1 Corinthiens

Chapitre 15:1-19

Si le premier chapitre de cette épître insiste en premier lieu sur le fait que la croix de Christ est la fin de l’homme selon la chair, parce que la conduite des Corinthiens était le fruit d’une chair non jugée, le 15° chapitre nous présente une notion beaucoup plus simple de la croix. Certaines personnes attaquaient parmi les Corinthiens la doctrine de la résurrection, enseignant «qu’il n’y a pas de résurrection de morts», et ceux-ci les laissaient faire. Cet enseignement détruisait la foi, aussi l’apôtre répète deux ou trois fois que, s’ils l’acceptaient, leur foi était vaine. À cette occasion, il leur rappelle le simple Évangile qu’il leur avait prêché et il n’y a pas, à ma connaissance, de passage dans le Nouveau Testament qui nous le présente d’une manière plus élémentaire.

Avant d’en parler, je désire remarquer que, lorsque l’Ennemi s’attaque à la doctrine de Christ, il a toujours pour but de détourner nos âmes du ciel et de les établir sur la terre. J’en citerai trois exemples. Dans le premier (2 Tim. 2:18), Hyménée et Philète disaient que la résurrection avait déjà eu lieu, et renversaient la foi de quelques-uns. Parmi les Corinthiens, certaines gens disaient qu’il n’y avait pas de résurrection; parmi d’autres, qu’elle avait déjà eu lieu. Or, s’il n’y avait pas de résurrection de morts, le ciel nous serait fermé, et nous ne pourrions jamais y entrer avec nos corps glorifiés, car c’est de la résurrection du corps qu’il s’agit dans tout ce chapitre. Si, d’autre part, la résurrection avait déjà eu lieu, nous serions condamnés à demeurer dans ce monde, avec des pensées terrestres et sans espérance céleste. Pour étayer leur fausse doctrine, ces hommes s’appuyaient, sans doute, sur la parole de l’apôtre qui dit que nous sommes ressuscités avec Christ. Dans un troisième cas, ces faux docteurs enseignaient (2 Thess. 2:2) que «le jour du Seigneur était là». Les Thessaloniciens, en proie à la persécution, pouvaient être tentés de penser que le jour du jugement était arrivé. Mais la venue de Christ précède le jour du Seigneur, et cette fausse doctrine, en la supprimant, déracinait du même coup la venue de Jésus en grâce, espérance des Thessaloniciens.

Nous sommes dans les temps fâcheux de la fin, et nous devons prendre garde de ne pas prêter l’oreille à ces doctrines antiscripturaires. Le but de Satan est de nous séparer de Christ, et de nous accommoder au monde, comme si nous devions toujours y rester. Vous comprenez combien il est important pour nous de retenir dans ces jours-ci la doctrine de l’Évangile. J’entends souvent des chrétiens me dire: «Pour moi, les doctrines n’ont pas beaucoup d’importance; il me faut la pratique de la vie chrétienne». Ceux qui ont cette pensée s’exposent à être entraînés par l’Ennemi loin du Seigneur et de sa Parole. Toucher à la doctrine de la résurrection et de la venue du Seigneur, c’est ramener les âmes dans un milieu où Satan a toute puissance sur elles. Il est très important d’affirmer ces choses dans les jours dangereux que nous traversons. La deuxième épître aux Thessaloniciens, la deuxième épître à Timothée, la deuxième épître de Pierre et celle de Jude, nous montrent que Satan cherche moins souvent à précipiter les âmes dans la corruption et le mal moral, qu’à les détourner de la simplicité de l’Évangile, car il sait fort bien que, si nous abandonnons l’Évangile, nous sommes à sa merci. Les doctrines blasphématoires de l’incrédulité caractérisent le plus évidemment les temps de la fin. Beaucoup de chrétiens se laissent égarer dans leur appréciation, par le fait qu’on voit des incrédules avérés ayant une conduite morale, en apparence irréprochable. Ils oublient que Dieu tiendra compte, avant toute autre chose, de la manière dont les hommes ont traité son Fils bien-aimé et ont estimé son œuvre.

Revenons aux premiers versets de notre chapitre: «Car je vous ai communiqué avant toutes choses ce que j’ai aussi reçu» (v. 3). Ils avaient reçu l’Évangile par le moyen de l’apôtre qui l’avait reçu lui-même. Il ne dit pas ici: «reçu du Seigneur», comme une révélation spéciale, mais simplement: «reçu». «Les Écritures» lui avaient enseigné ce qu’il leur avait communiqué. Ainsi, pour connaître l’Évangile, nous avons, comme l’apôtre, une source unique: les Écritures. Les Corinthiens avaient reçu ce simple Évangile et avaient été «sauvés» par lui. En quoi consistait-il? «Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures, et... il a été enseveli, et... il a été ressuscité le troisième jour, selon les Écritures».

Nous trouvons dans la croix de Christ un trésor infini de vérités. Si nous la considérons en détail, les heures de la croix se composent de périodes diverses.

