Matthieu

Chapitre 4

Ch. 4 v. 1-10 — La tentation de Jésus au désert — son obéissance et sa confiance parfaites en son Dieu

Jésus éprouvé dans sa relation de dépendance envers Dieu

[4:1] Ayant ainsi pris en grâce sa position comme homme sur la terre, Jésus commence sa carrière terrestre, étant conduit par l’Esprit au désert pour être tenté par le diable. L’homme juste et saint, le Fils de Dieu, jouissant comme tel de tous les privilèges qui Lui sont propres, doit subir le jugement de ces ruses par lesquelles le premier Adam est tombé. Son état spirituel est mis à l’épreuve. Il ne s’agit pas ici d’un homme innocent, jouissant de toutes les bénédictions naturelles de Dieu, et mis à l’épreuve au milieu de ces bénédictions qui auraient dû lui rappeler Dieu. Christ, près de Dieu comme son Fils bien-aimé, mais au milieu de l’épreuve ayant la connaissance du bien et du mal, et, pour ce qui est des circonstances extérieures, étant descendu au milieu de l’état de chute de l’homme, Christ doit avoir sa fidélité à cette position pleinement mise à l’épreuve quant à sa parfaite obéissance. Il devait pour s’y maintenir ne pas avoir d’autre volonté que celle de son Père, et accomplir cette volonté ou la subir, quelles qu’en fussent les conséquences pour lui-même. Il devait l’accomplir au milieu de toutes les difficultés, de toutes les privations, et dans l’isolement au désert où se trouvait la puissance de Satan. Toutes ces choses pouvaient l’engager à suivre un chemin plus doux que celui qui seul serait à la gloire de son Père. Il devait renoncer à tous les droits qui appartenaient à sa Personne, sauf à les recevoir de Dieu et à les Lui abandonner dans une confiance parfaite.

[4:3] L’ennemi faisait tous ses efforts pour engager Christ à user de ses privilèges — « si tu es Fils de Dieu » — pour son propre soulagement, en dehors du commandement de Dieu et en évitant les souffrances qui accompagneraient l’accomplissement de cette volonté. Mais c’était pour l’amener à faire sa propre volonté et non celle de Dieu.

[4:2] Jésus, jouissant dans sa propre personne et dans sa relation avec Dieu, de la pleine faveur de Dieu, comme Fils de Dieu, de la clarté de sa face, va passer quarante jours dans le désert pour être aux prises avec l’ennemi. Il n’est pas éloigné de l’homme et de toute communication avec l’homme et les choses humaines, pour être avec Dieu, comme Moïse et Élie. [4:1] Déjà pleinement avec Dieu, il est séparé des hommes par la puissance du Saint Esprit pour être seul dans sa lutte avec l’ennemi. Dans le cas de Moïse, c’était l’homme en dehors de son état naturel, pour être avec Dieu [(Ex. 34:28)]. Dans le cas de Jésus, il en est ainsi pour être avec l’ennemi : être avec Dieu était sa position naturelle.

Ch. 4 v. 3-4 : Première tentation

[4:3] L’ennemi tente Jésus d’abord en l’engageant à satisfaire aux besoins de son corps, et, au lieu de s’attendre à Dieu, à employer, d’après sa propre volonté et pour lui-même, la puissance dont il était doué. [4:4] Or si Israël a été nourri de la manne de la part de Dieu dans le désert, le Fils de Dieu, quelle que soit sa puissance, agira selon ce qu’Israël aurait dû apprendre en recevant cette manne, savoir que « l’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ».

L’obéissance de Jésus à la volonté de Dieu et à la Parole

L’homme, le Juif obéissant, le Fils de Dieu s’attendait à cette parole, et ne faisait rien sans elle. Il n’était pas venu pour faire sa volonté, mais la volonté de Celui qui l’avait envoyé [(Jean 6:38)]. C’est là le principe qui caractérise l’Esprit de Christ dans les Psaumes. Aucune délivrance n’est acceptée sinon l’intervention de Jéhovah quand il le trouve bon. C’est la patience parfaite, afin d’être parfait et accompli dans toute la volonté de Dieu. Il ne pouvait se trouver aucun désir coupable en Christ ; mais avoir faim n’était pas pécher ; c’était pourtant un besoin humain, quel mal y avait-il donc à manger quand on avait faim ? Il n’y avait pas de volonté de Dieu à le faire, et c’était cette volonté, d’après la parole, que Jésus était venu accomplir. La suggestion de Satan était : « Si tu es Fils de Dieu, commande », mais il avait pris la place du serviteur, et ce n’était certes pas celle du commandement : Satan cherchait à faire sortir le Seigneur de la place de l’obéissance et du service parfaits, de la place de serviteur.

