1 Corinthiens

Chapitre 12

Ch. 12 v. 1-3 — Les manifestations spirituelles et leur origine

Les dons du Saint Esprit présent dans l’Assemblée — Les manifestations de l’ennemi envers les hommes

L’autre partie de la vérité relativement à l’Assemblée en général et aux assemblées, c’est la présence et les dons du Saint Esprit. Cette présence et ces dons sont, aussi bien que la cène1, en rapport avec l’unité, [12:7] et l’individu est responsable dans l’emploi des dons que l’Esprit Saint lui départit, [11:28] ainsi qu’il l’est à l’égard de la cène. [12:1] C’est ce sujet des manifestations spirituelles que l’apôtre traite dans le chap. 12. Le premier point était d’établir les marques distinctives auxquelles on pût reconnaître l’Esprit de Dieu. Il y avait des mauvais esprits qui cherchaient à se glisser au milieu des chrétiens, à parler ou à agir en se présentant comme étant l’Esprit de Dieu, et ainsi à tout confondre. Les chrétiens d’aujourd’hui ne croient guère à de tels efforts de l’Ennemi. Les manifestations spirituelles sont, sans doute, moins frappantes maintenant qu’au temps dont l’apôtre parle, mais l’Ennemi adapte ses moyens de déception aux circonstances dans lesquelles l’homme et l’oeuvre de Dieu se trouvent, ainsi que Pierre nous le montre à l’égard d’un cas analogue : « Il y a eu de faux prophètes parmi le peuple, comme aussi il y aura parmi vous de faux docteurs » (2 Pierre 2:1). L’Ennemi ne cesse pas d’agir : ainsi, la défense de se marier était « des enseignements de démons », comme dit l’apôtre à Timothée [(1 Tim. 4:3, 1)]. Dans les derniers jours la puissance de l’Ennemi sera manifestée encore davantage. Dieu peut la restreindre par l’énergie de son Esprit et par la puissance de la vérité ; mais si l’Ennemi n’est pas bridé, il agit encore dans le temps présent en trompant les hommes, et par des choses telles que — à moins d’avoir été ainsi séduit soi-même — on n’aurait pas supposé qu’un homme de sens rassis pût les croire. Mais il est étonnant de voir ce que l’homme laissé à lui-même, ce que l’homme qui n’est pas gardé de Dieu peut croire lorsque l’énergie de l’Ennemi est en activité. On parle du sens commun, on parle de la raison, et ce sont là, sans doute, des choses très précieuses ; mais à lire l’histoire, on ne peut douter que ce soit Dieu seul qui nous les donne et qui nous les conserve.

1 C’est ce que nous avons vu, quant à la cène, au chap. 10:17 et ce que nous verrons, quant au Saint Esprit, au chap. 12:13.

Ch. 12 v. 2 — La puissance de l’ennemi attire et trompe l’homme naturel

Au temps des apôtres, l’Esprit se manifestait par des effets de sa puissance qui éclataient au milieu de l’assemblée, et attiraient l’attention du monde même ; l’Ennemi les imitait. [12:2] La plupart des chrétiens de Corinthe avaient été de pauvres gentils sans discernement et stupidement conduits par les illusions de l’Ennemi ; ils étaient ainsi plus en danger d’être encore trompés par les mêmes moyens. Lorsqu’un homme n’est pas rempli de l’Esprit de Dieu, de cet Esprit qui donne de la force à la vérité dans son coeur et de la clarté à sa vision morale, la puissance séductrice de l’Ennemi éblouit son imagination. Il aime le merveilleux, tout incrédule qu’il soit quant à la vérité ; le saint discernement lui manque parce qu’il ignore la sainteté et le caractère de Dieu, et qu’il n’a pas la stabilité d’une âme qui possède la connaissance de Dieu et (on peut le dire) Dieu lui-même comme son trésor, cette stabilité d’une âme qui, sachant qu’elle a tout en Lui, n’a pas besoin d’autres choses merveilleuses. Lorsqu’un homme n’est pas ainsi établi par la connaissance de Dieu, la puissance de l’Ennemi le frappe et le préoccupe ; il ne sait pas s’en débarrasser, ni s’en rendre compte ; il est victime de l’influence que cette puissance exerce sur son esprit, la chair s’y complaît, parce que, en résultat, l’influence de l’Ennemi sous une forme ou sous une autre, donne toujours libre cours à la chair.

