Romains

Chapitre 4

Ch. 4 v. 1-15 — Impossibilité d’obtenir la justice par la loi, mais par la foi seule

Ch. 4 v. 1-8 — Justification par la foi confirmée par les pères

Ch. 4 v. 1-5 — Abraham trouvé agréable à Dieu en justice selon la foi

Mais ces considérations à l’égard de la foi ne suffisaient pas pour convaincre les Juifs ; il y avait une autre considération d’un grand poids, et pour ce peuple, et dans les voies de Dieu. [4:1] Qu’en était-il d’Abraham, appelé de Dieu pour être le père et la souche des fidèles ? L’apôtre donc, après avoir exposé les rapports qui existaient entre la foi et la loi, à la suite de l’introduction de la justice de Dieu, aborde cette question : Sur quel pied Abraham se trouvait-il placé comme agréable à Dieu en justice ? Car le Juif aurait pu admettre son manquement personnel sous la loi, tout en invoquant la jouissance de ses privilèges comme enfant d’Abraham. En considérant ce point selon la chair (c’est-à-dire en vue des privilèges qui se rattachent à Abraham et dont on prétendait jouir comme d’un héritage appartenant à ses enfants, à ceux qui se trouvaient dans la ligne de succession pour en jouir), sur quel principe la considération du cas d’Abraham nous place-t-elle ? [4:5] Toujours sur ce même principe de foi. [4:2] Abraham aurait eu de quoi se vanter, s’il était justifié par les œuvres, mais devant Dieu il n’en était pas ainsi. [4:3] Les Écritures disent : « Abraham crut Dieu, et cela lui fut compté à justice ». [4:4] Or à celui qui fait les œuvres, le salaire n’est pas compté à titre de grâce, mais à titre de chose due ; [4:5] mais à celui qui ne fait pas des œuvres et qui croit en celui qui justifie l’impie, « sa foi lui est comptée à justice », car il glorifie en effet Dieu comme Dieu veut être glorifié et selon la révélation que Dieu a donnée de lui-même en Christ.

Ch. 4 v. 6-8 — Béatitude du pécheur justifié par grâce, selon David

[4:5] Le principe donc qu’établit l’exemple d’Abraham est le principe de la justification par la foi. [4:6] Or David appuie ce témoignage et parle de la béatitude de celui à qui la justice est comptée sans les œuvres (v. 6-8). [4:7] Celui dont les iniquités sont pardonnées et les péchés couverts, [4:8] celui auquel l’Éternel n’impute pas ses péchés, celui-là est l’homme béni, selon David. Or une pareille bénédiction suppose l’homme pécheur, et non pas juste en lui-même : il s’agit de ce que Dieu est en grâce pour un tel homme, et non pas de ce que celui-ci est pour Dieu ; le bonheur d’un tel homme est que Dieu ne lui impute pas les péchés qu’il a commis, et non pas qu’il soit juste en lui-même devant Dieu. La justice pour l’homme a sa source dans la grâce de Dieu. Ici cette justice est identifiée avec la non-imputation des péchés, à l’homme coupable de les avoir commis. Le péché n’est point compté.

Ch. 4 v. 9-15 — Justice reçue par Abraham et pour sa semence hors de la circoncision, par la foi