Remarquez ici l’importance que l’Écriture a et le caractère de l’obéissance de Christ. Pour cette obéissance, la volonté de Dieu n’était pas simplement une règle, c’était le seul mobile d’action. Notre volonté est souvent arrêtée par la Parole. Il n’en était pas ainsi de Christ. La volonté de son Père était son mobile : il agissait non seulement selon la volonté de Dieu, mais parce qu’elle était la volonté de Dieu. Nous nous plaisons à voir un enfant qui, courant à quelque chose qu’il aime, s’arrêterait et ferait joyeusement la volonté de ses parents, quand il y serait appelé. Mais Christ n’a jamais obéi ainsi, il n’a jamais cherché sa propre volonté, mais s’en est tenu à celle de son Père. Et nous sommes sanctifiés pour l’obéissance de Christ. Notez encore que l’Écriture était ce dont il vivait et ce qui le faisait vaincre. Ici, tout dépendait de la victoire de Christ, comme tout dépendit de la chute d’Adam. Mais pour Christ, une parole, bien employée naturellement, suffisait. Il n’en cherchait pas d’autre que l’obéissance. Cela suffit pour Satan, il n’a rien à redire. Ses ruses sont ainsi déjouées.

Le premier principe du triomphe, c’est l’obéissance simple et absolue qui vit de toute parole sortant de la bouche de Dieu. Le second, c’est la confiance parfaite dans le sentier de l’obéissance.

Ch. 4 v. 5-7 : Seconde tentation

[4:5] En second lieu, l’ennemi place Jésus sur le faîte du temple [4:6] pour l’engager à s’appliquer les promesses faites au Messie, sans se tenir dans les voies de Dieu. L’homme fidèle assurément doit compter sur le secours de Dieu en marchant dans ses voies. L’ennemi veut que le Fils de l’homme mette Dieu à l’épreuve (au lieu de compter sur Lui en demeurant dans ses voies), pour savoir si l’on peut compter sur Lui. Cela aurait été un manque de confiance en Dieu et pas de l’obéissance ; ou de l’orgueil qui se flatte de ses privilèges, au lieu de compter sur Dieu dans l’obéissance1. [4:7] Prenant sa place avec Israël dans la condition où il se trouvait sans roi dans le pays, et rappelant les directions qui lui étaient données dans ce livre pour le guider au chemin de Dieu, lequel y était enseigné, Jésus emploie, pour sa propre conduite, cette partie de la Parole qui contient le commandement divin à ce sujet : « Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu » ; passage souvent cité comme s’il défendait un excès de confiance en Dieu, tandis qu’il signifie qu’il ne faut pas se défier, mais essayer s’il est fidèle. Le peuple tentait Dieu en disant : « Dieu est-il vraiment au milieu de nous ? » [(Ex. 17:7)] Voilà ce que Satan voulait obtenir du Seigneur.

1 Nous avons besoin de confiance pour avoir le courage d’obéir ; mais la vraie confiance se trouve sur le chemin de l’obéissance. Satan peut se servir de la Parole avec ruse, mais il n’en peut détourner Christ le Seigneur. Christ peut encore l’employer comme l’arme divine suffisante, et Satan n’a point de réplique. Interdire l’obéissance aurait été se montrer soi-même Satan. Quant à la place où se trouvait le Seigneur d’une manière dispensationnelle, nous pouvons remarquer qu’il cite toujours d’après Deutéronome.