Ch. 12 v. 3 — L’ennemi ne reconnaît pas Jésus comme le Seigneur

[12:2] Longtemps menés aveuglément par la puissance des mauvais esprits, les gentils convertis n’étaient guère en état de les discerner et de les juger. [12:3] Chose étrange, cette puissance démoniaque avait une telle influence que l’on oubliait l’importance du nom de Jésus même, ou du moins, on oubliait que ce nom n’était pas reconnu par ces mauvais esprits. L’Ennemi se transforme en ange de lumière, mais il ne reconnaît jamais réellement Jésus Christ pour Seigneur. Il parlera de Paul et de Sylvain, et voudra avoir sa part avec les chrétiens, mais Christ n’est pas reconnu : et finalement c’est la destruction et la ruine de ceux qui le suivent. Ce trait essentiel et caractéristique que Christ n’est pas reconnu par l’Ennemi, fournit donc le moyen de discerner entre les manifestations de l’Esprit de Dieu et celles des mauvais esprits. Un esprit impur ne dira pas : « Seigneur Jésus », et l’Esprit de Dieu ne peut pas dire : « Anathème à Jésus ». Mais il est important de remarquer que, lorsque l’apôtre déclare que nul ne peut dire « Seigneur Jésus » que par l’Esprit de Dieu, il est question d’esprits et non de la conversion, ni de la nécessité de la grâce opérant dans le coeur pour la vraie confession du nom de Jésus, nécessité très réelle du reste, mais dont il ne s’agit pas ici1.

1 Ce que l’apôtre dit est même le contraire de ce que l’on suppose : il déclare que lorsqu’on dit « Seigneur Jésus », on ne peut le dire que par l’Esprit — mais il ne parle pas du coeur, mais des esprits.

La présence de l’Esprit Saint ici-bas

L’Esprit Saint, présence de Dieu ici-bas au milieu des hommes et dans l’Assemblée

[12:4] Maintenant, pour en venir aux instructions positives, rien de plus important, de plus distinctif, de plus merveilleux que la présence de l’Esprit Saint ici-bas au milieu des chrétiens. [12:5] Elle est pour nous le fruit de l’oeuvre parfaite de Christ, [12:6] mais en elle-même la manifestation de la présence de Dieu parmi les hommes sur la terre. Dieu manifeste sa puissance dans les oeuvres de la création ; sa providence et son gouvernement dirigent toutes choses : mais l’Esprit Saint est sa présence dans ce monde, le témoignage que Dieu rend de Lui-même, de son caractère1. Dieu est au milieu des hommes pour se manifester, non pas encore en gloire, mais en puissance et en témoignage de ce qu’il est. Christ ayant accompli la rédemption et ayant présenté à Dieu, souverain et juge, l’efficacité de son oeuvre, l’Assemblée qui est rachetée et purifiée par son sang et qui Lui est unie comme son corps, devient le vase de cette puissance qui agit dans les divers membres ; aussi doit-elle déployer en sainteté la force qui lui est départie : elle est responsable de le faire. Mais ainsi, quant à l’exercice de la puissance, l’homme devient de fait, individuellement, le vase de cette énergie spirituelle. Elle est un trésor qui lui est confié. Or l’Esprit est tout premièrement le lien entre l’Assemblée et Christ, aussi bien qu’entre le chrétien et Christ. C’est par l’Esprit que la communion se réalise et se maintient ; c’est la première fonction de l’Esprit : et l’homme doit être dans la jouissance de cette communion pour réaliser le caractère de Dieu et discerner sa volonté, et cela selon le témoignage que Dieu a l’intention de rendre par l’Esprit descendu ici-bas.

1 C’est une vérité frappante que l’habitation de Dieu avec les hommes est le fruit de la rédemption. Il n’habitait pas avec Adam innocent. Il se promenait dans le jardin [(Gen. 3:8)], mais n’y habitait pas. Il n’habitait pas avec Abraham.

