Hébreux

Chapitre 11

Contenu du chapitre : action du principe de la foi

Ch. 11 v. 1 — Force et action de la foi pour l’âme

[11:1] Ce n’est pas une définition de ce principe que l’épître nous donne au commencement du chapitre 11, mais une déclaration de sa force et de son action ; la foi réalise ce qu’on espère ; elle donne à ces choses une existence réelle, et elle est pour l’âme une démonstration de ce qu’on ne voit pas.

11.1.2 - [Ordre dans les exemples d’action de la foi présentés

Il y a beaucoup plus d’ordre qu’on ne le pense généralement dans la série des exemples de l’action de la foi, que nous trouvons dans ce chapitre, quoique cet ordre ne soit pas le but principal. J’en signalerai les traits principaux.

Ch. 11 v. 3-7 — Grands principes des relations des hommes avec Dieu

Ch. 11 v. 3 — La foi saisit simplement que Dieu est le créateur de tout

Simplicité de la foi qui croit Dieu par rapport aux spéculations humaines

[11:3] En premier lieu, pour ce qui est de la création, l’esprit humain perdu dans les raisonnements et ignorant Dieu, cherchait par des solutions sans fin à s’expliquer l’origine de ce qui existe. Ceux qui ont lu les cosmogonies des anciens savent combien de systèmes divers, les uns plus absurdes que les autres, ils ont imaginés pour ce que l’introduction de Dieu par la foi rend parfaitement simple. Les modernes, avec un esprit moins actif et plus pratique, s’arrêtent à des causes secondaires et ne s’occupent guère de Dieu. La géologie a remplacé la cosmogonie des Indiens, des Égyptiens, des Orientaux et des philosophes. Pour le croyant, la pensée est simple et claire ; son esprit est assuré du fait et intelligent par la foi : Dieu par sa parole a tout appelé à exister : l’univers n’est pas une cause première productrice ; il existe par la volonté de Dieu ; et ses mouvements sont réglés par une loi qui lui a été imposée. Celui qui a de l’autorité parle, et sa parole a une efficace divine. Il dit, et la chose est. On sent que cela est digne de Dieu, car une fois que l’on introduit Dieu, tout est simple ; mais si Dieu est exclu, l’homme est perdu dans les efforts de sa propre imagination qui ne peut créer, ni arriver à la connaissance d’un Créateur, parce qu’elle ne peut dépasser la capacité d’une créature. C’est pourquoi, avant d’en venir aux détails de la forme actuelle de la création, la Parole dit simplement : « Au commencement Dieu créa les cieux et la terre » (Gen. 1:1). Tout ce qui a pu arriver entre cela et le chaos ne fait pas partie de la révélation ; cela est distinct de l’action spéciale du déluge, laquelle nous est donnée à connaître. Le commencement de la Genèse ne donne pas l’histoire des détails de la création même, ni l’histoire de l’univers ; il nous apprend le fait, qu’au commencement Dieu créa, et ensuite raconte ce qui regarde l’homme sur la terre. Les anges mêmes ne sont pas là. Des étoiles, il n’est dit que ceci : et il fit les étoiles [(Gen. 1:16)] ; le « quand » n’est pas révélé.

Création par la parole de Dieu seule

Par la foi donc, nous croyons que les mondes ont été créés par la parole de Dieu.

Ch. 11 v. 4 — Abel s’approche de Dieu avec un sacrifice qui le justifie par grâce

L’âme du pécheur s’approchant de Dieu par la foi, par le sacrifice de son agneau

Mais le péché est entré, et la justice doit être trouvée quelque part pour l’homme déchu, afin qu’il puisse se tenir devant Dieu. Dieu a donné un Agneau pour le sacrifice ; mais ici nous est présenté, non pas le don de la part de Dieu, mais l’âme s’approchant de Lui par la foi.