Ch. 4 v. 8-10 : Troisième tentation

[4:8] L’ennemi, ne réussissant pas à tromper ce coeur obéissant, même en se cachant sous l’emploi de la parole de Dieu, se montre dans son vrai caractère en engageant pour la troisième fois le Seigneur à s’épargner toutes les souffrances qui l’attendaient, Lui montrant l’héritage du Fils de l’homme sur la terre, héritage qui devait Lui appartenir quand il y serait parvenu au travers de toutes ces voies, pénibles, mais nécessaires à la gloire du Père, et que le Père avait tracées pour Lui. [4:9] Tout serait à Lui, s’il reconnaissait Satan, le dieu de ce monde, en lui rendant hommage. C’était, en effet, ce que les rois de la terre avaient fait seulement pour une partie de ces choses ; combien souvent on les fait pour une futile vanité ! mais Lui, il les aurait toutes. Mais si Jésus devait hériter la gloire terrestre (comme toute autre), le but de son coeur était Dieu lui-même, son Père, pour le glorifier. Quel que fût le prix du don, c’était comme don du Donateur que son coeur l’appréciait. Au reste, il prenait la place d’un homme éprouvé et d’un fidèle Israélite ; et quelle que fût l’épreuve de la patience où le péché du peuple l’avait placé, dût l’épreuve être grande, il ne servirait que son Dieu seul.

[4:10] Or si le diable pousse la tentation, le péché, jusqu’au bout, et se montre l’Adversaire (Satan), le fidèle a le droit de le chasser. S’il vient comme tentateur, le fidèle doit lui répondre par la fidélité à la Parole, guide parfait de l’homme, selon la volonté de Dieu. Il n’est pas nécessaire qu’il pénètre tout. La Parole est la Parole de Celui qui agit, et en la suivant, on marche selon une sagesse qui connaît tout, et dans un sentier formé par cette sagesse et qui conséquemment implique une confiance absolue en Dieu. Les deux premières tentations étaient de ruses du diable, la troisième, une hostilité ouverte contre Dieu. S’il vient comme adversaire avoué de Dieu, le fidèle a le droit de n’avoir rien à faire avec lui. « Résistez au diable, et il s’enfuira de vous » [(Jac. 4:7)]. Il sait qu’il a rencontré Christ, non la chair. Puissent les croyants résister, si Satan cherchait à les tenter par la Parole, se rappelant que le domaine de Satan est dans l’homme tombé !

Ce qui le garantit moralement (c’est-à-dire quant à l’état de son coeur), c’est un oeil simple. Si je ne cherche que la gloire de Dieu, ce qui ne me présente pour motif que mon propre agrandissement ou ma propre satisfaction de corps ou d’âme, n’aura pas de prise sur moi, et se montrera à la lumière de la Parole, qui dirige l’oeil simple, comme étant contraire à la pensée de Dieu. Ce n’est pas l’arrogance qui rejette la tentation comme si l’on était bon ; c’est l’obéissance, qui donne humblement à Dieu sa place et par conséquent aussi à sa Parole. « Par la parole de tes lèvres je me suis gardé des voies de l’homme violent » (Ps. 17:4), de celui qui faisait sa volonté propre et en faisait son guide. Si le coeur ne cherche que Dieu, la ruse la plus habile est découverte, car l’ennemi ne nous pousse jamais à ne chercher que Dieu. Mais cela suppose un coeur pur et aucune recherche de soi-même. C’est ce qui a été montré en Jésus.

Notre sauvegarde contre la tentation, c’est la Parole employée par le discernement d’un coeur parfaitement pur qui vit dans la présence de Dieu, apprend à connaître ses pensées dans sa Parole1, et connaît par conséquent l’application de cette Parole aux circonstances présentes. C’est la Parole qui garantit l’âme des ruses de l’ennemi.

1 Il ne doit y avoir d’autre motif d’action que la volonté de Dieu qui, pour l’homme, doit toujours se chercher dans la Parole ; parce que, dans ce cas, lorsque Satan nous pousse à agir, comme il le fait toujours, par quelque autre motif, on voit que celui-ci est opposé à la Parole qui est dans le coeur et au motif qui le gouverne ; il est par conséquent jugé comme lui étant contraire. Il est écrit : « J’ai caché ta parole dans mon coeur, afin que je ne pèche pas contre toi » [(Ps. 119:11)]. C’est pour cette raison qu’il est souvent important, quand nous sommes dans l’incertitude, de nous demander par quel motif nous sommes influencés.

Remarquez aussi que c’est conséquemment dans cet esprit d’obéissance simple et humble que réside la puissance, car là où il existe, Satan ne peut rien. Dieu est là, aussi l’ennemi est-il vaincu.

