie» est au présent. Certains en ont déduit que le sang doit être appliqué continuellement. Mais le temps présent est aussi utilisé pour indiquer la nature ou le caractère des choses, tout comme nous disons: le liège flotte, le feu brûle, le savon lave. Telles sont leurs natures respectives. Ces propriétés leur appartiennent. Telle aussi est la nature du sang de Christ de purifier de tout péché. C’est une propriété intrinsèque, et bénie. L’idée que le Sang doive être appliqué continuellement ou de manière répétée est contredite par l’enseignement de Hébreux 9:23 à 10:14. Nous sommes «purifiés une fois pour toutes» par «une seule offrande» de manière à ce que nous n’ayons plus «aucune conscience de péchés».

 

V. 8-9

Non seulement il y a des hommes qui professent avoir communion avec Dieu alors qu’ils marchent encore dans les ténèbres, mais il y en a qui vont jusqu’à dire: Nous n’avons pas de péché. Aucun test n’est proposé vis-à-vis de cette méchante prétention. Il n’y en a pas besoin car ils seraient forcément vite découverts. Ces gens se trompaient eux-mêmes et Jean le leur dit clairement. Ils ne tromperaient guère quelqu’un d’autre; et si même ils y arrivaient pour un moment, la tromperie serait vite dissipée par la manifestation bien trop évidente du péché en eux. Si certains se laissent aller à de telles prétentions si hautes et sans fondement, ils ne montrent pas que le péché n’est pas en eux, ils ne font que manifester clairement que la vérité n’est pas en eux.

On a peine à imaginer que des vrais croyants se séduisent eux-mêmes de cette manière, sauf pour un temps très bref. La seule attitude vraie et honnête pour nous, c’est de confesser nos péchés, et de le faire tout de suite. Il est vrai bien sûr pour le non-croyant, que la seule chose honnête à faire lorsque la conviction de péché l’atteint, c’est de confesser ses péchés; alors le pardon, plein et éternel, lui sera accordé. Cependant il s’agit ici du croyant. Il est dit: «Si nous confessons …». Le péché d’un croyant ne compromet pas ni ne renverse le pardon éternel qu’il obtient quand, comme pécheur, il se tourne vers Dieu en se repentant. Il compromet néanmoins sa communion avec Dieu, comme nous venons de le lire. La communion sera suspendue jusqu’à ce qu’il confesse le péché qui l’a interrompue.

Quand nous confessons un péché, Dieu est fidèle et juste pour tout ce que Christ est, et a fait, et le péché est pardonné, en sorte que la communion peut être restaurée. C’est ce qu’on peut appeler le pardon paternel, à distinguer du pardon éternel que nous obtenons quand nous sommes pécheurs.

Non seulement Il pardonne, mais Il purifie aussi de toute iniquité. La confession honnête du péché par un croyant non seulement lui assure le pardon, mais elle a aussi un effet purificateur. La confession du péché signifie le jugement dans nos propres cœurs et dans nos pensées de ce que nous confessons. Et cela signifie la purification de son influence et la délivrance de son pouvoir.

 

V. 10

Une troisième prétention apparaît au verset 10. Certains peuvent aller jusqu’à se faire des illusions et à dire qu’ils «n’ont pas péché». Un test leur est proposé à ce sujet, à savoir la Parole de Dieu. Faire une déclaration aussi déraisonnable nous place en opposition à la Parole de Dieu et Le fait menteur. Il déclare clairement que nous avons péché, ce qui clôt le débat. Nous ne pouvons pas contredire Sa Parole, et avoir malgré tout Sa Parole habitant en nous.

Autan il est sûr que nous sommes dans la lumière, autant nous saurons que nous avons péché et que le péché est encore en nous. Mais nous connaîtrons aussi la valeur du sang de Christ et son pouvoir purificateur, ainsi que la restauration qui est la nôtre après une confession honnête. Ainsi la communion dans la lumière avec le Père et Son Fils, est établie pour nous, et aussi maintenue. Nous sommes rendus capables de connaître la vie qui a été manifestée et de nous réjouir en elle, et dans tout ce qui, dès le commencement, a été mis en évidence dans le précieux Fils de Dieu.

Notre joie étant complète sur de tels sujets, nous ne nous sentirons pas enclins à courir après les hommes qui voudraient nous attirer avec leurs prétendues améliorations et extensions de «ce qui était dès le commencement». Les étincelles qu’ils déploient devant nous peuvent être fort belles, mais ce sont eux qui les ont allumées, et elles s’évanouissent dans les ténèbres.