L’Assemblée responsable du maintien de la communion avec Dieu

Mais si l’Assemblée ne se maintient pas dans cette communion, elle perd sa force comme témoin responsable de Dieu sur la terre, et de fait elle perd aussi sa joie et son intelligence spirituelle. Dieu est toujours souverain pour agir comme il l’entend, et Christ ne peut manquer à sa fidélité envers son corps ; mais si la communion et la dépendance manquent, le témoignage confié à l’Assemblée n’est plus rendu de manière à faire sentir que Dieu est présent sur la terre. L’Assemblée ne s’aperçoit peut-être pas de son éloignement de Dieu, parce qu’elle conserve pendant un temps beaucoup de ce que Dieu a donné et qui est bien au delà de tout ce qui était selon la nature ; et, en perdant la force, elle perd aussi le discernement de ce qu’elle devrait être. Mais Dieu ne se trompe jamais quant à la condition de l’Assemblée. Il dit : « Tu as abandonné ton premier amour. Repens-toi et fais les premières oeuvres : autrement, je viens à toi et j’ôterai ta lampe de son lieu » [(Apoc. 2:4-5)]. Pensée solennelle pour l’Assemblée, quant à sa responsabilité, lorsqu’on réfléchit à la grâce qui lui a été faite, aux fruits qui ont été manifestés au commencement et qui auraient dû l’être dans la suite, et à la puissance qui lui a été donnée pour les produire.

Les conseils et les voies de Dieu envers les siens

Les conseils de Dieu en faveur de l’Assemblée ont leur fin et leur but dans le ciel ; ils s’accompliront sans qu’il soit possible que la moindre chose manque au résultat divin : tout ce qui est nécessaire pour introduire ses membres dans la gloire selon les conseils de Dieu, Christ le fera ; les membres de son corps sont rachetés par son sang pour être à Lui. Les voies de Dieu s’accomplissent et se déploient sur la terre pour notre instruction, dans l’Assemblée et dans les individus.

L’Esprit de Dieu demeure dans son peuple, à la différence de ses actions de l’Ancien Testament

[12:4] Ce n’est pas seulement dans ses dons que la présence de l’Esprit de Dieu se manifeste. Il y a eu, avant la Pentecôte, des prophéties et des miracles, des hommes mus par l’Esprit Saint. Ce qui est attribué à la foi, au chap. 11 de l’épître aux Hébreux, est souvent attribué à l’Esprit dans l’Ancien Testament. Mais l’Esprit avait été promis d’une manière spéciale dans l’Ancien Testament. La manière dont l’Esprit a agi à cette époque-là n’a jamais été celle de la présence de Dieu au milieu du peuple, comme elle l’est au milieu de l’Assemblée. La gloire est venue prendre possession du tabernacle [(Ex. 40:34)] ou du temple [(1 Rois 8:11)]. L’Esprit de Dieu agissait souverainement en dehors de l’ordre de sa maison, et pouvait être avec le peuple même quand la gloire n’était plus là (voyez Aggée 2:5, et comparez avec le premier et le second chapitre de Luc). Mais l’Esprit Saint envoyé d’en haut pour demeurer dans les disciples et dans l’Assemblée sur la terre, était la manifestation de la présence de Dieu dans sa maison, de Dieu qui était là par l’Esprit. Et cette présence de l’Esprit est tellement distincte, et si clairement constatée comme une chose connue et réalisée par les premiers chrétiens, et qui démontrait au lieu d’être démontrée1, que la parole en parle comme étant le Saint Esprit lui-même. « L’Esprit n’était pas encore », dit Jean, au chap. 7 de son évangile [(v. 39)] ; « nous n’avons même pas ouï dire si l’Esprit Saint est », disent les douze hommes à Paul (Actes 19:2). Il ne s’agissait pas de savoir s’il y avait réellement un Saint Esprit : tout Juif orthodoxe le croyait ; mais il s’agissait de savoir si cette présence de l’Esprit Saint lui-même demeurant ici-bas, le nouveau Consolateur et Guide des disciples dont Jean le Baptiseur avait parlé, était réalisée. Si l’Esprit Saint était descendu, sa présence était la présence de Dieu dans son temple spirituel sur la terre. Le lieu où les disciples étaient réunis avait tremblé pour montrer que Dieu était là [(Act. 4:31)] ; Ananias et Sapphira étaient tombés morts devant les apôtres pour avoir menti à Dieu [(Act. 5:9)] ; Philippe avait été transporté, par la puissance de l’Esprit, loin de la présence de l’homme qui avait reçu la connaissance de Jésus par le moyen de cet évangéliste [(Act. 8:39)].

