Ecclésiaste

John Nelson Darby

Introduction

Expérimentation par l’homme de tout ce qui peut procurer de la joie

Le livre de l’Ecclésiaste est, jusqu’à un certain point, l’inverse de celui des Proverbes1. Il nous montre l’expérience de l’homme qui, gardant la sagesse afin de pouvoir en juger, fait l’essai de tout ce qu’il peut supposer propre à le rendre heureux par la jouissance de toutes les choses que la capacité humaine peut se procurer comme moyen de joie. Cette tentative a eu pour effet la découverte que tout est vanité et rongement d’esprit, et que tout effort pour être heureux par la possession de la terre, de quelque manière que ce soit, n’aboutit à rien. Il y a un ver rongeur à la racine. Plus la capacité de jouissance est grande, plus l’expérience que tout est désappointement et rongement d’esprit, est étendue et profonde. Le plaisir ne satisfait pas ; et vouloir s’assurer le bonheur dans ce monde, en étant extraordinairement juste, c’est une idée qui ne se réalise pas. Le mal est là, et le gouvernement de Dieu dans le monde, tel qu’il est, ne s’excuse pas pour assurer à l’homme le bonheur ici-bas, bonheur qui est toujours tiré des choses de la terre et qui s’appuie sur leur fermeté ; quoique en règle générale ce gouvernement protège ceux qui marchent avec Dieu : « Et qui est-ce qui vous fera du mal, si vous êtes devenus les imitateurs de celui qui est bon ? » [(1 Pier. 3:13)]2. Il n’est pas fait allusion à la vérité que nous sommes morts dans nos fautes et dans nos péchés. C’est, dans l’esprit de l’écrivain, le résultat de l’expérience qu’il a faite et qu’il place devant nous : [5:18] quant à ce qui nous entoure, il n’y a rien de meilleur que de jouir des choses que Dieu nous a données ; [12:13] et enfin, la crainte de l’Éternel est le tout de l’homme, comme règle de sa marche ici-bas. Sa capacité, à lui, ne peut le rendre heureux, non plus que la satisfaction de sa propre volonté, même quand il dispose de tout. « Car que fera l’homme qui viendra après le roi ? » [(2:12)]. L’homme ne peut s’assurer la joie ; et une joie permanente n’existe pas pour l’homme. Par conséquent, s’il y a de la joie, c’est avec le sentiment qu’on ne peut la garder.

1 Voyez la note sur les Proverbes, 3e paragraphe.

2 Les épîtres de Pierre, après avoir posé le fondement de la rédemption et la nouvelle naissance, s’occupent de savoir à quel degré est applicable maintenant ce qui était immédiat (en promesse) au milieu des Juifs. Dans la première épître, il y a l’application de cela aux saints ; dans la seconde, au monde et aux méchants ici-bas ; ensuite, il est question des nouveaux cieux et de la nouvelle terre.