Témoignage d’être juste devant Dieu à Abel et à son offrande

[11:4] Par la foi donc, Abel offrit à Dieu un plus excellent sacrifice que Caïn, un sacrifice qui (fondé sur la révélation déjà faite par Dieu) était offert dans l’intelligence qu’avait la conscience enseignée de Dieu de l’état où se trouvait celui qui l’offrait. La mort et le jugement étaient entrés par le péché ; l’homme ne pourrait les supporter, quoiqu’il doive les subir ; il faut qu’il aille à Dieu en le confessant, mais qu’il aille avec un substitut donné par la grâce ; qu’il s’approche de Dieu avec du sang, témoin en même temps du jugement et de la parfaite grâce de Dieu. Abel, en le faisant, était dans la vérité, et cette vérité était la justice et la grâce. Il s’approche de Dieu, et place le sacrifice entre lui et Dieu. Il reçoit le témoignage qu’il est juste, juste selon le juste jugement de Dieu ; car le sacrifice était en rapport avec la justice qui avait condamné l’homme et avait reconnu aussi la valeur parfaite de ce qui avait été fait dans le sacrifice. Le témoignage est rendu à son offrande, mais Abel est juste devant Dieu. Rien de plus clair ni de plus précieux sur ce point ! Ce n’est pas seulement le sacrifice qui est accepté ; c’est Abel qui s’approche avec le sacrifice. Il reçoit de Dieu le témoignage qu’il est juste ; douce et précieuse consolation ! Mais le témoignage est rendu à ses dons, de sorte qu’il a toute certitude d’être accepté selon la valeur du sacrifice qui est offert. En allant à Dieu par le sacrifice de Jésus, non seulement je suis juste (je reçois le témoignage d’être juste) ; mais le témoignage est rendu à mon offrande ; et par conséquent ma justice a la valeur et la perfection de l’offrande, c’est-à-dire de Christ s’offrant à Dieu. Le fait que nous recevons de la part de Dieu le témoignage que nous sommes justes, et qu’en même temps, le témoignage est rendu au don que nous offrons (non à l’état dans lequel nous sommes) est d’un prix infini pour nous. Je suis maintenant devant Dieu dans la perfection de l’œuvre de Christ. Je marche ainsi avec Dieu.

Ch. 11 v. 5-6 — Marche d’Énoch avec Dieu et délivrance de la puissance de la mort

Puissance de la mort abolie par l’œuvre de Christ, devenue gain pour la foi

Par la foi, la mort ayant été le moyen de mon acceptation devant Dieu, tout ce qui tient au vieil homme est aboli pour la foi ; la puissance et les droits de la mort sont entièrement détruits ; Christ les a subis. Ainsi, si Dieu le trouve bon, on se rend dans le ciel sans même passer par la mort (comp. 2 Cor. 5:1-4) ; [11:5] c’est ce que Dieu fit pour Énoch, pour Élie [(2 Rois 2:11)], comme témoignage. Non seulement les péchés ont été abolis, et la justice de Dieu établie par le moyen de l’œuvre de Christ, mais les droits et la puissance de celui qui a le pouvoir de la mort ont été entièrement détruits. La mort peut venir ; la subir, c’est notre état selon la nature, mais nous avons une vie qui est en dehors de son ressort : la mort n’est qu’un gain, si elle arrive [(Phil. 1:21)] ; et bien que ce soit la puissance de Dieu Lui-même qui seule puisse ressusciter ou transmuer, cette puissance a été manifestée en Jésus, et a déjà agi en nous, en nous vivifiant (comp. Éph. 1:19) ; et elle agit en nous dans la puissance de la délivrance du péché, de la loi et de la chair. La mort est vaincue comme pouvoir de l’Ennemi ; elle est devenue un « gain » pour la foi, au lieu d’être un jugement sur la nature. La vie, la puissance de Dieu dans cette vie, opère en sainteté et en obéissance ici-bas, et se manifeste dans la résurrection ou dans la transmutation du corps. C’est un témoignage de puissance à l’égard du Christ, en Romains 1:4.

Jouissance des communications de Dieu dans une marche avec Lui

Mais il reste encore une considération bien douce à remarquer ici. [11:5] Énoch a reçu le témoignage d’avoir plu à Dieu, avant qu’il fût enlevé. Ceci est bien important et bien précieux : en marchant avec Dieu, on a le témoignage de lui plaire, la douceur de sa communion, le témoignage de son Esprit. On jouit de ses communications avec nous, dans la conscience de sa présence, dans la conscience qu’on marche selon sa Parole ; nous savons que notre marche est approuvée de Lui ; en un mot, on vit d’une vie qui, passée avec Lui et devant Lui par la foi, s’écoule à la lumière de sa face, et dans les jouissances des communications de sa grâce et d’un témoignage assuré, venant de Lui, que nous Lui sommes agréables. Un enfant qui se promène avec un tendre père, en s’entretenant avec lui (sa conscience ne lui reprochant rien), ne jouit-il pas de la conscience de la faveur de son père ?

Énoch, image des saints de l’Assemblée, échappant au jugement par la grâce

Comme figure, Énoch représente ici la position des saints qui composent l’Assemblée ; il est enlevé dans le ciel en vertu d’une victoire complète sur la mort ; par l’exercice de la grâce souveraine, il est en dehors du gouvernement et des délivrances ordinaires de Dieu ; il rend témoignage par l’Esprit au jugement du monde, mais il ne passe pas par ce jugement (Jude 14, 15). Une marche comme celle d’Énoch regarde vers Dieu ; elle réalise l’existence de Dieu — la grande affaire de la vie qui, dans le monde, se passe comme si l’homme faisait tout — et le fait qu’il s’intéresse à la marche des hommes, qu’il en prend connaissance pour récompenser ceux qui le recherchent.

