1 Chroniques

Chapitre 11

Établissement de la royauté selon les conseils de Dieu

La fin du vieil homme est le commencement d’une ère nouvelle. Cette vérité se trouve confirmée ici. Sans aucun préambule, le règne de David commence à Hébron. Saül, le roi selon la nature déchue, est mort, mais cela ne suffit pas. David lui-même, l’oint de l’Éternel, inaugure son règne à Hébron, lieu par excellence de la mort. Tout ce qui précède Hébron (2 Sam. 1-3), la manière graduelle dont s’établit le règne de David, la longue guerre entre sa maison et celle de Saül, la première se fortifiant, tandis que la seconde va s’affaiblissant, tout cela est passé sous silence dans les Chroniques. L’Esprit de Dieu annonce d’emblée l’établissement définitif du règne de David.

Un petit mot caractéristique qui manque au récit du livre de Samuel est ajouté ici, au v. 3: «Ils oignirent David pour roi sur Israël, selon la parole de l’Éternel par Samuel». L’établissement du règne de David est rattaché ici à la parole immuable de Dieu et à ses conseils de grâce.

Dans les v. 4 à 9 qui décrivent la prise de Jérusalem, nous rencontrons de nouveau une différence notable d’avec le récit de 2 Sam. 5:6-9. Pas un mot des «aveugles et des boiteux qui sont haïs de l’âme de David», et, d’autre part, Joab, complètement omis dans le récit de Samuel, occupe ici la première place après David: «Et David dit: Quiconque frappera le premier les Jébusiens, sera chef et capitaine. Et Joab, fils de Tseruia, monta le premier et fut chef» (v. 6). Il est ici, non pas l’homme ambitieux et vindicatif, mais l’homme destiné, selon les conseils de Dieu, à conquérir pour le roi la forteresse de Sion. Il est même dit de lui au v. 8: «Joab releva le reste de la ville». Pas un mot de son caractère, ni de tous ses agissements jusqu’à ce moment. Sa lutte avec Abner, la vengeance qu’il tire de ce noble capitaine, le meurtre qu’il commet, sont passés sous silence, ainsi que cette parole douloureuse de David: «Et moi, je suis aujourd’hui faible, bien que j’aie reçu l’onction de roi, et ces hommes-là, les fils de Tseruia, sont trop durs pour moi. Que l’Éternel rende à celui qui fait le mal, selon son méfait!» (2 Sam. 3:39). Ne dirait-on pas, quand on n’aurait que le récit des Chroniques, que Joab était un homme intègre et sans reproche? La vérité est que Joab est simplement ici l’instrument préparé pour établir à Jérusalem l’Oint de l’Éternel, le roi selon les pensées de Dieu.

Les hommes forts de David sont énumérés au commencement du récit (v. 10-47), tandis qu’ils le sont à la fin en 2 Sam. 23. Ils inaugurent ici le royaume. «Ils se fortifièrent dans son royaume avec lui, avec tout Israël, pour le faire roi, selon la parole de l’Éternel touchant Israël» (v. 10), accomplissant ainsi les desseins que Dieu avait fait connaître d’avance. Ils sont ensuite énumérés. Parmi les trois premiers Shamma, sans être passé sous silence, n’est pas nommé. Quelques noms mentionnés en Samuel sont omis, un grand nombre ajouté. Ainsi notre chapitre cite 81 hommes forts (30 d’entre eux sont enregistrés sans être nommés); 2 Sam. 23 en nomme 37; ils sont énumérés comme les soutiens dont David avait eu besoin pour affermir son trône; dans notre chapitre ils n’ont qu’à reconnaître ce que Dieu a fait en établissant David comme son oint, et ne peuvent que soutenir une royauté sortie des conseils de Dieu lui-même. Aussi paraissent-ils devant nous au début du règne.

Notons un détail encore plus remarquable. Urie, le Héthien, qui clôt la liste en 2 Sam. 23, en témoignage du péché et de la chute de David, est comme confondu ici avec les autres hommes forts (v. 41). Son nom n’est pas mis en relief, comme accusateur de David et de ce qui fit la honte de son royaume. De même, tout ce qui a rapport à l’effroyable chute de l’oint de l’Éternel est complètement passé sous silence. Éliam aussi, fils d’Akhitophel (2 Sam. 23:34), dont le père fut si intimement lié aux conséquences du péché de David, est omis dans notre chapitre.

Les attaques insensées des rationalistes contre les livres des Chroniques nous obligent à insister sur tous ces détails, car leur ensemble est la meilleure réfutation de ceux qui ne voient dans les Chroniques qu’une misérable compilation, faite en un temps très postérieur à celui que ce livre lui-même s’assigne, compilation opérée sans ordre, avec des documents falsifiés, bourrés de noms inventés et d’erreurs criantes. Ô folie de la raison humaine, quand elle se mêle de juger les pensées de Dieu, et veut les remplacer par ses propres imaginations!