La tristesse selon Dieu

U. Furrer

À côté de la tristesse selon Dieu, il en existe une autre, nous le savons bien; c'est la tristesse du monde. On s'attriste sur les conséquences du péché — parce que plus rien ne sera comme avant. On est triste à cause de relations rompues, on fait la liste des blessures reçues, on gémit sur les autres, sur leur manque d'amour et sur leur dureté de cœur; on s'appesantit sur leurs fautes et leur manque d'égards. La tristesse du monde pleure un paradis perdu et le bonheur disparu.

Combien différente — et combien meilleure — est la tristesse selon Dieu! «La tristesse qui est selon Dieu opère une repentance à salut dont on n'a pas de regret, mais la tristesse du monde opère la mort» (2 Corinthiens 7:10).

C'est la tristesse selon Dieu que l'on voit chez le fils prodigue, lorsqu'il est encore assis auprès des pourceaux, éloigné dans un pays étranger (Luc 15). Il discerne clairement son état misérable. Il songe à la confortable maison de son père, dans laquelle les serviteurs même ont une situation beaucoup plus enviable que lui. Alors il décide de retourner vers son père. Il «prend avec lui des paroles», selon l'expression d'Osée 14:2. Il dira: «Père, j'ai péché contre le ciel et devant toi; je ne suis plus digne d'être appelé ton fils; traite-moi comme l'un de tes mercenaires». Et il se lève, quel qu'en soit le prix. Il doit surmonter sa fierté, pour paraître devant les yeux de son père dans toute sa misère. Et cela, en face d'un frère aîné pour lequel il est totalement incompréhensible que l'on puisse dissiper les biens de son père et vivre dans la débauche.

Cette même tristesse opérait dans le cœur de la pécheresse qui avait eu le courage d'entrer dans la maison de Simon le pharisien, bravant son regard méprisant (Luc 7:36-50). Mais elle y était entrée parce qu'elle savait qu'elle y trouverait Jésus, le Sauveur.

La tristesse selon Dieu amène à ne regarder ni à droite ni à gauche. On ne se préoccupe nullement de ce que pensent les autres, de ce qu'ils murmurent à l'oreille, ou lancent au visage sans retenue. On se jette simplement aux pieds du Père dans une confession sincère, directe, sans artifice et sans affectation. On est certes étreint d'émotion, serré à la gorge, et c'est avec peine qu'est exprimée la confession libératrice qui jaillit du cœur. On pleure sur les motifs, non sur les conséquences.

Et on peut apprendre qu'il y avait quelqu'un qui attendait cette tristesse selon Dieu, c'est le Père lui-même! Les larmes de repentance, alors, se changent en larmes de joie.