Ch. 11 v. 7 — Noé, témoin et héritier de la justice, traverse le jugement du monde

Noé, image de la prophétie, condamne le monde et échappe à son jugement

Noé se trouve dans les scènes du gouvernement de ce monde. Il n’avertit pas les autres des jugements à venir, comme celui qui est en dehors, bien qu’il soit prédicateur de justice [(2 Pier. 2:5)] : [11:7] il est averti lui-même et pour lui-même ; il est dans les circonstances auxquelles l’avertissement s’adresse. Il personnifie le rôle de l’esprit de prophétie. Noé craint et il bâtit une arche pour la conservation de sa maison ; ainsi il a condamné le monde. Énoch n’avait pas à bâtir une arche pour traverser le déluge en sûreté ; il n’était pas au milieu du déluge : Dieu l’a pris à lui exceptionnellement. Noé, héritier de la justice qui est selon la foi, est gardé pour un monde à venir. Il y a un principe général qui accepte le témoignage de Dieu à l’égard du jugement qui va tomber sur les hommes, et du moyen donné de Dieu pour y échapper. C’est un principe qui gouverne tous les croyants.

Noé est délivré en traversant le jugement, comme le résidu juif futur

Mais, il y a quelque chose de plus précis. [11:4] Abel a le témoignage d’être juste ; [11:5] Énoch marche avec Dieu, plaît à Dieu, et il est exempt du commun sort de l’humanité, annonçant comme d’en haut ce sort qui attend les hommes, et la venue de Celui qui doit exécuter le jugement. Énoch va en avant jusqu’à l’accomplissement des conseils de Dieu ; mais ni Abel ni Énoch, considérés ainsi, ne condamnent le monde comme un monde au milieu duquel ils cheminent, atteints eux-mêmes par les avertissements adressés à ceux qui y demeurent. [11:7] Cette dernière position est celle de Noé ; le prophète, quoique délivré, est au milieu du peuple jugé ; l’Assemblée est en dehors. L’arche de Noé condamnait le monde ; le témoignage de Dieu suffisait pour la foi, et Noé hérite d’un monde détruit : il possède l’héritage de tous les croyants, la justice par la foi, sur lequel le nouveau monde est aussi fondé. C’est la position du résidu des Juifs aux derniers jours ; ils traversent les jugements de devant lesquels nous sommes retirés, comme n’appartenant pas au monde : avertis eux-mêmes des voies du gouvernement terrestre de Dieu, ils seront témoins pour le monde des jugements qui vont arriver ; ils seront les héritiers de la justice qui est par la foi, et en seront les témoins dans un nouveau monde, où la justice sera accomplie en jugement par Celui qui est venu, et dont le trône soutiendra le monde, là où Noé même a manqué. L’expression de « héritier de la justice qui est selon la foi », signifie, je le pense, que cette foi qui avait gouverné quelques-uns était résumée dans la personne de Noé, et le monde incrédule tout entier condamné ; témoin de cette foi avant le jugement, Noé traverse celui-ci, et quand le monde est renouvelé, il est témoin pour tous de la bénédiction de Dieu qui repose sur la foi, quoique extérieurement tout soit changé. Ainsi, Énoch présente en figure les saints du temps actuel : Noé, le résidu juif1.

1 En un mot tous ceux qui sont épargnés pour le siècle à venir. Leur état est exprimé à la fin d’Apocalypse 7, ainsi que celui des Juifs aux premiers versets du chapitre 14.

Ch. 11 v. 8-40 — Détails de la vie de foi, et caractères qui y sont manifestés

Les différents caractères de la foi dans les exemples présentés

Exemples de vie divine en rapport avec les connaissances juives et les besoins des Hébreux

L’Esprit, après avoir établi les grands principes fondamentaux de la foi en action, présente ensuite en détail (v. 8) des exemples de la vie divine, toujours en rapport avec les connaissances juives, rapport que le cœur d’un Hébreu ne saurait manquer de reconnaître — et en même temps en rapport avec le but de l’épître et les besoins des chrétiens parmi les Hébreux.

Grands principes des relations avec Dieu dans les versets précédents

Dans les premiers exemples qui nous ont été présentés, nous avons vu une foi qui reconnaît un Dieu créateur, et ensuite les grands principes des relations des hommes avec Dieu, et cela jusqu’au bout, sur la terre.

