1 Chroniques

Chapitre 5

Les tribus en deçà du Jourdain.

Nous trouvons ici la généalogie des deux tribus et demie qui avaient choisi leur part en deçà du Jourdain: Ruben, Gad et la demi-tribu de Manassé. Mais ces tribus ne sont pas réunies par cette seule circonstance: la place que Ruben occupe dans la généalogie est, comme nous l’avons vu plus haut, déterminée par son péché. La primogéniture lui appartenait par droit de naissance, mais elle lui fut ôtée (v. 1) pour être donnée à Joseph et à ses fils. Joseph est, comme du reste dans toute l’Écriture, le type du Messie rejeté par ses frères, et obtenant la domination des nations à la suite de ce fait. Mais notre passage (v. 1, 2) nous explique pourquoi il ne vient pas ici en premier lieu. C’est que sa place est donnée à Juda, souche de la royauté selon les conseils de Dieu: «Le prince sort de lui». Nous voyons ici, une fois de plus, combien les Chroniques restent constamment d’accord avec leur plan qui est de montrer les conseils divins au sujet de la royauté. Cependant, comme partout dans ces chapitres, les voies de la chair sont mentionnées en premier lieu (v. 3-6), et vont jusqu’à la captivité des dix tribus par Tilgath-Pilnéser (cf. 2 Rois 15:29). Il est vrai que l’énergie de Ruben pour étendre ses limites est mise en évidence (v. 10); mais ce n’est plus la vertu de Caleb, provenant uniquement de la foi. Le déploiement d’activité de Ruben a un motif purement humain et terrestre: «Leurs troupeaux s’étaient multipliés dans le pays de Galaad» (v. 9).

Gad (v. 11-17) a plus de distinction spirituelle que Ruben. Comme ce dernier, il cherchait des pâturages (v. 16), mais il avait encore d’autres intérêts que celui-là. Il est dit de lui: «Ils furent tous enregistrés dans les généalogies, aux jours de Jotham, roi de Juda, et aux jours de Jéroboam, roi d’Israël» (v. 17). Gad avait un vrai souci de sa généalogie, et quand même le résultat de son zèle fut annulé par sa transportation, du moins, jusqu’aux jours de Jotham et de Jéroboam, sa position en Israël était claire et établie, et montrait chez lui un souci véritable de faire partie du peuple de Dieu et, malgré tout, de ne pas renier Juda, centre de la royauté sous Jotham.

Un autre fait est mentionné aux v. 18-22. Ces deux tribus et demie «firent la guerre contre les Hagaréniens, contre Jethur, et Naphish, et Nodab; et ils furent aidés contre eux, et les Hagaréniens et tous ceux qui étaient avec eux furent livrés en leur main; car ils crièrent à Dieu dans la bataille, et il se rendit à leurs prières, car ils avaient mis leur confiance en lui» (v. 19, 20). Dieu se rendit à leurs prières de même qu’il avait exaucé la prière d’un seul, de Jahbets. «Ils avaient mis leur confiance en lui»; le Dieu de grâce devait à son caractère de leur répondre, quelque coupables du reste qu’ils fussent quant à l’unité du peuple de Dieu. Ainsi, malgré la ruine, la grâce répond toujours à la confiance et c’est l’un des caractères distinctifs de tout ce livre des Chroniques. La chair est condamnée; son indépendance a la captivité pour conséquence, mais la foi est exaucée, parce que Dieu n’est pas seulement un Dieu de gouvernement qui rend à l’homme selon sa responsabilité, mais un Dieu de grâce qui ne peut renier son caractère. Il nous est dit au v. 22: «La bataille venait de Dieu». Il avait provoqué la difficulté pour mettre, chez son peuple, la foi et la confiance en exercice, afin de pouvoir y répondre.

La demi-tribu de Manassé en deçà du Jourdain est mentionnée ensuite (v. 23-26). Son territoire, comparé à celui des autres tribus, était immense. Dieu, dans sa grâce, avait fait prospérer les hommes de Manassé: «Ils étaient nombreux» (v. 23). Mais les bénédictions qui leur étaient acquises par la faveur de Dieu, les détournèrent au lieu de les rapprocher de Lui: «Ils péchèrent contre le Dieu de leurs pères» (v. 25), et «le Dieu d’Israël réveilla l’esprit de Pul, roi d’Assyrie, et l’esprit de Tilgath-Pilnéser, roi d’Assyrie, et il transporta les Rubénites et les Gadites, et la demi-tribu de Manassé, et les emmena à Khalakh, et à Khabor, et à Hara, et au fleuve de Gozan où ils sont jusqu’à ce jour» (v. 26). Au jour où les Chroniques furent rédigées, ces tribus restaient en captivité dans les endroits mentionnés ici. Ce passage, comme beaucoup d’autres, pourrait, à l’occasion, servir à identifier la date de notre livre.