Éternel, en toi j'ai mis ma confiance (Psaume 7:1)

Jean Kœchlin

La confiance concerne et sous-entend deux personnes: une qui inspire ce sentiment, et une autre qui l'éprouve. S'il s'agit des relations entre Dieu et l'homme, le sujet a deux volets:

  • Quel est ce Dieu en qui nous sommes encouragés à nous confier?
  • Et comment notre confiance se manifeste-t-elle?

Dieu mérite notre confiance

«Béni l'homme qui se confie en l'Éternel, et de qui l'Éternel est la confiance!» déclare le prophète (Jérémie 17:7). Qui est plus digne de la confiance de sa créature que le Créateur lui-même? N'est-il pas le Dieu sage, puissant et bon qui tient en sa main les fils de notre existence? Qui plus est, il est le Dieu sauveur dont l'amour a été démontré d'une manière incomparable dans le don qu'il a fait de son propre Fils.

C'est la méfiance — le sentiment inverse de la confiance — qui a fait tomber nos premiers parents. Le diable est venu leur souffler que Dieu ne voulait pas vraiment leur bonheur et les privait d'une précieuse connaissance. Qui croire? C'était le test. En faisant confiance à Satan plutôt qu'à Dieu, Adam a fait le choix tragique qui le plongeait dans le malheur avec toute sa descendance.

Nous ressentons péniblement une réaction de méfiance à notre égard, de la part d'un de nos enfants par exemple ou d'une personne à qui nous n'aurions fait que du bien. Il est toujours douloureux de voir quelqu'un douter de notre bonne foi, vérifier que nous ne lui avons pas menti. Comment Dieu ne se sentirait-il pas outragé en voyant l'homme mettre en doute sa parole? Or «celui qui ne croit pas Dieu, l'a fait menteur» dit l'Écriture, justement dans le chapitre où le Fils de Dieu est appelé «le Véritable» (1 Jean 5:10, 20). Il est «le Dieu qui ne peut mentir» (Tite 1:2) tandis que le diable, que l'homme a écouté, est nommé le «menteur» et le «père du mensonge» (Jean 8:44).

Comment Dieu a gagné notre confiance

Christ est venu nous apprendre que Dieu seul méritait notre pleine confiance. Il s'est approché doucement de sa créature apeurée — qui d'ailleurs avait toutes les raisons de trembler devant le Dieu saint. Le Fils de Dieu s'est fait semblable à ces humains qu'il voulait visiter; il s'est fait humble et petit, afin de leur inspirer cette confiance en un Dieu sage, un Dieu d'amour, prêt à les accueillir et à les adopter.

Nombreuses sont les scènes de l'Écriture qui relatent des rencontres d'hommes avec Dieu, en nous montrant ceux-ci terrifiés par la présence divine. Parmi eux, pensons à Moïse «épouvanté et tout tremblant» (Hébreux 12:21), à Manoah qui croyait qu'il allait mourir, (Juges 13:22), à David, à Ézéchiel, à Daniel, et à bien d'autres, qui sont tombés sur leur face (1 Chroniques 21:16; Ézéchiel 1:28; Daniel 8:17). Le Nouveau Testament nous montre Pierre, Jacques et Jean, muets d'épouvante (Marc 9:6). La présence d'un Dieu saint dans sa majesté ne peut qu'impressionner et saisir d'effroi l'homme le plus pieux, fut-il l'apôtre Jean (Apocalypse 1:17).

Il fallait cette autre approche qui est appelée «le mystère de la piété». Sans contredit, il est grand: «Dieu a été manifesté en chair…» (1 Timothée 3:16). Pour gagner la confiance de sa créature, Dieu n'est pas apparu cette fois dans sa splendeur impressionnante, mais comme un petit enfant couché dans une crèche. On n'a pas peur d'un petit enfant. Plus tard il a été reconnu comme un artisan de village, un homme simple qu'on pouvait inviter à sa table et avec qui on pouvait converser.

La rencontre de Jésus avec la femme samaritaine est pour nous ce qu'on pourrait appeler une magistrale leçon d'évangélisation. Apprenons du Maître la manière d'aborder une âme craintive (Jean 4). Un voyageur assis sur un puits, fatigué, ayant soif, demandant un peu d'eau, quelle approche encourageante pour cette femme lassée d'une vie agitée et probablement montrée du doigt dans son village! La voilà prête à l'écoute, disposée à engager la conversation.

Comment Dieu fortifie notre confiance

Mais, nous le savons bien, une bonne approche ne suffit pas à capter la confiance; celle-ci s'obtient et se fortifie par la fréquentation. L'expérience permet de vérifier la fiabilité de la personne, la sincérité de ses intentions. La grâce s'accompagne de la vérité. Ainsi notre Seigneur montre à la Samaritaine qu'il connaît toute son histoire, et néanmoins il ne la repousse pas. Et elle non plus n'est pas repoussée par la vérité qui doit lui être dite, comme le sel qui «assaisonne» obligatoirement la grâce (Colossiens 4:6).