Ch. 11 v. 8-22 — Patience de la foi attendant l’accomplissement des promesses
Ch. 11 v. 8-16 — La foi prend la place d’étranger attendant quelque chose de meilleur

Dans ce qui suit (v. 8 à 22), nous avons premièrement la patience de la foi lorsqu’elle ne possède pas encore, mais se confie en Dieu et attend, certaine de l’accomplissement. Ce passage peut se subdiviser comme suit : 1° [11:9] la foi qui prend la place d’un étranger sur la terre, [11:16] la maintient parce qu’elle désire quelque chose de meilleur, [11:11] et à travers la faiblesse, trouve la force nécessaire pour que les promesses s’accomplissent. C’est ce dont il est question dans les versets 8 à 16. L’effet en est qu’on entre dans la joie d’une espérance céleste ; [11:9] étranger dans le pays de la promesse, [11:13] et ne jouissant pas de l’effet des promesses ici-bas, [11:16] on attend des choses plus excellentes encore, des choses que Dieu prépare en haut pour ceux qu’il aime. Il a préparé une cité pour de tels hommes. À l’unisson avec Dieu dans ses propres pensées, leurs désirs par la grâce répondant aux choses dans lesquelles il trouve son plaisir, ils sont l’objet de son intérêt particulier : il n’a point honte d’être appelé leur Dieu. [11:8] Non seulement Abraham a suivi Dieu jusqu’au pays qu’il lui a montré, [11:9] mais y étant étranger, et ne possédant pas le pays de la promesse, il est élevé dans la sphère de ses pensées par la puissante grâce de Dieu ; et jouissant de la communion de Dieu et des communications de sa grâce, il se repose sur Lui pour le temps présent, accepte sa position d’étranger sur la terre, [11:10] et attend, comme la part de sa foi, la cité céleste dont Dieu est l’architecte et le créateur. Ce n’était pas une révélation manifeste de ce qui était le sujet de cette espérance, si je puis m’exprimer ainsi, comme celle par laquelle Abraham avait été appelé de Dieu ; [11:13] mais, marchant assez près de Dieu pour savoir ce dont on jouissait auprès de Lui, sachant qu’il n’avait pas reçu l’effet de la promesse, Abraham saisit les choses meilleures ; il les attend, quoiqu’il ne les voie que de loin, [11:15] et reste étranger sur la terre sans penser au pays d’où il était sorti.

Application de ces traits de la foi aux chrétiens hébreux

L’application spéciale de ces premiers traits de la foi au cas des Hébreux chrétiens est évidente. Telle est la vie normale de la foi pour tous.

Ch. 11 v. 17-22 — Confiance de la foi dans l’accomplissement des promesses

2° Le second caractère de la foi qui nous est présentée ici (v. 17 à 22), est une confiance parfaite dans l’accomplissement des promesses, confiance que la foi soutient à travers tout ce qui pouvait tendre à la détruire.

Ch. 11 v. 23-38 — Énergie de la foi pour avancer en confiance, malgré les souffrances

Ensuite nous trouvons la seconde grande division, savoir, que la foi fait son chemin en dépit de toutes les difficultés qui s’opposent à son progrès (v. 23-27). Dans les versets 28 à 31, la foi se déploie dans une confiance qui se repose sur Dieu à l’égard de l’emploi des moyens que Dieu nous présente, moyens dont la nature ne saurait se servir. Enfin, il y a l’énergie, en général, dont la foi est la source, les souffrances qui caractérisent la marche de la foi1

1 D’une manière générale on peut dire que les versets 8 à 22 présentent la foi se reposant avec assurance sur la promesse — la patience de la foi ; et le reste du chapitre, la foi se reposant sur Dieu quant à l’activité et quant aux difficultés du chemin — l’énergie de la foi.

Ch. 11 v. 39-40 — Application du caractère général de ces exemples aux chrétiens hébreux

Ce caractère général, dont l’application à l’état des Hébreux est évidente, est celui de tous les exemples cités, [11:39] savoir que ceux qui ont vécu par la foi n’ont pas reçu l’effet de la promesse ; l’application de ces exemples à l’état des chrétiens hébreux est évidente. En outre, ces héros renommés de la foi, quel que fût l’honneur dont ils jouissaient auprès des Juifs, n’avaient pas les privilèges dont jouissaient les chrétiens. [11:40] Dieu, dans ses conseils, ayant en vue quelque chose de meilleur pour nous.

Ch. 11 v. 8-22 — Foi confiante dans la fidélité de Dieu

Ch. 11 v. 8-19 — Entière confiance d’Abraham renonçant à tout pour Dieu
La foi d’Abraham s’attend à Dieu seul à tous égards

Entrons dans quelques détails. La foi d’Abraham se montre dans une entière confiance en Dieu ; [11:8] appelé à quitter les siens en rompant les liens de la nature, Abraham obéit ; il ne sait pas où il va ; il lui suffit que Dieu lui montre le lieu. Dieu, l’ayant amené là, ne lui donne rien. [11:9] Cependant Abraham y demeure content, dans une entière confiance en Dieu. Il gagnait à cette confiance : [11:10] il attendait une cité qui a des fondements. [11:13] Il confesse hautement qu’il est étranger et forain sur la terre (Gen. 23:4) ; il se rapproche ainsi de Dieu spirituellement. Quoiqu’il ne possède rien, ses affections sont engagées ; [11:16] il désire un meilleur pays, et il s’attache à Dieu plus immédiatement et plus entièrement ; [11:15] il n’a aucun désir de retourner dans son pays ; [11:14] il recherche une patrie. Tel est le chrétien. [11:17] Dans l’offrande d’Isaac, on trouve cette confiance absolue en Dieu qui, sur la demande de Dieu, [11:18] renonce aux promesses de Dieu Lui-même comme on les possède selon la chair ; [11:19] la foi est certaine que Dieu les rendra par l’exercice de sa puissance, en vainquant la mort et tout obstacle.