Certains faits précèdent la sixième heure, d’autres accompagnent les heures de ténèbres, d’autres enfin suivent la neuvième heure, jusqu’au moment où le Seigneur remet son esprit. La contemplation de chacune de ces périodes est infiniment précieuse; mais l’apôtre nous présente ici la croix de Christ comme un tout: Il «est mort pour nos péchés, selon les Écritures». L’âme qui a reçu cet Évangile est sauvée. Il ne lui faut pas autre chose. Les Écritures en rendent témoignage: l’Ancien Testament en est rempli. Toute la loi nous présente une victime, morte pour les péchés du peuple. Abel s’approche de Dieu avec un sacrifice et reçoit le témoignage d’être juste. Les Psaumes nous montrent que les sacrifices n’ont de valeur que comme types de la mort de l’Agneau de Dieu (Ps. 40:7, 8). Le premier des prophètes, Ésaïe, la proclame; un des derniers prophètes, Zacharie, l’affirme: «Épée, réveille-toi contre mon berger». Selon les Écritures, le fondement de toute bénédiction est que Christ est mort pour nos péchés. Quelle puissance dans le simple Évangile!

Ensuite, «il a été enseveli». Toute son œuvre expiatoire a fini dans le sépulcre où les péchés qu’il avait portés ont été ensevelis avec lui.

Enfin, «il a été ressuscité le troisième jour, selon les Écritures». Sa résurrection au troisième jour se retrouve, comme sa mort, du commencement à la fin des Écritures. Isaac est, pendant trois jours, sous la sentence de mort; Abraham lui trouve un substitut et reçoit le troisième jour son fils en résurrection. Jonas reste trois jours au sein de la mort dans le ventre du grand poisson; au bout de trois jours, il est rejeté sur le sec et revoit la lumière. À différentes reprises, le Seigneur fait allusion à ce fait dans les Évangiles. Vivant ici-bas, il annonce constamment ce troisième jour au peuple et à ses disciples. Le prophète Osée dit: «Dans deux jours, il nous fera vivre; au troisième jour, il nous mettra debout». Mais n’accumulons pas les passages; du commencement à la fin, les Écritures témoignent de ces choses.

Cependant, il fallait encore des témoins oculaires de la résurrection. Nous les trouvons dans les versets qui suivent; Dieu a eu soin de les multiplier. À part les douze, le Seigneur ressuscité a été vu de plus de 500 frères à la fois, probablement en Galilée. Il était donc impossible, malgré tous les efforts de l’Ennemi pour en étouffer la rumeur, qu’on nie cet événement. S’il n’avait pas eu lieu, que serait-il arrivé? Nous serions encore dans nos péchés, perdus sans ressource. Ainsi ces deux faits, la mort et la résurrection de Christ, sont inséparables, comme il est dit aussi dans l’épître aux Romains: Il «a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification». Si Dieu avait laissé Jésus dans le sépulcre, il aurait été prouvé que l’œuvre entreprise par lui pour notre salut avait misérablement échoué; et les disciples auraient été de faux témoins.

Il y a quelque apparence que ceux qui prêchaient aux Corinthiens ces doctrines subversives, ne niaient pas la résurrection de Christ. Ils n’en tiraient aucune conclusion et se bornaient à nier, comme les sadducéens, la résurrection des morts. C’est l’apôtre qui conclut que, dans ce cas, l’homme Christ Jésus n’était pas ressuscité non plus. Si les hommes ne ressuscitent pas, Christ n’a pu ressusciter.

Entre tous ces témoins de la résurrection, l’apôtre Paul était son témoin spécial. Jésus avait été vu de lui, comme d’un avorton (d’un enfant né avant terme) n’ayant aucun droit de vivre, mais ayant le privilège de voir le premier, dans la gloire, le Seigneur Jésus ressuscité. Les apôtres l’avaient vu ressuscité au milieu d’eux, puis, les quittant, il avait disparu de devant leurs yeux, mais Paul avait vu autre chose: le ciel s’était ouvert pour lui; il s’était trouvé devant cet homme Jésus, le Dieu qui était lumière, et en avait été terrassé; mais la même personne, pleine de grâce, s’était adressée à lui. Celui qui était lumière était amour. Paul avait rencontré Dieu à salut dans cet homme. «Je ne suis pas digne d’être appelé apôtre, dit-il, mais, par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis». Il ne s’attribue absolument aucun mérite à lui-même, et devient le plus grand des apôtres. «Et sa grâce envers moi n’a pas été vaine» (v. 10). Toujours la grâce! Si Paul a été le moyen de présenter cet Évangile avec une puissance spéciale, c’est uniquement par la grâce de Dieu en Christ.

Si l’on n’accepte pas l’Évangile de la résurrection, tout s’effondre, l’œuvre du salut, le pardon des péchés, la justification; le Sauveur lui-même est perdu. Même la chrétienté professante orthodoxe qui affirme la résurrection, est loin de lui donner la valeur qu’elle doit avoir. La résurrection du corps a peu de place dans la prédication. Il semble souvent, à entendre ces chrétiens, du reste très estimables, que l’état de l’âme après la mort soit la seule chose qui occupe leurs pensées.

Que Dieu nous garde de nous laisser détourner de l’Évangile enseigné dans les Écritures! Qu’il nous soit donné, dans ces temps périlleux, de retenir fermement ce simple Évangile: la mort de Christ pour nos péchés, et sa résurrection qui est à la fois le sceau de son œuvre et les prémices de notre propre résurrection. Satan cherchera toujours à amoindrir ces vérités dans nos cœurs, afin de nous accommoder aux choses terrestres qui ne peuvent nous donner ni force, ni joie, ni assurance!