1 Rois

Remarques générales sur les deux livres des Rois

Avant de passer au second livre des Rois, j’ajouterai quelques remarques générales qui s’appliquent également aux deux livres.

Gouvernement de Dieu sur le roi et son peuple

Principes du gouvernement divin selon Ex. 34

Ce dont il s’agit ici, c’est du gouvernement de Dieu. Or les principes de ce gouvernement nous sont exposés dans la révélation faite à Moïse, lorsqu’il est monté pour la seconde fois sur la montagne de Sinaï (Ex. 33-34). [Ex. 34:6] Il y avait, tout premièrement, bonté et miséricorde ; [Ex. 34:7] puis la déclaration que les coupables ne seraient pas tenus pour innocents ; et, troisièmement, un principe de gouvernement public qui faisait sentir les effets de la mauvaise conduite, savoir que les enfants en porteraient les conséquences, principe qui ne saurait être appliqué, s’il s’agit de l’âme ; mais ce principe important et salutaire pour le gouvernement extérieur du monde, se vérifie tous les jours dans celui de la Providence. Ce gouvernement de Dieu s’exerçait envers les rois, mais l’état d’Israël dépendait de leur conduite.

L’état d’Israël dépend du roi, et la prophétie fait le lien avec les conseils de Dieu

Nous avons déjà vu que la chute de la sacrificature et la demande d’un roi avaient placé le peuple dans cette position, qui sera pleine de bénédictions lorsque Christ sera leur roi ; mais, dans l’intervalle, Dieu avait suscité la prophétie, lien plus intime et plus réel entre les conseils de Dieu et son peuple. L’existence du roi plaçait le peuple sous l’effet de la responsabilité de celui qui le gouvernait.

Rôle du prophète, témoignage des devoirs du peuple et de la grâce de Dieu

Le prophète était là, de la part de Dieu lui-même, en témoignage et en grâce. Il rappelait au peuple les devoirs qui s’attachaient à cette responsabilité ; mais il était lui-même une preuve de ces conseils qui assuraient à Israël la bénédiction pour l’avenir, une preuve de l’intérêt que Dieu mettait à ce que le peuple en jouît déjà et dans tous les temps. Le prophète donnait aussi la clef des voies de Dieu, difficiles à comprendre sans lui.

Bénédiction apparente tandis que le jugement est suspendu

Gouvernement public en bénédiction et jugement secret sur l’état réel

Nous, chrétiens, nous avons les deux choses. Dieu veut que nous agissions par la foi, selon notre propre responsabilité ; mais l’intimité avec Dieu nous révèle la cause de bien des choses, et aussi la perfection de Ses voies. Ainsi, dans son gouvernement public, Dieu pouvait bien bénir Israël après les événements rapportés au chap. 18 ; ils étaient un appui donné à la foi des siens. Le chap. 19 nous fait voir le jugement secret de Dieu sur l’état réel des choses, et il ne tarde pas à se manifester. [20:33-34] Achab ne sait pas profiter de la bénédiction ; il épargne Ben-Hadad ; [21:1-16] et l’affaire de Naboth montre que l’influence de Jésabel est toujours aussi forte.

Patience et miséricorde de Dieu, même si le jugement s’exécute, à la fin

Mais à quel point la patience et la miséricorde de Dieu, selon Ex. 33-34, se manifestent en tout ceci ! [21:27] Achab, repris par Élie, s’humilie, [21:29] et le mal n’arrive ni dans les jours d’Achab, ni en ceux d’Achazia, mais en ceux de Joram qui était aussi son fils, et cela, selon le principe déjà exposé. Personnellement, Joram était moins méchant que son père et que son frère. Il n’adorait pas Baal. Israël, qui avait été entraîné dans le culte de cette idole, l’adorait néanmoins toujours.

