Deutéronome

Chapitre 33

Bénédictions du peuple par Moïse, selon le gouvernement de Dieu

[33:1] Nous avons encore les bénédictions prononcées sur le peuple par cet homme de Dieu avant sa mort (chap. 33). Les bénédictions de Jacob étaient plutôt historiques, en rapport avec l’avenir [(Gen. 49)]. Ici, elles ont trait plutôt à la relation du peuple avec Dieu selon son gouvernement. Les tribus sont toujours au nombre de douze (Siméon est omis, pour faire place à deux tribus de la postérité de Joseph, premier-né quant à l’héritage à la place de Ruben). Ici, l’ordre est selon la bénédiction de Dieu, et non pas selon les droits de la nature. [33:6] Sur ce dernier principe, Israël, représenté par Ruben, sera diminué, mais ne mourra pas.

Ch. 33 v. 2-5 — Relations servant de base aux bénédictions

Majesté et amour de l’Éternel, médiation et royauté de Moïse

[33:2] L’Éternel est là dans sa majesté avec le feu de la loi dans sa droite ; [33:3] mais il aime le peuple, c’est-à-dire ses saints qui l’entourent pour recevoir ses enseignements. [33:4] Par la médiation de Moïse, le peuple reçoit une loi qui est l’héritage de la congrégation de Jacob. [33:5] Il est là, ce Moïse, comme roi. Telles sont donc les relations sur lesquelles ces bénédictions sont basées.

Bénédictions selon les relations de la nation avec Dieu

Les bénédictions ne sont pas présentées ici historiquement comme étant celles des enfants des pères, en rapport par conséquent avec Shilo, la pierre d’Israël [(Gen. 49:10)] : ce n’est point non plus une vue complète des voies de Dieu en Israël, comme dans la Genèse ; mais ce chapitre a pour sujet les relations de l’Éternel avec le peuple, mis en possession du pays (comme dans tout le reste du livre) et placé sous le gouvernement de Dieu. [33:2] L’Éternel bénit, mais bénit selon la majesté de Sinaï et selon la révélation qu’il a donnée de Lui-même dans le buisson ; [33:5] Moïse, le roi, est le canal de ces bénédictions qui se rapportent ainsi à la nation et sont basées sur ses relations avec Dieu. [33:11] Ainsi, Lévi est béni, [33:9] ayant été fidèle à l’Éternel ; [33:16] Joseph a la bénédiction et la faveur de Celui qui demeurait dans le buisson, ayant été mis à part de ses frères, craignant Dieu, et vase de ses desseins. Telle était par conséquent la position de ces deux tribus dans le pays ; par contre Siméon, qui n’est pas mentionné ici, était, pour ainsi dire, perdu dans le pays, sa portion étant là où habitaient les Philistins.

Bénédictions particulières de Lévi et Joseph, dans leur séparation

[33:8] Il faut aussi remarquer ici, que les bénédictions principales sont sur celui qui, [33:9] pour l’amour de Dieu, n’a connu ni son père ni sa mère, c’est-à-dire sur Lévi ; [33:16] et sur Joseph qui, pour la gloire de Dieu, était mis à part de ses frères. Tous deux étaient à Lui. [33:10] Lévi a la place la plus excellente ; sa séparation qui, de fait, allait avoir lieu, était un fruit de sa fidélité. [33:16] Joseph a peut-être une jouissance plus sensible de la faveur divine ; il était fidèle à Dieu dans sa séparation involontaire. Ces deux conditions sont complètement réalisées en Christ.

Bénédiction des tribus

Ch. 33 v. 6-7 — Ruben et Juda, avec sa position particulière à la tête du peuple

[33:6] Si la bénédiction de Dieu conserve la vie à Ruben avec ses hommes en petit nombre, [33:7] Juda est présenté à l’Éternel pour être exaucé et afin que l’aide de l’Éternel soit avec lui. L’expression de : « Amène-le à son peuple », est digne de toute attention, dans les relations qui ont existé entre ce peuple et Dieu, vu la position de Juda dans l’histoire du peuple sous le gouvernement de Dieu, et sa dispersion actuelle ; vu aussi ce qui aura lieu dans l’avenir, lorsque le peuple tout entier sera ramené en unité dans son pays.

Ch. 33 v. 8-11 — Lévi, tribu sacerdotale

Sacrificature éternelle pour l’homme plein de grâce

[33:8] Lévi occupe la troisième place, Siméon étant omis. [33:10] La demande que fait le prophète-roi pour Lévi est celle de la sacrificature éternelle du peuple de Dieu (sur la terre, bien entendu). [33:8] « L’homme de ta bonté » s’emploie dans le sens de la piété envers Dieu, de la grâce dans le cœur. Moïse demande que « les perfections et les lumières » (Thummim et Urim) dans l’intelligence des relations qui subsisteraient de fait en tout temps entre le peuple et Dieu, et entre Dieu et le peuple en retour, fussent avec l’homme de grâce et de piété, officiellement avec la tribu sacerdotale.