Type de Christ se confiant en Dieu, et de ce que devaient réaliser les croyants

C’est ainsi que le Christ a renoncé à ses droits messianiques et est allé jusqu’à la mort, s’en remettant à la volonté de Dieu, se confiant en Lui, et a tout reçu en résurrection : c’est ainsi que les chrétiens hébreux devaient faire à l’égard du Messie et des promesses faites à Israël. Mais, pour la foi simple, le Jourdain s’est écoulé ; et d’ailleurs nous ne pourrions le traverser si le Seigneur ne l’avait traversé auparavant.

Gain en se confiant en Dieu et en renonçant à tout pour Lui

Remarquez ici que l’on gagne toujours, en se confiant en Dieu et en renonçant à tout pour Lui, et que l’on apprend à connaître quelque chose de plus des voies de sa puissance ; car en renonçant selon sa volonté à une chose qu’il a déjà donnée, on doit s’attendre à la puissance de Dieu, pour qu’elle accorde une autre chose. [11:17-18] Abraham renonce à la promesse selon la chair ; [11:10] il a en vue la cité qui a des fondements, et sait désirer une patrie céleste ; [11:17] il renonce à Isaac, en qui étaient les promesses ; [11:19] il apprend à connaître la résurrection, car Dieu est infailliblement fidèle. Les promesses étaient en Isaac : Dieu devait donc le rendre à Abraham, en résurrection, puisque Abraham l’offrait en sacrifice.

Ch. 11 v. 20 — Foi connaissant les voies de Dieu pour Son peuple en Isaac

[11:20] En Isaac, la foi distingue la part du peuple de Dieu selon l’élection, et celle de l’homme ayant droit d’aînesse selon la nature. C’est la connaissance des voies de Dieu en bénédiction et en jugement.

Ch. 11 v. 21 — Principe de l’adoration vu en Jacob

[11:21] Par la foi, Jacob, étranger, faible, n’ayant plus que le bâton avec lequel il avait traversé le Jourdain, adore Dieu et annonce la double portion de l’héritier d’Israël, de celui qui a été mis à part de ses frères [(Gen. 49:26)], type du Seigneur héritier de toutes choses. Sur cela repose le principe de l’adoration.

Ch. 11 v. 22 — Foi de Joseph comptant sur l’accomplissement des promesses terrestres

[11:22] Par la foi, Joseph, étranger, qui représente ici Israël loin de son pays, compte sur l’accomplissement des promesses terrestres1.

1 Remarquez que dans ces cas, nous trouvons les droits de Christ en résurrection, le jugement de la nature, et la bénédiction de la foi, selon la grâce, l’héritage de toutes choses, célestes et terrestres, par Christ, et le retour futur d’Israël dans son pays.

Ch. 11 v. 23-27 — Foi surmontant les difficultés du chemin

La foi avance dans le chemin de Dieu ici-bas, en comptant sur Ses promesses

Tous ces exemples sont l’expression de la foi en la fidélité de Dieu, en l’accomplissement de ses pensées dans l’avenir. Dans ce qui suit, nous trouvons la foi qui surmonte toutes les difficultés se présentant sur le chemin de l’homme de Dieu, chemin que Dieu lui trace dans son pèlerinage vers la jouissance des promesses.

Ch. 11 v. 23 — Foi des parents de Moïse pour laisser Dieu conserver leur enfant

[11:23] La foi des parents de Moïse ne tient pas compte de l’ordre cruel du roi. Ils cachent leur enfant, que Dieu, répondant à leur foi, a su garder par des moyens extraordinaires quand il n’y avait pas moyen de le conserver autrement. La foi ne raisonne pas, elle agit à son point de vue et laisse le résultat à Dieu.

Ch. 11 v. 24-26 — La foi est conduite par Dieu seul, non par Sa providence
Même haut placé par la providence divine, la foi de Moïse regarde à Dieu seul

Mais le moyen que Dieu a employé pour la conservation de Moïse avait placé celui-ci dans la position, à peu de chose près, la plus élevée dans le royaume. Là, il avait acquis tout ce que ce siècle pouvait donner à un homme remarquable par son énergie et par son caractère ; [11:24] mais la foi fait son œuvre, en inspirant des affections divines qui ne cherchent pas une direction pour la conduite dans les circonstances où l’on se trouve placé, lors même que ces circonstances doivent leur origine à des interventions extraordinaires de la providence.