Le jugement est prononcé et suspendu, même si rien ne le laisse voir

Remarquez la différence entre le jugement de Dieu et l’apparence des choses. Le jugement de Dieu était prononcé contre le roi et contre Israël (chap. 19) ; la prospérité et la paix ont néanmoins généralement distingué ce règne, comme nous l’avons vu. La Syrie était soumise, Moab tributaire ; [22:4] et Juda, jouissant d’une prospérité inaccoutumée, fait alliance avec Israël. Le roi de Juda était comme Achab, son peuple comme le peuple d’Achab et ses chevaux comme ceux d’Achab. [22:49] Il était même question d’envoyer chercher de l’or à Ophir, comme du temps de Salomon [(9:28)]. [21:29] Le jugement, cependant, n’était que suspendu, et cette suspension n’était révélée qu’à Élie seul.

Ch. 22 — Alliance entre le croyant Josaphat et le méchant Achab

Caractère de l’alliance de Josaphat venant vers Achab

Or, quel était moralement le caractère de cette alliance ? [22:2] C’est Josaphat qui vient à Achab, et non pas Achab à Josaphat. [22:5] Ce dernier demande, comme une faveur, que l’on consulte l’Éternel. [22:6] À la suite de cette demande, les faux prophètes se servent du nom de l’Éternel pour annoncer le succès de l’entreprise. Cela était assez naturel, car les Syriens ayant été battus, et ayant manqué à remplir les conditions de paix qui leur avaient été imposées [(20:34)], [22:3] Achab allait faire valoir ses droits avec le secours du roi de Juda.

Josaphat aide le roi d’Israël sans que celui-ci fasse rien pour lui

[22:11] Bref, le nom de l’Éternel est dans la bouche des faux prophètes. [22:15] Michée étant venu, [22:7] car le roi de Juda était mal à l’aise, [22:17] annonce le malheur. [22:29] Mais le parti d’Achab était pris, et le roi de Juda lié par son engagement. Il n’était plus temps de consulter l’Éternel ; s’enquérir de la vérité dans une telle position n’était que s’informer d’un jugement que l’on avait pris le parti de mépriser. Achab était plus conséquent que Josaphat. La conscience de ce dernier ne faisait que mettre tout le monde mal à l’aise, et démontrer sa propre folie. Complaire à Josaphat en lui parlant de l’Éternel, n’était que ce qu’exigeaient les convenances ; mais aussi, c’est tout ce qu’Achab fait pour Josaphat, [22:8-9] sauf qu’il appelle Michée à contrecœur. [22:4] Josaphat aide Achab contre la Syrie ; [2 Rois 3:7] il aide Joram contre Moab ; mais ni Achab, ni son fils, n’ont aidé Josaphat en quoi que ce soit, sinon à être infidèle à l’Éternel. [22:49-50] Achazia était disposé à aller avec lui, mais il s’agissait de se procurer l’or d’Ophir. [2 Chron. 20:1] Il paraîtrait plutôt que c’est cette alliance qui a donné lieu à celle de Moab, d’Ammon et de Séhir contre Josaphat. Heureusement, il ne s’agissait pas alors de secourir Israël.

L’alliance entre croyant et infidèle ne peut se faire dans le chemin de la vérité

Telle est l’histoire des alliances des croyants non pas seulement avec les incrédules, mais avec les infidèles. Ceux-ci veulent bien que nous allions avec eux ; mais, marcher dans le chemin de la vérité, c’est autre chose. Pour eux, ce n’est pas ce dont il s’agit ; s’ils le faisaient, ils cesseraient d’être infidèles. Une vraie union aurait nécessairement fait de Jérusalem le centre et la capitale du pays ; car l’Éternel et son temple y étaient. L’alliance admettait comme chose définitive que Josaphat avait renoncé à toute idée d’une union pareille ; car il reconnaissait Achab dans la position où il se trouvait.

La vérité ne peut qu’être perdue dans une alliance avec l’erreur

Une alliance entre l’erreur et la vérité n’est pas la vérité égale pour les deux parties ; car, par le fait de cette alliance même, la vérité cesse d’être la vérité, et l’erreur ne devient pas vérité. La seule chose perdue est l’autorité de la vérité, et son obligation.

J’ai anticipé sur quelques événements du second livre des Rois, où nous trouvons une grande partie de l’histoire de Josaphat. Passons maintenant à l’étude du contenu de ce second livre.