Matthieu

Chapitre 14

Ch.14 v. 1-12 — Hérode fait décapiter Jean le baptiseur

Ici notre évangile reprend la suite historique de ces révélations, mais de manière à faire ressortir l’esprit qui animait le peuple. [14:10] Hérode ([14:9] aimant sa puissance terrestre et sa propre gloire plus que la soumission au témoignage de Dieu, et lié par une fausse pensée humaine plus que par sa conscience, quoiqu’il semble avoir reconnu en bien des choses la force de la vérité) avait décapité le précurseur du Messie, Jean le baptiseur, [14:3] qu’il avait déjà mis en prison, afin d’éloigner de la vue de sa femme [14:4] celui qui avait repris fidèlement le péché dans lequel elle vivait.

Ch. 14 v. 13-21 — La multiplication des pains

[14:12] Jésus est sensible à la portée de cet acte qui Lui est rapporté. Accomplissant conjointement avec Jean, dans un humble service (quelque élevé qu’Il fût au-dessus de lui personnellement) le témoignage de Dieu dans la congrégation, il se sentait lié avec Jean, de coeur et dans son oeuvre, car la fidélité au milieu du mal unit étroitement les coeurs ; et Jésus avait daigné prendre une place où il s’agissait de fidélité (voyez Ps. 9:9-10). [14:13] Apprenant la mort de Jean, il se retire dans un lieu désert ; mais tout en s’éloignant de la multitude d’Israël, qui commençait ainsi à agir ouvertement dans le rejet du témoignage de Dieu, [14:14] Jésus ne cesse pas d’être le soutien de tous les besoins de cette multitude, et de rendre ainsi témoignage que Celui qui pouvait pourvoir directement à ses besoins était là au milieu d’elle. [14:13] Car la foule qui sentait ces besoins et qui, si elle n’avait pas la foi, admirait cependant la puissance de Jésus, le suit dans le désert ; [14:14] et Jésus, touché de compassion, guérit tous leurs malades. [14:15] Le soir, ses disciples l’engagent à renvoyer la multitude pour qu’elle se pourvoie de vivres. [14:16] Il s’y refuse, [14:19] et rend un témoignage remarquable à la présence, en sa personne, de Celui qui devait rassasier de pain les pauvres de son peuple (Ps. 132). Jéhovah le Sauveur, qui établissait le trône de David, était là dans la personne de Celui qui devait hériter ce trône (v. 13-21). [14:20] Je ne doute pas que les douze paniers de restes des morceaux ne se rapporte au nombre qui désigne toujours dans les Écritures la perfection de la puissance administrative dans l’homme.

[14:16] Il est à remarquer aussi que le Seigneur s’attend à ce que ses douze disciples soient capables de servir d’instruments pour accomplir ses actes de bénédiction et de puissance, en administrant selon sa puissance les bénédictions du royaume. « Vous, donnez-leur à manger », dit-il (v. 16). Ceci a trait à la bénédiction du royaume de l’Éternel et aux disciples de Jésus, les douze, comme en étant les ministres ; mais il y a également un principe de toute importance quant à l’effet de la foi à toute intervention de Dieu en grâce. La foi devrait pouvoir user de la puissance qui opère dans une telle intervention, pour produire les oeuvres qui sont propres à cette puissance selon l’ordre de cette dispensation et de l’intelligence que la foi en a. Nous retrouverons ailleurs ce principe plus pleinement développé.

[14:15] Les disciples voulaient renvoyer la foule, ne sachant pas se servir de la puissance de Christ. Ils auraient dû savoir en user en faveur d’Israël, selon la gloire de Celui qui se trouvait au milieu d’eux.

Si maintenant le Seigneur démontrait avec une patience parfaite, par ses actes, que Celui qui pouvait ainsi bénir Israël était au milieu de son peuple, il ne rendait pas moins témoignage qu’il était séparé de ce peuple, à cause de son incrédulité. [14:22] Jésus fait monter ses disciples dans une nacelle pour leur faire traverser la mer, seuls ; [14:23] et renvoyant lui-même la foule, il monte sur une montagne à l’écart, pour prier, [14:24] pendant que la nacelle où sont les disciples est ballottée sur les flots de la mer, agitée par un vent contraire : tableau vivant de ce qui est arrivé. Dieu, en effet, a envoyé les siens traverser seuls la mer orageuse du monde, rencontrant une opposition contre laquelle il est dur de lutter. [14:23] Pendant ce temps, Jésus prie seul en haut. Il a renvoyé le peuple juif qui l’avait entouré pendant la période de sa présence ici-bas.