[4:9] Maintenant cette justice était-elle pour la circoncision seulement ? (v. 9). — Or notre thèse est que Dieu a tenu Abraham pour juste par la foi. [4:10] Mais Abraham était-il circoncis quand Dieu l’a tenu pour juste ? Non : il était incirconcis. [4:12] La justice donc est par la foi, et pour les incirconcis par la foi ; témoignage écrasant pour le Juif, car Abraham était le bel idéal auquel se rapportaient chez les Juifs toutes les idées d’excellence et de privilège. [4:11] La circoncision n’était qu’un sceau de la justice par la foi, foi qu’Abraham avait eue étant dans l’incirconcision, afin qu’il fût père de tous ceux qui croient étant dans le même état, afin que la justice leur fût comptée aussi ; — [4:12] et qu’il fût père de circoncision, c’est-à-dire premier modèle d’une vraie mise à part d’un peuple pour Dieu, non seulement à l’égard de ceux de la circoncision, mais à l’égard de tous ceux qui marcheraient sur les traces de sa foi qu’il a eue étant incirconcis. [4:13] Car après tout, la promesse d’être héritier du monde n’était pas faite à Abraham, ni à sa semence, en rapport avec la loi, mais en rapport avec la justice par la foi. [4:14] Si ceux qui se fondent sur le principe de la loi sont héritiers, la foi par laquelle Abraham a reçu la position d’héritier, est vaine et la promesse annulée. [4:15] Car1, au contraire, la loi produit la colère : or assujettir à la colère n’est pas faire jouir d’une promesse, car là où il n’y a pas de loi, il n’y a pas de « transgression ». L’apôtre ne dit pas (que le lecteur y fasse attention) : il n’y a point de « péché », mais il dit que là où il n’y a pas de commandement, il n’y a pas de commandement à violer. Or la loi étant donnée à un pécheur, produit nécessairement la colère.

1 Le lecteur attentif doit tenir compte de l’usage du mot « Car » dans les épîtres de Paul. Dans un grand nombre de cas ce mot n’exprime pas une conclusion, mais aborde un sujet collatéral qui, dans la pensée de l’apôtre, amènerait à la même conclusion, ou bien aussi un principe général plus profond qui forme la base même de l’argument et élargit la sphère de notre vision.

Droit à l’héritage fondé sur la foi aussi, selon la promesse crue par Abraham

Ces considérations sont le côté négatif de la question. L’apôtre montre qu’à l’égard des Juifs eux-mêmes le droit à l’héritage ne pouvait être fondé sur le principe de loi, sans mettre de côté Abraham : [4:13] car l’héritage avait été donné à Abraham par promesse, et ceci impliquait qu’il y avait part par la foi, car on croit à une promesse, et celui à qui une promesse a été faite n’est pas celui qui l’accomplit ; [4:3] aussi la justice d’Abraham se trouvait, selon les Écritures, par cette même foi. [4:5] Elle lui a été comptée à justice.

Ch. 4 v. 16-25 — Principe de la justification par la foi en la promesse divine

Ch. 4 v. 16 — Appartenance de l’héritage promis à la foi, sans loi, pour tous

[4:16] Le principe que l’héritage appartient à la foi, admettait les Gentils à la jouissance de cet héritage ; mais ici le raisonnement va plus loin et le principe est constaté à l’égard des Juifs eux-mêmes, ou plutôt à l’égard des voies de Dieu, de manière à exclure la loi comme moyen d’arriver à la possession de l’héritage de Dieu. La conséquence de ce principe à l’égard des Gentils qui croiraient à l’Évangile est tirée au verset 16 : « Pour cette raison, c’est sur le principe de la foi, afin que ce soit selon la grâce, pour que la promesse soit assurée à toute la semence » d’Abraham à qui la promesse a été faite, non seulement à l’égard de la semence qui se trouvait sous la loi, mais à l’égard de tous ceux qui ont la foi d’Abraham qui est le père de nous tous devant Dieu ; [4:17] ainsi qu’il est écrit : « Je t’ai établi père de plusieurs nations ! »

Fondation du principe de la justification par la foi

Voilà le grand principe posé. [4:13] C’est donc par la foi, avant et sans la loi, et n’ayant rien à faire avec elle, que la promesse est faite à un homme non circoncis, et il est justifié en croyant à la promesse.