Objets propres à la foi venant de Dieu Lui-même et remplissant tout le cœur

La foi a ses objets propres, donnés par Dieu Lui-même, et gouverne le cœur en vue de ces objets. Elle nous donne une place et des relations qui dominent la vie tout entière, et ne laisse aucune place à d’autres motifs et à d’autres sphères d’affection qui se partageraient le cœur ; car les motifs et les affections qui gouvernent la foi sont donnés de Dieu, et cela, pour former et gouverner le cœur.

La providence produit les circonstances, mais la marche doit être guidée par la foi

Les versets 25 et 26 développent ce point. C’est un principe très important, car on allègue souvent la providence de Dieu comme raison pour ne pas marcher par la foi. Jamais l’intervention de la providence n’a été plus remarquable que celle qui plaça Moïse à la cour du Pharaon. Cette intervention a produit son résultat ; elle ne l’aurait pas fait, si Moïse n’avait pas quitté la position dans laquelle la providence l’avait placé. Mais la foi, c’est-à-dire les affections divines créées dans le cœur de Moïse, et non la providence de Dieu, comme règle et comme mobile, produisit le résultat pour lequel la providence avait gardé et préparé Moïse. La providence de Dieu gouverne les circonstances, Dieu en soit béni ; la foi gouverne la conduite et le cœur.

Récompense promise de Dieu comme soutien du cœur et affermissement dans la marche

[11:26] La récompense que Dieu a promise entre ici en ligne de compte comme objet, dans la sphère de la foi. Elle n’est pas le mobile, mais elle soutient et encourage le cœur qui agit par la foi, en vue de l’objet que Dieu présente à ses affections. Elle soustrait ainsi le cœur à l’influence du temps présent et des choses qui nous entourent, qu’elles soient agréables ou qu’elles inspirent la crainte ; elle élève le cœur et le caractère de celui qui agit par la foi, et l’affermit dans une marche de dévouement, qui le conduit au but auquel il aspire.

Ch. 11 v. 27 — Motif divin pour agir selon Dieu, sans crainte de l’homme
Motif divin hors de nous pour agir selon Dieu par la foi

Avoir un motif en dehors de ce qui est présent devant nous est le secret de la fermeté et de la vraie grandeur. Nous pouvons avoir un objet à l’égard duquel nous agissons ; mais il nous faut un motif en dehors de lui, un motif divin, pour nous rendre capables d’agir selon Dieu à l’égard de cet objet lui-même (v. 27).

La foi compte sur la puissance de Dieu invisible et ne craint pas l’homme

La foi réalise aussi (v. 27) l’intervention de Dieu sans le voir ; elle délivre ainsi de toute crainte de la puissance de l’homme, ennemi de son peuple.

Ch. 11 v. 28-31 — Foi se reposant sur les moyens divins qui lui sont présentés

Ch. 11 v. 28 — Moyen pour être mis à l’abri du jugement mérité
Moyen divin pour nous protéger du jugement qui amène la délivrance

Mais la pensée que Dieu intervient place le cœur dans une difficulté plus grande encore que ne ferait la crainte de l’homme. Pour que les siens soient délivrés, il faut que Dieu opère cette délivrance, et cela en jugement. Mais eux, aussi bien que leurs ennemis, sont des pécheurs ; or la conscience du péché et du jugement que nous méritons détruit nécessairement la confiance en Celui qui juge. Ne craignons-nous pas de le voir venir pour manifester sa puissance en jugement ? Car, au fond, c’est ce qui doit arriver pour la délivrance du peuple de Dieu. Notre cœur se demande : Dieu, ce Dieu qui vient en jugement, est-il pour nous ? Mais Dieu a préparé le moyen de rendre certaine notre sécurité en présence du jugement (v. 28), moyen en apparence chétif et inutile, mais qui, de fait, est le seul qui, en glorifiant Dieu à l’égard du mal dont nous sommes coupables, peut nous mettre entièrement à l’abri du jugement.

Foi reconnaissant le juste jugement de Dieu et se confiant au sang répandu

La foi reconnaît le témoignage de Dieu, en se confiant à l’efficace du sang mis sur la porte, et peut, en toute sécurité, laisser venir Dieu en jugement, car, voyant le sang, il passe par-dessus son peuple croyant [(Ex. 12:13)]. [11:28] Par la foi, Moïse a fait la Pâque. Remarquez ici que le peuple, en plaçant le sang sur la porte, reconnaît qu’il est, autant que l’Égyptien, l’objet du juste jugement de Dieu. Dieu lui a donné ce qui le garantit, mais c’est parce qu’il est coupable et qu’il mérite le jugement. Personne ne peut se tenir devant Lui.