Les caractères des tentations par rapport à ce qu’est le Seigneur

Il me semble que ces trois tentations, sont présentées au Seigneur sous les trois caractères d’homme, de Messie, et de Fils de l’homme.

Il n’avait pas de convoitise comme un homme déchu, mais il avait faim. Le tentateur l’engageait à satisfaire ce besoin sans Dieu.

Les promesses du Père lui appartenaient comme étant faites au Messie. Et tous les royaumes lui appartiennent comme Fils de l’homme.

Jésus répond toujours comme un Israélite fidèle, personnellement responsable à Dieu, citant le livre du Deutéronome qui traite ce sujet (c’est-à-dire l’obéissance d’Israël en vue de la possession de la terre et des privilèges qui lui appartenaient en rapport avec cette obéissance, et en dehors de l’organisation qui en formait un corps devant Dieu1).

1Un examen attentif du Pentateuque montrera que, quoique les faits historiques nécessaires soient établis, le contenu de l’Exode, du Lévitique et des Nombres est essentiellement typique. Le tabernacle était fait selon le modèle montré sur la montagne, modèle des choses célestes ; non seulement les ordonnances cérémonielles, mais les faits historiques, ainsi que l’apôtre l’établit clairement, leur arrivèrent comme types et ont été écrits pour notre instruction [(1 Cor. 10:11)]. Le Deutéronome donne des directions pour leur conduite dans le pays ; les trois livres mentionnés, même là où ils contiennent des faits historiques, sont typiques dans leur objet. Je ne sais pas si un sacrifice fut offert après leur institution, à moins peut-être que ce ne soient des sacrifices officiels (voyez Actes 7:42).

Ch. 4 v. 11

[4:11] Satan laisse Jésus, et les anges viennent exercer leur ministère en faveur du Messie, le Fils de l’homme victorieux par l’obéissance. Il a pleinement répondu à ce en quoi Satan aurait voulu l’amener à éprouver Dieu. Les anges sont pour nous aussi des esprits administrateurs.

Mais qu’il est profondément intéressant de voir notre adorable Seigneur, le Fils de Dieu, descendre du ciel et prendre sur la terre — Lui, la Parole faite chair — sa place au milieu de pauvres êtres pieux ; puis, ayant pris cette place, reconnu du Père comme son Fils, les cieux étant ouverts et ouverts sur Lui, et le Saint Esprit descendant et demeurant sur Lui comme homme, quoique sans mesure, de le voir former le modèle de notre position, bien que nous n’y fussions pas encore ; toute la Trinité, comme je l’ai dit, était d’abord pleinement révélée lorsqu’il s’est ainsi associé à l’homme ; et alors, quand nous étions esclaves de Satan, il est allé dans ce caractère et cette relation rencontrer Satan pour nous, afin de lier l’homme fort et de donner par lui-même cette place aussi à l’homme ; seulement il fallait la rédemption pour nous amener où il est.

Ch. 4 v. 12-17 – Jésus en Galilée, à l’écart des Juifs

[4:12] Jean étant mis en prison, le Seigneur se rend en Galilée. Ce mouvement, qui plaçait la scène de son ministère en dehors de Jérusalem et de la Judée, avait une grande portée à l’égard des Juifs. Le peuple (en tant que concentré à Jérusalem, se vantant de posséder les promesses, les sacrifices, le temple, et d’être la tribu royale) perdait la présence du Messie, fils de David. Jésus, pour la manifestation de sa personne, pour le témoignage de l’intervention de Dieu en Israël, se rend au milieu des pauvres et méprisés du troupeau ; car le résidu et les pauvres du troupeau sont déjà, aux chapitres 3 et 4, clairement distingués des chefs du peuple. Ainsi, il devient réellement le vrai tronc, au lieu d’être une branche de ce qui avait été planté ailleurs, quoique cet effet n’eût pas été pleinement manifesté. Ce moment correspond au chap. 4 de Jean.

Ce serait le lieu ici de remarquer que, dans l’évangile de Jean, les Juifs sont toujours distingués de la foule1. La langue ou plutôt la prononciation des Galiléens était entièrement différente de celle des Juifs. On ne parlait pas le chaldéen en Galilée.