Dans les relations entre les hommes, lorsque quelqu'un a donné les preuves de ses bonnes intentions, la confiance s'est établie et on ne doute pas qu'il restera égal à lui-même, qu'on pourra compter sur lui plus tard lorsqu'une difficulté surgira que lui pourra résoudre.

De même — et combien plus! — nous pouvons tout attendre du Père qui n'a pas épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous (Romains 8:32), tout attendre aussi du Fils qui nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous (Éphésiens 5:2). Oui, notre confiance est bien placée, doublement garantie, pour ainsi dire, et par le Père et par le Fils. Au moment de quitter les siens, Jésus leur donne comme sa signature divine sous les promesses qu'il va leur faire: «Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi» (Jean 14:1). C'était se présenter, en compagnie du Père, comme objet de foi pour les disciples.

Comment se manifeste la confiance

Ayant considéré en qui doit être placée la confiance, envisageons par qui et dans quelles conditions elle peut l'être. Tout naturellement un petit enfant mettra sa main dans celle de son père ou de sa mère; il se réfugiera auprès d'eux s'il a un problème ou s'il court un danger. C'est une des raisons pour lesquelles les petits enfants nous sont donnés en exemple par le Seigneur. Ce qui fait leur «grandeur» et leur priorité pour entrer dans le royaume des cieux, c'est précisément leur confiance, une confiance qu'il est particulièrement grave de trahir (Matthieu 18:6). Parlant de ses brebis, le Bon Berger dira: Elles connaissent ma voix et elles me suivent, et elles ne suivront pas un étranger (Jean 10).

Il n'est bien sûr pas possible de relever, à travers toute la Parole, les multiples exemples d'hommes et de femmes de foi qui illustrent cette vertu première qu'est la confiance en Dieu. Demandons plutôt au Seigneur la grâce de suivre leurs traces en notre génération. Rappelons seulement Ébed-Mélec l'Ethiopien, dont l'intervention courageuse en faveur de Jérémie lui vaut ce témoignage de grand prix: «Tu as eu confiance en moi, dit l'Éternel» (Jérémie 39:18).

Mais le grand modèle de la confiance, celui qui éclipse tous les autres, est-ce que ce n'est pas Jésus lui-même? Sa vie se résume par cette parole qui introduit le psaume 16: «Garde-moi, ô Dieu! car je me confie en toi». Tout au long des psaumes se fait entendre par la bouche de David la parole dont nous avons fait le titre de notre méditation: «Éternel,… en toi j'ai mis ma confiance» (7:1; 25:2; 33:21; etc.).

Même pendant les heures de la croix, il peut dire en s'adressant à Dieu: «Tu m'as donné confiance sur les mamelles de ma mère» (Psaumes 22:9). Or cette confiance, qui n'a jamais été démentie envers les «pères» en Israël, paraît l'être pendant ces heures de l'abandon. Dieu perdrait-il son caractère? Certes non; mais ce n'est pas la moindre des souffrances de notre Sauveur que l'image de son Père puisse être en apparence compromise aux yeux des témoins de cette scène, y compris les disciples. Il dit au psaume 69: «Que ceux qui s'attendent à toi ne soient pas rendus honteux à cause de moi, Seigneur, Éternel des armées!» (verset 6). Car le grand secret de Christ — la confiance en Dieu — était connu des siens: «Le roi se confie en l'Éternel», déclarent les fidèles (Psaumes 21:7). Il était connu même de ses ennemis, qui en ont profité pour mettre Dieu au défi: «Il s'est confié en Dieu; qu'il le délivre maintenant, s'il tient à lui» (Matthieu 27:43). Oui, notre merveilleux Sauveur ne cessera pas de se confier en son Dieu fort, jusque dans la mort redoutable où il va devoir pénétrer. «Le juste est plein de confiance, dans sa mort même» (Proverbes 14:32). La dernière parole qu'il prononce sur la croix est: «Père! entre tes mains je remets mon esprit» (Luc 23:46). La réponse sera sa résurrection.

Dès lors si lui, le Seigneur, s'est confié en Dieu, à plus forte raison les croyants (qui eux n'auront jamais à connaître l'abandon) sont-ils invités à prendre comme modèle celui dont la confiance n'a jamais été déçue.

Revenons pour terminer aux premières lignes de notre méditation. En nous occupant de la personne en qui nous sommes appelés à placer notre confiance, nous avons tourné nos regards vers le Fils de Dieu. Et en considérant le parfait exemple de confiance que nous sommes appelés à imiter, nous avons admiré le Fils de l'homme. Une seule et même glorieuse personne!

Ce n'est donc pas le moment de rejeter notre confiance qui a une grande récompense. «Car vous avez besoin de patience, afin que, ayant fait la volonté de Dieu, vous receviez les choses promises. Car encore très peu de temps, et celui qui vient viendra, et il ne tardera pas» (Hébreux 10:35-37).