Ch. 11 v. 29 — Délivrance par le jugement à la mer Rouge
La mort et le jugement sont la délivrance de Dieu pour nous

Verset 29. Or la puissance de Dieu est manifestée, et manifestée en jugement. La nature, les ennemis du peuple de Dieu, prétendent traverser ce jugement « à sec », comme ceux qui étaient à l’abri de la juste vengeance de Dieu ; le jugement les engloutit, là même où le peuple a trouvé sa délivrance ; principe d’une portée merveilleuse. Là où est le jugement de Dieu, là même est la délivrance. C’est ce qui nous est réellement arrivé en Christ. La croix est la mort et le jugement, les deux terribles conséquences du péché, le sort de l’homme pécheur. Pour nous, la mort et le jugement sont la délivrance de Dieu : par la croix et à la croix, nous sommes délivrés et (en Christ) nous passons outre et sommes en dehors de leur atteinte. Christ est mort et ressuscité, et nous entrons par la foi, en vertu de ce qui aurait été notre ruine éternelle, là où la mort et le jugement sont laissés en arrière et où nos ennemis ne nous atteindront plus. Nous passons au travers sans en être atteints. La mort et le jugement nous garantissent de l’ennemi ; ils sont notre sûreté ; mais nous entrons dans une nouvelle sphère : nous jouissons de l’effet, non seulement de la mort de Christ, mais de sa résurrection.

Engloutissement de ceux qui veulent traverser la mort et le jugement sans Dieu

Ceux qui, selon la force de la nature, veulent passer par cette mer, et parlent de la mort et du jugement, et de Christ ; qui prennent la position chrétienne, pensant passer par la mort et par le jugement, sans que la puissance de Dieu en rédemption s’y trouve, se trouvent engloutis.

Type du jugement divin qui délivrera le résidu d’Israël repentant

En rapport avec les Juifs, cet événement aura un antitype terrestre ; car, en effet, le jour du jugement de Dieu sur la terre sera la délivrance d’Israël, qui aura été amené à la repentance.

Délivrance de la mer Rouge et protection du sang en Égypte
La Pâque met en sûreté de devant le jugement de Dieu

Cette délivrance à la mer Rouge va plus loin que la protection par le sang en Égypte. Par la Pâque, où Dieu, dans l’expression de sa sainteté, exécutait le jugement contre le mal, il fallait qu’on fût mis à l’abri de ce jugement, qu’on fût protégé du juste jugement de Dieu lui-même. Dieu, venant pour l’exécuter, était tenu dehors par le sang ; le peuple était en sûreté devant le juge. Ce jugement avait le caractère du jugement éternel ; et Dieu avait le caractère de juge.

Délivrance à la mer Rouge par la puissance de Dieu, amenant dans un nouvel état

À la mer Rouge il n’y avait pas seulement délivrance du jugement suspendu sur le peuple ; Dieu était pour le peuple, actif en amour et en puissance pour lui (*) ; la délivrance était une délivrance actuelle ; le peuple sortait d’un état dans lequel il se trouvait asservi, pour entrer dans un autre ; la puissance de Dieu Lui-même faisant traverser au peuple sans qu’il en fût atteint, ce qui autrement aurait été sa destruction. Ainsi, pour nous, la mer Rouge représente la mort et la résurrection de Christ auxquelles nous avons part, la rédemption que Christ y a accomplie (**), nous introduisant dans un tout nouvel état, entièrement en dehors de la nature. Nous ne sommes plus dans la chair.

1 Tenez-vous là, dit Moïse, et voyez la délivrance de l’Éternel [(Ex. 14:13)].

2 Le passage du Jourdain représente la mise en liberté du croyant et son entrée intelligente dans les lieux célestes par la foi ; c’est la conscience qu’on est mort et ressuscité avec Christ. La mer Rouge nous parle de la puissance de la rédemption accomplie par Christ.

Délivrance identique du résidu juif de la fin

En principe, la délivrance terrestre du peuple juif (du résidu juif) sera la même. Fondée sur la puissance de Christ ressuscité et sur la propitiation accomplie dans sa mort, cette délivrance sera accomplie par Dieu, qui interviendra pour ceux qui se tourneront vers Lui par la foi. En même temps ses adversaires, qui sont aussi ceux de son peuple, seront détruits par le jugement même qui garantira ceux qu’ils auront opprimés.

