Matthieu

Chapitre 19

Ch. 19 v. 1-15 — Le mariage selon Dieu

Ce chapitre poursuit le sujet de l’esprit qui convient au royaume des cieux, et pénètre profondément dans les principes qui gouvernent la nature humaine, et dans ce qui était alors introduit divinement. [19:1] Le Seigneur s’est rapproché de la Judée ; [19:3] et une question des pharisiens donne lieu à l’exposition de sa doctrine sur le mariage. [19:8] Abandonnant la loi donnée à cause de la dureté de leurs coeurs, il remonte1 à l’institution de Dieu, [19:4-6] d’après laquelle un seul homme et une seule femme devaient s’allier pour n’être qu’un aux yeux de Dieu. [19:6] Il établit ou rétablit plutôt le vrai caractère du lien indissoluble du mariage. [19:9] Je dis indissoluble, car l’exception pour le cas de l’infidélité n’en est pas une ; la personne coupable ayant déjà rompu le lien. Ce n’était plus l’homme et la femme devenus une seule chair. [19:11] En même temps, si Dieu en donnait la force spirituelle, il valait encore mieux rester seul (vers. 10-12).

1 Le rapport est marqué ici entre la nouvelle chose et la nature, comme Dieu l’avait formé à l’origine, passant par-dessus la loi, envisagée comme quelque chose d’intermédiaire seulement. C’était une nouvelle puissance, parce que le péché avait paru, mais la création de Dieu est reconnue, tout en montrant l’état du coeur qui n’admet pas sa faiblesse. Le péché a corrompu ce que Dieu avait créé bon. La puissance de l’Esprit de Dieu, qui nous a été donnée par la rédemption, place l’homme et son sentier absolument en dehors de tout l’état de la chair, et introduit une nouvelle puissance divine, par laquelle l’homme marche dans ce monde, à l’exemple de Christ. Mais, avec cela, il y a la plus complète sanction de ce que Dieu lui-même a établi à l’origine. Cela est bon, quoiqu’il puisse y avoir quelque chose de meilleur. [19:8] Elle est très frappante, la manière dont la loi est mise de côté pour revenir à l’institution primitive de Dieu, la puissance spirituelle ne retirant pas entièrement le coeur de toute la scène, bien qu’il y marchât. Le Seigneur reconnaît, dans le mariage, l’enfant, le caractère du jeune homme, ce qui est de Dieu et ce qui est aimable dans la nature. Mais l’état du coeur de l’homme est sondé. Cela ne dépend pas du caractère, mais des motifs, et est pleinement mis à l’épreuve par Christ (il y a un complet changement dispensationnel, car des richesses étaient promises à un Juif fidèle), et par un Christ rejeté — le chemin du ciel — toute chose et l’épreuve de toute chose, c’est-à-dire du coeur de l’homme.

Dieu a fait l’homme droit [(Ecc. 7:29)] avec certaines relations de famille. Le péché a complètement corrompu cette vieille ou première création de l’homme. La venue du Saint Esprit a apporté une puissance qui, dans le second Homme, nous transporte de la vieille création dans la nouvelle et nous donne les choses célestes — seulement, ce n’est pas encore quant au vaisseau, le corps ; mais cela ne peut renier, ni condamner ce que Dieu a créé au commencement.

C’est impossible. [19:4] Au commencement, Dieu les a faits. Quand nous arrivons à l’état céleste, tout cela disparaît, mais non les fruits qui en proviennent par grâce. Si un homme, par la puissance du Saint Esprit, a le don de le faire et reste entièrement céleste, tant mieux ; mais il est absolument mauvais de parler contre les relations que Dieu a créées à l’origine, ou de les condamner, ou d’amoindrir, ou de dénigrer l’autorité que Dieu y a rattachée. Si un homme peut vivre saintement au-dessus et en dehors de ces relations, pour servir Christ, c’est très bien, mais cela est rare et exceptionnel.

Ch. 19 v. 13-15 — L’affection du Seigneur pour les petits enfants

[19:14] Le Seigneur renouvelle alors ses instructions à l’égard des enfants, en témoignant son affection pour eux : il le fait ici, il me semble, plutôt en le rattachant à l’absence de tout ce qui lie au monde, à ses distractions, et à ses convoitises, et en reconnaissant ce qui est aimable, confiant, et extérieurement pur dans la nature ; tandis que, dans le chap. 18, il s’agissait du caractère intrinsèque du royaume.

Ch. 19 v. 16-26 — Le jeune homme riche

[19:21] Après cela, Jésus montre (en rapport avec l’introduction du royaume dans sa personne) la nature du dévouement absolu et du complet sacrifice de tout pour le suivre, si vraiment on ne cherche qu’à plaire à Dieu. [19:22] L’esprit du monde, les passions charnelles et les richesses, sont en tout point opposées à cet esprit-là. La loi de Moïse mettait un frein à ces passions, sans doute ; mais elle les suppose et les supporte sous quelques rapports. [19:14] Selon la gloire du monde, l’enfant n’avait aucun prix. Quelle puissance pouvait-il avoir dans cette gloire ? Il est précieux aux yeux du Seigneur.