1 Appelée le peuple dans les évangiles.

[4:14] Cette manifestation du fils de David en Galilée était en même temps l’accomplissement d’une prophétie d’Ésaïe, dont la force est celle-ci : [4:16] bien que la captivité romaine fût tout autrement terrible que les invasions des Assyriens lorsqu’ils avaient envahi le pays d’Israël, il y avait cependant une circonstance qui changeait tout, savoir la présence du Messie, de la vraie lumière, dans ces contrées mêmes.

Nous remarquons que l’Esprit de Dieu passe ici par-dessus toute l’histoire de Jésus jusqu’au commencement de son ministère après la mort de Jean le baptiseur. Il donne à Jésus sa position propre au milieu d’Israël — Emmanuel, le Fils de David, le Bien-aimé de Dieu [(3:17)], reconnu comme son Fils, le Fidèle en Israël, quoique exposé à toutes les tentations de Satan [(4:1)] ; [4:14-16] et ensuite, sa position prophétique annoncée par Ésaïe [4:17] et le royaume proclamé comme étant proche1.

1 Nous pouvons remarquer ici, comme on l’a déjà fait, qu’il quitte les Juifs et Jérusalem, et sa place naturelle, pour ainsi dire, qui Lui donnait son nom, Nazareth, et prend sa place prophétique. La mise en prison de Jean était le signe de son propre rejet. Jean y était son précurseur, comme, dans sa mission, il l’avait été du Seigneur (voyez chap. 17:12). Le témoignage de Jésus est le même que celui de Jean le baptiseur.

Ch. 4 v. 18-22 — L’appel des premiers disciples

[4:18] Jésus s’entoure alors de ceux qui devaient le suivre définitivement dans son ministère et dans ses tentations, [4:20] et qui, à son appel, abandonnant tout, lient leur sort et leur portion à son sort et à sa portion.

Ch. 4 v. 23-25 — L’annonce du royaume

[4:23] L’homme fort était lié, de sorte que Jésus pouvait piller ses biens et annoncer le royaume avec les preuves de la puissance qui pouvait établir ce royaume.

La puissance de la proclamation et le caractère du royaume — Introduction au sermon sur la montagne

Deux choses sont alors mises en avant dans le récit de l’évangile :

  1. [4:23] La puissance qui accompagne la proclamation du royaume, fait annoncé dans deux ou trois versets1, sans autre détail. Le royaume est proclamé avec des actes de puissance [4:24] qui attirent l’attention de tout le pays, de tout l’ancien territoire d’Israël. Jésus paraît devant eux investi de cette puissance.
  2. (Chap. 5-7) Le caractère du royaume est annoncé dans le sermon sur la montagne, ainsi que le caractère des personnes qui y auront part (le nom du Père étant révélé en même temps). C’est-à-dire que le Seigneur avait annoncé le royaume à venir et, par la puissance présente de bonté, avait vaincu l’adversaire ; il montre alors ce qu’étaient les vrais caractères selon lesquels le royaume serait établi, qui y entrerait, et comment. Il n’y est pas question de la rédemption, mais du caractère et de la nature du royaume, et de ceux qui pourraient y entrer. Cela montre clairement la place morale que ce sermon tient dans l’enseignement du Seigneur.

1 Il est frappant de voir que tout le ministère du Seigneur est raconté dans un seul verset (4:23). Tout ce qui est exposé ensuite, ce sont des faits ayant une importance morale particulière, et montrant ce qui se passait au milieu du peuple en grâce, jusqu’à son rejet ; ce n’est pas une histoire consécutive proprement dite. Cela marque très clairement le caractère de Matthieu.

Il est évident que, dans toute cette partie de l’évangile, c’est la position du Sauveur qui est l’objet de l’enseignement de l’Esprit, et non les détails de sa vie. Ces détails viennent après, afin de montrer pleinement ce qu’il était au milieu d’Israël, ses rapports avec ce peuple, et son sentier dans la puissance de l’Esprit qui a conduit à la rupture entre le Fils de David et le peuple qui aurait dû le recevoir. [4:24] L’attention de tout le pays ayant été attirée par ses actes de puissance, [5:2] le Seigneur propose à ses disciples — mais le peuple l’entendant — les principes de son royaume.