Ch. 11 v. 30 — Dieu fait disparaître les difficultés pour la foi

Verset 30. Mais, si les difficultés n’étaient pas toutes surmontées parce que la rédemption était accomplie, la délivrance effectuée, le Dieu de délivrance était avec le peuple : les difficultés disparaissent devant Lui ; ce qui en est une pour l’homme, n’en est pas une pour Lui. La foi se confie en Dieu ; elle emploie des moyens qui ne font qu’exprimer cette confiance. Les murs de Jéricho tombent devant le son des trompettes, lorsqu’Israël en a fait le tour pendant sept jours, en sonnant sept fois de ces trompettes.

Ch. 11 v. 31 — Rahab échappe au jugement en s’identifiant au peuple de Dieu

Rahab, en présence de toute la puissance encore intacte des ennemis de Dieu et de son peuple, s’identifie avec ce dernier avant qu’il ait remporté une seule victoire, parce qu’elle a la conscience que Dieu est avec lui. [11:31] Étrangère à ce peuple, quant à la chair, elle échappe par la foi au jugement que Dieu exécute sur sa nation.

Ch. 11 v. 32-40 — Énergie de la foi et souffrances accompagnant sa marche

Vie de foi des fidèles d’autrefois, attendant la gloire et la perfection

Verset 32. Ici l’apôtre cesse de suivre les détails. Israël, établi dans le pays de la promesse, fournissait moins d’occasions de développer, par des exemples, les principes sur lesquels la foi agissait, quoique les individus aient dû encore agir par la foi. L’Esprit rappelle en général ceux de ces exemples où la foi se reproduisit sous divers caractères d’énergie et de patience et soutint les âmes dans toutes sortes de souffrances : leur gloire est auprès de Dieu ; [11:38] le monde n’est pas digne d’eux ; [11:39] ils n’avaient pas reçu l’effet des promesses ; ils ont dû vivre de foi, comme les Hébreux auxquels l’apôtre s’adresse. [11:40] Toutefois ces derniers avaient des privilèges que les anciens fidèles ne possédaient nullement. Ni ceux-là, ni les chrétiens n’ont été amenés à la perfection, c’est-à-dire à la gloire céleste à laquelle Dieu nous a appelés et à laquelle ils doivent avoir part. Abraham et d’autres ont attendu cette gloire, ils ne l’ont jamais possédée ; Dieu n’a pas voulu la leur donner sans nous ; mais il ne nous a pas appelés par les seules révélations qu’il leur a faites ; il avait réservé quelque chose de meilleur pour les temps du Messie rejeté. Les choses célestes sont devenues des choses du temps présent, des choses pleinement révélées et déjà possédées en esprit par l’union des saints avec Christ, et par l’entrée actuelle dans le lieu très saint en vertu de son sang.

Ch. 11 v. 40 — Privilège particulier des croyants actuels
Meilleure position actuelle du chrétien, pouvant entrer en présence de Dieu

Il ne s’agit pas maintenant d’une promesse, ni d’une vue distincte d’un endroit aperçu du dehors et dont l’entrée n’est pas encore accordée, ni de relations avec Dieu qui ne soient pas fondées sur l’entrée au-dedans du voile, sur l’entrée dans sa propre présence. Maintenant nous entrons avec pleine liberté [(10:19)] ; nous appartenons au ciel ; c’est là qu’est notre bourgeoisie ; nous y sommes chez nous. La gloire céleste est notre part présente, Christ y étant entré comme notre précurseur ; nous avons dans le ciel un Christ, homme glorifié. Abraham ne l’avait point ; il marchait sur la terre dans un esprit céleste, attendant une cité, sentant que rien autre ne pouvait satisfaire les désirs que Dieu avait réveillés dans son cœur ; mais il ne pouvait être en rapport avec le ciel par le moyen d’un Christ, assis de fait là-haut en gloire. Or, c’est là notre position actuelle. Nous pouvons même dire : nous sommes unis à Lui là. La position du chrétien est tout autre que celle d’Abraham. [11:40] Dieu avait en vue quelque chose de meilleur pour nous.

Privilèges particuliers des croyants actuels par la foi

L’Esprit ne développe pas ici toute l’étendue de ce « quelque chose de meilleur » parce que l’Assemblée n’est pas son sujet. Il présente, en général, aux Hébreux, pour les encourager, la vérité que les croyants du temps présent ont des privilèges spéciaux, auxquels ils ont part par la foi, des privilèges qui n’appartiennent pas même à la foi des anciens fidèles.

Supériorité par la présence du Saint Esprit ici-bas, avant la perfection du ciel

Nous serons parfaits, c’est-à-dire, glorifiés ensemble en résurrection ; mais il y a une part spéciale qui appartient aux saints actuels, et qui n’appartenait pas aux patriarches. Le fait que Christ homme est dans le ciel après avoir accompli la rédemption, et que le Saint Esprit par lequel nous sommes unis à Lui est sur la terre, rend cette supériorité accordée aux chrétiens, facile à comprendre ; aussi, même le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que le plus grand de ceux qui ont précédé ce royaume [(Matt. 11:11)].