La loi promettait la vie à celui qui l’observait [(Lév. 18:5)]. [19:18] Le Seigneur la rend simple et pratique dans ses exigences, ou plutôt rappelle ces exigences dans leur vraie simplicité. Les richesses n’étaient pas défendues par la loi ; c’est-à-dire, bien qu’elle maintînt les obligations morales entre hommes, ce qui liait le coeur au monde n’était pas jugé par elle. Selon le gouvernement de Dieu, la prospérité se rattachait à l’obéissance à la loi, car elle supposait le monde et que l’homme y était vivant, et elle l’y éprouvait. [19:21] Christ reconnaît cela ; mais les motifs du coeur sont éprouvés. La loi était spirituelle [(Rom. 7:14)], et le Fils de Dieu était là. Nous retrouvons ce que nous avons déjà vu, c’est-à-dire l’homme mis à l’épreuve et Dieu révélé. Tout dans la nature de la loi est intrinsèque et éternel, car Dieu est déjà révélé. [19:21] Christ juge tout ce qui corrompt le coeur, agit sur son égoïsme et le sépare ainsi de Dieu. « Vends ce que tu as », dit-il, « et suis-moi ». [19:22] Hélas ! le jeune homme ne pouvait renoncer à ses possessions, à ses aises, à lui-même. [19:23] Et Jésus ajoute : « Un riche entrera difficilement dans le royaume des cieux ». Cela était évident : c’était le royaume de Dieu, le royaume des cieux ; le moi, le monde n’y avaient point de place. [19:25] Les disciples, ne comprenant pas qu’il n’y a pas de bien dans l’homme, s’étonnaient qu’un homme si favorisé et si bien disposé fût encore éloigné du salut. Qui donc pourrait réussir ? [19:26] Alors, toute la vérité se révèle : c’est impossible aux hommes ; ils ne peuvent vaincre les convoitises de la chair. Moralement, elles sont l’homme lui-même quant à sa volonté et à ses affections. On ne peut blanchir un nègre, ni enlever au léopard ses taches [(Jér. 13:23)] : ce qu’ils font voir est dans leur nature. Mais pour Dieu, que son nom en soit béni, tout est possible.

Ch. 19 v. 27 à 20 v. 16 — La libre récompense de la grâce divine

[19:27] Ces instructions à l’égard des richesses poussent Pierre à demander quelle serait la portion de ceux qui avaient renoncé à tout. [19:28] Nous sommes ramenés ainsi à la gloire du chapitre 17. Il y aura une régénération ; l’état de choses sera entièrement renouvelé sous la domination du Fils de l’homme. Dans ce temps-là, les disciples seront assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d’Israël, ils auront la première place dans l’administration du royaume terrestre. [19:29] Au reste, chacun aura la sienne ; car, quelles que soient les choses auxquelles on ait renoncé pour l’amour de Jésus, on en recevra le centuple et la vie éternelle. [19:30] La décision, d’ailleurs, n’en sera pas établie sur les apparences, ni d’après la place que les hommes occupent dans le vieux système et devant les hommes ; plusieurs qui sont les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers. Il était à craindre, en effet, que le coeur charnel de l’homme ne prît un tel encouragement, présenté sous forme de récompense pour tout son travail et pour tous ses sacrifices, dans un esprit mercenaire, et cherchât à faire de Dieu son débiteur. [20:1] C’est pourquoi, dans la parabole par laquelle le Seigneur continue son discours (chap. 20), [20:15] il établit clairement le principe de la grâce et de la souveraineté de Dieu dans ce qu’il donne, et d’une manière distincte envers ceux qu’il appelle. Le Seigneur fait dépendre de son appel et de sa grâce ses dons à ceux qu’il introduit dans sa vigne.

[19:28] On peut remarquer que, lorsqu’il répond à Pierre, c’était la conséquence d’avoir, sur l’appel de Christ, tout quitté pour Lui. Le motif en était Christ lui-même ; c’est pourquoi il dit : « Vous qui m’avez suivi ». [19:29] Il parle de ceux qui ont tout quitté pour l’amour de son nom. Voilà le motif ! La récompense est un encouragement, lorsque nous sommes déjà dans le chemin pour l’amour de Christ. Quand il est question de récompense dans le Nouveau Testament1, il en est toujours ainsi. [20:6-7] Celui qui a été appelé à la onzième heure dépendait de cet appel pour entrer dans le travail ; [20:14] et si son maître, dans sa bonté, a voulu lui donner autant qu’aux autres, ceux-ci auraient dû s’en réjouir. [20:13] Ils s’en tiennent à la justice ; ils ont reçu ce dont il était convenu avec eux ; le dernier jouissait de la grâce de son maître. [20:4] Il fait remarquer qu’ils acceptent le principe de la grâce, de la confiance en cette grâce. « Je vous donnerai ce qui sera juste ». Le grand point de la parabole, c’est cela — la confiance en la grâce du maître de la vigne, et la grâce comme point de départ de leur action. Mais qui le comprenait ? Un Paul pouvait entrer tard dans l’oeuvre, Dieu l’ayant appelé alors, et être néanmoins un témoignage plus puissant à la grâce que les ouvriers qui travaillaient depuis l’aube du jour de l’Évangile.

