Psaumes

Psaume 119

La loi écrite dans le cœur et les exercices s’y rapportant

Le Ps. 119 nous présente, dans son contenu général, la loi écrite dans le cœur. Ce Psaume prend ainsi, dans la série des Psaumes, une place importante. Il se rattache aussi nettement aux souffrances d’Israël dans les derniers jours, et aux précédentes infidélités du peuple envers Dieu ; chacune de ses vingt-deux parties présente, ce me semble, une phase différente des exercices du cœur en rapport avec la loi qui y est écrite, quoique le principe général soit le même d’un bout à l’autre. Je signalerai très brièvement la portée principale de ces diverses divisions.

Ps. 119 v. 1-8 — Principe général et béatitude à marcher avec Dieu après s’être égaré

La première division nous présente naturellement le grand principe général. [119:1-3] C’est la troisième fois que nous rencontrons la déclaration de la béatitude comme manifestation du retour de l’âme dans l’épreuve et dans la détresse, à la grande vérité exprimée dans le Ps. 1 [(v. 1-2)], où l’effet en est vu sous le gouvernement immédiat de Dieu. Au Ps. 32 [(v. 1-2)], le bonheur du pardon est célébré ; ici, c’est celui que l’on goûte à marcher avec Dieu, quand on est revenu de ses égarements, en dépit de toutes les difficultés et du mépris que l’on peut rencontrer. À la vérité, il y a une autre béatitude à la fin du premier livre, où nous avons vu Christ si pleinement introduit : le Ps. 41 [(v. 1)] déclare bienheureux celui qui comprend le pauvre, qu’il s’agisse de Christ ou de ceux qui marchent sur ses traces. Le Psaume premier supposait le bonheur sous le gouvernement d’un Dieu qui prenait en main la cause des justes, mais nous savons que, de fait, cette bénédiction n’a pas été réalisée sur la terre, et c’est même ce qui a introduit une justice céleste et la rédemption. Dès lors, au Ps. 41, la vraie béatitude consiste dans le discernement et l’intelligence de la position que le Seigneur a prise comme rejeté des hommes, Lui, le vrai pauvre, se plaçant lui-même, pratiquement, dans cette condition qu’il déclare bienheureuse, comme nous le montre le sermon sur la montagne, où se trouve établie la grande vérité de la loi dans le cœur. [119:8] Ici, dans notre Psaume, nous voyons apparaître aussi les circonstances adverses dans ce cri : « Ne me délaisse pas tout à fait ! ».

Ps. 119 v. 9-16 — Connexion entre Dieu et la parole, à laquelle le cœur s’attache

Dans la deuxième division du Psaume, la parole est liée à Dieu. [119:9] Non seulement celui qui garde la parole est l’homme bienheureux, mais la parole le purifie : [119:16] le désir de son cœur est positivement fixé sur elle. Remarquez la connexion intime entre Dieu et sa parole, aux versets 10, 11.

Ps. 119 v. 17-24 — Appui du fidèle sur la miséricorde divine, dans l’épreuve

La troisième division nous présente la manière dont celui qui a la loi dans son cœur s’appuie, dans l’affliction, sur la miséricorde divine. Le fidèle Israélite regarde aux voies pleines de bonté de l’Éternel pour être conduit à garder sa parole (vers. 17). Le vers. 19 décrit l’état de ce fidèle ; le vers. 21, ainsi que nous l’avons remarqué dans tout ce livre, l’intervention de l’Éternel qui s’est fait connaître déjà par la délivrance, mais pas encore par la complète bénédiction. Les vers. 22 et 23 font voir le mépris sous lequel se trouve le résidu affligé [119:24] qui, dans cet état, a fait de la loi de l’Éternel ses délices et sa consolation.

Ps. 119 v. 25-32 — Épreuve intérieure attachant le cœur à Dieu selon Sa parole

Dans la quatrième division, l’épreuve est plus intérieure. [119:25] L’âme du fidèle est attachée à la poussière, mais il s’attend au secours de Dieu, selon sa parole ; il désire éprouver l’effet de cette eau vive qui vient de Dieu. [119:26] Il a été sincère devant Dieu ; il lui a déclaré ses voies ; il en est toujours ainsi. [119:29] Il demande que Dieu éloigne de lui la voie du mensonge : [119:31] il s’est tenu fermement à la parole et s’attend à ce que Dieu ne le rendra point honteux. [119:32] Mais il demande que son cœur soit mis au large, afin de pouvoir courir librement dans la voie des commandements de Dieu. C’est là le résultat certain de la discipline : une âme qui a pris plaisir à la volonté de Dieu et à la sainteté, souhaite encore de courir en liberté. Quoiqu’il s’agisse ici de commandements, c’est-à-dire d’un côté extérieur de la parole, c’est pourtant toujours la parole dans le cœur. Nous retrouvons la même chose chez Zacharie et Élisabeth [(Luc 1:6)], qui sont une belle expression morale du résidu. Pour le chrétien, ces choses auront un caractère plus absolu et intérieur ; ce sera plutôt la sainteté que les témoignages (quoiqu’il puisse peut-être commencer par ceux-ci) soit quand Dieu l’appelle pour la première fois, soit après la discipline ; il s’agit pour lui de « marcher dans la lumière comme Dieu est dans la lumière » [(1 Jean 1:7)] ; il ne s’agit point des ordonnances et des commandements de l’Éternel. Néanmoins, en principe, la nature de ces exercices est essentiellement la même. Faire aujourd’hui aux saints l’application directe de ce Psaume, c’est abaisser le niveau divin de leurs pensées ; mais on peut appliquer d’une manière fort instructive la nature de l’exercice moral qui y est présenté, — car la soumission et la confiance au sein de l’épreuve sont toujours convenables et bonnes, quoique les formes en soient chez le Juif tout à fait inférieures à ce qu’elles sont chez le chrétien (comparez avec ce que nous avons ici, l’épître aux Philippiens, où nous trouvons l’expérience chrétienne).