1 Le changement qui est résulté de la perte faite par l’Assemblée de la conscience de la présence du Saint Esprit et des manifestations de cette présence, est très frappant, si l’on compare la manière de voir des chrétiens de nos jours avec ce que dit la Parole (voyez Gal. 3:2 et 1 Jean 3:24). Dans ces passages, la présence du Saint Esprit n’est pas démontrée par des preuves accessoires, par des effets que cette présence produit, et par l’état du coeur, au contraire ils montrent que la présence du Saint Esprit était une chose si sensible et palpable, qu’elle était elle-même la preuve des relations de l’Assemblée et des chrétiens avec Dieu.

La manifestation de la présence de l’Esprit Saint

[12:4] Telle était la présence de l’Esprit. Dans notre chapitre, il s’agit des manifestations de la présence de l’Esprit dans les dons qui s’exerçaient par l’instrumentalité des membres du corps de Christ, soit pour l’appel et pour l’édification de l’Assemblée, soit comme témoignage pour ceux du dehors. [12:3] Avant d’entrer dans ce sujet, Paul donne aux Corinthiens, que l’Ennemi aurait voulu entièrement tromper, des instructions qui devaient les rendre capables de discerner entre la manifestation de l’Esprit Saint et l’action d’un mauvais esprit. [12:4] Ensuite il parle des dons.

Ch. 12 v. 4-6 — Les relations du croyant avec Dieu et Christ, par l’Esprit

[12:4] Or, il n’y avait pas divers esprits, comme dans le cas des démons : il n’y avait qu’un seul et même Esprit, mais diversité de dons. Cela fournit à l’apôtre l’occasion de parler des diverses relations dans lesquelles les hommes mus par le Saint Esprit, sont placés avec Christ et avec Dieu, car l’ordre des relations de l’homme avec Dieu, relations dont l’énergie pratique est dans l’Esprit Saint, est le sujet qui l’occupe. L’Esprit donc, un seul et même Esprit, agit en eux par diverses manifestations ; [12:5] mais dans l’exercice de ces dons différents, ils étaient administrateurs, et il y avait un seul Seigneur, c’est-à-dire Christ. Ce qui agissait en eux n’était donc pas une puissance indépendante et volontaire. Quelle que fût l’énergie de l’Esprit en eux, ils ne cessaient pas d’être serviteurs et économes de Christ, et ils devaient agir dans ce caractère, reconnaissant dans leur service la Seigneurie de Christ. [12:6] Cependant, quoique ce fût une puissance dans un homme, et que ce fût l’homme, par conséquent, qui agît, de sorte qu’il était serviteur ; — et quoique ce fût un Homme qui fût Chef et qu’on servît (Fils de Dieu toutefois et Seigneur de tout), cependant c’était Dieu qui opérait, un seul et même Dieu qui opérait tout en tous. Ce n’est pas à proprement parler la Trinité qui nous est présentée ici dans son caractère propre, [12:4] mais un seul Esprit agissant dans les chrétiens, [12:5] Jésus Seigneur, [12:6] et Dieu agissant dans les dons.