Ch. 4 v. 17-25 — Foi en Dieu qui a ressuscité Jésus, comptée à justice pour nous

Un autre élément est maintenant introduit. [4:19] Humainement parlant, l’accomplissement de la promesse était impossible, car Abraham ainsi que Sara étaient, à cet égard, comme morts ; [4:18] et il s’agissait de croire à la promesse contre toute espérance, [4:17] en s’appuyant sur la toute puissance de Celui qui ressuscite les morts et appelle les choses qui ne sont pas comme si elles existaient. [4:20] Telle a été la foi d’Abraham : il a cru à la promesse qu’il serait père de plusieurs nations parce que Dieu l’avait dit et qu’il comptait sur la puissance de Dieu, le glorifiant ainsi, [4:21] sans mettre en question, en regardant aux circonstances, ce que Dieu lui avait dit ; [4:22] c’est pourquoi cela aussi lui a été compté pour justice (v. 20-22). Il a glorifié Dieu selon ce que Dieu était. [4:23] Or que cela ait été écrit, n’a pas été pour lui seulement ; [4:24] mais la même foi nous sera aussi comptée pour justice, savoir la foi en Dieu, comme au Dieu qui a ressuscité Jésus d’entre les morts. J’ai dit la foi en Dieu, car l’apôtre ne parle pas ici de croire en Jésus, mais de croire en Celui qui est intervenu en puissance dans le domaine de la mort dans lequel Jésus était à cause de nos péchés, et qui l’en a retiré par Sa puissance. La résurrection soit de Christ, soit des fidèles, est le fruit de la puissante activité de l’amour de Dieu qui a fait sortir de dessous les conséquences du péché Celui qui avait déjà porté toute la peine de nos péchés ; de sorte qu’en croyant en Dieu qui l’a ressuscité, nous embrassons toute l’étendue de l’œuvre à laquelle la résurrection a mis le sceau, ainsi que la grâce et la puissance qui s’y sont déployées. Nous connaissons Dieu de cette manière. Notre Dieu est le Dieu qui a agi ainsi à l’égard de Jésus et en grâce envers nous : lui-même, il a ressuscité d’entre les morts Jésus [4:25] qui avait été livré pour nos fautes, et qui a été aussi ressuscité pour notre justification. Les conséquences du péché avaient été déjà mises en évidence ; Jésus les avait subies et il était mort : l’intervention active de Dieu a délivré de ces conséquences celui qui y avait été soumis parce qu’il avait porté les péchés. La résurrection, telle qu’elle est connue en Christ, n’est pas seulement une résurrection des morts, mais une résurrection d’entre les morts, le fruit de l’intervention de Dieu pour faire sortir en justice de dessous les dernières conséquences du péché Celui qui avait glorifié Dieu. En croyant à un tel Dieu, nous comprenons que c’est lui-même qui, en ressuscitant Christ d’entre les morts, nous a délivrés Lui-même de tout ce à quoi le péché nous avait assujettis, parce qu’Il a ramené d’entre les morts, par Sa puissance libératrice, Celui qui était entré dans la mort pour nous sauver.

Ch. 4 v. 24-25 — Foi du croyant dans ce que Dieu a déjà fait, non dans une promesse

[5:1] Ainsi, ayant été justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu. Remarquez ici la différence entre la foi d’Abraham et la nôtre. [4:21] Il croyait que Dieu pouvait accomplir ce qu’Il avait promis ; [4:24] nous sommes appelés à croire ce qu’Il accompli. La foi à la parole de Dieu, la foi en Dieu, la foi qui saisit Sa puissance en résurrection, [4:25] est la foi en ce qui nous a sortis de dessous toutes les conséquences de nos péchés, sauf, sans doute, que nos corps ne sont pas actuellement renouvelés. Cette foi repose sur la puissance de Dieu qui a accompli pour nous une telle délivrance, et nous a purifiés. Christ a été livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification1.

1 Je rejette absolument l’interprétation: «ressuscité parce que nous avons été justifiés». Ce n’est pas la force du Grec, et cela contredit le commencement du chapitre 5 en excluant la foi de notre justification.