Ps. 119 v. 33-40 — Désir d’être enseigné de Dieu dans Sa loi

La cinquième division exprime le désir d’être guidé et enseigné de Dieu dans ses voies et dans l’observation de sa loi.

Ps. 119 v. 41-48 — Demande de l’aide divine pour un marche fidèle

La sixième implore la bonté et le salut de Dieu dans cette marche, afin qu’on ait du courage devant les adversaires et qu’on tienne ferme la loi de Dieu.

Ps. 119 v. 49-56 — Le fidèle compte sur la parole de Dieu, qui le soutient

Dans la septième, le fidèle, [119:50] vivifié par la parole, compte sur elle, car Dieu a fait qu’il s’y est attendu comme en Sa parole, en sorte que maintenant il s’appuie sur toutes ses déclarations. Au milieu des peines et des chagrins, quand il n’y avait au dehors rien de réjouissant pour la nature, la parole a soutenu son cœur.

Ps. 119 v. 57-64 — L’Éternel comme portion du cœur du fidèle

Cela amène la huitième division : C’est pourquoi l’Éternel est la portion du fidèle. Il l’avait recherché, [119:59] il s’était jugé et avait rebroussé chemin vers les témoignages de l’Éternel. Il comptait sur lui [119:62] et voulait le célébrer dans les veilles secrètes de la nuit, où son cœur était laissé à lui-même. [119:63] Il s’accompagnait de ceux qui le craignaient. L’Éternel illumine ses pensées [119:64] et il voit la terre remplie de sa bonté. C’est une belle peinture des mouvements du cœur.

Ps. 119 v. 65-72 — Circonstances environnant le fidèle, et sentiments qu’elles produisent

La neuvième division expose les circonstances dans lesquelles se trouve le fidèle au moment de ce Psaume. Par l’effet de la consolation dont nous l’avons vu jouir, dans la partie qui précède, il peut considérer les circonstances qui l’environnent avec l’œil et la pensée de Dieu. Aussi cette portion du Psaume met-elle, beaucoup plus que les autres, ces choses devant nous, du moins les sentiments auxquels ces circonstances donnent lieu. [119:65] L’Éternel avait déjà fait du bien à son serviteur, selon sa parole ; [119:66] et celui-ci recherche l’enseignement de Dieu, afin de bien comprendre sa pensée. [119:67] Il avait été sous la discipline ; avant de s’y être trouvé, il allait à travers champs, mais maintenant il marchait dans l’esprit et le sentier de l’obéissance. [119:69] Il voit les orgueilleux dire des mensonges contre lui, [119:70] et leur cœur épaissi comme la graisse, sans aucun lien avec Jéhovah ni dans leur état, ni dans l’esprit d’obéissance ; [119:71] et il reconnaît combien il lui est bon d’avoir été affligé, afin qu’il apprît les statuts de l’Éternel. Il n’y a pas de meilleure marque de la bonne condition de l’âme, que de voir celle-ci revenir à la volonté de Dieu, — « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? » — et considérer comme bon tout ce qui a contribué à l’amener à cet état : elle donne à la volonté de Dieu, comme autorité et moralement, la place qui lui appartient dans le cœur.

Ps. 119 v. 73-80 — L’Éternel créateur du fidèle, et Sa fidélité qui l’afflige

La dixième division renferme deux pensées principales. [119:73] L’Éternel est le Créateur du fidèle, Celui qui l’a formé ; ce dernier regarde à Lui pour qu’il dirige sa pauvre créature, comme un fidèle Créateur. [119:74] Ceux qui craignent l’Éternel se réjouiront, quand ils le verront, parce qu’il s’est attendu à sa parole. [119:75] En second lieu, il connaît que c’est dans sa fidélité même que l’Éternel l’a affligé, [119:77] et il attend que ses compassions viennent sur lui, [119:78] que les orgueilleux soient couverts de honte [119:79] et que ceux qui craignent l’Éternel reviennent à lui. [119:80] Tout cela se rattache à l’intégrité du cœur dans les statuts de l’Éternel.