Ch. 14 v. 22-31 — Les disciples dans la nacelle ; la marche sur les eaux

[14:22] Outre son caractère général, le départ des disciples nous présente particulièrement le résidu juif. [14:29] Pierre, individuellement, sortant de la nacelle, dépasse en figure la position de ce résidu. Il présente cette foi qui, abandonnant la commodité terrestre de la nacelle, va à la rencontre de Jésus, qui s’est révélé à elle. Pierre marche sur la mer — entreprise hardie, mais basée sur la parole de Jésus : « Viens » (v. 29). [14:28] Mais remarquez que cette marche de Pierre n’a d’autre fondement que ces mots : « Si c’est Toi » (v. 28), c’est-à-dire Jésus lui-même. Il n’y a aucun appui, aucune possibilité de marcher, si l’on perd Christ de vue. Tout dépend de Lui. Il y a dans la nacelle un moyen connu pour arriver : [14:29] la foi seule qui regarde à Jésus peut marcher sur les eaux. [14:30] L’homme, en tant qu’homme, enfonce par le fait même qu’il est dans une pareille position. [14:29] Nul ne peut se soutenir sur les eaux, sauf par la foi qui puise en Jésus la force qui est en Lui et l’imite. Mais il est doux d’imiter Jésus ; et l’on est alors plus près de Lui, plus semblable à Lui. C’est la vraie position de l’Église, en contraste avec le résidu dans son caractère ordinaire. [14:25] Jésus marche sur l’eau comme sur la terre ferme. Lui qui a créé les éléments tels qu’ils sont, peut bien disposer de leurs qualités à son gré. Il permet les orages pour éprouver notre foi. Il marche sur les flots soulevés comme dans le calme. D’ailleurs l’orage ne change rien. Celui qui enfonce dans les eaux, enfoncera par le calme comme dans l’orage, et celui qui peut marcher sur les eaux, y marchera dans l’orage comme par le calme — [14:30] mais dès que l’on regarde aux circonstances, la foi manque et le Seigneur est oublié. Souvent, en effet, les circonstances nous font oublier Jésus, là où la foi en Celui qui est au-dessus de toutes choses devrait nous rendre capables de les dominer.

[14:31] Cependant, Dieu en soit loué, Celui qui, par sa propre puissance, marche sur les eaux est là pour soutenir la foi et les pas chancelants du pauvre disciple ; quoi qu’il en soit, cette foi avait amené Pierre si près de Jésus que celui-ci lui tend la main et le soutient. [14:30] La faute de Pierre était qu’il regardait aux flots, à l’orage (qui n’importait nullement, après tout), au lieu de regarder à Jésus, qui n’avait pas changé, [14:25] et marchait sur les flots mêmes, ce que la foi de Pierre aurait dû remarquer. [14:30] Toutefois, le cri de sa détresse met en activité la puissance de Jésus, comme la foi de Pierre aurait dû le faire ; seulement c’était à sa honte, au lieu qu’il fût dans la jouissance de la communion du Seigneur et marchant comme Lui.

Ch. 14 v. 32-36 — Le retour de Jésus pour le résidu

[14:32] Jésus étant monté dans la nacelle, le vent cesse. Il en sera ainsi lorsque le Seigneur rejoindra le résidu de son peuple dans ce monde. [14:33] Alors aussi il sera adoré comme Fils de Dieu par tous ceux qui sont dans la barque avec le résidu d’Israël. [14:36] À Génézareth, Jésus exerce de nouveau la puissance qui plus tard chassera de la terre tout le mal que Satan y a fait. [14:35] Car quand il reviendra, le monde le reconnaîtra. Ceci est un beau tableau du résultat du rejet de Christ, que l’évangile de Matthieu nous a déjà fait connaître comme devant arriver au milieu du peuple juif.