Mise à l’épreuve du sacrificateur lors de la rébellion du peuple

Mais la base de cette demande est remarquable, quant au gouvernement de Dieu. [33:8] Dieu avait éprouvé le peuple à Massa et avait contesté avec lui à Mériba. Or c’est précisément ce qui est attribué à Israël dans l’histoire [(Ex. 17:7)]. Il a tenté (ou éprouvé) Dieu à Massa, et contesté avec Lui à Mériba. Mais là où la chair s’est montrée en Israël, Dieu a mis son sacrificateur à l’épreuve ; et aux eaux de Mériba, où Moïse ne l’a pas sanctifié [(32:51)], il a été en lutte avec Moïse1. Circonstance pénible, que d’être privé du fleuve des bénédictions évidentes et sensibles au milieu du peuple de Dieu ; état qui donne occasion à la manifestation de la chair rebelle et aux murmures contre Dieu dans le désert ; à tenter Dieu, en disant : « Est-il au milieu de nous ? » [(Ex. 17:7)] — c’est par ces circonstances que Dieu met ses sacrificateurs à l’épreuve ! L’Église, dans sa position sacerdotale, et spécialement ceux qui ont à cœur le bien de l’Église, sont aussi mis à l’épreuve, pour voir s’ils savent compter sur la bénédiction de Dieu malgré tout. Or, quoique Lévi fût mis à l’épreuve dans sa sacrificature, [33:10] il avait été mis à l’épreuve afin de l’obtenir ; [33:9] entre l’homme et Dieu, l’homme même le plus proche selon la chair, Lévi n’avait pas hésité un moment. C’est la seule base de toute sacrificature. On ne saurait se tenir pour l’homme devant Dieu, qu’autant qu’on s’est tenu en vérité pour Dieu devant les hommes. Car avec quel Dieu serait-on un médiateur ? Ce ne serait pas avec le Dieu de sainteté, ayant le droit sur tout notre être. On ne pourrait avoir, pour les pécheurs, que la sympathie de la chair qui participe à leurs péchés.

1 Sans doute, la chute de cet homme de Dieu était l’effet de son état précédent, car il était homme. L’épreuve, quand nous ne sommes pas en bon état, est un châtiment, mais un châtiment nécessaire, et a une bénédiction pour résultat. C’est pourquoi, tout en étant une bénédiction, il est dit : « Ne nous induis pas en tentation » [(Matt. 6:13)].

Nécessité d’un témoignage de fidélité à Dieu pour être sacrificateur

Il faut être reçu en la présence de Dieu selon sa sainteté, afin de pouvoir intercéder pour l’homme dans sa faiblesse. C’est ce qui est absolument vrai de Jésus et, dans un sens pratique, de nous tous. Mais, pour être intercesseur, il faut à l’occasion un témoignage de fidélité, et il faut nécessairement que cela nous coûte devant les hommes. [33:9] Il faut être pour Dieu et ne pas s’épargner soi-même, en haïssant son père et sa mère. Cette instruction est importante. Il faut aussi distinguer entre l’épreuve de notre sacrificature, et l’épreuve de nous-mêmes avant d’y entrer. Ici, il s’agit de l’épreuve pratique quand nous sommes sacrificateurs, car nous le sommes par grâce.

Ch. 33 v. 12 — Benjamin, gardé dans la faveur de l’Éternel

[33:12] Il paraîtrait que la place de Benjamin en relation avec l’Éternel était d’être gardé près de Lui, dans sa faveur, ainsi que cela eut lieu pour cette tribu, dans les limites de laquelle était Jérusalem.

Ch. 33 v. 13-17 — Joseph, ayant le droit d’aînesse comme premier-né

[33:13-16] Joseph a sa bénédiction terrestre à titre de premier-né ; [33:17] quant à l’héritage, sa terre est bénie, la double portion lui est déchue.

Ch. 33 v. 18-25 — Bénédiction des autres tribus

Je n’ai pas de remarques à faire sur les autres bénédictions, sauf que celles de Zabulon et d’Issacar semblent être encore à venir [(33:18-19)], et que celles de Gad semblent établir les relations qui existaient déjà [(33:20-21)].

Ch. 33 v. 26-29 — Bénédiction de Dieu sur Son peuple, selon Sa gloire

Mais, en outre, si les voies de Dieu envers son peuple étaient en rapport avec leur fidélité et la manifestation de Lui-même ; si Dieu adaptait ses voies à leur conduite pour manifester à la fois son gouvernement et Lui-même, [33:26] il s’élèverait aussi Lui-même au-dessus de tout pour bénir et pour garder. Il retournerait aux droits de sa propre gloire, afin d’être pour son peuple une source infaillible de bénédiction et de sécurité ; il ferait connaître sa gloire en faveur d’Israël ; il était porté sur les cieux à son secours. Là où était sa majesté, là était le secours de ce peuple. [33:27] Il le soutiendrait aussi ; Il détruirait ses ennemis ; [33:28] alors seulement Israël serait en sécurité. Cette nation habiterait une terre fertile que les cieux couvriraient de bénédictions comme d’une rosée. [33:29] Heureux peuple ! objet de la délivrance de Dieu, qui lui était comme un bouclier et comme une épée ! Ses ennemis lui rendraient une obéissance forcée.

Ainsi, quels que fussent les détails des relations du peuple avec Dieu dans son gouvernement, il les bénirait à la fin comme peuple, selon sa souveraine gloire et sa majesté.