Ch. 12 v. 7-11 — Les dons de l’Esprit

Les dons, manifestations et opérations de l’Esprit comme personne dans les hommes

[12:4] Ainsi les dons sont les manifestations de l’énergie de l’Esprit confiée aux hommes, sous l’autorité de Christ qui est Chef et Seigneur, [12:5] et les hommes ont à en user comme servant le Seigneur. [12:7] Or Christ pense à ce qui est profitable à son Assemblée, à ceux qui sont siens, et les manifestations de l’Esprit étaient données pour le profit des âmes, de l’Assemblée en général. [12:8-10] L’apôtre signale plusieurs de ces dons ; [12:11] mais il nous rappelle encore que c’est le même Esprit qui opère dans chaque cas, distribuant à chacun selon qu’il lui plaît (v. 11). Que le lecteur remarque ce passage. [12:6] L’apôtre avait dit que Dieu opérait toutes ces choses, [12:7] et il avait parlé des dons comme étant des manifestations de l’Esprit. On aurait pu supposer que l’Esprit était quelque influence vague, et qu’on devait attribuer tout à Dieu sans reconnaître un Esprit personnel ; [12:6] mais les opérations attribuées à Dieu au v. 6, [12:11] sont attribuées à l’Esprit au v. 11, et la Parole ajoute que lui, l’Esprit, distribue à chacun comme il veut. Il n’est donc pas un Esprit d’un ordre inférieur. C’est Dieu lui-même qui opère là où l’Esprit Saint opère, mais les opérations dans les hommes sont des dons distribués selon la volonté de l’Esprit : l’Esprit nous est ainsi présenté comme agissant personnellement dans cette distribution et selon sa volonté à Lui.

Le don de la sagesse selon Dieu

Quelques-uns des dons dont l’apôtre parle ici demandent que nous nous y arrêtions un instant. [12:8] La « sagesse » (v. 8) est l’application de la lumière divine à ce qui est bien et mal, et à toutes les circonstances par lesquelles nous passons ; et cette expression a une grande étendue, car elle s’applique à toute chose à l’égard de laquelle nous avons à former un jugement. L’Esprit Saint pourvoit quelques-uns d’une manière particulière de cette sagesse, d’une sagesse selon Dieu. Cette sagesse consiste d’un côté, dans une perception de la vraie nature des choses et de leur relation entre elles ; d’un autre côté, dans l’intelligence quant à la conduite que nous avons à suivre à leur égard. Cette sagesse venant de Dieu, nous guide à travers les difficultés du chemin, et nous fait éviter ce qui nous placerait dans une fausse position vis-à-vis de Dieu et des hommes.

Les dons de connaissance, de foi et de discernement d'esprits

[12:8] La « connaissance » est l’intelligence de la pensée de Dieu, telle qu’elle nous est révélée. [12:9] La « foi », ici (v. 9), ne veut pas dire la simple foi à l’Évangile ; celle-ci n’est pas un don distinctif que l’un des croyants possède et qu’un autre ne possède pas, c’est évident. La foi dont il est question ici, est la foi, l’énergie donnée de Dieu, qui surmonte les difficultés, qui s’élève au-dessus des dangers, qui fait face à ces choses sans s’en effrayer. [12:10] Les « discernements d’esprits » ne sont pas le discernement de l’état d’une âme, et n’ont rien à faire avec l’état moral d’un homme : le discernement dont l’apôtre parle ici, est le don de discerner par la puissante énergie de l’Esprit de Dieu, l’action des démons, et de la mettre en lumière, si cela est nécessaire, en contraste avec l’action de l’Esprit de Dieu.

Ch. 12 v. 12-27 — L’unité du corps par l’Esprit

L’Esprit, qui est un, est le centre de l’unité du corps

Les autres dons n’exigent point de remarque. [12:11] Nous pouvons revenir maintenant à l’unité de l’Esprit dont l’apôtre a parlé et à laquelle se lie ce qu’il dit après avoir parlé des dons. [12:4] L’Esprit est un, avait-il dit (v. 4), et opère diversement dans les membres, selon sa volonté. [12:11] L’importance de la personnalité de l’Esprit et l’immense portée de sa divinité, quand nous réfléchissons que c’est lui qui opère dans l’homme et par l’homme, sont évidents, [12:13] spécialement quand nous remarquons qu’il est le centre et la puissance vivante de l’unité de tout le corps, de sorte que les individus, dans l’exercice de leurs dons, ne sont que les membres d’un seul et même corps divinement formé par la puissance et la présence de l’Esprit. L’apôtre développe largement ce point en rapport avec l’unité du corps, la dépendance mutuelle des membres, et la relation de chaque membre avec l’ensemble du corps.