1 En effet, la récompense, dans l’Écriture, est toujours un encouragement à ceux qui sont dans l’affliction et la souffrance pour être entrés par des motifs plus élevés dans le chemin de Dieu. Il en était ainsi de Moïse [(Héb. 11:25-26)], de Christ même, dont les motifs se trouvaient dans un amour parfait, nous le savons, et cependant, à cause de la joie qui était devant Lui, il a enduré la croix, ayant méprisé la honte [(Héb. 12:2)]. Il était (archêgos kai teleiôtés) dans le sentier de la foi.

Ch.20 v. 17-24 — Jésus fait partager aux siens la souffrance ; tout le reste est dispensé par le Père

Le Seigneur poursuit son sujet avec ses disciples. [20:17] Il monte à Jérusalem, où le Messie aurait dû être reçu et couronné, [20:18-19] pour être rejeté et mis à mort, mais pour ressusciter ensuite ; [20:21] et quand les fils de Zébédée viennent lui demander les deux premières places dans le royaume, [20:22] il leur répond qu’il peut les conduire aux souffrances, [20:23] mais que, quant à ces premières places, il ne peut les accorder (selon les conseils du Père) qu’à ceux pour qui le Père les a préparées. Merveilleux renoncement à soi-même ! Il travaille pour le Père, pour nous. Il ne dispose de rien. Il peut donner à ceux qui le suivront une part dans ses souffrances : toutes les autres choses seront données selon les conseils du Père. Mais quelle gloire réelle pour Christ et quelle perfection en Lui, et quel privilège pour nous de n’avoir que ce motif et de partager les souffrances du Seigneur ! Et quelle purification de nos coeurs charnels nous est ici proposée, en ne nous faisant agir que pour un Christ souffrant, partageant sa croix et nous remettant à Dieu pour la récompense.

Ch. 20 v. 25-28 — L’esprit de Christ : service, abaissement et dévouement pour les autres

[20:26] Le Seigneur saisit alors cette occasion pour expliquer les sentiments qui conviennent à ceux qui le suivent [20:28] et dont ils avaient vu la perfection en Lui. [20:25] Dans le monde, on cherchait l’autorité ; [20:26] mais l’esprit de Christ était un esprit de service qui faisait choisir la dernière place et montrer un dévouement absolu aux autres. Beaux et parfaits principes, dont la perfection a été manifestée en Christ dans toute sa splendeur ! [20:27] Tout abandonner, afin de dépendre avec confiance de la grâce de Celui que nous servons ; et, comme conséquence, l’empressement à prendre la dernière place, étant ainsi le serviteur de tous — voilà ce qui devrait être l’esprit de ceux qui ont part au royaume, tel que l’a établi maintenant le Seigneur rejeté. C’est ce qui convient à ceux qui le suivent1.

1 Remarquez la manière dont les fils de Zébédée et leur mère recherchent la première place au moment même où le Seigneur se dispose à prendre la dernière, sans réserve. Que d’exemples pareils ne voyons-nous pas, hélas ! Cela sert à montrer la manière absolue dont le Seigneur s’est dépouillé de tout. Voici les principes du royaume céleste : abnégation parfaite, contentement dans le dévouement complet ; c’est le fruit de l’amour qui ne recherche pas son bien propre — condescendance qui découle de ce qu’on ne se recherche pas ; soumission lorsqu’on est méprisé, douceur et humilité de coeur. L’amour produit en même temps et l’esprit de service envers les autres, et l’humilité qui est contente de cette position. Le Seigneur a accompli cela jusqu’à la mort, donnant sa vie en rançon pour plusieurs [(Phil. 2:7-8)].

Ch. 20 v. 29-34 — Les aveugles de Jéricho

Cette partie de l’évangile se termine à la fin du v. 28 de notre chapitre, et alors commencent les dernières scènes de la vie de notre adorable Sauveur. [20:29] Au v. 291, commence sa dernière présentation à Israël, comme Fils de David, l’Éternel, le vrai Roi d’Israël, le Messie. Il commence, à cet égard, sa carrière à Jéricho, lieu où Josué est entré dans le pays — lieu où la malédiction a reposé si longtemps. [20:34] Il ouvre les yeux aveugles de son peuple, [20:33] qui croient en Lui, et le reçoivent comme Messie, car il l’était réellement, tout rejeté qu’il fût. [20:31] Les aveugles le saluent comme Fils de David, [20:34] et il répond à leur foi en leur ouvrant les yeux. Ils le suivent — figure du vrai résidu de son peuple qui l’attendra.

1 Le cas de l’aveugle de Jéricho marque, dans les trois premiers évangiles, le commencement des circonstances finales de la vie de Christ, lesquelles conduisaient à la croix ; le contenu général et les enseignements de chacun d’eux étant terminés. [20:30] Dès lors, il est présenté comme Fils de David, étant comme tel la dernière présentation de lui-même à ce peuple, le témoignage de Dieu Lui étant rendu sous ce titre.