Ps. 119 v. 81-88 — Cri pressant du fidèle pressé par l’épreuve

Le cri devient plus pressant dans la onzième division. Le fidèle est sous la pression de l’épreuve, [119:81] son âme se consume en attendant la délivrance ; — [119:84] en attendant que l’Éternel exécute le jugement ; [119:87] car il marche dans ses préceptes. [119:85-86] Les orgueilleux le persécutent, sans cause : ils ne tiennent point compte de l’Éternel, ni de sa loi.

Ps. 119 v. 89-96 — Fidélité de Dieu dans la création et envers le fidèle qui Lui appartient

Dans la douzième division, la création rend témoignage à la fidélité permanente de Dieu. [119:89] Sa parole est établie dans les cieux où rien ne peut l’atteindre ni l’ébranler. [119:92] N’eût été la loi de l’Éternel qui avait soutenu son cœur, le fidèle eût péri sous le poids de l’affliction. Combien il est précieux de posséder la Parole dans un monde pareil ! Nous avons plus que des commandements, [119:96] mais nous pouvons dire : « J’ai vu la fin de toute perfection ». [119:94] Et une autre pensée plus rassurante surgit de tout cet exercice du cœur : « Je suis à toi ! ».

Ps. 119 v. 97-104 — Délices du fidèle dans la loi de Dieu, et résultats pour lui

Dans la treizième division, le fidèle exprime les délices qu’il prend intérieurement dans la loi de l’Éternel, et l’effet qu’il en retire, en intelligence spirituelle.

Ps. 119 v. 105-112 — Marche dirigée par la loi, malgré l’adversité

[119:105] Dans la quatorzième division, la loi le dirige dans sa marche. [119:107] Affligé et opprimé, il attend sa consolation de Celui dont il a pris les jugements pour sentier, [119:110] en dépit des méchants et de leurs pièges.

Ps. 119 v. 113-120 — Dieu appui et asile du fidèle contre les méchants

[119:113] La quinzième division nous dit l’horreur que le fidèle éprouve pour ceux qui sont doubles de cœur, [119:114] et comment il regarde à Dieu comme son asile, [119:115] et rejette les méchants. [119:116] Il compte sur l’appui de l’Éternel pour ne pas être confus dans son espérance, [119:119-120] et il considère avec une solennelle frayeur le jugement assuré des méchants.

Ps. 119 v. 121-128 — Insistance pour que l’Éternel intervienne en délivrance

Dans la seizième division, le fidèle insiste plus vivement pour que l’Éternel intervienne en vue de la délivrance. [119:126] La manière dont les méchants ont annulé la loi [119:127] ne fait que le porter, lui, à s’y attacher plus étroitement. [119:126] Il est temps que l’Éternel agisse.

Ps. 119 v. 129-168 — Effets de l’attachement du fidèle à la loi

Toutes les divisions qui suivent manifestent les effets de ce fort attachement à la loi et aux témoignages de l’Éternel, la valeur de la loi, sous tous les rapports, pour le cœur du fidèle. Nous y voyons l’épreuve sous laquelle il était encore dans ce sentier de la justice, comment il voulait marcher dans les voies de l’Éternel lorsqu’il serait délivré, et sa profonde douleur quant aux transgresseurs. Il demande à être enseigné, vivifié, gardé, [119:152] et rappelle le caractère éternel des témoignages de Dieu ; [119:157] en sorte qu’il demeure ferme, quoique opprimé par les méchants.

Ps. 119 v. 169-176 — État moral d’Israël craignant Dieu à la fin

La dernière division, la partie finale, est d’un caractère plus général, quoique dans le même esprit que les autres ; elle est, pour ainsi dire, le résumé de tout le Psaume. [119:169-170] Le fidèle exprime le désir que le cri de l’opprimé, qui prenait ses délices dans la loi, monte devant l’Éternel ; il demande l’intelligence et la délivrance selon sa parole ; [119:171] et il déclare que ses lèvres publieront sa louange, quand il lui aura enseigné ses statuts : [119:172] sa langue s’entretiendra de sa parole ; il a le sentiment de la justice de ses commandements ; [119:173] il attend que sa main lui soit en secours, parce qu’il a choisi ses préceptes. [119:174] Il avait ardemment désiré le salut de l’Éternel (il n’avait point mis sa confiance en l’homme) ; la loi de Jéhovah avait été ses délices, — non point sa volonté, ni les voies de l’homme prospère. [119:175] Il demande de vivre afin de célébrer les louanges de l’Éternel, et que ses ordonnances lui soient en aide ; car il a devant lui la puissance de la mort et du mal. [119:176] Enfin il reconnaît qu’il s’était égaré et s’attend au Berger d’Israël, pour le chercher, car il n’avait point mis en oubli ses commandements. Tel est l’état moral d’Israël dans les derniers jours, lorsque de retour dans son pays, la loi est écrite dans son cœur, mais que la pleine délivrance et la bénédiction finale ne sont pas encore venues. De fait, ce Psaume développe l’état moral du cœur de ceux qui craignent Dieu dans les circonstances prophétiquement introduites par le Ps. 118.