Ch. 12 v. 13 — Le baptême de l’Esprit produit l’unité ; la cène exprime cette unité

Les instructions pratiques de l’apôtre sont faciles à saisir, mais il y a, dans les principes généraux, quelques points importants qu’il sera bon de relever. [12:13] L’unité du corps est produite par le baptême de l’Esprit Saint, et la liaison des membres en dépend : « Nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps » (v. 13). [10:17] La cène du Seigneur est l’expression de cette unité : l’Esprit la produit et en est la force. [12:13] Les caractères distinctifs de Juif et de gentil, et toutes les autres différences, étaient perdus dans la puissance d’un seul Esprit, commun à tous, qui unissait tous les croyants en un corps seul et unique. L’apôtre, dans le v. 13, parle du baptême du Saint Esprit ; or ce mot de « baptême » rappelle à son esprit « la cène », l’autre rite institué par le Seigneur ; et il parle d’être « abreuvés pour l’unité d’un seul Esprit », faisant allusion, je n’en doute pas, à la cène du Seigneur. Il ne parle pas de l’Esprit Saint ; un seul esprit était l’état des croyants, le mot étant employé en contraste avec un seul corps ; ils étaient associés en un seul corps et une seule pensée par l’Esprit auquel ils étaient participants en Christ.

Les différents membres composent un même corps, par l’Esprit

[12:13] Ce n’est pas la foi, ni même la vie qui forment l’union, bien que la foi et la vie appartiennent toutes deux à ceux qui sont unis — c’est l’Esprit Saint qui la produit. Le baptême du Saint Esprit est donc ce qui réunit les chrétiens en un seul et unique corps ; et ils sont tous rendus participants d’un même esprit, individuellement animés d’un même Esprit. [12:20] Il y a ainsi plusieurs membres, mais un seul corps composé de ces membres [12:22] qui sont dépendants l’un de l’autre [12:25] et qui ont besoin l’un de l’autre. [12:23-24] Les dons mêmes qui avaient le plus d’éclat, avaient comparativement le moins de valeur, comme un homme revêt et orne les parties les moins honorables de son corps et laisse découvertes les plus belles.

Ch. 12 v. 25-27 — L’unité dans les sentiments et les intérêts du corps

[12:25] Un autre point que l’apôtre signale, c’est l’intérêt commun qui existe parmi les chrétiens par le fait qu’ils sont membres d’un seul et même corps (v. 25, 26). [12:26] « Si un membre souffre, tous les membres souffrent », puisqu’il n’y a qu’un corps animé par un seul Esprit ; de même, « si un membre est glorifié, tous les membres s’en réjouissent ». Cette unité dans les souffrances et dans les joies dépend aussi de ce seul et même Esprit qui unit et qui anime les chrétiens. [12:27] De plus, ce corps, c’est le corps de Christ : « Vous êtes », dit l’apôtre, « le corps de Christ, et ses membres chacun en particulier ».

Ch. 12 v. 27 — L’assemblée locale représente le corps tout entier — Les membres sont ceux du corps, non ceux de l'assemblée locale

[12:27] Remarquez aussi que, quoique cette assemblée de Corinthe ne fût qu’une partie du corps de Christ, Paul parle du corps entier, car l’assemblée dans cette ville était, d’après le principe de son rassemblement, le corps de Christ comme assemblé à Corinthe. [1:2] Il est vrai qu’au commencement de l’épître, l’apôtre parle de tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur Jésus ; mais de fait il s’adresse à l’assemblée de Corinthe, et l’expression générale dont il se sert, montre que dans les intérêts généraux et dans la marche de l’Assemblée, on ne peut pas séparer une assemblée locale du corps entier des chrétiens sur la terre ; [12:27] et le langage employé ici montre que, quant à leur position vis-à-vis de Dieu, les chrétiens d’une seule ville sont considérés comme représentant l’Assemblée tout entière pour ce qui regarde cette localité ; non pas comme indépendants des autres, mais au contraire comme unis inséparablement aux autres, vivant et agissant par rapport à cette localité comme membres du corps de Christ et envisagés comme tels dans cette localité, parce que tout chrétien formait une partie de ce corps, et qu’eux, de même, en formaient aussi une. [12:28] Par les versets qui suivent, on voit que l’apôtre, tout en considérant les chrétiens à Corinthe comme constituant le corps de Christ dont ils étaient les membres, a dans sa pensée l’Assemblée tout entière, comme l’Assemblée de Dieu. Il n’est question dans le Nouveau Testament que de membres de Christ et non pas de membres d’autre chose, sinon que nous sommes les membres les uns des autres, comme formant le corps tout entier [(Rom. 12:5)] ; mais jamais il n’est question de membre d’une assemblée ; l’idée est différente de celle de membre du corps. Quand on parle de membres, dans la Parole, il s’agit de membres d’un corps tel que celui de l’homme, en employant le mot corps comme figure de celui de Christ : il n’est jamais parlé des membres d’une assemblée, dans le sens moderne du mot. [12:27] Nous sommes membres de Christ et par conséquent du corps de Christ. Tels étaient les Corinthiens, en tant que ce corps était manifesté à Corinthe.

L’Assemblée sur la terre est vue comme un tout

[12:27] De plus le corps de Christ, l’Assemblée, est envisagé ici comme un tout sur la terre. [12:28] Dieu a mis « dans l’Assemblée », dit l’apôtre, des apôtres, des prophètes, etc., des miracles, des guérisons, des langues (v. 28). Il est clair que cela est sur la terre, où étaient d’ailleurs les Corinthiens, et que l’apôtre parle de l’Assemblée dans son ensemble comme d’un tout. Les guérisons et les langues n’étaient pas dans le ciel, et les apôtres n’étaient pas ceux d’une assemblée particulière. En un mot, c’était le Saint Esprit descendu d’en haut qui avait formé l’unité du corps sur la terre, et qui y agissait dans les dons particuliers qui distinguaient les membres.

Ch. 12 v. 28-31 — L’importance des différents dons

[12:28] L’apôtre signale ensuite ces dons, non pour en donner une liste formelle et complète, mais pour marquer l’ordre et l’importance de ceux dont il parle. Les langues, dont les Corinthiens s’enorgueillissaient tant, se trouvent placées les dernières dans l’énumération. [12:31] Il y avait donc des dons plus excellents que d’autres ; on devait juger de la valeur de chaque don d’après la mesure dans laquelle ils servaient à l’édification de l’assemblée ; on devait désirer ceux qui tendaient à cette fin.

L’Esprit agissant avec puissance par les dons — Comparaison avec Éph. 4

Il est intéressant de remarquer ici la différence entre ce chapitre et Éph. 4. Ici c’est simplement la puissance, et dans certains cas, il est dit que les hommes doivent garder le silence, lorsque la puissance était là [(14:28, 30)]. C’était l’Esprit Saint agissant comme puissance. [Éph. 4:15-16] En Éph. 4, nous avons les soins de Christ comme Tête du corps. [Éph. 4:11] Il n’est point fait mention de dons comme signes de puissance pour d’autres. [Éph. 4:12] On ne trouve que ce sur quoi l’Assemblée est fondée, ce qui édifie les saints et fait croître l’Assemblée ; [Éph. 4:13] et alors il y a une promesse de continuité jusqu’à ce que nous arrivions tous à la mesure de la plénitude du Christ. Car Christ ne peut pas cesser de prendre soin de son corps, mais les dons-signes peuvent disparaître, ce qui a eu lieu. Les apôtres et prophètes étaient le fondement, et dans ce sens, le fondement étant posé, ils n’étaient plus en exercice. [12:31] Cependant il y avait quelque chose de plus excellent que tous les dons : ils étaient les manifestations de la puissance de Dieu et des mystères de sa sagesse ; l’amour était la manifestation de la nature même de Dieu.